extrait de mon nouveau roman
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extrait de mon nouveau roman
Juin
2064. Le multimillionnaire Thiaris Crystal-Voss se rend à un
banquet de têtes de l'Etat où il a été
invité, tandis que sa femme, la jeune Ganhéenne
Zigbordi Voss, reste à la maison avec son deuxième
mari, le dramaturge raté Gaël. Tous deux tiennent
rigueur à Thiaris d'avoir accepté l'invitation.
Plus
radieuse que jamais, Zoe Sava présidait la table avec une
grâce toute particulière, une politesse pleine de
raffinement; elle se tenait debout et regardait ses camarades
s'empiffrer, tacher discrètement leurs mâchoires de sang
avec des yeux fuyants. Un petit dîner entre amis... le plus
haut du gratin à la française se tenait sur ces
vingt-quatre chaises. Magnats de l'immobilier et du câble,
industriels, propriétaires fonciers et virtuels, détenteurs
de tous les pouvoirs. Les visages blancs mastiquaient en silence ou
parlaient politique comme on parlait rhétorique à Rome
du temps des empereurs; c'est-à-dire inutilement, sachant
pertinemment que les choses n'allaient jamais changer.
―
Demain, dit un gros monsieur en se tournant vers Voss, d'un ton
sympathique, la descente va être raide...
Il
avait du sang plein les dents et avalai bruyamment sa salive pour
faire passer le mauvais goût. Voss lui répondit par un
mépris royal.
Accoudée
au piano, sublime dans sa robe Tiarny bleu fard, une coupe de
champagne au citron dans une main et un livre de Baudelaire dans
l'autre, Zigbordi Voss méditait. Un air d'électrip
violent flottait dans la pièce capitonnée, agrémentée
de teinture roses.
Légère
comme une fée, souple comme un serpent qui danse, Zigbordi
alla poser son livre sur la bibliothèque en faisant un petit
pas-de-deux, pour le troquer contre un Crébillon rapidement
jugé insipide, auquel elle préféra un
Apolinaire. Gael était assis au piano et ne bougeait pas. Il
s'ennuyait. Zigbordi lisait à haute voix :
« Le
Mai, le joli Mai, en barque sur le Rhin...
― Pff...
La poésie... coupa subitement Gaël. Si on était
civilisés, on ne vivrait que de ça. Mais il faut encore
que les hommes fassent de l'argent. Dans un siècle peut-être
?
― En
attendant, écris ta pièce, toi.
2064. Le multimillionnaire Thiaris Crystal-Voss se rend à un
banquet de têtes de l'Etat où il a été
invité, tandis que sa femme, la jeune Ganhéenne
Zigbordi Voss, reste à la maison avec son deuxième
mari, le dramaturge raté Gaël. Tous deux tiennent
rigueur à Thiaris d'avoir accepté l'invitation.
Il
pensait aux étranges maux de tête de Zigbordi et se
sentait vaguement anxieux au milieu de toutes ces viandes, ces bêtes
saignantes et couvertes de sauce. A côté de lui le
général Ramoz buvait un verre de hyacinthe, absent. Il
était certainement sur Tele-World.
pensait aux étranges maux de tête de Zigbordi et se
sentait vaguement anxieux au milieu de toutes ces viandes, ces bêtes
saignantes et couvertes de sauce. A côté de lui le
général Ramoz buvait un verre de hyacinthe, absent. Il
était certainement sur Tele-World.
radieuse que jamais, Zoe Sava présidait la table avec une
grâce toute particulière, une politesse pleine de
raffinement; elle se tenait debout et regardait ses camarades
s'empiffrer, tacher discrètement leurs mâchoires de sang
avec des yeux fuyants. Un petit dîner entre amis... le plus
haut du gratin à la française se tenait sur ces
vingt-quatre chaises. Magnats de l'immobilier et du câble,
industriels, propriétaires fonciers et virtuels, détenteurs
de tous les pouvoirs. Les visages blancs mastiquaient en silence ou
parlaient politique comme on parlait rhétorique à Rome
du temps des empereurs; c'est-à-dire inutilement, sachant
pertinemment que les choses n'allaient jamais changer.
Demain, dit un gros monsieur en se tournant vers Voss, d'un ton
sympathique, la descente va être raide...
avait du sang plein les dents et avalai bruyamment sa salive pour
faire passer le mauvais goût. Voss lui répondit par un
mépris royal.
au piano, sublime dans sa robe Tiarny bleu fard, une coupe de
champagne au citron dans une main et un livre de Baudelaire dans
l'autre, Zigbordi Voss méditait. Un air d'électrip
violent flottait dans la pièce capitonnée, agrémentée
de teinture roses.
comme une fée, souple comme un serpent qui danse, Zigbordi
alla poser son livre sur la bibliothèque en faisant un petit
pas-de-deux, pour le troquer contre un Crébillon rapidement
jugé insipide, auquel elle préféra un
Apolinaire. Gael était assis au piano et ne bougeait pas. Il
s'ennuyait. Zigbordi lisait à haute voix :
Mai, le joli Mai, en barque sur le Rhin...
La poésie... coupa subitement Gaël. Si on était
civilisés, on ne vivrait que de ça. Mais il faut encore
que les hommes fassent de l'argent. Dans un siècle peut-être
?
attendant, écris ta pièce, toi.
Gaël
ne répondit rien. Au fond de lui, il maudissait Thiaris qui
les avait plantés là, tous les deux, et ne lisait Belle
du Seigneur que par snobisme.
ne répondit rien. Au fond de lui, il maudissait Thiaris qui
les avait plantés là, tous les deux, et ne lisait Belle
du Seigneur que par snobisme.
Re: extrait de mon nouveau roman
Je ne sais pas trop quels commentaires faire. Je tenais juste à dire que j'avais lu, parce que je sais combien c'est frustrant de ne pas être lu. Si 2064 ressemble à cette description (en plus, je suis végétarienne), je suis contente de savoir que je ne serai plus en vie. J'espère encore en un changement dans le bon sens, peut-être après des catastrophes épouvantables qui viendront nous mettre du plomb dans la cervelle.
Même si cela se passe dans cinquante ans, pourquoi des noms aussi étranges? Les prénoms que l'on croyait oubliés sont redevenus à la mode, alors qui sait si dans 50 ans, on ne s'appellera pas à nouveau Jacques, Henri Roger, Martine, Caroline ou... Françoise, comme moi.
Même si cela se passe dans cinquante ans, pourquoi des noms aussi étranges? Les prénoms que l'on croyait oubliés sont redevenus à la mode, alors qui sait si dans 50 ans, on ne s'appellera pas à nouveau Jacques, Henri Roger, Martine, Caroline ou... Françoise, comme moi.
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: extrait de mon nouveau roman
Je ne tiens pas non plus à ce que la vie dans un siècle ressemble à cela, Dieu soit loué ! Mais ce n'est qu'un extrait du roman; ce que voulait dire, c'est que quoiqu'il arrive, les riches resteront les riches et mangeront de la viande chère, gaspilleront, quand bien même il n'y aura plus rien sur Terre. Quant aux prénoms, Jacques, Henri et Roger auront encore eu le temps de revenir et de se démoder d'ici un siècle. Par ailleurs notre monde est de plus en plus cosmopolite, donc je pense que les prénoms hispaniques, africains, s'introduiront dans notre culture. Le XXII eme siècle sera peut-être (espérons), le siècle de l'Afrique. Enfin.
Merci pour ta lecture.
Merci pour ta lecture.
Re: extrait de mon nouveau roman
ce ne sont pas les noms qui me dérangent perso, mais plutot le manque d'introduction de la scène et les actes trop hachés. j'ai compris l'ensemble, mais il manque quelque chose à la cruauté de l'ensemble (enfin, c'est mon avis)
Re: extrait de mon nouveau roman
Je pense que cet aspect haché vient du fait qu'il ne s'agit pas une scène entière à proprement parler, mais d'un bout de scène écrit sur mon carnet préparatoire.
j'aurais sans doute dû préciser que c'est son propre sang que crache ce monsieur; la scène est en fait plus axée sur la décadence physiologique de cette société que sur ses mœurs cruelles. Mais je prends note. Merci
Il
avait du sang plein les dents et avalai bruyamment sa salive pour
faire passer le mauvais goût. Voss lui répondit par un
mépris royal.
j'aurais sans doute dû préciser que c'est son propre sang que crache ce monsieur; la scène est en fait plus axée sur la décadence physiologique de cette société que sur ses mœurs cruelles. Mais je prends note. Merci
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