Comme un vol d'éphémères, roman ; 4è de couverture et extrait
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Comme un vol d'éphémères, roman ; 4è de couverture et extrait
Bretagne,1939- Jacques et Martine (9 et 8 ans) font connaissance sur une plage du Finistère ignorée de tous. Puis ils se perdent par la faute d’une guerre abominable. Treize ans plus tard Jacques est empli d’une allégresse jubilatoire ; pensez, jeune écrivain, un premier roman et l’impensable : un prix Goncourt. Une ombre à son bonheur : le souvenir sporadique mais lancinant d’une petite fille brune sur une minuscule plage...
Le destin regarde en riant au bout de sa lorgnette. Le destin leur brode une vie de bonheur et de félicité. Le destin est sadique ! Autour d’eux, un hobereau désargenté, un gendarme, un barde, un recteur, un maire communiste, un paysan poète et ivrogne constituent le premier cercle d’amis.
Alentour, la mer, la Côte des vents, le Pays du foin ( Fouesnant ) constituent un féerique et fascinant décor où même les mouettes ont appris à crier le nom de Martine. Caché derrière l’Ankou, le destin se délecte...
ISBN : 2-9527123-0-1 (ISBN : 978-2-9527123-0-9)
Prix public : 17 €
Extrait 1) pages 7 à 12
l
Exaltation, exultation, jubilation ! Nuancées d’étonnement incrédule. Cela lui enfiévrait l’esprit. On pouvait comprendre !
En cette fin d’année 1952, il avait eu vingt deux ans, Jacques. Et à vingt deux ans, il avait écrit un roman, trouvé un éditeur connu (très) qui avait consenti à publier et promouvoir son livre.
Il fallait qu’il eut eu beaucoup de chance. Ce n’est ni fréquent, ni évident ; même si, coup de pouce de son ange gardien, le père de son meilleur ami était Directeur des collections romanesques de cette maison d’édition !
Tout était allé très vite. Quelques critiques bienveillantes dans des hebdomadaires sérieux ; des ventes qui après un calme départ et un temps de latence s’affirmaient, s’accéléraient et confirmaient chaque jour un intérêt, un engouement grandissant du public des lecteurs et soudain,
7
l’inattendu, l’impensable, l’impossible : Cette annonce traditionnellement solennelle, il y avait maintenant dix jours, vers treize heures devant la porte du restaurant Drouant : Le prix Goncourt 1952 a été attribué au troisième tour à Monsieur Jacques de l’Épine pour son roman "Fils d’Infamie" par sept voix de majorité contre trois au roman de Monsieur René Bérillac, "Le Bonheur Friqué"! Vingt deux ans, Prix Goncourt ; incroyable !
La presse spécialisée avait lancé ses meutes vers les bureaux de son éditeur et renâclant un peu mais contraint par les règles du jeu implicitement acceptées en publiant son livre, il avait du se soumettre au feu roulant des questions. Saugrenues, bien souvent, les questions ; indiscrètes aussi : Sa famille, son passé, ses amours, ses études, ses projets ; ses idées politiques, ses rapports à Dieu, son regard sur l’Histoire !
Répondre sans se compromettre, éluder courtoisement, se défendre de préjugés ou de parti pris, ne pas se laisser entraîner dans le piège des engagements, apparentements, dogmatismes ; ne pas se reconnaître de sympathies ou antipathies doctrinaires, partisanes, réclamer en riant le droit d'être soi, sans plus...
Exercice épuisant face à une cohorte de professionnels, impitoyables, confessant deux, trois fois son âge et à l’affût de ses inexpériences.
8
Ils l'entrainaient dans un monde agressif, impudique et voyeur, découvrant sous le miroir limpide de la surface, le côté caché d’une société de troubles, de perfidies, de férocités qui depuis les arènes du cirque romain ne rêve pour les héros et les purs que de mises à mort sanglantes, de salissures et de dégradations!
Il en eut confirmation en lisant les articles qui paraissaient les uns après les autres. Tout y était dit et son contraire ; ses propos, ses réponses, déformées, dévoyées, interprétées, voir inventées, campaient un personnage qui lui était si étranger qu’il ne pouvait que s’indigner... ou rire !
Un point était sûr : La vérité simple, l’authenticité n'intéressaient guère ces journalistes de l'événement instantané. Seuls primaient la sensation, le propos clinquant, la précision scabreuse, le pedigree équivoque, le scandale sous-jacent ; bref, tout ce qui pouvait faire vendre du papier ; le crapuleux, l’obscène, l’équivoque !
Il se découvrait une vie, une famille, une histoire qui n’étaient pas les siennes; des maîtresses inconnues, des idées, des buts, des aspirations qui jamais ne l’avaient effleuré. Il n’était pas jusqu’aux comptes-rendus de son roman qui ne le laissaient interloqué. Ses personnages avaient changé d’éclairage, leurs actes aussi. Insidieusement, l’intrigue distordue, s’orientait vers des perspectives, des conséquences, des motivations qui n’avaient jamais été dans son propos.Sa signature paraphait désormais deux livres : Le sien et celui ré-écrit par la presse ! Le thème de son roman était grave qui traitait du fardeau que portait les enfants innocents des bourreaux sadiques et innombrables qui venaient d’écrire l’Histoire récente d’une Europe effondrée.
De grave, par la vertu d’une presse quotidienne dont les rédacteurs, faute de temps, ne lisaient guère, il devenait tendancieux et sordide ; l’intrigue en était subtilement réorientée et baignait complaisamment dans les fanges et les lies.
En final, s’il avait bien lu, il se retrouvait un auteur autre, peu sympathique, ayant écrit un livre équivoque qui n’était pas le sien ! Un alibi d’après coup pour des vérités dures à admettre et à assumer ?
Même entre les mots de la louange, s’insinuaient doucement de petites perfidies destructrices..... Il apprenait beaucoup, Jacques...... La première vague d’éclaboussures passée, les plumes avides de scoops saignants et exclusifs, déjà parties investir de nouveaux terrains, les hebdos, les revues, les mensuels, les plumes du long terme, plus honnêtes et plus réalistes avaient remodelé les contours du roman le profil de son auteur.
Jubilation, exaltation ; ce soir il était l’invité d’honneur de la plus prestigieuse émission littéraire publique de la télévision nationale.
10
Ce soir, son visage, ses propos pénétreraient des centaines de milliers de foyers. Deux heures durant, il serait humblement le porte parole de la jeune nouvelle littérature française, celle de "l'aprés" d’une guerre catastrophique.
Jubilation, exaltation ; Il se sentait tout de même un peu dépassé par ce maelström qui le projetait à l’avant-scène du théâtre de l’actualité, transformant le spectateur attentif qu’il était en vedette démunie, fragile, bien mal préparée à ce rôle. Jubilation, exaltation ; inquiétude aussi mais au demeurant, bonheur, bonheur, bonheur.
Vraiment heureux, Jacques ? Bien sûr... encore qu’au plus profond de sa jeune mémoire, il y avait, vivace, un regret, un souvenir, une mélancolie, une nostalgie douce-amère qui portait un bémol à la joie du jour ! De tous les jours.
Pas grand chose, au vrai . Des non-dits ingénus, des moments suspendus qui flottaient en mémoire ; de l’inaccompli, des promesses perdues. Tout un pan d’enfance romanesque, minuscule et rapide qui l’habitait, créait un manque, une dissonance dans sa jubilation présente ; comme une défroque enfantine qui n’était plus à sa taille...
Le destin regarde en riant au bout de sa lorgnette. Le destin leur brode une vie de bonheur et de félicité. Le destin est sadique ! Autour d’eux, un hobereau désargenté, un gendarme, un barde, un recteur, un maire communiste, un paysan poète et ivrogne constituent le premier cercle d’amis.
Alentour, la mer, la Côte des vents, le Pays du foin ( Fouesnant ) constituent un féerique et fascinant décor où même les mouettes ont appris à crier le nom de Martine. Caché derrière l’Ankou, le destin se délecte...
ISBN : 2-9527123-0-1 (ISBN : 978-2-9527123-0-9)
Prix public : 17 €
Extrait 1) pages 7 à 12
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Exaltation, exultation, jubilation ! Nuancées d’étonnement incrédule. Cela lui enfiévrait l’esprit. On pouvait comprendre !
En cette fin d’année 1952, il avait eu vingt deux ans, Jacques. Et à vingt deux ans, il avait écrit un roman, trouvé un éditeur connu (très) qui avait consenti à publier et promouvoir son livre.
Il fallait qu’il eut eu beaucoup de chance. Ce n’est ni fréquent, ni évident ; même si, coup de pouce de son ange gardien, le père de son meilleur ami était Directeur des collections romanesques de cette maison d’édition !
Tout était allé très vite. Quelques critiques bienveillantes dans des hebdomadaires sérieux ; des ventes qui après un calme départ et un temps de latence s’affirmaient, s’accéléraient et confirmaient chaque jour un intérêt, un engouement grandissant du public des lecteurs et soudain,
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l’inattendu, l’impensable, l’impossible : Cette annonce traditionnellement solennelle, il y avait maintenant dix jours, vers treize heures devant la porte du restaurant Drouant : Le prix Goncourt 1952 a été attribué au troisième tour à Monsieur Jacques de l’Épine pour son roman "Fils d’Infamie" par sept voix de majorité contre trois au roman de Monsieur René Bérillac, "Le Bonheur Friqué"! Vingt deux ans, Prix Goncourt ; incroyable !
La presse spécialisée avait lancé ses meutes vers les bureaux de son éditeur et renâclant un peu mais contraint par les règles du jeu implicitement acceptées en publiant son livre, il avait du se soumettre au feu roulant des questions. Saugrenues, bien souvent, les questions ; indiscrètes aussi : Sa famille, son passé, ses amours, ses études, ses projets ; ses idées politiques, ses rapports à Dieu, son regard sur l’Histoire !
Répondre sans se compromettre, éluder courtoisement, se défendre de préjugés ou de parti pris, ne pas se laisser entraîner dans le piège des engagements, apparentements, dogmatismes ; ne pas se reconnaître de sympathies ou antipathies doctrinaires, partisanes, réclamer en riant le droit d'être soi, sans plus...
Exercice épuisant face à une cohorte de professionnels, impitoyables, confessant deux, trois fois son âge et à l’affût de ses inexpériences.
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Ils l'entrainaient dans un monde agressif, impudique et voyeur, découvrant sous le miroir limpide de la surface, le côté caché d’une société de troubles, de perfidies, de férocités qui depuis les arènes du cirque romain ne rêve pour les héros et les purs que de mises à mort sanglantes, de salissures et de dégradations!
Il en eut confirmation en lisant les articles qui paraissaient les uns après les autres. Tout y était dit et son contraire ; ses propos, ses réponses, déformées, dévoyées, interprétées, voir inventées, campaient un personnage qui lui était si étranger qu’il ne pouvait que s’indigner... ou rire !
Un point était sûr : La vérité simple, l’authenticité n'intéressaient guère ces journalistes de l'événement instantané. Seuls primaient la sensation, le propos clinquant, la précision scabreuse, le pedigree équivoque, le scandale sous-jacent ; bref, tout ce qui pouvait faire vendre du papier ; le crapuleux, l’obscène, l’équivoque !
Il se découvrait une vie, une famille, une histoire qui n’étaient pas les siennes; des maîtresses inconnues, des idées, des buts, des aspirations qui jamais ne l’avaient effleuré. Il n’était pas jusqu’aux comptes-rendus de son roman qui ne le laissaient interloqué. Ses personnages avaient changé d’éclairage, leurs actes aussi. Insidieusement, l’intrigue distordue, s’orientait vers des perspectives, des conséquences, des motivations qui n’avaient jamais été dans son propos.Sa signature paraphait désormais deux livres : Le sien et celui ré-écrit par la presse ! Le thème de son roman était grave qui traitait du fardeau que portait les enfants innocents des bourreaux sadiques et innombrables qui venaient d’écrire l’Histoire récente d’une Europe effondrée.
De grave, par la vertu d’une presse quotidienne dont les rédacteurs, faute de temps, ne lisaient guère, il devenait tendancieux et sordide ; l’intrigue en était subtilement réorientée et baignait complaisamment dans les fanges et les lies.
En final, s’il avait bien lu, il se retrouvait un auteur autre, peu sympathique, ayant écrit un livre équivoque qui n’était pas le sien ! Un alibi d’après coup pour des vérités dures à admettre et à assumer ?
Même entre les mots de la louange, s’insinuaient doucement de petites perfidies destructrices..... Il apprenait beaucoup, Jacques...... La première vague d’éclaboussures passée, les plumes avides de scoops saignants et exclusifs, déjà parties investir de nouveaux terrains, les hebdos, les revues, les mensuels, les plumes du long terme, plus honnêtes et plus réalistes avaient remodelé les contours du roman le profil de son auteur.
Jubilation, exaltation ; ce soir il était l’invité d’honneur de la plus prestigieuse émission littéraire publique de la télévision nationale.
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Ce soir, son visage, ses propos pénétreraient des centaines de milliers de foyers. Deux heures durant, il serait humblement le porte parole de la jeune nouvelle littérature française, celle de "l'aprés" d’une guerre catastrophique.
Jubilation, exaltation ; Il se sentait tout de même un peu dépassé par ce maelström qui le projetait à l’avant-scène du théâtre de l’actualité, transformant le spectateur attentif qu’il était en vedette démunie, fragile, bien mal préparée à ce rôle. Jubilation, exaltation ; inquiétude aussi mais au demeurant, bonheur, bonheur, bonheur.
Vraiment heureux, Jacques ? Bien sûr... encore qu’au plus profond de sa jeune mémoire, il y avait, vivace, un regret, un souvenir, une mélancolie, une nostalgie douce-amère qui portait un bémol à la joie du jour ! De tous les jours.
Pas grand chose, au vrai . Des non-dits ingénus, des moments suspendus qui flottaient en mémoire ; de l’inaccompli, des promesses perdues. Tout un pan d’enfance romanesque, minuscule et rapide qui l’habitait, créait un manque, une dissonance dans sa jubilation présente ; comme une défroque enfantine qui n’était plus à sa taille...
Re: Comme un vol d'éphémères, roman ; 4è de couverture et extrait
ce début est bien.
le problème c'est qu'en 1952, seuls les foyers aisés pouvaient se payer un téléviseur, ce n'est seulement qu'en 1965 que 40% des foyers en seront équipés.
(vais lire les autres extraits)
le problème c'est qu'en 1952, seuls les foyers aisés pouvaient se payer un téléviseur, ce n'est seulement qu'en 1965 que 40% des foyers en seront équipés.
(vais lire les autres extraits)
Re: Comme un vol d'éphémères, roman ; 4è de couverture et extrait
Ce n'est pas tout à fait vrai. En 1952 j'étais adulte, déjà marié et dans la petite bourgeoisie, voir dans les milieux ouvriers, on consentait des sacrifices pour posséder cette merveille technique qui pénétrait l'intimité des logis et en bouleversait l'ordonnancement. C'est à cette époque qu'est né le "plateau télé" à l'heure des repas et puis ce fut une mode. Mon parrain était prof de médecine "un mandarin) donc très aisé et il avait la merveille qu'il n'avait jamais le temps de regarder. Tous les jours à treize heures da femme se campait face à l'écran et s'endormait aussitôt. Après elle me disait : "Il l'a acheté, faut bien l'amortir !
Re: Comme un vol d'éphémères, roman ; 4è de couverture et extrait
oui, je suis d'accord. mais de là à pénétrer des dizaines de milliers de foyers, j'ai trouvé ça un peu exagéré. perso, je viens d'une famille ouvrière et la télé mes grands parents s'étaient cotisés avec les voisins et se rassemblaient pour regarder les émissions.10
Ce soir, son visage, ses propos pénétreraient des centaines de milliers de foyers.
(et il est bien évident qu'il y a plus de pauvres que de riches en ce monde )
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