spéléologie. Extrait du tome 9
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spéléologie. Extrait du tome 9
Est-ce un essai ou un "écrit libre"? Dans le doute, je le poste ici.
Une anecdote :
"J’avais dix-neuf ans. Je remontais péniblement un puits dans un aven du Lubéron. Un passage était particulièrement difficile car l’étroitesse ne permettait pas de plier suffisamment le genou pour poser le pied sur le barreau suivant de la mince échelle métallique (les spéléologues commenceront à utiliser les jumars* un à deux ans plus tard). Fatiguée par les nombreuses heures passées à marcher, ramper, grimper, glisser, me contorsionner, je voulais m’accorder un moment de répit juste après avoir franchi l’étroiture. Pour des raisons trop longues à expliquer ici, je n’avais pas de longe de sécurité. Je me sentais bien dans ce trou dont je connaissais chaque recoin pour l’avoir parcouru de nombreuses fois car nous profitions de l'été pour en dresser un relevé topographique. L’étroitesse des lieux me donnait une impression de confiance et me faisait oublier que je me trouvais à trente ou quarante mètres au-dessus du vide. J’avais bêtement confié tout le poids de mon corps au frein fixé sur la corde de sécurité.
Il y a eu subitement une secousse brutale ; je me suis sentie dégringoler avec force. Ma pensée a énoncé avec un détachement étonnant « Tiens, je tombe ! » tandis que les aspérités de la parois me donnaient comme des coups brutaux sur tout le corps. Je ne ressentais aucune peur, aucune douleur, juste de la surprise. Puis ma chute s’est arrêtée aussi brusquement qu’elle avait commencé. Ma première émotion a été le découragement quand j’ai constaté que je me trouvais plus bas que la fameuse étroiture qui nous coûtait toujours tant d’efforts. Puis mes jambes sont devenues molles. La peur est venue. Mon cerveau essayait à une vitesse folle de comprendre ce qui s’était passé : la corde tenait ; l’échelle était bien en place ; la mâchoire du frein était parfaite... Alors ?
Jean-Michel, qui était à la fois le plus âgé du groupe (il avait vingt-trois ans) et son « spéléologue expert », me donnera une explication quand nous serons remontés à la surface : nous laissions les cordes sécher au soleil après chaque sortie. Elles auraient rétréci. Puis toutes ces heures passées sous terre leur auraient fait retrouver leur élasticité. Mes quarante-cinq kilos avaient fait regagner à celle-là d’un coup une longueur que je ne peux pas chiffrer.
J’étais après cela couverte d’ecchymoses !
Je n’avais ressenti aucune peur pendant que le fait se produisait. Elle ne m’a envahie qu’après, quand ma pensée s’est emparée de l’événement pour me raconter ce qui aurait pu se passer si... ce qui me serait arriver si...
La peur ne peut pas exister quand on est totalement engagé dans l’action. Elle naît quand la pensée nous fait prendre de la distance avec elle, avec le fait. C’est le bavardage de l’esprit qui fait naître la peur et c’est encore le bavardage de l’esprit qui la fait durer.
Il y a bien des raisons importantes pour que toutes les traditions religieuses de la planète demandent à leurs adeptes de contrôler leurs pensées et pour qu'elles proposent toutes des moyens qui se ressemblent étrangement: la pratique de la prière de Jésus* pour les chrétiens orthodoxes, la pratique du japa* pour les hindous, celle dhikr* pour les musulmans... A la faveur de cette expérience, j'en avais comprise au moins une."
Pour les profs de lettre et futurs profs de lettre, on écrit "j'en avais compris une " ou "comprise une"? Compris s'accorde avec le "en" ou pas? Et puis le jonglage avec les temps de passé me pose un problème, comme d'habitude.
Je suis trop feignante pour aller rechercher les définitions des mots techniques que j'utilise ici, parce que mes pensées (qui tournent malheureusement encore) me racontent: "Tu les posteras si quelqu'un te les demande." et que j'ai encore la mauvaise habitude de leur obéir.
Une anecdote :
"J’avais dix-neuf ans. Je remontais péniblement un puits dans un aven du Lubéron. Un passage était particulièrement difficile car l’étroitesse ne permettait pas de plier suffisamment le genou pour poser le pied sur le barreau suivant de la mince échelle métallique (les spéléologues commenceront à utiliser les jumars* un à deux ans plus tard). Fatiguée par les nombreuses heures passées à marcher, ramper, grimper, glisser, me contorsionner, je voulais m’accorder un moment de répit juste après avoir franchi l’étroiture. Pour des raisons trop longues à expliquer ici, je n’avais pas de longe de sécurité. Je me sentais bien dans ce trou dont je connaissais chaque recoin pour l’avoir parcouru de nombreuses fois car nous profitions de l'été pour en dresser un relevé topographique. L’étroitesse des lieux me donnait une impression de confiance et me faisait oublier que je me trouvais à trente ou quarante mètres au-dessus du vide. J’avais bêtement confié tout le poids de mon corps au frein fixé sur la corde de sécurité.
Il y a eu subitement une secousse brutale ; je me suis sentie dégringoler avec force. Ma pensée a énoncé avec un détachement étonnant « Tiens, je tombe ! » tandis que les aspérités de la parois me donnaient comme des coups brutaux sur tout le corps. Je ne ressentais aucune peur, aucune douleur, juste de la surprise. Puis ma chute s’est arrêtée aussi brusquement qu’elle avait commencé. Ma première émotion a été le découragement quand j’ai constaté que je me trouvais plus bas que la fameuse étroiture qui nous coûtait toujours tant d’efforts. Puis mes jambes sont devenues molles. La peur est venue. Mon cerveau essayait à une vitesse folle de comprendre ce qui s’était passé : la corde tenait ; l’échelle était bien en place ; la mâchoire du frein était parfaite... Alors ?
Jean-Michel, qui était à la fois le plus âgé du groupe (il avait vingt-trois ans) et son « spéléologue expert », me donnera une explication quand nous serons remontés à la surface : nous laissions les cordes sécher au soleil après chaque sortie. Elles auraient rétréci. Puis toutes ces heures passées sous terre leur auraient fait retrouver leur élasticité. Mes quarante-cinq kilos avaient fait regagner à celle-là d’un coup une longueur que je ne peux pas chiffrer.
J’étais après cela couverte d’ecchymoses !
Je n’avais ressenti aucune peur pendant que le fait se produisait. Elle ne m’a envahie qu’après, quand ma pensée s’est emparée de l’événement pour me raconter ce qui aurait pu se passer si... ce qui me serait arriver si...
La peur ne peut pas exister quand on est totalement engagé dans l’action. Elle naît quand la pensée nous fait prendre de la distance avec elle, avec le fait. C’est le bavardage de l’esprit qui fait naître la peur et c’est encore le bavardage de l’esprit qui la fait durer.
Il y a bien des raisons importantes pour que toutes les traditions religieuses de la planète demandent à leurs adeptes de contrôler leurs pensées et pour qu'elles proposent toutes des moyens qui se ressemblent étrangement: la pratique de la prière de Jésus* pour les chrétiens orthodoxes, la pratique du japa* pour les hindous, celle dhikr* pour les musulmans... A la faveur de cette expérience, j'en avais comprise au moins une."
Pour les profs de lettre et futurs profs de lettre, on écrit "j'en avais compris une " ou "comprise une"? Compris s'accorde avec le "en" ou pas? Et puis le jonglage avec les temps de passé me pose un problème, comme d'habitude.
Je suis trop feignante pour aller rechercher les définitions des mots techniques que j'utilise ici, parce que mes pensées (qui tournent malheureusement encore) me racontent: "Tu les posteras si quelqu'un te les demande." et que j'ai encore la mauvaise habitude de leur obéir.
Dernière édition par Amiedetous le Lun 11 Mar - 11:48, édité 2 fois
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: spéléologie. Extrait du tome 9
je dirai "essai" puisqu'à la fin tu rapproche ton expérience d'une pratique religieuse (la même pour toutes les religions d'ailleurs).
mon opinion sur ce texte? développe
mon opinion sur ce texte? développe
Re: spéléologie. Extrait du tome 9
Oui, je comprends la critique. Elle est justifiée quand on prend le texte comme il est ici: un essai de quelques lignes.
Il est extrait d'un journal qui est un témoignage sur ce qui se passe dans les pensées, les émotions, les sentiments d'un chercheur spirituel qui trouve quelqu'un pour le guider (pour la guider puisque je suis une femme). Je réfléchis, je compare, je me souviens, j'ai des intuitions qui se trouvent plus tard confirmées ou infirmées. La vie de prière s'approfondit, change, devient méditation qui redevient prière. Le vocabulaire et les références changent aussi au fil des tomes, puisque celle qui écrit évolue.
Donc, la relation entre la vie quotidienne et le spirituel est sans cesse précisée: l'un éclaire l'autre puis l'autre éclaire l'un.
Je ne veux rien changer (en fait le minimum indispensable pour que ce soit compréhensible en tant qu'extrait) parce que la valeur de ces pages tient dans leur absolue honnêteté. Le sujet de ce petit essai est longuement développé dans le courant de milliers de pages, à la faveur d'un souvenir, d'un événement de la journée, d'une méditation, d'une conversation avec R...
Ce serait différent si j'en faisais un article qui viserait à prouver quelque chose.
Un grand merci à toi (je crois que je vais mettre au tutoiement. Il y a assez longtemps que je suis ici pour sentir une certaine proximité avec les personnes qui portent certains pseudonymes.) pour la lecture et le commentaire.
Je n'ai pas eu de réponse à ma question sur l'orthographe de "compris". La connais-tu?
Il est extrait d'un journal qui est un témoignage sur ce qui se passe dans les pensées, les émotions, les sentiments d'un chercheur spirituel qui trouve quelqu'un pour le guider (pour la guider puisque je suis une femme). Je réfléchis, je compare, je me souviens, j'ai des intuitions qui se trouvent plus tard confirmées ou infirmées. La vie de prière s'approfondit, change, devient méditation qui redevient prière. Le vocabulaire et les références changent aussi au fil des tomes, puisque celle qui écrit évolue.
Donc, la relation entre la vie quotidienne et le spirituel est sans cesse précisée: l'un éclaire l'autre puis l'autre éclaire l'un.
Je ne veux rien changer (en fait le minimum indispensable pour que ce soit compréhensible en tant qu'extrait) parce que la valeur de ces pages tient dans leur absolue honnêteté. Le sujet de ce petit essai est longuement développé dans le courant de milliers de pages, à la faveur d'un souvenir, d'un événement de la journée, d'une méditation, d'une conversation avec R...
Ce serait différent si j'en faisais un article qui viserait à prouver quelque chose.
Un grand merci à toi (je crois que je vais mettre au tutoiement. Il y a assez longtemps que je suis ici pour sentir une certaine proximité avec les personnes qui portent certains pseudonymes.) pour la lecture et le commentaire.
Je n'ai pas eu de réponse à ma question sur l'orthographe de "compris". La connais-tu?
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: spéléologie. Extrait du tome 9
"J'en avais compris une"
Pour info
http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/%C2%AB-des-erreurs-j%E2%80%99en-ai-fait-%C2%BB-%C2%AB-des-erreurs-j%E2%80%99en-ai-faites-%C2%BB
Et puis, ça sonne mieux quand même je trouve
Ensuite, il y a à mon avis un problème de temps. Tu mélanges le passé composé et l'imparfait alors que l'action se déroule dans la même continuité.
Au lieu du passé composé, tu devrais utiliser le passé simple.
Exemple: "je me suis sentie dégringoler" => "je me sentis dégringoler"
Bon par contre, l'exemple est moyen. J'ai pris la phrase au hasard et justement je trouve que ça fait un peu lourd. Si tu simplifiais "je dégringolai" est-ce que ça ne serait pas mieux? Moins lourd et on comprend parfaitement ce qui se passe. Ou alors, si tu tiens absolument au fait de sentir: "je me sentis attirée vers le bas"
Pour info
http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/%C2%AB-des-erreurs-j%E2%80%99en-ai-fait-%C2%BB-%C2%AB-des-erreurs-j%E2%80%99en-ai-faites-%C2%BB
Et puis, ça sonne mieux quand même je trouve
Ensuite, il y a à mon avis un problème de temps. Tu mélanges le passé composé et l'imparfait alors que l'action se déroule dans la même continuité.
Au lieu du passé composé, tu devrais utiliser le passé simple.
Exemple: "je me suis sentie dégringoler" => "je me sentis dégringoler"
Bon par contre, l'exemple est moyen. J'ai pris la phrase au hasard et justement je trouve que ça fait un peu lourd. Si tu simplifiais "je dégringolai" est-ce que ça ne serait pas mieux? Moins lourd et on comprend parfaitement ce qui se passe. Ou alors, si tu tiens absolument au fait de sentir: "je me sentis attirée vers le bas"
Petit problème de concordance là aussi. Etant donné que le reste de ton texte est au passé, le futur ne va pas ici. Je pense que tu peux utiliser le passé simple (commencèrent)les spéléologues commenceront à utiliser les jumars* un à deux ans plus tard
Re: spéléologie. Extrait du tome 9
Merci pour ces corrections et la réponse à ma question sur l'othographe. A votre tour de poster quelque chose. Bonne journée.
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
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