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Extrait du tome 1 page 119

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Message par Amiedetous Dim 3 Mar - 8:59

"J’ai couru après l’illumination pendant près de quarante ans. C’était une manière de chercher une porte de sortie de ce monde pour moi toute seule. Je pensais que l’état d’illuminé protégeait des souffrances, que peu importe ce qui se passe dans la vie d’un sage réalisé, il reste intouché, béat, vivant apparemment parmi nous dans son corps, mais qu’en réalité sa conscience ne quitte pas une sorte de paradis.

J’avais oublié que Ramdas* pouvait pleurer, que Jésus avait pleuré, avait ressenti de l’admiration, de la colère et que la peur de la torture lui avait fait suer du sang et de l’eau (ce que les scientifiques actuels confirment comme réaliste : une angoisse extrême fait éclater les petits capillaires. Le sang se mêle donc bel et bien à la transpiration).
Krishnamurti* avait été bouleversé par la démence sénile de madame Besant*, Ramakrishna* raconte qu’après la mort de son neveu Akshay il ressentit un chagrin atroce. Il lui semblait, aurait-il dit, « qu’on lui tordait le cœur, comme on tord un linge mouillé. » Et ainsi de suite.
Les êtres « réalisés » ne se tiennent pas en dehors de la vie, derrière des fortifications faites de joie débordante qui les protègent des souffrances.

L’ « Effusion de l’Esprit* » telle que je l’ai vécue était devenue pour moi la façon dont je me représentais l’illumination. La différence était que mon état de béatitude indicible avait été de très courte durée et que celui des illuminés devait, à mon avis, être permanent.

C’est un sujet que j’ai abordé voici longtemps avec R.. Il m’a fait préciser très soigneusement l’expérience que je résumais par le mot « béatitude ». Le mouvement de bascule avait eu lieu instantanément. La densité extrême de sa présence m’obligeait au plus grand sérieux. Aucune inexactitude, aucune embellie, aucune minimisation ne m’étaient permises. Il était en contact avec la zone de moi-même qui m’est encore fermée, là où je ne peux rien lui cacher. S’il dépistait une ombre de mensonge, l’état de résonance dans lequel il était entré avec moi serait rompu et je serais à nouveau seule dans la profondeur de mon « dedans ».

J’ai minutieusement choisi les mots les plus exacts, et j’ai tenté lentement une description : « Je me suis sentie subitement enveloppée d’une présence d’amour consciente, invisible mais perceptible par sa densité, comme une lumière que j’ai vue autrement qu’avec mes yeux de chair. J’étais inondée de joie et je ressentais de la bienveillance pour toutes les créatures. La maison aurait pu s’écrouler sur moi, la terre aurait pu trembler sous mes pieds que je serais restée parfaitement heureuse. Mes larmes se sont mises à couler. C’étaient toutes les larmes que je n’avais pas pu verser depuis ma naissance. Elles entraînaient avec elles le fardeau incroyablement lourd qui m’étouffait depuis tant et tant d’années. Cet état merveilleux s’est estompé tout doucement. Au matin, il ne m’en restait plus qu’un souvenir. C’est à la suite de cette expérience que m’est venu le goût de la prière qui ne m’a plus jamais quittée depuis. C’était le vingt mars 1977. »

Je m’attendais à des applaudissements : " Bravo, tu as vécu quelque chose de très rare... Ce sont les prémisses de l’illumination...Tu es une personne d’exception..." 
Ce n’est pas du tout ce qu’il a dit. « Quand la vie est trop difficile, le cerveau produit une consolation pour que le corps continue de vivre. Tu avais atteint la limite des tensions que tu pouvais supporter. C’est tout... »

Effectivement, ceci s’était produit de façon tout à fait surprenante, après des mois et des mois d’un stress épouvantable qui me laissait parfois assise à même le sol de ma chambre, me balançant d’avant en arrière, la tête cachée dans un coussin qui étouffait mes gémissements. Je cognais le dos contre le mur le plus fort que je pouvais le supporter afin de trouver un tant soit peu l’apaisement ... Ainsi je courais depuis trois décennies après une chimère.

Note ajoutée plusieurs années après la rédaction de ce texte : Nous avons abordé ce sujet une autre fois, lors d'un long voyage en voiture. Nemat m'a dit connaître cette lumière d'amour. Elle l'avait laissé à chaque fois plus fort. Étonnée par cette confidence, je lui ai demandé la raison de sa première réponse. Il m'a répondu : « Tu n'avais pas assez grandi pour en entendre une autre. Tu te serais fait du mal avec celle que je te donne aujourd'hui. »

Le 10... 200... - Pourquoi ai-je couru après les saints et les sages ? Ils semblaient heureux ; je ne l’étais pas... Ils semblaient n’avoir peur de rien, pas même de la mort ; j’avais peur de tout, spécialement de la mort... Ils semblaient être aimés, respectés, admirés, enviés et ainsi de suite ; ce n’était pas mon cas. Je voulais donc qu’ils me livrent leur secret, à défaut d’une rencontre réelle, au moins par le biais des écrits signés de leur nom.

Depuis que je côtoie R., je suis en face d’une souffrance insondable. J’ai abordé un jour avec lui ce sujet de la souffrance en général et de la sienne en particulier. Il me disait que seuls les gens qui traversent la vie en étant endormis ne souffrent pas. A partir du moment où la sensibilité est éveillée il y a souffrance. Les êtres « éveillés » souffrent plus que quiconque.
Cette affirmation bousculait toutes mes croyances à ce sujet. J’ai même soupçonné R. de ne pas vraiment savoir de quoi il parlait. Il a immédiatement « entendu » mes doutes intérieurs. Il m’a alors dit, avec son sourire plein d’amour et ses yeux si doux : « Les photos que tu m’as montrées sont celles de personnes dans lesquelles j’ai vu beaucoup d’amour et encore plus de souffrance.»
Ramana* ne baignait-il donc pas dans un état permanent de béatitude ? Anandamayi* non plus ? Aucun des autres non plus ?
La recherche spirituelle était dans mon cas la recherche éperdue d’un moyen d’échapper à la souffrance et de baigner dans un bonheur permanent. Mais ma souffrance était celle du commun, faite de manques, de déceptions, de frustrations... Enfin, ce que nous tous, nous ne connaissons que trop bien.
La souffrance du saint et du sage se distingue de la nôtre, qui est une souffrance personnelle ; nous souffrons pour nos petits tourments individuels, et parfois un peu pour ceux que nous aimons. Le sage, lui, souffre par compassion pour la totalité du genre humain en général (R. souffre aussi pour tous les animaux, les plantes et même la terre !) et pour chaque personne rencontrée même furtivement, par exemple dans un bus. R. reçoit la souffrance même de ceux qu’il voit à la télévision.
Les journaux télévisés sont une torture pour lui. Mais il continue de les regarder parce que l’état du monde l’intéresse."


Dernière édition par Amiedetous le Dim 3 Mar - 11:19, édité 1 fois

Amiedetous

Date d'inscription : 28/06/2012

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Message par alissa Dim 3 Mar - 9:15

Je vais donc commenter ce texte de la façon dont je commenterais tout texte littéraire.
Je trouve que le psychorécit et les dialogues se fondent très bien; je sais qu'il est extrêmement difficile d'insérer du dialogue dans un journal, et tu y a réussi avec brio. La langue est bien ciselée, les adjectifs sont bien dosés, je pense que tu as vraiment un style personnel. Sur le fond, certains passages comme celui-ci :
L’ « Effusion de l’Esprit* » telle que je l’ai vécue était devenue pour moi la façon dont je me représentais l’illumination. La différence était que mon état de béatitude indicible avait été de très courte durée et que celui des illuminés devait, à mon avis, être permanent.
me sont vraiment obscurs. Ne connaissant pas la religion à laquelle tu appartiens, je ne me permettrais pas de juger ni de commenter.
En revanche, si tu trouves un éditeur adepte de cette religion, ou philosophie, je pense que tu es prêtes pour la publication. Le texte est impeccable.
alissa
alissa

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Message par Amiedetous Dim 3 Mar - 9:47

Merci pour "le texte est impeccable".
"L'effusion de l'Esprit" est une expression courante dans les milieux chrétiens charismatiques (donc catholiques), pemtecôtistes et évangéliques (donc protestants) qui décrit une expérience spirituelle reçue comme un don et dont la preuve de l'authenticité se voit à ce qui se passe par la suite chez le bénéficiaire: goût pour la prière, nouvelles capacités qui éclosent spontanément... Elle est empruntée à Saint Paul et fait référence à un passage des Actes des Apôtres.

Amiedetous

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