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Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1

2 participants

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Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1 Empty Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1

Message par Amiedetous Dim 15 Juil - 21:47

Les années ont passé ainsi, pendant lesquelles Ramana Maharshi*, Henri Le Saux*, encore et toujours Krishnamurti*, et d'autres m'ont d'abord autant servi de nourriture que Dorothée de Gaza*, les Pères Neptiques* et les premiers spirituels cisterciens*, puis davantage au fur et à mesure que le temps passait, bien davantage même. Mais je ne voyais aucune transformation en moi. Je faisais du "sur-place".

J'ai fini par penser que ce après quoi j'avais couru avec la plus grande des honnêtetés n'était pas pour moi. J'avais péché par orgueil et ma soif de Dieu n'était qu'une ambition malsaine que j'avais nourrie pendant quinze ans et qu'il était temps d'abandonner, peut-être même le symptôme principal d'une névrose discrète causée par une enfance sans père. Ne présente t-on pas Dieu comme "Le Père"?

Je me suis alors mariée sans amour, avec un homme qui ne m'aimait pas non plus. J'avais trente-cinq ans. J'avais cru naivement que nous serions bons amis et que la tendresse grandirait entre nous avec les années. Ce furent seize années de lutte pour maintenir ma famille unie, pour assurer la meilleure des vies possibles, affectivement du moins, à nos enfants. Ce fut l'échec. Je payais très cher ce mariage qu'un merveilleux prêtre, dont la mémoire vit encore au coeur de beaucoup de dauphinois, avait favorisé, croyant pas là faire notre bonheur, à mon mari et à moi. Nos enfants le payaient encore plus cher.

Mon mari étant allemand, je me suis expatriée. A mesure que les années passaient, je devins triste, épuisée, rongée de culpabilité vis à vie de mes enfants à qui j'avais donné "cette vie là". Je cherchais encore et encore à faire de notre vie de famille une vie paisible, chaleureuse, où chacun se sente bien. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je n'avais pas les éléments en main pour voir que nous devions partager notre quoitidien avec un homme indifférent qui nous laissait dans le besoin pour assouvir son idée fixe: accumuler le plus de zéros possibles après le 1, sur un compte en banque dont il me cachait l'existence. C'était son secret.

Le mien restait aussi caché que le sien: j'avais vite recommencé à prier. Je faisais grandement attention à ne pas me faire surprendre. Ne pas être capable de me satisfaire de ce que la vie matérielle m'offrait en fait de buts (le plus raisonnable étant celui de gagner beaucoup d'argent) et mendier auprès d'un dieu tout puissant qu'on cherche à attendrir (c'était la définition que mon mari donnait à la prière) était pour lui la preuve que j'étais restée infantile et que ma mentalité était digne de celle d'un Moyen-âge obscurantiste.
Mes lectures lui étaient suspectes et le faisaient douter de mes capacités à porter des responsabilités concrètes, moi qui en avait assumé tant par le passé.
Mais rien ne me faisait arrêter de lire chaque soir Nisargadatta*, Poonja* ou encore Amma* dont je ne connaissais pas l'existence avant de m'installer en Allemagne, de parallèlement continuer de scruter par intermittence les écrits des Pères* de la Philocalie* pour trouver des indications qui me soutiennent dans ma pratique de la Prière du Coeur*, de raviver à l'occasion ma foi avec Thérèse de Lisieux*, le Curé d'Ars*, une biographie du Padre Pio* ou d'un autre saint. Je restais fidèle également aux enseignements de Krishnamurti* que je lisais en m'arrêtant longuement après presque chaque phrase, concentrée en moi-même pour examiner si je débusquais en moi ce qu'il décrivait comme étant notre mode de fonctionnement habituel, à nous, qui ne sommes pas libérés de notre conditionnement. Je me laissais provoquer par les interviews d'U.G.*, "l'autre Krishnamurti". Je cherchais inlassablement dans l'anthologie de textes spirituels sur la prière du coeur de l'higoumène* Chariton*, les indications qui me permettraient d'avancer. Je prenais des notes de lecture à n'en plus finir. J'en remplissais des cahiers entiers. Je cherchais une phrase et je m'endormais avec. Je cherchais une autre phrase et je tentais de la garder en moi le long de la journée.

Ma fille aînée, fille en fait de mon mari et de sa première femme défunte, avait toujours été avec moi et ma famille froide et distante, ce que je comprenais très bien. Elle luttait de toutes ses forces contre "l'intruse" qui avait eu l'audace d'épouser son père et elle se protégeait comme elle pouvait d'une vie de famille ou de chacun pesait sur l'autre comme un poids mort. Mon fils était psychiquement et physiquemenet malade depuis des années, incapable d'aller à l'école depuis six ans. Ma plus jeune ne recevait rien de ce qu'elle était en droit d'attendre de ses parents et cherchait à passer le plus de temps possible en dehors de la maison. Elle se serait bien faite adopter par une autre famille.

Mon mari nous interdisait de chauffer. Je passais outre; mais tenace, il faisait le tour des radiateurs dès qu'il rentrait du bureau et les fermait en disant: "vous ne remarquez pas qu'il fait trop chaud!" Et il expliquait que les différences de température étaient responsables des rhumes chez les enfants... Puis il est resté de plus en plus à la maison pour travailler.
La porte de son bureau n'a très vite plus fermé... Nous n'avions pas d'argent pour la faire réparer, prétendait-il. Et je le croyais. Il espionnait ainsi tout ce qui se disait et se passait dans l'appartement, et se mêlait de tout à temps et à contretemps. Toujours prête à me remettre en cause, je ne soupçonnais pas une minute qu'il assouvissait sa passion du contrôle et de la domination.
Il exigeait de moi chaque ticket de caisse et faisait des remarques qui me blessaient à la fin du mois quand je ne pouvais pas justifier la disparition de cinq euros.
Quand je lui disais que je me sentais surveillée, il répondait qu'il se donnait bien du mal pour que nous arrivions à joindre les deux bouts et que mon impression était due à mon inexpérience de la vie de famille normale. Je m'examinais pour voir s'il n'avait pas raison. C'était possible. J'allais me corriger.
Quand je réclamais la liberté d'éduquer les enfants comme je le sentais, il répondait que ceux-ci avaient besoin d'un père qui dirige leur vie. Je restais coîte, car lui, qui venait d'une famille normale, avec père et mère toujours ensemble après plus de quarante années de vie commune et apparemment bons amis, famille dans laquelle les enfaints avaient toujours été bien traités, savait certainement mieux que moi ce qui était juste...
Il nous refusait la télévision, sous des prétextes éducatifs, alors que j'aurais tellement aimer regarder de temps en temps un film avec les enfants.
Il empêchait tout bonnement la moindre vie de famille authentique, menant son existence à côté de nous et nous interdisant de facon très subtile d'être autre chose qu'une juxtaposition de personnes dormant et mangeant sous le même toit.
Je ne disposais pas de la moindre somme et je m'habillais avec des vêtements de récupération. Les enfants avaient l'air de nécessiteux et notre aînée en souffrait beaucoup. Mon mari s'était toujours arrangé pour que je ne sache pas quel était le montant de son salaire. Je croyais vraiment que nous étions aussi à l'étroit financièrement qu'il le disait. Et j'avais pitié du poids qui pesait sur ses épaules. Le peu que je gagnais en donnant des heures de soutien scolaire était tout de suite dépensé pour la famille.
Ne sachant pas très bien argumenter, je restais toujours perdante dans mes tentatives de dialoguer avec lui. C'est plus tard, quand l'ayant quitté, et étant redevenue lucide, j'ai compris à quel point, sous des dehors gentils et même parfois prévenants, il nous avait isolés du monde, nous avait utilisés comme ses objets personnels pour satisfaire son besoin de domination et son avarice.

Les fantômes ont fait à nouveau leur apparition dans ma vie, après plusieurs années de tranquillité, ce que je supportais très mal.

Je ne savais pas que tout le monde n'était pas de bonne volonté. Je pensais sincèrement que tous faisaient toujours de leur mieux, sans doute parce que je n'avais dans ma vie rencontré que des personnes qui faisaient effectivement de leur mieux toujours et partout. Ensuite, je pensais que tous les hommes étaient difficiles, par définition, et je ne trouvais pas celui-là si mal: nous ne le craignions pas, et comparé à mon propre père qui nous terrifiait, je le trouvais plutôt gentil.
Les enfants n'avaient pas peur de lui. C'était pour moi la preuve qu'il n'était pas mauvais. Il n'était tout simplement pas très loquace. J'était persuadée qu'il lui suffirait de voir ce qui allait de travers dans notre famille pour qu'il corrige immédiatement ce qui dépendait de lui.
J'étais complètement novice dans la vie du monde ordinaire. Je n'avais jusqu'à mon mariage pratiquement rien connu d'autre que la vie communautaire avec des gens d'une grande propreté de pensées, de paroles et d'actions, qui jamais, au grand jamais, n'auraient blessé qui que ce soit par intention. Je suis devenue dépressive.

Il fallait que j'aille très vite mieux afin de sauver ce qui restait encore à sauver. J'étais devenue incapable d'être une mère suffisamment bonne pour mes enfants qui ne recevaient pas de moi ce qu'ils auraient dû recevoir.

Grâce à une somme rondelette héritée de ma mère, décédée en 2001, et que mon mari n'a pas pu entièrement détourner, j'ai pu reprendre contact avec le monde extérieur. La seule façon jusqu'à prèsent de le faire aurait été de chercher du travail. Mon mari me pressait de vendre des petits pains à mi-temps par exemple, ce qui aurait couvert mes frais de sécurité sociale et l'aurait, lui, soulagé de ma cotisation (nous étions assurés dans le privé). Mais comment trouver un "vrai" travail avec un enfant malade à la maison que je devais instruire moi-même, avec un diplôme français qui n'avait pas d'équivalence en Allemagne, une connaissance de la langue insuffisante pour assumer un emploi digne de ce nom au lieu d'un "mini-job" payé "à coup de lance-pierres"? Mon mari avait atteint son but, celui de me rendre complètement idiote et dépendante. Cet argent m'a sauvée.

J'ai commencé par une rencontre avec Amritanandamayi*, une "sainte" indienne plus connue sous le nom de Amma*. Je ne sais plus comment j'ai appris qu'elle serait à Mannheim à une certaine date, qu'elle y donnerait son Darshan* et qu'elle prendrait dans ses bras tous ceux qui le souhaiteraient. J'ai décidé d'y aller avec mon fils, peu importe les arguments que mon mari mettrait pour me dissuader d'y aller.
J'aurais aussi voulu emmener ma fille, mais j'étais fatiguée depuis trop longtemps pour trouver la force d'un voyage, même court, avec deux enfants. De plus, ma fille aurait dû manquer une journée d'école, et trouver les arguments pour convaincre mon mari de la laisser venir avec nous me semblait une montagne d'efforts à gravir. Mon fils était plus en danger que sa jeune soeur, car nous avions failli le perdre deux ans auparavant. J'avais usé mes forces auprès de son lit, à lui "transfuser" jusqu'à mes dernières gouttes d'énergie dans l'indifférence complète de mon mari et de ma belle famille, afin qu'il trouve la force de continuer à vivre. Je pouvais maintenant payer deux billets de train, aller et retour. Je n'étais pas obligée d'en mendier l'argent et de donner de surcroît des justifications à n'en plus finir. Je ne dépendais plus du bon vouloir de mon époux pour faire deux pas hors de la maison.

Nous avons vu, entendu et touché la sainte, comme des milliers d'autres. C'était une femme de mon âge, assez petite et potelée. Je n'ai pas reçu de choc particulier. Alors qu'elle était à un mètre de nous, je l'ai priée intérieurement de me donner un signe, de regarder au moins mon fils pendant une seconde et de lui sourire. Rien.
Nous avons écouté son enseignement. Nous avons entendu les chants. Nous avons pris notre ticket, comme chez l'épicier, qui nous donnait le droit d'être pris dans ses bras entre le numéro 854 et le numéro 856.
Je voulais tellement que le poids de souffrance qui pesait sur le coeur de mon fils soit enlevé comme d'un coup de baguette magique. Rien. Du moins rien de sensible. S'il y a eu aide de sa part, celle-ci m'est restée cachée.
Mon fils a tout de même eu cette parole, après avoir été embrassé par elle: "On sent qu'elle nous aime vraiment!"

Je me suis offert une formation P.N.L. complète, le "practitionner" et le "master", ce qui m'a permis de redevenir en deux ans en partie ce que j'étais intellectuellement avant mon mariage.
Mon niveau d'allemand a pu dépasser celui qui m'était nécessaire pour acheter un kilo de tomates.
J'ai participé à un séminaire "S.A.G.E*".
J'ai aussi suivi un week-end de formation de "yoga du rire*" avec le Dr. Kataria*.
J'avais besoin de joie, de moments de plaisir et aussi de trouver l'espoir que quelque chose pouvait encore changer dans la vie de mes enfants et dans la mienne. J'ai essayé de mettre en route un "club de rire"...
Et R. m'a rencontrée.


Dernière édition par Amiedetous le Mar 17 Juil - 5:51, édité 2 fois

Amiedetous

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Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1 Empty Re: Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1

Message par Amiedetous Lun 16 Juil - 6:53

Je ne trouve pas "éditer". J'en ai besoin pour corriger des fautes, notamment l'apostrophe après le m dans m'a rencontrée.

Amiedetous

Date d'inscription : 28/06/2012

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Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1 Empty Re: Témoignage. Première Partie: Le Récit. Fin du Chapitre 1

Message par Le sombre minuit Lun 16 Juil - 21:52

C'est à droite en haut, juste au dessus de ton texte ! Wink

Je te dirai ce que je pense du texte plus tard.
Le sombre minuit
Le sombre minuit
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