En attendant la suite (début de nouvelle)
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En attendant la suite (début de nouvelle)
Bon, une soudaine bouffée d'inspiration ce soir (sans doute les vapeurs d'alcool du réveillon ) m'a jeté devant mon pc, et hop, voilà le résultat: le début d'un nouveau texte, qui figurera dans mon prochain recueil si celui-ci voit le jour.
Bon, il s'agit du premier jet, donc ne soyez pas trop intransigeants, car si ça se trouve, le texte va évoluer au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, et je devrais peut-être modifier certains détails.
Par contre, n'hésitez pas à me faire savoir si certains passages vous semblent incongrus ou incompréhensibles, cela m'est toujours utile
Allez, hop, voilà la bête:
**********
C’est un de ces samedis d’été parfaits, avec un soleil de plomb, une douce brise et, dans l’air, l’odeur des barbecues qu’on allume mélangée à celle du gazon fraîchement coupé. Les gosses du voisin s’amusent dans la piscine. La chaleur se fait un peu plus pesante à chacun de leur plongeon. Les adultes parlent sur les terrasses à l’ombre des parasols, leurs éclats de voix et leurs rires trop forts trahissant un apéritif déjà bien entamé.
Ouais, un de ces putains de samedis d’été parfaits, idéal pour qu’une grande dame encapuchonnée de noir qui s’aide de sa faux pour marcher remonte la rue jusqu’à votre portail et s’invite chez vous.
A l’arrière de la maison, le moteur de la tondeuse manque de caler. Occupé dans la cuisine à sortir les brochettes de la marinade, Damien sourit car il imagine Marion dans sa salopette en jeans trop grande, celle qu’elle ne met que quand elle bricole, en train de maugréer et jurer à chaque raté du moteur. Vu d’où vient le bruit, elle doit se trouver juste à côté de l’abricotier, un arbre qu’elle a insisté pour planter dès qu’ils ont emménagé ici.
« Tu verras, on installera un hamac juste en dessous et on pourra y faire des trucs ! » avait-elle dit en attachant le frêle arbrisseau à un tuteur.
Elle portait une fois de plus sa salopette fétiche. Damien avait souri, se gardant bien de lui faire remarquer qu’un hamac nécessite d’être attaché à deux arbres. A la place, il l’avait poussée dans l’herbe - putain, le gazon était déjà haut, il l’avait toujours été à cet endroit en fait, bordel, alors pourquoi avait-t-elle vraiment voulu le tondre cette fois, hein ? -, elle avait ri et ils s’étaient amusés à se chatouiller comme deux gosses avant que leur jeu prenne une tournure beaucoup plus adulte.
Depuis deux ans, l’arbre a doublé de taille, et à cause de quelques branches qui se déploient à hauteur du visage, il faut se contorsionner pour arriver à faire passer la tondeuse autour du tronc, et si on tend un peu trop le bras, la main glisse, les doigts s’ouvrent, laissant remonter la petite manette de la sécurité qui arrête le moteur et…
Voilà ce qui doit se passer à l’instant, car le moteur cale pour de bon. Ou alors encore une touffe d’herbe trop épaisse - normal pour un gazon mal tondu -, voire un de ces petits monticules de terre qu’ils n’ont pas aplanis en le piétinant juste après avoir planté l’arbre et qui moutonnent au pied du tronc.
Il lui a fait remarquer que le gazon peut attendre, que ce n’est pas plus mal de le laisser un peu plus haut que d’habitude pour éviter que la terre se dessèche trop, et qu’il le tondra un soir de la semaine prochaine avant de brancher l’arrosage pour la nuit, mais fidèle à elle-même, Marion n’a rien voulu savoir. Trois de ses collègues de bureau viennent manger chez eux aujourd’hui, ce qui signifie que tout doit être parfait, propre, tiré à quatre épingles, et quoi de plus négligé pour une villa qu’un gazon mal tondu, même s’il l’est d’habitude ?
Damien traverse le salon, une assiette remplie de brochettes à la main, le sourire toujours sur les lèvres alors qu’il imagine Marion en train de s’acharner sur le cordon du démarreur sans réussir à faire cracher la moindre étincelle à la bougie. Il s’apprête d’une seconde à l’autre à entendre celle qu’il va épouser dans un mois presque jour pour jour l’appeler à la rescousse de sa voix d’enfant gâté qui ne s’est pas vu offrir le bon jouet. C’est une des choses qui le font craquer chez elle, cette manière qu’elle a de faussement bouder pour obtenir ce qu’elle veut de lui. Mais une fraction de secondes plus tard, ce n’est pas cette voix-là qui l'appelle.
L’assiette explose en mille morceaux contre le béton de la terrasse lorsqu’il la laisse filer entre ses doigts. Les restes de marinade éclaboussent jusqu’aux chaises du salon de jardin et, déjà, Damien s’est élancé à toute vitesse. Les hurlements de terreur de Marion lui glacent le sang. Complètement paniqué, il trébuche sur le petit muret de l’allée, roule dans l’herbe, se redresse aussi vite qu’il peut et repart en titubant. Et lorsqu’il arrive à l’angle de la maison…
Il se souvient. Comment en serait-il autrement ? Les images sont en lui. Il les voit dès qu’il aperçoit, même de loin, les jeunes pousses de l’abricotier par-dessus la haie alors qu’il remonte l’allée du lotissement; dès qu’il arrive sur la terrasse et que les minuscules taches sombres de la marinade attirent son regard; dès qu’il doit aller mettre en route le système d’arrosage, là, à l’arrière de la villa. Il n’y va plus d’ailleurs. Ce foutu gazon a littéralement cramé au soleil, et c’est tant mieux. Car c’est à cet endroit que tout est arrivé, ou plutôt que tout a fini, que sa vie s’est terminée.
Oui, il revoit chaque image au ralenti, entend chaque cri avec une précision qui lui donne la chair de poule. Peu importe qu’il fixe le plafond de la chambre, seul, au milieu de la nuit, ou qu’il ferme les yeux pour oublier. Marion n’est plus là, non. Elle est recroquevillée en plein soleil sur le gazon et se débat contre un ennemi invisible. Ses bras et ses jambes fouettent l’air frénétiquement. Elle hurle de terreur. Et Damien, que l’horreur de la scène a stoppé net dans sa course éperdue, la regarde, impuissant. Il lui faut plusieurs secondes pour distinguer les bourdonnements au milieu des cris, puis les dizaines de points noirs qui virevoltent autour du corps de celle qu’il aime de tout son être et l’assaillent avec rage, se glissent sous sa salopette et entrent dans sa gorge.
Le seul réflexe qu’il a est de tendre la main pour attraper le tuyau d’arrosage tout proche, mais lorsque ses doigts ouvrent la vanne, il devine qu’il est déjà trop tard. Les guêpes reculent à peine malgré l'eau qui jaillit avec force.
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: En attendant la suite (début de nouvelle)
Intéressant et bien mené ; sans liens avec les textes précédents (?)
Mais attention il y a des répétitions pas forcément justifiées. La deuxième évocation du samedi d'été parfait pourrait être présentée autrement.
Un soleil de plomb et une brise légère sont incompatible. Il y a des mots grossiers gratuits que le contexte ne justifie pas ; du moins pas encore.
"tenant à la main une assiette emplie de brochettes" me paraitrait plus judicieux que "de brochettes à la main" formule maladroite à rapprocher de la citation bien connue : il fit une tache à son habit de graisse !
J'en fais trop peut-être ?
Mais attention il y a des répétitions pas forcément justifiées. La deuxième évocation du samedi d'été parfait pourrait être présentée autrement.
Un soleil de plomb et une brise légère sont incompatible. Il y a des mots grossiers gratuits que le contexte ne justifie pas ; du moins pas encore.
"tenant à la main une assiette emplie de brochettes" me paraitrait plus judicieux que "de brochettes à la main" formule maladroite à rapprocher de la citation bien connue : il fit une tache à son habit de graisse !
J'en fais trop peut-être ?
Re: En attendant la suite (début de nouvelle)
Glaçant! Les derniers paragraphes sont exquis;) . Seulement j'ai l'impression que les temps ne sont pas très bien concordés:
il me semble qu'ici par exemple l'emploi du plus-que-parfait serait plus judicieux. Comme c'est une histoire très complexe, qui mêle ce qu'est entrain de vivre le héros à ses souvenirs, je te conseillerais d'utiliser des marqueurs tels que "il se rappellait de", de manière à ce que le lecteur ne se perde pas. Sinon, bravo!
"Il lui a fait remarquer que le gazon peut attendre, que ce n’est pas plus mal de le laisser un peu plus haut que d’habitude pour éviter que la terre se dessèche trop,"
il me semble qu'ici par exemple l'emploi du plus-que-parfait serait plus judicieux. Comme c'est une histoire très complexe, qui mêle ce qu'est entrain de vivre le héros à ses souvenirs, je te conseillerais d'utiliser des marqueurs tels que "il se rappellait de", de manière à ce que le lecteur ne se perde pas. Sinon, bravo!
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