Ces dieux et leur amour.

J'ai cru, un temps, aux paroles divines.
Celles que l'on nous chuchotent, et qui forgent nos opinions. Celles qui nous donnent une pensée et une certaine confiance. Ce sont ces paroles venues des plus grands qui ont fait de moi ce que je suis. Et je me plaisais à répéter ce que j'entendais, car je ne pouvais penser qu'ils faisaient des erreurs ; grands prêcheurs de la vérité, ils étaient pour moi les aînés, les plus grands et les plus sages. Il était mon roi et elle était ma reine, tous les deux plus connaissant que les autres.
Fut un jour où j'ai cru à ceux en qui ils croyaient.
Ils me disaient que d'autres grands existaient, qu'eux allaient m'apprendre à connaître le monde et tout ce qui m'entourait. Et j'ai appris que d'autres disaient « love » tandis que je pensais « amour ». Et comme on me disait que l'amour était un sentiment fort et puissant, je n'aurai pu penser que « love » aussi l'était, pour moi c'était impossible, les paroles divines ne mentaient pas, elles ne mentaient jamais.
Arriva un jour où on me mit en garde.
Les dieux ne sont que des personnes, importantes pour toi mais non pour les autres. Ils sont tes mentors, tu dois les écouter, mais non croire en tout ce qu'ils disent, ce serait une erreur de leur accorder toute ta confiance. Mais comment aurai-je pu comprendre ? Moi qui depuis des années ne faisaient que suivre une doctrine que je pensais juste.
Vint un jour où l'union des dieux se brisa.
On me dît alors que l'amour n'était pas une chose invincible, que ces choses finissaient par être détruites. Les dieux pleuraient finalement, les plus grands étaient faibles, tels des humains. Et leur tristesse m'emplit de colère car ils n'avaient pas le droit d'être si faibles, d'être si chétifs et inconstants... non, les dieux avaient la gloire éternelle, et le droit de faire ce qu'ils voulaient de la vie. Sans ce droit, je n'aurai pu les croire.
Un jour, les choses changèrent.
Et dans la plus grande force, avec ce sourire si beau dans ses yeux, cette déesse si humaine fermait les yeux, mon visage devant les siens. Moi-même j'étais devenu ce dieu qu'elle avait été auparavant. Aux yeux d'un autre j'étais le tout puissant, celui qui avait toujours raison. On me laissa la part qui me revenait de droit.
Et, leur cœur ne fut qu'humain.
Je pleurais à mon tour, devant le corps de ces anciens dieux. Priant pour leur salut, et pour que leurs erreurs si tendrement humaines puissent être pardonnées. Je pouvais dire adieu à mes parents, ces êtres si merveilleux et possédant le plus grand des pouvoirs comme le plus puissant des défauts : l'amour.