Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
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Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Il s'agit d'un extrait du journal spirituel que j'écris depuis que je me suis placée sous la direction de "R." Je ne sais pas comment il peut être accueilli par des lecteurs qui ne connaissent pas la littérature spirituelle. Les commentaires de chacun sont les bienvenus, surtout s'il s'agit de parler de l'impression que laissent ces lignes à la fin de la lecture.
Je remanie les petits textes que j'ai postés ici pour les proposer à la revue dont Extialis m'a parlé. C'est une revue chrétienne. Il faut donc que je "christianise" un peu, pas dans le fond, mais dans le vocabulaire. Affaire à suivre donc.
Je corrige aussi le texte "Une rencontre avec R" en suivant les conseils d'Extialis.
"On m’a signalé une personne qui, après avoir lu le premier livre sur R. avait dit que quinze années plus tôt il aurait lui aussi dit les mêmes paroles. L’envie d’écrire l’a pris depuis.
Que de commentaires n’y aurait il pas à faire sur cette anecdote !
Le premier est que si ce monsieur est une source de sagesse ou s’il est relié à une source de sagesse, comment se fait-il que personne ne l’ait encore remarqué ?
Le deuxième est de savoir si la vie de cette personne est en accord avec ses paroles. Il n’y a pas de critère plus sûr que celui là.
Ensuite, deux personnes peuvent effectivement dire les mêmes paroles. Dans le cas de l’un, les auditeurs seront durablement touchés et constateront des changements dans leur vie. Dans le cas de l’autre, les auditeurs seront émotionnellement remués… pour un court laps de temps. Les effets à plus long terme du discours seront pratiquement égaux à zéro.
La différence tient à l’enracinement de ces mots. Sortent-ils d’un cerveau habile ? Où sortent-ils d’une source vivante ?
Je pourrais tout à fait prononcer les mêmes mots que ceux de Gandhi,* avec conviction, devant une foule nombreuse. Je sais que, par exemple, personne ne se mettra à boycotter les produits que je montrerai du doigt comme l’ont fait des millions d’Indiens après l’avoir entendu parler.
Quand je lisais quelque part les mots « Dieu est bon », mon cœur restait froid. Mais quand je lisais exactement les mêmes trois mots écrits sous la plume de Silouane*, mon cœur se réchauffait et j’étais prise d’une irrésistible envie de prier. Silouane et Gandhi étaient reliés à la Source...
Un tout jeune enfant ne peut pas encore supporter la nourriture solide ; on lui donne du lait. Quand il a un peu grandi, on lui donne de la purée de légumes et des compotes. Il faut attendre longtemps avant qu’il ne puisse s’asseoir avec les autres membres de la famille et manger ce qui a été déposé sur la table.
R. filtre ses paroles. Puis je filtre à mon tour les paroles de R.. C’est du lait que les lecteurs reçoivent. Si une personne mûre se présente aux pieds de R., elle recevra de la nourriture solide. J'avais lu cette comparaison dans Saint Paul, je crois. C'est maintenant seulement que je la comprends véritablement.
Tout ce que dit R. est si clair, si simple et si évident que l’on a l’impression que nous aussi nous aurions pu dire la même chose… mais après-coup ! Nous reconnaissons la solution quand il nous la présente, mais nous ne pouvons pas la trouver tout seul. Celui qui raconte que lui aussi il a dit de telles paroles est un sympathique naïf. Ce monsieur arrivera peut-être à écrire quelques pages… puis n’aura plus rien à dire… sauf s’il se nourrit de quelqu’un d’autre.
Avec une seule question posée avec sérieux, je peux avec les paroles de R., remplir plusieurs pages. Et l’érudit qui les lira aura matière à rédiger des paragraphes entiers de commentaires sur presque chaque phrase.
Une dernière remarque s’impose. Cette personne sait-elle qui est l’auteur du livre qu’il a tenu entre ses mains ? Sait-il qui l’a imprimé ? Sait-il que celui qui l’a imprimé a la possibilité de rencontrer R. sans trop de difficultés ? Si c’est oui, alors ce livre n’a pas plus de valeur pour lui qu’un roman policier qu’on achète dans une gare. « Ce n’est qu’elle, l’auteur de ce livre. Si elle a pu l’écrire, alors moi aussi, je peux en écrire un. Je ne suis pas plus bête qu’elle !... Si elle, elle a pu rencontrer un Maître, c’est que ce n’est pas vraiment un maître !... »
Ce qu’on obtient facilement ne vaut pas grand-chose… et en plus, « Nul n’est prophète en son pays* ».
J’ai fait envoyer un exemplaire du tome 1 à trois personnes qui ont eu une place dans ma vie. Le résultat est leur éloignement. Ce livre m’a séparée d’elles. Elles l’auraient accueilli avec intérêt s’il avait été écrit par un (e) inconnu (e). Mais que ce soit moi qui l’aie écrit lui fait perdre toute sa valeur. Et en prime, elles se méfient de moi au point de cesser tout contact.
Pour que R. soit pris au sérieux, il faut qu’il habite à l’autre bout du monde, que le voyage nous fasse affronter la soif, la faim, les brigands et les bêtes sauvages, qu’il demande une année de préparation et qu’enfin, une fois arrivés au but nous soyons soumis à des épreuves ardues qui ne nous donnent, en cas de réussite exclusivement, le droit rarissime d’avoir une unique et entrevue avec lui. Alors seulement, nous serons persuadés que cet homme si difficile d’accès détient la réponse à nos questions, même si notre cécité nous empêche de remarquer la différence qu’il y a entre lui et nous. On peut d’ailleurs s’imaginer que seuls ceux dont les questions sont brûlantes se risqueraient à un tel périple ! Il s’effectuerait un tri naturel des candidats. Seuls les plus aptes à être des disciples rencontreraient R.. Les questions auraient une hauteur, une largeur et une profondeur qui appelleraient des réponses ayant la valeur d’une pierre précieuse.
Le questionneur est responsable de la qualité des réponses d'un Maître authentique.
L’élève est responsable de la qualité de l’enseignement qu'il reçoit d'un authentique Maître.
Car si le Maître est le conduit qui mène avec générosité l'eau vive aux hommes, l'élève est le robinet qui règle, pour lui-même, le débit des grâces qui s'écoulent. Et cela ne dépend pas de sa volonté. Cela tient à ce qu'il est."
Je remanie les petits textes que j'ai postés ici pour les proposer à la revue dont Extialis m'a parlé. C'est une revue chrétienne. Il faut donc que je "christianise" un peu, pas dans le fond, mais dans le vocabulaire. Affaire à suivre donc.
Je corrige aussi le texte "Une rencontre avec R" en suivant les conseils d'Extialis.
"On m’a signalé une personne qui, après avoir lu le premier livre sur R. avait dit que quinze années plus tôt il aurait lui aussi dit les mêmes paroles. L’envie d’écrire l’a pris depuis.
Que de commentaires n’y aurait il pas à faire sur cette anecdote !
Le premier est que si ce monsieur est une source de sagesse ou s’il est relié à une source de sagesse, comment se fait-il que personne ne l’ait encore remarqué ?
Le deuxième est de savoir si la vie de cette personne est en accord avec ses paroles. Il n’y a pas de critère plus sûr que celui là.
Ensuite, deux personnes peuvent effectivement dire les mêmes paroles. Dans le cas de l’un, les auditeurs seront durablement touchés et constateront des changements dans leur vie. Dans le cas de l’autre, les auditeurs seront émotionnellement remués… pour un court laps de temps. Les effets à plus long terme du discours seront pratiquement égaux à zéro.
La différence tient à l’enracinement de ces mots. Sortent-ils d’un cerveau habile ? Où sortent-ils d’une source vivante ?
Je pourrais tout à fait prononcer les mêmes mots que ceux de Gandhi,* avec conviction, devant une foule nombreuse. Je sais que, par exemple, personne ne se mettra à boycotter les produits que je montrerai du doigt comme l’ont fait des millions d’Indiens après l’avoir entendu parler.
Quand je lisais quelque part les mots « Dieu est bon », mon cœur restait froid. Mais quand je lisais exactement les mêmes trois mots écrits sous la plume de Silouane*, mon cœur se réchauffait et j’étais prise d’une irrésistible envie de prier. Silouane et Gandhi étaient reliés à la Source...
Un tout jeune enfant ne peut pas encore supporter la nourriture solide ; on lui donne du lait. Quand il a un peu grandi, on lui donne de la purée de légumes et des compotes. Il faut attendre longtemps avant qu’il ne puisse s’asseoir avec les autres membres de la famille et manger ce qui a été déposé sur la table.
R. filtre ses paroles. Puis je filtre à mon tour les paroles de R.. C’est du lait que les lecteurs reçoivent. Si une personne mûre se présente aux pieds de R., elle recevra de la nourriture solide. J'avais lu cette comparaison dans Saint Paul, je crois. C'est maintenant seulement que je la comprends véritablement.
Tout ce que dit R. est si clair, si simple et si évident que l’on a l’impression que nous aussi nous aurions pu dire la même chose… mais après-coup ! Nous reconnaissons la solution quand il nous la présente, mais nous ne pouvons pas la trouver tout seul. Celui qui raconte que lui aussi il a dit de telles paroles est un sympathique naïf. Ce monsieur arrivera peut-être à écrire quelques pages… puis n’aura plus rien à dire… sauf s’il se nourrit de quelqu’un d’autre.
Avec une seule question posée avec sérieux, je peux avec les paroles de R., remplir plusieurs pages. Et l’érudit qui les lira aura matière à rédiger des paragraphes entiers de commentaires sur presque chaque phrase.
Une dernière remarque s’impose. Cette personne sait-elle qui est l’auteur du livre qu’il a tenu entre ses mains ? Sait-il qui l’a imprimé ? Sait-il que celui qui l’a imprimé a la possibilité de rencontrer R. sans trop de difficultés ? Si c’est oui, alors ce livre n’a pas plus de valeur pour lui qu’un roman policier qu’on achète dans une gare. « Ce n’est qu’elle, l’auteur de ce livre. Si elle a pu l’écrire, alors moi aussi, je peux en écrire un. Je ne suis pas plus bête qu’elle !... Si elle, elle a pu rencontrer un Maître, c’est que ce n’est pas vraiment un maître !... »
Ce qu’on obtient facilement ne vaut pas grand-chose… et en plus, « Nul n’est prophète en son pays* ».
J’ai fait envoyer un exemplaire du tome 1 à trois personnes qui ont eu une place dans ma vie. Le résultat est leur éloignement. Ce livre m’a séparée d’elles. Elles l’auraient accueilli avec intérêt s’il avait été écrit par un (e) inconnu (e). Mais que ce soit moi qui l’aie écrit lui fait perdre toute sa valeur. Et en prime, elles se méfient de moi au point de cesser tout contact.
Pour que R. soit pris au sérieux, il faut qu’il habite à l’autre bout du monde, que le voyage nous fasse affronter la soif, la faim, les brigands et les bêtes sauvages, qu’il demande une année de préparation et qu’enfin, une fois arrivés au but nous soyons soumis à des épreuves ardues qui ne nous donnent, en cas de réussite exclusivement, le droit rarissime d’avoir une unique et entrevue avec lui. Alors seulement, nous serons persuadés que cet homme si difficile d’accès détient la réponse à nos questions, même si notre cécité nous empêche de remarquer la différence qu’il y a entre lui et nous. On peut d’ailleurs s’imaginer que seuls ceux dont les questions sont brûlantes se risqueraient à un tel périple ! Il s’effectuerait un tri naturel des candidats. Seuls les plus aptes à être des disciples rencontreraient R.. Les questions auraient une hauteur, une largeur et une profondeur qui appelleraient des réponses ayant la valeur d’une pierre précieuse.
Le questionneur est responsable de la qualité des réponses d'un Maître authentique.
L’élève est responsable de la qualité de l’enseignement qu'il reçoit d'un authentique Maître.
Car si le Maître est le conduit qui mène avec générosité l'eau vive aux hommes, l'élève est le robinet qui règle, pour lui-même, le débit des grâces qui s'écoulent. Et cela ne dépend pas de sa volonté. Cela tient à ce qu'il est."
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Une question m'est venue à la lecture de ce passage; sans indiscrétion, dans quelles circonstances as-tu rencontré ce monsieur ?
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Bonjour chère Alissa,
Ta question me comble de joie. Et bien, ta réponse se trouve dans les deux premiers chapitres de mon premier livre que j'ai postés ici, dans la rubrique "écrits divers". Je n'ai pas posté la suite parce que je ne recevais pas de commentaires. J'en ai donc déduit que cela n'intéressait personne.
C'est un peu long à lire sur écran, et je t' en demande pardon. Je serai absolument ravie que tu les lises car, répète R. il n'est pas ici pour une poignée de personne, mais pour tout le monde. L'introduction au tome 1 se trouve, je crois, dans "Essais". C'est un résumé du tome 1 et une courte présentation de notre premier contact.
Ta question me comble de joie. Et bien, ta réponse se trouve dans les deux premiers chapitres de mon premier livre que j'ai postés ici, dans la rubrique "écrits divers". Je n'ai pas posté la suite parce que je ne recevais pas de commentaires. J'en ai donc déduit que cela n'intéressait personne.
C'est un peu long à lire sur écran, et je t' en demande pardon. Je serai absolument ravie que tu les lises car, répète R. il n'est pas ici pour une poignée de personne, mais pour tout le monde. L'introduction au tome 1 se trouve, je crois, dans "Essais". C'est un résumé du tome 1 et une courte présentation de notre premier contact.
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
J'irais y jeter un coup d'œil à l'occasion. En effet, je me suis dit que pour qu'on accorde une telle confiance à un inconnu, aussi sympathique soit-il, les circonstances de cette rencontre doivent être bien extraordinaires. D'autant plus qu'au regard de ton expérience, ton vécu, tu as dû apprendre qu'il était facile de tomber dans le piège du phénomène "gourou" (cela arrive malheureusement à de nombreuses personnes plus ou moins fragiles, des gens frustrés de ne pas avoir réussi à exercer du pouvoir dans la société se "vengent" sur d'innocentes victimes à leur insu), et discerner la véritable générosité de la fausse, dangereuse et perverse, ne doit pas être une chose facile.
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Oui, la possibilité du piège existe. Il faut être extraordinairement méfiant, tester longtemps quelqu'un avant de lui accorder sa confiance, examiner chaque facette de ce qu'il donne à voir, surtout s'il n'est pas encore reconnu par une autorité... qui peut d'aillleurs se tromper.
Mais si Paul Brunton n'avait rien écrit, le grand Ramana serait resté caché; si Maurice Frydmann n'avait pas pris de notes, Nisargadatta serait resté inconnu; si Matthieu, Jean, Luc, Marc et Paul n'avaient rien écrit, Jésus ne serait resté que deux lignes dans Flavius Josèph, un seul mot dans Thallus, dans Suétone et dans Pline le Jeune.
Peut-on trouver un trésor et se taire parce qu'il se pourrait qu'il soit faux? Et s'il était vrai et qu'on n'ait rien dit, ne serait-ce pas pire?
Je montre un trésor. Chacun peut venir, examiner, et décider avec son intelligence, ses connaissances, et son intuition: c'est un vrai! C'est un faux!
Mais si Paul Brunton n'avait rien écrit, le grand Ramana serait resté caché; si Maurice Frydmann n'avait pas pris de notes, Nisargadatta serait resté inconnu; si Matthieu, Jean, Luc, Marc et Paul n'avaient rien écrit, Jésus ne serait resté que deux lignes dans Flavius Josèph, un seul mot dans Thallus, dans Suétone et dans Pline le Jeune.
Peut-on trouver un trésor et se taire parce qu'il se pourrait qu'il soit faux? Et s'il était vrai et qu'on n'ait rien dit, ne serait-ce pas pire?
Je montre un trésor. Chacun peut venir, examiner, et décider avec son intelligence, ses connaissances, et son intuition: c'est un vrai! C'est un faux!
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Tout à fait. On reconnait une de ces vraies et rares personnes à l'entière liberté qu'elles laissent à celles qui désirent les suivre; elles ne se posent pas en dominateurs, mais en conseillers, et plus que tout, elles ont bien compris qu'aucun homme n'avait le droit de dicter sa conduite à un autre homme. En tant que chrétienne, je pense à l'exemple de Jesus trahi par Judas; Jesus savait que Judas allait le trahir avant qu'il ne s'exécute, mais il lui a laissé la liberté de le faire.
J'avoue que si un nouveau "messie" se présentait à moi, je serais assez (très sceptique); après tout, il n'est pas impossible qu'un nouveau Christ se manifeste à nous (quoique je pense que le moment n'est pas venu. Par ailleurs cette expression n'est pas la bonne, parce qu'il reviendrait certainement sous une forme inattendue (une femme certainement, une pauvre petite fille Ganhéenne, une Brésilienne des bidonvilles ou pourquoi pas un animal). Mais je pense que j'aurais du mal à croire un homme qui s'auto-proclame "messie" . La limite doit être extrêment difficile à trouver, entre le gourou habile et le "vrai" généreux. Le gourou reprend à son compte les discours et les valeurs d'une vraie bonne personne, et une foi sa proie séduite, il est prêt à n'importe quoi.
J'ai entendu l'histoire d'une femme, mère de famille sensée, qui avait reçu chez elle un homme courtois et sympathique. Au fil du temps, sans qu'elle ne s'en apperçoive, il avait réussi à la réduire à l'état de servitude, cette femme lui vouait un culte sans borne, et il a peu à peu réussi à la monter contre son mari et ses enfants. Le réveil a été très brutal... On entend aussi parler de gourou qui, une fois qu'ils ont réduit leur entourage à la servitude, préconisent le suicide collectif pour "commencer un nouveau monde" ou autre charlatanerie.
Peut-être à tord, j'ai tendance à être très méfiante vis-à-vis des gens qui parlent de visions, troisième oeil, sixième sens et sentiment exacerbés. Pour parler vulgairement, nous sommes tous faits de la même terre; Jesus, Mahomet et autres prophètes étaient exactement comme nous, et se revendiquaient comme tels. Je me méfie de la personne qui se distancie aristocratiquement du reste du monde et entend lui donner des leçons de vie. Cela me semble dangereux pour notre libre arbitre. Un conseiller, oui, mais quelqu'un qui nous dit ce que nous avons à faire, non.
Mais faire la part des choses est extrêment délicat, et heureusement qu'il existe des gens pour le faire; comme tu le dis, sans Paul, Luc, Jean, Pierre, Mathieu, et autres disciples, personne aujourd'hui ne parlerait de Jesus, qui se comportait, parait-il, comme n'importe quel homme de son temps.
J'avoue que si un nouveau "messie" se présentait à moi, je serais assez (très sceptique); après tout, il n'est pas impossible qu'un nouveau Christ se manifeste à nous (quoique je pense que le moment n'est pas venu. Par ailleurs cette expression n'est pas la bonne, parce qu'il reviendrait certainement sous une forme inattendue (une femme certainement, une pauvre petite fille Ganhéenne, une Brésilienne des bidonvilles ou pourquoi pas un animal). Mais je pense que j'aurais du mal à croire un homme qui s'auto-proclame "messie" . La limite doit être extrêment difficile à trouver, entre le gourou habile et le "vrai" généreux. Le gourou reprend à son compte les discours et les valeurs d'une vraie bonne personne, et une foi sa proie séduite, il est prêt à n'importe quoi.
J'ai entendu l'histoire d'une femme, mère de famille sensée, qui avait reçu chez elle un homme courtois et sympathique. Au fil du temps, sans qu'elle ne s'en apperçoive, il avait réussi à la réduire à l'état de servitude, cette femme lui vouait un culte sans borne, et il a peu à peu réussi à la monter contre son mari et ses enfants. Le réveil a été très brutal... On entend aussi parler de gourou qui, une fois qu'ils ont réduit leur entourage à la servitude, préconisent le suicide collectif pour "commencer un nouveau monde" ou autre charlatanerie.
Peut-être à tord, j'ai tendance à être très méfiante vis-à-vis des gens qui parlent de visions, troisième oeil, sixième sens et sentiment exacerbés. Pour parler vulgairement, nous sommes tous faits de la même terre; Jesus, Mahomet et autres prophètes étaient exactement comme nous, et se revendiquaient comme tels. Je me méfie de la personne qui se distancie aristocratiquement du reste du monde et entend lui donner des leçons de vie. Cela me semble dangereux pour notre libre arbitre. Un conseiller, oui, mais quelqu'un qui nous dit ce que nous avons à faire, non.
Mais faire la part des choses est extrêment délicat, et heureusement qu'il existe des gens pour le faire; comme tu le dis, sans Paul, Luc, Jean, Pierre, Mathieu, et autres disciples, personne aujourd'hui ne parlerait de Jesus, qui se comportait, parait-il, comme n'importe quel homme de son temps.
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
Bonjour Alissa,
Je n'avais pas répondu à ce long commentaire parce que je m'étais dit que cela nous engagerait dans une discussion qui n'a pas sa place dans un forum littéraire. Je décide ce matin de répondre quand même. Si les modérateurs pensent que mes explications ne doivent pas figurer ici, je les prie d'effacer ce texte.
Alissa, vos réserves sont sages. D'abord, je vais dans ma réponse bannir le mot "gourou" qui a malheureusement acquis une réputation bien péjorative. C'était il y a quarante ans, encore un mot tout à fait honorable. Les gourous n'étaient pas à la mode!
La tradition chrétienne d'occident ne connait plus cette forme de paternité spirituelle qui a pourtant été courante pendant les premiers siècles. On peut tout à fait considérer Saint Benoît de Nursie comme un des derniers gourous d'occident. Il a vécu "seul avec lui-même" dans sa grotte de Subiaco. Les disciples sont arrivés spontanément autour de lui et c'est pour les instruire qu'il les a rassemblés en une communauté qui a pris le nom de "monastère".
Les "gourous" chrétiens portaient le nom d'"Abba". Les apophtègmes des pères du désert, les lettres de Barnasuphe et de Jean de Gaza et bien d'autres sont des exemples de la relation du "gourou" chrétien et de ses disciples.
La tradition chrétienne d'orient, surtout les russes, ne l'a pas perdue. On les appelle des "startsi" au pluriel. Le singulier est un "staretz" ou "starets". Les dix-huit et dix-neuvième siècles en ont eu beaucoup, le vingtième un peu moins. On connaît leurs écrits, on a des photos de certains d'entre eux et ils ont eu des biographes.
Puisque nous sommes sur un forum de littérature, je peux signaler que le starets Zossime des "Frères Karamasov" a été inspiré à Dostoiewski par un authentique strarets, Ambroise, auquel il allait rendre visite à Optino.
Maintenant, comment reconnaître un vrai d'un faux? C'est très difficile quand notre sensibilité n'est pas ouverte et surtout quand on recherche autre chose que "dieu pour dieu" (Mot que R. utilise peu, car il est trop chargé émotionnellement et culturellement) ou que notre but est de l'ordre de "l'avoir plus" et non d'être authentiquement et en plénitude qui je suis potentiellement.
Ce n'est pas si difficile quand notre recherche est "propre", mais il y a des critères: le "vrai" a très peu d'élève, car il est exigeant et ne promet rien. Il ne parle pas d'acquisition de dons hors du commun, d'expériences mystiques extraordinaires... qui ne l'intéressent aucunement. Il se comporte très ordinairement, et gagne sa vie comme tout le monde. Il ne se fait remarquer en rien. Il est habillé comme les gens de son temps et du lieu où il habite. Il ne porte pas un nom bizarre: il utilise le prénom que ses parents lui ont donné, sauf les moines qui portent eux, leur nom de religion. Frère Roger, de Taizé, qui a été une sorte de gourou (une sorte seulement) pour des milliers de jeunes pendant quarante ans, s'est toujours appelé Roger...
Il travaille à remettre ses élèves sur pied psychologiquement, puis fait tout ce qu'il peut pour les "faire grandir" en étant doux, tendre, mais sévère et inflexible. Etre élève est difficile. Beaucoup de gens approchent R. mais partent en courant parce qu'il leur demande de changer ceci et cela dans leur vie, d'éliminer ceci et cela de leur comportement... et que ça ne cadre en rien avec les rêveries qu'ils ont éventuellement eu à son sujet.
Il refuse toute relation de dépendance affective entre son disciple et lui, même s'il se fait tout proche dans un premier temps pour ceux qui, par exemple, ne savent pas ce qu'avoir été aimé par des parents veut dire. Il ne les laisse pas s'attacher à lui. Il ressent d'ailleurs la présence d'un élève comme une charge, parce que c'en est vraiment une: il est bien plus difficile d'obliger un adulte à "grandir" que d'éduquer un enfant. Il n'est donc pas du tout avide d'en voir arriver un nouveau!
je peux ajouter qu'il parle simplement, avec des mots que tous comprennent et qu'ucun problème de la vie ne lui est étranger. Il ne parle d'ailleurs que de ceux-là, car les autres sont tirés de notre imagination. Et il a autant de visages que d'élèves, car il est exactement celui dont on a besoin... et chacun a des besoins particuliers.
C'était une réponse un peu tardive. Je vous prie de m'en excuser. Bonne journée Alissa.
Je n'avais pas répondu à ce long commentaire parce que je m'étais dit que cela nous engagerait dans une discussion qui n'a pas sa place dans un forum littéraire. Je décide ce matin de répondre quand même. Si les modérateurs pensent que mes explications ne doivent pas figurer ici, je les prie d'effacer ce texte.
Alissa, vos réserves sont sages. D'abord, je vais dans ma réponse bannir le mot "gourou" qui a malheureusement acquis une réputation bien péjorative. C'était il y a quarante ans, encore un mot tout à fait honorable. Les gourous n'étaient pas à la mode!
La tradition chrétienne d'occident ne connait plus cette forme de paternité spirituelle qui a pourtant été courante pendant les premiers siècles. On peut tout à fait considérer Saint Benoît de Nursie comme un des derniers gourous d'occident. Il a vécu "seul avec lui-même" dans sa grotte de Subiaco. Les disciples sont arrivés spontanément autour de lui et c'est pour les instruire qu'il les a rassemblés en une communauté qui a pris le nom de "monastère".
Les "gourous" chrétiens portaient le nom d'"Abba". Les apophtègmes des pères du désert, les lettres de Barnasuphe et de Jean de Gaza et bien d'autres sont des exemples de la relation du "gourou" chrétien et de ses disciples.
La tradition chrétienne d'orient, surtout les russes, ne l'a pas perdue. On les appelle des "startsi" au pluriel. Le singulier est un "staretz" ou "starets". Les dix-huit et dix-neuvième siècles en ont eu beaucoup, le vingtième un peu moins. On connaît leurs écrits, on a des photos de certains d'entre eux et ils ont eu des biographes.
Puisque nous sommes sur un forum de littérature, je peux signaler que le starets Zossime des "Frères Karamasov" a été inspiré à Dostoiewski par un authentique strarets, Ambroise, auquel il allait rendre visite à Optino.
Maintenant, comment reconnaître un vrai d'un faux? C'est très difficile quand notre sensibilité n'est pas ouverte et surtout quand on recherche autre chose que "dieu pour dieu" (Mot que R. utilise peu, car il est trop chargé émotionnellement et culturellement) ou que notre but est de l'ordre de "l'avoir plus" et non d'être authentiquement et en plénitude qui je suis potentiellement.
Ce n'est pas si difficile quand notre recherche est "propre", mais il y a des critères: le "vrai" a très peu d'élève, car il est exigeant et ne promet rien. Il ne parle pas d'acquisition de dons hors du commun, d'expériences mystiques extraordinaires... qui ne l'intéressent aucunement. Il se comporte très ordinairement, et gagne sa vie comme tout le monde. Il ne se fait remarquer en rien. Il est habillé comme les gens de son temps et du lieu où il habite. Il ne porte pas un nom bizarre: il utilise le prénom que ses parents lui ont donné, sauf les moines qui portent eux, leur nom de religion. Frère Roger, de Taizé, qui a été une sorte de gourou (une sorte seulement) pour des milliers de jeunes pendant quarante ans, s'est toujours appelé Roger...
Il travaille à remettre ses élèves sur pied psychologiquement, puis fait tout ce qu'il peut pour les "faire grandir" en étant doux, tendre, mais sévère et inflexible. Etre élève est difficile. Beaucoup de gens approchent R. mais partent en courant parce qu'il leur demande de changer ceci et cela dans leur vie, d'éliminer ceci et cela de leur comportement... et que ça ne cadre en rien avec les rêveries qu'ils ont éventuellement eu à son sujet.
Il refuse toute relation de dépendance affective entre son disciple et lui, même s'il se fait tout proche dans un premier temps pour ceux qui, par exemple, ne savent pas ce qu'avoir été aimé par des parents veut dire. Il ne les laisse pas s'attacher à lui. Il ressent d'ailleurs la présence d'un élève comme une charge, parce que c'en est vraiment une: il est bien plus difficile d'obliger un adulte à "grandir" que d'éduquer un enfant. Il n'est donc pas du tout avide d'en voir arriver un nouveau!
je peux ajouter qu'il parle simplement, avec des mots que tous comprennent et qu'ucun problème de la vie ne lui est étranger. Il ne parle d'ailleurs que de ceux-là, car les autres sont tirés de notre imagination. Et il a autant de visages que d'élèves, car il est exactement celui dont on a besoin... et chacun a des besoins particuliers.
C'était une réponse un peu tardive. Je vous prie de m'en excuser. Bonne journée Alissa.
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: Extrait "Un chemin d'éveil" tome 2 (28 Sept 2007. p 23)
J'aurai peut-être dû faire mon commentaire avant de lire les vôtres, ils étaient intéressant, mais assez "épais", alors je me retrouve avec plein d'idée dans la tête.
Ton texte est très descriptif, et même très mathématique. Il n'y a en soit rien de littéraire dedans, juste des questions, des réponses, toutes construites en des plans méthodiques. Intéressant, je ne peux pas le nier, mais je crois que cela se dirige plus vers de l'écriture philosophique, ou même une énonciation de préceptes.
J'ai presque l'impression que "R." n'est pas le plus important, mais qu'il y a surtout ce voyage que l'on fait pour le voir, pour lui parler. Ce voyage, cette quête, cette épopée, c'est celle de la conscience, de ce qui mûrit en nous. Même si "R." prononce des vérités, elles semblent n'être que des révélations intérieures de ce voyage qu'est la vie. Cette vie qui nous a offert depuis le commencement chaque réponse, chaque vérité, qu'on les ait accepté ou non.
Très bon texte donc, mais je ne suis pas certain qu'il ait unevéritable qualité littéraire.
Ton texte est très descriptif, et même très mathématique. Il n'y a en soit rien de littéraire dedans, juste des questions, des réponses, toutes construites en des plans méthodiques. Intéressant, je ne peux pas le nier, mais je crois que cela se dirige plus vers de l'écriture philosophique, ou même une énonciation de préceptes.
J'ai presque l'impression que "R." n'est pas le plus important, mais qu'il y a surtout ce voyage que l'on fait pour le voir, pour lui parler. Ce voyage, cette quête, cette épopée, c'est celle de la conscience, de ce qui mûrit en nous. Même si "R." prononce des vérités, elles semblent n'être que des révélations intérieures de ce voyage qu'est la vie. Cette vie qui nous a offert depuis le commencement chaque réponse, chaque vérité, qu'on les ait accepté ou non.
Très bon texte donc, mais je ne suis pas certain qu'il ait unevéritable qualité littéraire.
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