Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
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Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
bonjour, voilà ce que je suis en train de travailler pour ma part. j'ai pas fini de la relire (je ne l'ai fait que 6 fois), mais je vous la laisse pour avis (si vous le désirez). merci
*
Les légendes décrivent le maitre des enfers avec des sabots et des cornes. Créature mi-homme, mi-bête, brutale et cruelle. Un géant rouge avec des flammes dans les yeux.
Moi, je suis sûr qu’il peut adopter n’importe quelle apparence. Il peut être unique ou légion, esprit ou physique. Personnellement, je l’ai rencontré sous la forme d’un monde.
Je suis un exécutant. Sur la terre de ma naissance, l’humanité est séparée en deux catégories. Les supérieurs et les inférieurs. Peu importe la couleur de la peau, c’est la capacité du cerveau à traiter les informations qui compte. Appelons-la intelligence. Au-dessous d’un certain seuil, évalué vers les deux ans de vie, l’enfant est dirigé vers les sous-sols où il servira d’objet d’expérience s’il ne sait servir. Entre autres.
Il me manquait quatre points pour vivre à la surface, parmi les supérieurs, les biens pensants. Quatre points. Le destin tient à peu de choses.
Trois ans avant ma rencontre avec le diable, des chercheurs en physique ont malencontreusement créé des dépressions électromagnétiques qui, selon eux, ouvraient sur d’autres planètes. Des sortes de passerelle dans l’espace-temps.
Les politiques y virent une manne d’énergie fossile, nous avions presque épuisé les nôtres. Les amateurs de viande voulaient goûter autre chose que de l’humain et puisque l’animal avait disparu de nos contrées bétonnées, pourquoi ne pas aller chasser sur ces mondes parallèles ?
Ben ouais, pourquoi pas ? me disais-je aussi en tranchant le cou d’un enfant.
Je travaillais à l’équarrissage alors. Ce job obligatoire me faisait vomir dix fois par jour, impossible de m’habituer à ce que je considère comme des meurtres, mais c’était ça ou j’y passais moi-même et mon âme luttait encore pour survivre.
Les chercheurs expédièrent des sondes bardées de caméras et de tout un tas d’autres gadgets dans un magma électromagnétique soigneusement sélectionné pour la stabilité de ses électrons puis s’installèrent devant leurs écrans de contrôle. La liaison ne s’établit jamais, les robots ne revinrent pas.
Puisqu’il était impensable d’envoyer l’un de leur précieux confrère au casse pipe, ils pensèrent à nous, les inférieurs et demandèrent un premier groupe de cobaye à l’Etat. Trié sur le volet, bien sûr. Obéissant, pas trop bête, en bonne santé et un mental de fer. Un optimisme d’enfer. Où trouver ces perles rares si ce n’est aux abattoirs et au dépeçage ? Voilà pourquoi, ils m’emmenèrent, moi et la moitié du personnel de la firme CIDJAT.
Ils nous parquèrent d’abord par ensemble de cent. Les garçons d’un côté, les filles de l’autre. Puis l’ordinateur nous classa par score de quotient intellectuel, celui que nous avions validé à l’âge de deux ans. Je me retrouvais donc dans la première navette en partance vers un endroit mystérieux. Pendant le trajet, les « éducateurs » nous rassurèrent avec un paternalisme dégoulinant de mépris. La belle aventure que nous allions vivre ! Nous formerions la caste des nouveaux voyageurs et patati et patata. Je me rapprochais de Treize que je connaissais bien puisque nous travaillions sur la même chaine de production.
– T’en penses quoi ?
– Que c’est peut-être la chance de notre vie, sourit-il. S’ils m’envoient sur un monde sympa, moi, j’y reste et j’oublie celui-ci.
– T’as pas tort.
– Garde-le pour toi.
– Évidemment.
Que gagnerais-je à moucharder ? Un autre poste ? J’allais en obtenir un, de toute façon. Le lieu rêvé pour s’évader, Treize pensait juste. Du moins, je le croyais.
Après une semaine de formation sur l’utilisation d’appareils de mesure, ils bardèrent un premier couple d’électronique et les poussèrent gentiment vers la faille qu’ils avaient choisie.
Ce jour-là, j’ai compris que les deux garçons pénétraient dans un cyclotron. Je suis un sous-humain pour les supérieurs seulement, car même si je n’ai pas eu le droit à l’instruction, j’ai su exploiter les informations qui passaient à ma portée. J’ai appris à lire tout seul. Bref, en cherchant à faire franchir la vitesse de la lumière à des électrons, les physiciens ont ouvert des portes sur d’autres réalités. Comme dans les livres de science-fiction. Elles n’étaient pas visibles, mais lorsqu’un chef poussa les garçons vers le mur, ils y disparurent. Les caisses métalliques qu’ils portaient en dorsal restèrent de notre côté.
– Comprends pas, grogna un technicien en examinant les lanières fondues. Les robots sont passés pourtant.
– C’était pas au même endroit, répondit son voisin. Combien de temps leur as-tu donné ?
– Trois jours.
Treize me jeta une œillade goguenarde.
Après cette tentative, les chercheurs ont imaginé greffer leur électronique sous la peau des suivants. Le spectromètre trouva une porte qui dégageait des ondes magnétiques moins fortes et le duo s’y présenta la boule au ventre. Ils avaient remplacé l’œil droit de Vingt-six par une caméra reliée à son cerveau et posé un émetteur près des cordes vocales de Trois-cent-douze, truffés les doigts de mes amis de capteurs et derrière leurs oreilles, ils avaient implanté un transmetteur couplé à un traducteur. « On ne sait jamais », avaient-ils dit. Le temps de maîtriser le rejet de ces corps étrangers et hop ! À l’abattoir. Parce qu’il ne devait pas subsister grand-chose de l’autre côté. Au pied du mur est resté l’œil électronique accroché à des morceaux de cervelle, la balise rougie de sang… bref, tout leur bazar y était.
Pour la troisième tentative, ils ont utilisé la nanotechnologie. Je vous laisse imaginer le résultat.
Et puis ce fut à mon tour de passer au bureau pour un entretien préliminaire avec quatre vieux croutons à l’air suspicieux.
– Assieds-toi. Neuf, c’est ça ?
– Oui, monsieur.
L’ancêtre a tapoté son tactile, je savais qu’il consultait ma fiche. Je suis Neuf, de la génération six M. deux chiffres, une lettre sur un document qui se résume à quelques mots entre deux barres d’un écran miniature.
– Il parait que tu lis.
– Oui, monsieur.
– Comment as-tu appris ?
– En décortiquant toujours les mêmes mots.
– Et écrire ?
– Oui, monsieur.
– Même question, cracha son voisin.
– En écrivant toujours les mêmes mots.
– Lesquels ?
– Coursive d’équarrissage et zone de compactage.
Le petit roquet me regarda stupidement, alors, le grand, celui qui semblait diriger l’interrogatoire, poussa sa tablette vers lui.
– Ah, oui, grommela-t-il, un rien gêné. Très bien, Neuf. Tu vas passer à l’analyse et si tu la valides, on t’expliquera le travail.
Ceux-là sortirent et les autres posèrent des feuilles devant moi. Le mode de communication des anciens, j’en revenais pas d’avoir ces trésors à ma portée.
– Lis et écrits en suivant les consignes, claqua le petit sec.
J’ai réussi les tests. Quel plaisir de laisser glisser le stylo sur un papier !
Ils me reçurent le lendemain avec une poignée de main, un sourire et des espoirs avides pleins les yeux.
– Je me nomme Brok, dit le plus vieux. Je suis le chef de cette mission. Sais-tu en quoi elle consiste ?
– Vous envoyez des éclaireurs sur des mondes parallèles.
J’avais sciemment remplacé « inférieurs » par « éclaireurs », car en les brossant dans le sens du poil, je comptais gagner leur confiance. Ils ne furent pas dupes, je décelais l’étincelle dans les regards. Mais ils jouèrent le jeu.
– C’est tout à fait ça. As-tu remarqué que l’électronique ne passait pas le… heu…
– Champ magnétique, complétais-je en me gardant bien d’étaler ma science plus avant.
Brok eut un tic surpris.
– Appelons-le comme ça, concéda-t-il. Ta mission sera de franchir le prochain, uniquement muni d’un carnet et de crayons. Tu dois promettre de revenir.
– Nous connaissons ton amitié pour Treize, sourit le plus gros.
Un otage, ben tiens.
– Il sera vraiment là à mon retour ?
– Tu as notre parole.
Je souris à mon tour.
– Je sais écrire codé.
– Et alors ? Nous décoderons, voilà tout. Tu te crois plus intelligent que nous peut-être ?
– Il sera suffisamment compliqué pour retarder vos recherches, ajoutais-je en le fixant.
Sans ciller, je me sentais en position de force.
– Ton ami sera bien traité, dit Brok en se levant. Allons te préparer.
En fin de journée, vêtu d’une combinaison marron dépourvue d’attaches de métal, je me retrouvais dans le cyclotron. Un sac à dos de faux lin contenant trois cahiers terminait ma tenue « d’éclaireur ». Je jetais un coup d’œil à Treize, il me répondit par un sourire de connivence.
– Il est temps, Neuf, s’impatienta le petit gros.
Alors je marchais vers le mur.
Une étrange sensation m’électrisa puis j’atterrissais sur un monde nu. Rien ne poussait, pas même un building. Interdit, j’écoutais le vent gifler ce désert sale. Il me cinglait les joues, me glaçait le corps. Je me retournais pour demander un vêtement chaud, seulement, derrière moi, je ne vis que le vide. À perte de vue.
Il faut que je trouve de quoi marquer l’endroit.
Mais je n’osais bouger de peur que la bise efface mes pas. Et je restais là longtemps à me creuser la cervelle. Le ciel rougeoyant ne variait pas, la nuit ne tombait pas. Alors, tremblant de froid, je m’agenouillais et façonnais la terre humide et collante en coupole, le dernier endroit dans lequel j’étais entré, paralysé d’angoisse.
Ma sculpture terminée, je me délestais d’un crayon de bois que je plantais à son sommet.
En espérant que le vent ne le détruise pas, me dis-je en lui tournant le dos.
Aucun astre, le flamboiement du ciel se mêlait à une étrange fumée noire et je ne savais pas où j’allais. Pourtant, il fallait bien bouger. Alors j’ai marché. Pendant une éternité, me sembla-t-il, et enfin, à l’horizon, un bâtiment apparut.
Toute ma vie on m’a traité en esclave. J’ai donc appris la méfiance et l’art de la dissimulation. L’espace aérien ne paraissait pas surveillé, je n’avais vu ni drone ni hélicoptère, mais peut-être que des vigies scrutaient les alentours avec des caméras ultra-perfectionnées ? Pétri de terreur, j’allais pourtant, et au fil de mes pas, le bâtiment se dévoila. Ce que j’avais observé de loin n’était que l’armature d’une sorte de cercle de verre. À présent, j’entrapercevais des formes qui bougeaient. Je n’entendais aucun écho de leurs mouvements, seule la bise sifflait sur la terre et cet anneau transparent. Si j’avançais encore, ils me verraient. Alors, je m’assis sur ce sol dur et froid et grignotais un dixième de mon sandwich en réfléchissant. Que devais-je faire ? Demi-tour ? Rentrer bredouille ? Impossible ! Je finirai dans les assiettes des supérieurs. Il fallait continuer, quitte à se faire pincer. Et puis, je devais savoir. En me concentrant sur les formes mouvantes, je remarquais leur répétition. Comme des machines réglées sur le même geste. Peut-être une usine entièrement automatisée, me dis-je en reprenant ma route. Résolument, je m’approchais. Que pouvaient fabriquer ces robots dans un atelier perdu au milieu de nulle part ? Je plissais les paupières pour m’accoutumer à cette lumière crue et mon sang ne fit qu’un tour avant de plomber mon bas-ventre. Je faillis uriner de terreur, car là, de l’autre côté de la vitre, les machines taillaient des humains vivants qui hurlaient sans voix. Les yeux exorbités de douleur, les bouches ouvertes sur les cris… Ça devait faire une sacrée cacophonie sous cette cloche. Et la mécanique œuvrait, imperturbable. Cette scie tranchait le pied d’une femme, ce couteau un bon morceau de cuisse. Et moi, bouche bée sur un vagissement muet de stupeur, je voyais le pied repousser lentement et la cuisse se reformer. Par quel prodige ?
Ainsi, ces hommes et ces femmes étaient condamnés à la souffrance éternelle. Écœuré jusqu’à l’âme, je m’enfuis. Sortir de là, dégager de ce monde démoniaque me répétait sans cesse mon cerveau. Il tournait en boucle, comme grippé par l’horreur. Pourtant, il en avait supporté d’autres, le pauvre. Je ne sais pas comment il a retrouvé ma sculpture de terre, mais il l’a fait et a bloqué. J’ai perdu conscience. Et dans cet étrange coma, j’ai deviné l’issue à ma vie de misère. Je voyais toutes les portes imprudemment ouvertes par les scientifiques de mon monde.
Lorsque je repris connaissance, le sandwich dans une main, le crayon dans l’autre, j’écrivis, je dessinais. Pendant une éternité sous ce nuage noir surmonté de rouge.
Enfin, je tâtonnais le vide à la recherche du passage, et quand je sentis le pétillement caractéristique des atomes mélangés, j’y lançais un cahier et patientais. Le temps qu’ils exécutent mon vœu.
Une feuille me revint roulée en boule, c’était le signal. Alors, je pris ma respiration et traversais la brèche.
Treize et les scientifiques m’attendaient. Je leur tendis mon sac, saisis dans le même mouvement la main de Treize et ensemble nous avons plongé dans la faille voisine. La tête la première.
Je savais qu’une terre verdoyante s’étendait de cet autre côté. Mais c’était tout.
Il va falloir explorer, tout apprendre, mais on a la vie devant nous. Nous avons quinze ans.
*
Les légendes décrivent le maitre des enfers avec des sabots et des cornes. Créature mi-homme, mi-bête, brutale et cruelle. Un géant rouge avec des flammes dans les yeux.
Moi, je suis sûr qu’il peut adopter n’importe quelle apparence. Il peut être unique ou légion, esprit ou physique. Personnellement, je l’ai rencontré sous la forme d’un monde.
Je suis un exécutant. Sur la terre de ma naissance, l’humanité est séparée en deux catégories. Les supérieurs et les inférieurs. Peu importe la couleur de la peau, c’est la capacité du cerveau à traiter les informations qui compte. Appelons-la intelligence. Au-dessous d’un certain seuil, évalué vers les deux ans de vie, l’enfant est dirigé vers les sous-sols où il servira d’objet d’expérience s’il ne sait servir. Entre autres.
Il me manquait quatre points pour vivre à la surface, parmi les supérieurs, les biens pensants. Quatre points. Le destin tient à peu de choses.
Trois ans avant ma rencontre avec le diable, des chercheurs en physique ont malencontreusement créé des dépressions électromagnétiques qui, selon eux, ouvraient sur d’autres planètes. Des sortes de passerelle dans l’espace-temps.
Les politiques y virent une manne d’énergie fossile, nous avions presque épuisé les nôtres. Les amateurs de viande voulaient goûter autre chose que de l’humain et puisque l’animal avait disparu de nos contrées bétonnées, pourquoi ne pas aller chasser sur ces mondes parallèles ?
Ben ouais, pourquoi pas ? me disais-je aussi en tranchant le cou d’un enfant.
Je travaillais à l’équarrissage alors. Ce job obligatoire me faisait vomir dix fois par jour, impossible de m’habituer à ce que je considère comme des meurtres, mais c’était ça ou j’y passais moi-même et mon âme luttait encore pour survivre.
Les chercheurs expédièrent des sondes bardées de caméras et de tout un tas d’autres gadgets dans un magma électromagnétique soigneusement sélectionné pour la stabilité de ses électrons puis s’installèrent devant leurs écrans de contrôle. La liaison ne s’établit jamais, les robots ne revinrent pas.
Puisqu’il était impensable d’envoyer l’un de leur précieux confrère au casse pipe, ils pensèrent à nous, les inférieurs et demandèrent un premier groupe de cobaye à l’Etat. Trié sur le volet, bien sûr. Obéissant, pas trop bête, en bonne santé et un mental de fer. Un optimisme d’enfer. Où trouver ces perles rares si ce n’est aux abattoirs et au dépeçage ? Voilà pourquoi, ils m’emmenèrent, moi et la moitié du personnel de la firme CIDJAT.
Ils nous parquèrent d’abord par ensemble de cent. Les garçons d’un côté, les filles de l’autre. Puis l’ordinateur nous classa par score de quotient intellectuel, celui que nous avions validé à l’âge de deux ans. Je me retrouvais donc dans la première navette en partance vers un endroit mystérieux. Pendant le trajet, les « éducateurs » nous rassurèrent avec un paternalisme dégoulinant de mépris. La belle aventure que nous allions vivre ! Nous formerions la caste des nouveaux voyageurs et patati et patata. Je me rapprochais de Treize que je connaissais bien puisque nous travaillions sur la même chaine de production.
– T’en penses quoi ?
– Que c’est peut-être la chance de notre vie, sourit-il. S’ils m’envoient sur un monde sympa, moi, j’y reste et j’oublie celui-ci.
– T’as pas tort.
– Garde-le pour toi.
– Évidemment.
Que gagnerais-je à moucharder ? Un autre poste ? J’allais en obtenir un, de toute façon. Le lieu rêvé pour s’évader, Treize pensait juste. Du moins, je le croyais.
Après une semaine de formation sur l’utilisation d’appareils de mesure, ils bardèrent un premier couple d’électronique et les poussèrent gentiment vers la faille qu’ils avaient choisie.
Ce jour-là, j’ai compris que les deux garçons pénétraient dans un cyclotron. Je suis un sous-humain pour les supérieurs seulement, car même si je n’ai pas eu le droit à l’instruction, j’ai su exploiter les informations qui passaient à ma portée. J’ai appris à lire tout seul. Bref, en cherchant à faire franchir la vitesse de la lumière à des électrons, les physiciens ont ouvert des portes sur d’autres réalités. Comme dans les livres de science-fiction. Elles n’étaient pas visibles, mais lorsqu’un chef poussa les garçons vers le mur, ils y disparurent. Les caisses métalliques qu’ils portaient en dorsal restèrent de notre côté.
– Comprends pas, grogna un technicien en examinant les lanières fondues. Les robots sont passés pourtant.
– C’était pas au même endroit, répondit son voisin. Combien de temps leur as-tu donné ?
– Trois jours.
Treize me jeta une œillade goguenarde.
Après cette tentative, les chercheurs ont imaginé greffer leur électronique sous la peau des suivants. Le spectromètre trouva une porte qui dégageait des ondes magnétiques moins fortes et le duo s’y présenta la boule au ventre. Ils avaient remplacé l’œil droit de Vingt-six par une caméra reliée à son cerveau et posé un émetteur près des cordes vocales de Trois-cent-douze, truffés les doigts de mes amis de capteurs et derrière leurs oreilles, ils avaient implanté un transmetteur couplé à un traducteur. « On ne sait jamais », avaient-ils dit. Le temps de maîtriser le rejet de ces corps étrangers et hop ! À l’abattoir. Parce qu’il ne devait pas subsister grand-chose de l’autre côté. Au pied du mur est resté l’œil électronique accroché à des morceaux de cervelle, la balise rougie de sang… bref, tout leur bazar y était.
Pour la troisième tentative, ils ont utilisé la nanotechnologie. Je vous laisse imaginer le résultat.
Et puis ce fut à mon tour de passer au bureau pour un entretien préliminaire avec quatre vieux croutons à l’air suspicieux.
– Assieds-toi. Neuf, c’est ça ?
– Oui, monsieur.
L’ancêtre a tapoté son tactile, je savais qu’il consultait ma fiche. Je suis Neuf, de la génération six M. deux chiffres, une lettre sur un document qui se résume à quelques mots entre deux barres d’un écran miniature.
– Il parait que tu lis.
– Oui, monsieur.
– Comment as-tu appris ?
– En décortiquant toujours les mêmes mots.
– Et écrire ?
– Oui, monsieur.
– Même question, cracha son voisin.
– En écrivant toujours les mêmes mots.
– Lesquels ?
– Coursive d’équarrissage et zone de compactage.
Le petit roquet me regarda stupidement, alors, le grand, celui qui semblait diriger l’interrogatoire, poussa sa tablette vers lui.
– Ah, oui, grommela-t-il, un rien gêné. Très bien, Neuf. Tu vas passer à l’analyse et si tu la valides, on t’expliquera le travail.
Ceux-là sortirent et les autres posèrent des feuilles devant moi. Le mode de communication des anciens, j’en revenais pas d’avoir ces trésors à ma portée.
– Lis et écrits en suivant les consignes, claqua le petit sec.
J’ai réussi les tests. Quel plaisir de laisser glisser le stylo sur un papier !
Ils me reçurent le lendemain avec une poignée de main, un sourire et des espoirs avides pleins les yeux.
– Je me nomme Brok, dit le plus vieux. Je suis le chef de cette mission. Sais-tu en quoi elle consiste ?
– Vous envoyez des éclaireurs sur des mondes parallèles.
J’avais sciemment remplacé « inférieurs » par « éclaireurs », car en les brossant dans le sens du poil, je comptais gagner leur confiance. Ils ne furent pas dupes, je décelais l’étincelle dans les regards. Mais ils jouèrent le jeu.
– C’est tout à fait ça. As-tu remarqué que l’électronique ne passait pas le… heu…
– Champ magnétique, complétais-je en me gardant bien d’étaler ma science plus avant.
Brok eut un tic surpris.
– Appelons-le comme ça, concéda-t-il. Ta mission sera de franchir le prochain, uniquement muni d’un carnet et de crayons. Tu dois promettre de revenir.
– Nous connaissons ton amitié pour Treize, sourit le plus gros.
Un otage, ben tiens.
– Il sera vraiment là à mon retour ?
– Tu as notre parole.
Je souris à mon tour.
– Je sais écrire codé.
– Et alors ? Nous décoderons, voilà tout. Tu te crois plus intelligent que nous peut-être ?
– Il sera suffisamment compliqué pour retarder vos recherches, ajoutais-je en le fixant.
Sans ciller, je me sentais en position de force.
– Ton ami sera bien traité, dit Brok en se levant. Allons te préparer.
En fin de journée, vêtu d’une combinaison marron dépourvue d’attaches de métal, je me retrouvais dans le cyclotron. Un sac à dos de faux lin contenant trois cahiers terminait ma tenue « d’éclaireur ». Je jetais un coup d’œil à Treize, il me répondit par un sourire de connivence.
– Il est temps, Neuf, s’impatienta le petit gros.
Alors je marchais vers le mur.
Une étrange sensation m’électrisa puis j’atterrissais sur un monde nu. Rien ne poussait, pas même un building. Interdit, j’écoutais le vent gifler ce désert sale. Il me cinglait les joues, me glaçait le corps. Je me retournais pour demander un vêtement chaud, seulement, derrière moi, je ne vis que le vide. À perte de vue.
Il faut que je trouve de quoi marquer l’endroit.
Mais je n’osais bouger de peur que la bise efface mes pas. Et je restais là longtemps à me creuser la cervelle. Le ciel rougeoyant ne variait pas, la nuit ne tombait pas. Alors, tremblant de froid, je m’agenouillais et façonnais la terre humide et collante en coupole, le dernier endroit dans lequel j’étais entré, paralysé d’angoisse.
Ma sculpture terminée, je me délestais d’un crayon de bois que je plantais à son sommet.
En espérant que le vent ne le détruise pas, me dis-je en lui tournant le dos.
Aucun astre, le flamboiement du ciel se mêlait à une étrange fumée noire et je ne savais pas où j’allais. Pourtant, il fallait bien bouger. Alors j’ai marché. Pendant une éternité, me sembla-t-il, et enfin, à l’horizon, un bâtiment apparut.
Toute ma vie on m’a traité en esclave. J’ai donc appris la méfiance et l’art de la dissimulation. L’espace aérien ne paraissait pas surveillé, je n’avais vu ni drone ni hélicoptère, mais peut-être que des vigies scrutaient les alentours avec des caméras ultra-perfectionnées ? Pétri de terreur, j’allais pourtant, et au fil de mes pas, le bâtiment se dévoila. Ce que j’avais observé de loin n’était que l’armature d’une sorte de cercle de verre. À présent, j’entrapercevais des formes qui bougeaient. Je n’entendais aucun écho de leurs mouvements, seule la bise sifflait sur la terre et cet anneau transparent. Si j’avançais encore, ils me verraient. Alors, je m’assis sur ce sol dur et froid et grignotais un dixième de mon sandwich en réfléchissant. Que devais-je faire ? Demi-tour ? Rentrer bredouille ? Impossible ! Je finirai dans les assiettes des supérieurs. Il fallait continuer, quitte à se faire pincer. Et puis, je devais savoir. En me concentrant sur les formes mouvantes, je remarquais leur répétition. Comme des machines réglées sur le même geste. Peut-être une usine entièrement automatisée, me dis-je en reprenant ma route. Résolument, je m’approchais. Que pouvaient fabriquer ces robots dans un atelier perdu au milieu de nulle part ? Je plissais les paupières pour m’accoutumer à cette lumière crue et mon sang ne fit qu’un tour avant de plomber mon bas-ventre. Je faillis uriner de terreur, car là, de l’autre côté de la vitre, les machines taillaient des humains vivants qui hurlaient sans voix. Les yeux exorbités de douleur, les bouches ouvertes sur les cris… Ça devait faire une sacrée cacophonie sous cette cloche. Et la mécanique œuvrait, imperturbable. Cette scie tranchait le pied d’une femme, ce couteau un bon morceau de cuisse. Et moi, bouche bée sur un vagissement muet de stupeur, je voyais le pied repousser lentement et la cuisse se reformer. Par quel prodige ?
Ainsi, ces hommes et ces femmes étaient condamnés à la souffrance éternelle. Écœuré jusqu’à l’âme, je m’enfuis. Sortir de là, dégager de ce monde démoniaque me répétait sans cesse mon cerveau. Il tournait en boucle, comme grippé par l’horreur. Pourtant, il en avait supporté d’autres, le pauvre. Je ne sais pas comment il a retrouvé ma sculpture de terre, mais il l’a fait et a bloqué. J’ai perdu conscience. Et dans cet étrange coma, j’ai deviné l’issue à ma vie de misère. Je voyais toutes les portes imprudemment ouvertes par les scientifiques de mon monde.
Lorsque je repris connaissance, le sandwich dans une main, le crayon dans l’autre, j’écrivis, je dessinais. Pendant une éternité sous ce nuage noir surmonté de rouge.
Enfin, je tâtonnais le vide à la recherche du passage, et quand je sentis le pétillement caractéristique des atomes mélangés, j’y lançais un cahier et patientais. Le temps qu’ils exécutent mon vœu.
Une feuille me revint roulée en boule, c’était le signal. Alors, je pris ma respiration et traversais la brèche.
Treize et les scientifiques m’attendaient. Je leur tendis mon sac, saisis dans le même mouvement la main de Treize et ensemble nous avons plongé dans la faille voisine. La tête la première.
Je savais qu’une terre verdoyante s’étendait de cet autre côté. Mais c’était tout.
Il va falloir explorer, tout apprendre, mais on a la vie devant nous. Nous avons quinze ans.
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
Salut !
C'est quoi le thème imposé, exactement ? C'est pour un concours ?
Sinon, j'ai bien aimé cette nouvelle, et surtout pour le background. Je trouve que l'univers SF est pas mal et qu'il a un bon potentiel. Du coup, je trouve ça dommage d'ancrer une histoire aussi courte dedans. Parce qu'après tout, ç'aurait très bien pu se passer sur Terre, dans notre monde, et utiliser des taulards.
Du coup j'ai ressenti un peu de frustration à la fin, parce que j'aurai aimé en savoir plus, être un peu plus plongé dans cet univers. SF, et glauque avec ça ; je t'explique pas comme j'ai kiffé. Sur l'histoire en elle-même c'est intéressant, on s'ennuie pas, « l'historique » déroule assez vite. En revanche, il y a un détail qui me fait dire qu'il y a un léger manque de cohérence :
Le type dit machinalement qu'il coupe le cou d'un bébé, comme s'il pelait une patate, et juste après il dit que ça le dégoute. Or d'après ce qu'on couprend, il fait ça depuis toujours. En plus, la société fonctionne comme ça, et il n'a connu que ça. Pour lui ça devrait être normal. Pour nous c'est écœurant, mais dans ce monde là, ça semble être si banal que le personnage ne devrait pas en vomir. Et du coup, quand il voit les machines entrain de déglinguer des êtres humains, l'horreur devrait pas être aussi forte. Enfin, c'est comme ça que je le vois et que je l'ai ressenti, en tout cas.
Deux autres petites choses qui m'ont gênée. La phrase « comme dans les livres de science-fiction ». Casé ça dans une nouvelle de science-fiction je trouve que ça décrédibilise un peu l'univers, que ça fait un peu parodie. Après, tout à la fin : « nous avons quinze », je trouve ça inutile. À mon goût, c'est pas plus horrible que s'il en avait quarante.
Ah oui, et comment il sait que de l'autre côté du second portail il y a un monde vert ? Parce que d'après ce que j'ai compris, il est le premier à rapporter quelque chose d'un autre monde. À moins qu'il ne dise ça qu'après avoir traversé. Mais dans ce cas là tu devrais modifier pour le faire comprendre plus explicitement.
Voilà, c'est à peu près tout. Ces remarques là n'engagent que moi, c'est que mon ressenti. Sur le reste j'ai vraiment apprécié, et mon seul regret c'est de ne pas en voir plus de cette univers là. Mais peut-être que tu comptes le réexploiter ?
C'est quoi le thème imposé, exactement ? C'est pour un concours ?
Sinon, j'ai bien aimé cette nouvelle, et surtout pour le background. Je trouve que l'univers SF est pas mal et qu'il a un bon potentiel. Du coup, je trouve ça dommage d'ancrer une histoire aussi courte dedans. Parce qu'après tout, ç'aurait très bien pu se passer sur Terre, dans notre monde, et utiliser des taulards.
Du coup j'ai ressenti un peu de frustration à la fin, parce que j'aurai aimé en savoir plus, être un peu plus plongé dans cet univers. SF, et glauque avec ça ; je t'explique pas comme j'ai kiffé. Sur l'histoire en elle-même c'est intéressant, on s'ennuie pas, « l'historique » déroule assez vite. En revanche, il y a un détail qui me fait dire qu'il y a un léger manque de cohérence :
Le type dit machinalement qu'il coupe le cou d'un bébé, comme s'il pelait une patate, et juste après il dit que ça le dégoute. Or d'après ce qu'on couprend, il fait ça depuis toujours. En plus, la société fonctionne comme ça, et il n'a connu que ça. Pour lui ça devrait être normal. Pour nous c'est écœurant, mais dans ce monde là, ça semble être si banal que le personnage ne devrait pas en vomir. Et du coup, quand il voit les machines entrain de déglinguer des êtres humains, l'horreur devrait pas être aussi forte. Enfin, c'est comme ça que je le vois et que je l'ai ressenti, en tout cas.
Deux autres petites choses qui m'ont gênée. La phrase « comme dans les livres de science-fiction ». Casé ça dans une nouvelle de science-fiction je trouve que ça décrédibilise un peu l'univers, que ça fait un peu parodie. Après, tout à la fin : « nous avons quinze », je trouve ça inutile. À mon goût, c'est pas plus horrible que s'il en avait quarante.
Ah oui, et comment il sait que de l'autre côté du second portail il y a un monde vert ? Parce que d'après ce que j'ai compris, il est le premier à rapporter quelque chose d'un autre monde. À moins qu'il ne dise ça qu'après avoir traversé. Mais dans ce cas là tu devrais modifier pour le faire comprendre plus explicitement.
Voilà, c'est à peu près tout. Ces remarques là n'engagent que moi, c'est que mon ressenti. Sur le reste j'ai vraiment apprécié, et mon seul regret c'est de ne pas en voir plus de cette univers là. Mais peut-être que tu comptes le réexploiter ?
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
Age : 33
Localisation : Picardie
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
merci pour ton avis, le boiteux. j'en tiendrai compte pas de soucis (c'est pour ça que je dépose ici, lol)
le réexploiter, je pense oui. le concours limite en caractère et le thème est le titre de la nouvelle (je le changerai ultérieurement, c'était pour moi pas oublier le thème en fait)
le réexploiter, je pense oui. le concours limite en caractère et le thème est le titre de la nouvelle (je le changerai ultérieurement, c'était pour moi pas oublier le thème en fait)
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
Je te corrige les fautes d'orthographe et autres (en rouge), donc c'est fait.
Et les répétitions --> vert
Autres "petits soucis" --> en bleu
Pour le reste (la forme et surtout le fond), je ferai un message à part.
Et les répétitions --> vert
Autres "petits soucis" --> en bleu
Pour le reste (la forme et surtout le fond), je ferai un message à part.
extialis a écrit:[size=15.555556297302246] bonjour, voilà ce que je suis en train de travailler pour ma part. j'ai pas fini de la relire (je ne l'ai fait que 6 fois), mais je vous la laisse pour avis (si vous le désirez). merci[/size]
[size=15.555556297302246]*[/size]
Les légendes décrivent le maitre des Enfers avec des sabots et des cornes. Créature mi-homme, mi-bête, brutale et cruelle. Un géant rouge avec des flammes dans les yeux.
Moi, je suis sûr qu’il peut adopter n’importe quelle apparence. Il peut être unique ou légion, esprit ou physique. Personnellement, je l’ai rencontré sous la forme d’un monde.
Je suis un exécutant. Sur la terre de ma naissance (natale), l’humanité est séparée en deux catégories. Les supérieurs et les inférieurs. Peu importe la couleur de la peau, c’est la capacité du cerveau à traiter les informations qui compte. Appelons-la intelligence. Au-dessous (EN dessous, ou AU-dessus) d’un certain seuil, évalué vers les deux ans de vie, l’enfant est dirigé vers les sous-sols où il servira d’objet d’expérience s’il ne sait servir. Entre autres.
Il me manquait quatre points pour vivre à la surface, parmi les supérieurs, les biens pensants. Quatre points. Le destin tient à peu de choses.
Trois ans avant ma rencontre avec le diable, des chercheurs en physique ont malencontreusement créé des dépressions électromagnétiques qui, selon eux, ouvraient sur d’autres planètes. Des sortes de passerelles dans l’espace-temps.
Les politiques y virent une manne d’énergie fossile, nous avions presque épuisé les nôtres. Les amateurs de viande voulaient goûter autre chose que de l’humain et puisque l’animal avait disparu de nos contrées bétonnées, pourquoi ne pas aller chasser sur ces mondes parallèles ?
Ben ouais, pourquoi pas ? me disais-je aussi en tranchant le cou d’un enfant.
Je travaillais à l’équarrissage alors. Ce job obligatoire me faisait vomir dix fois par jour, impossible de m’habituer à ce que je considère comme des meurtres, mais c’était ça ou j’y passais moi-même et mon âme luttait encore pour survivre.
Les chercheurs expédièrent des sondes bardées de caméras et de tout un tas d’autres gadgets dans un magma électromagnétique soigneusement sélectionné pour la stabilité de ses électrons puis s’installèrent devant leurs écrans de contrôle. La liaison ne s’établit jamais, les robots ne revinrent pas.
Puisqu’il était impensable d’envoyer l’un de leurs précieux confrères au casse pipe, ils pensèrent à nous, les inférieurs et demandèrent un premier groupe de cobayes à l’Etat. Triés sur le volet, bien sûr. Obéissants, pas trop bêtes, en bonne santé et un mental de fer avec un mental de fer). Et Un optimisme d’enfer. Où trouver ces perles rares si ce n’est aux abattoirs et au dépeçage ? Voilà pourquoi, ils m’emmenèrent (où...? ou alors "nous sélectionnèrent"?), moi et la moitié du personnel de la firme CIDJAT.
Ils nous parquèrent d’abord par ensemble de cent. Les garçons d’un côté, les filles de l’autre. Puis l’ordinateur nous classa par score de quotient intellectuel, celui que nous avions validé à l’âge de deux ans. Je me retrouvais donc dans la première navette en partance vers un endroit mystérieux (hum... je sais pas, on dirait qu'il manque quelque chose... le nombre de personnes dans la navette?). Pendant le trajet, les « éducateurs » nous rassurèrent avec un paternalisme dégoulinant de mépris. La belle aventure que nous allions vivre ! Nous formerions la caste des nouveaux voyageurs et patati et patata. Je me rapprochais de Treize que je connaissais bien puisque nous travaillions sur la même chaine de production.
– T’en penses quoi ?
– Que c’est peut-être la chance de notre vie, sourit-il. S’ils m’envoient sur un monde sympa, moi, j’y reste et j’oublie celui-ci.
– T’as pas tort.
– Garde-le pour toi.
– Évidemment.
Que gagnerais-je à moucharder ? Un autre poste ? J’allais en obtenir un, de toute façon. Le lieu rêvé pour s’évader, Treize pensait juste. Du moins, je le croyais.
Après une semaine de formation sur l’utilisation d’appareils de mesure, ils bardèrent un premier couple d’électronique et les poussèrent gentiment vers la faille qu’ils avaient choisie. (quand tu écris couple, j'ai tout de suite pensé homme + femme, mais après, je lis "les deux garçons... Bon, ok, mariage pour tous et compagnie, mais "binôme, dans ce cas, non?)
Ce jour-là, j’ai compris que les deux garçons pénétraient dans un cyclotron. Je suis un sous-humain pour les supérieurs seulement, car même si je n’ai pas eu le droit à l’instruction, j’ai su exploiter les informations qui passaient à ma portée. J’ai appris à lire tout seul. Bref, en cherchant à faire franchir la vitesse de la lumière à des électrons, les physiciens ont ouvert des portes sur d’autres réalités. Comme dans les livres de science-fiction. Elles n’étaient pas visibles, mais lorsqu’un chef poussa les garçons vers le mur, ils y disparurent. Les caisses métalliques qu’ils portaient en dorsal restèrent de notre côté.
– Comprends pas, grogna un technicien en examinant les lanières fondues. Les robots sont passés pourtant.
– C’était pas au même endroit, répondit son voisin. Combien de temps leur as-tu donné ?
– Trois jours.
Treize me jeta une œillade goguenarde.
Après cette tentative, les chercheurs ont imaginé greffer leur électronique sous la peau des suivants. Le spectromètre trouva une porte qui dégageait des ondes magnétiques moins fortes et le duo s’y présenta la boule au ventre. Ils avaient remplacé l’œil droit de Vingt-six par une caméra reliée à son cerveau et posé un émetteur près des cordes vocales de Trois-cent-douze, truffés (pas de "s") les doigts de mes amis de capteurs et derrière leurs oreilles, ils avaient implanté un transmetteur couplé à un traducteur. « On ne sait jamais », avaient-ils dit. Le temps de maîtriser le rejet de ces corps étrangers et hop ! À l’abattoir. Parce qu’il ne devait pas subsister grand-chose de l’autre côté. Au pied du mur est resté l’œil électronique accroché à des morceaux de cervelle, la balise rougie de sang… bref, tout leur bazar y était (vraiment utile?).
Pour la troisième tentative, ils ont utilisé la nanotechnologie. Je vous laisse imaginer le résultat.
Et puis ce fut à mon tour de passer au bureau pour un entretien préliminaire avec quatre vieux croutons à l’air suspicieux.
– Assieds-toi. Neuf, c’est ça ?
– Oui, monsieur.
L’ancêtre a tapoté son tactile, je savais qu’il consultait ma fiche. Je suis Neuf, de la génération six M. deux chiffres, une lettre sur un document qui se résume à quelques mots entre deux barres d’un écran miniature.
– Il parait que tu lis.
– Oui, monsieur.
– Comment as-tu appris ?
– En décortiquant toujours les mêmes mots.
– Et écrire ?
– Oui, monsieur.
– Même question, cracha son voisin.
– En écrivant toujours les mêmes mots.
– Lesquels ?
– Coursive d’équarrissage et zone de compactage.
Le petit roquet me regarda stupidement, alors, le grand, celui qui semblait diriger l’interrogatoire, poussa sa tablette vers lui.
– Ah, oui, grommela-t-il, un rien gêné. Très bien, Neuf. Tu vas passer à l’analyse et si tu la valides, on t’expliquera le travail.
Ceux-là sortirent et les autres posèrent des feuilles devant moi. Le mode de communication des anciens, j’en revenais pas d’avoir ces trésors à ma portée.
– Lis et écrits en suivant les consignes, claqua le petit sec.
J’ai réussi les tests. Quel plaisir de laisser glisser le stylo sur un papier !
Ils me reçurent le lendemain avec une poignée de main, un sourire et des espoirs avides pleins les yeux.
– Je me nomme Brok, dit le plus vieux. Je suis le chef de cette mission. Sais-tu en quoi elle consiste ?
– Vous envoyez des éclaireurs sur des mondes parallèles.
J’avais sciemment remplacé « inférieurs » par « éclaireurs », car en les brossant dans le sens du poil, je comptais gagner leur confiance. Ils ne furent pas dupes, je décelais l’étincelle dans les regards. Mais ils jouèrent le jeu.
– C’est tout à fait ça. As-tu remarqué que l’électronique ne passait pas le… heu…
– Champ magnétique, complétais-je en me gardant bien d’étaler ma science plus avant.
Brok eut un tic surpris.
– Appelons-le comme ça, concéda-t-il. Ta mission sera de franchir le prochain, uniquement muni d’un carnet et de crayons. Tu dois promettre de revenir.
– Nous connaissons ton amitié pour Treize, sourit le plus gros.
Un otage, ben tiens.
– Il sera vraiment là à mon retour ?
– Tu as notre parole.
Je souris à mon tour.
– Je sais écrire codé.
– Et alors ? Nous décoderons, voilà tout. Tu te crois plus intelligent que nous peut-être ?
– Il sera suffisamment compliqué pour retarder vos recherches, ajoutais-je en le fixant.
Sans ciller, je me sentais en position de force.
– Ton ami sera bien traité, dit Brok en se levant. Allons te préparer.
En fin de journée, vêtu d’une combinaison marron dépourvue d’attaches de (en) métal, je me retrouvais dans le cyclotron. Un sac à dos de (en) faux lin contenant trois cahiers terminait ma tenue « d’éclaireur ». Je jetais un coup d’œil à Treize, il me répondit par un sourire de connivence.
– Il est temps, Neuf, s’impatienta le petit gros.
Alors je marchais vers le mur.
Une étrange sensation m’électrisa puis j’atterrissais sur un monde nu. Rien ne poussait, pas même un building. Interdit, j’écoutais le vent gifler ce désert sale. Il me cinglait les joues, me glaçait le corps. Je me retournais pour demander un vêtement chaud, seulement, derrière moi, je ne vis que le vide. À perte de vue.
Il faut que je trouve de quoi marquer l’endroit.
Mais je n’osais bouger de peur que la bise efface mes pas. Et je restais là longtemps à me creuser la cervelle. Le ciel rougeoyant ne variait pas, la nuit ne tombait pas. Alors, tremblant de froid, je m’agenouillais et façonnais la terre humide et collante en coupole, le dernier endroit dans lequel j’étais entré, paralysé d’angoisse.
Ma sculpture terminée, je me délestais d’un crayon de bois que je plantais à son sommet.
En espérant que le vent ne le détruise pas, me dis-je en lui tournant le dos.
Aucun astre, le flamboiement du ciel se mêlait à une étrange fumée noire et je ne savais pas où j’allais ("où aller", non, plutôt, puisqu'il n'a pas encore bouger?). Pourtant, il fallait bien bouger. Alors j’ai marché. Pendant une éternité, me sembla-t-il, et enfin, à l’horizon, un bâtiment apparut.
Toute ma vie on m’a traité en esclave. J’ai donc appris la méfiance et l’art de la dissimulation. L’espace aérien ne paraissait pas surveillé, je n’avais vu ni drone ni hélicoptère, mais peut-être que des vigies scrutaient (peut-être des vigies scrutaient-elles)les alentours avec des caméras ultra-perfectionnées ? Pétri de terreur, j’allais pourtant, et au fil de mes pas, le bâtiment se dévoila. Ce que j’avais observé de loin n’était que l’armature d’une sorte de cercle de verre. À présent, j’entrapercevais des formes qui bougeaient. Je n’entendais aucun écho de leurs mouvements, seule la bise sifflait sur la terre et cet anneau transparent. Si j’avançais encore, ils me verraient. Alors, je m’assis sur ce sol dur et froid et grignotais un dixième de mon sandwich en réfléchissant. Que devais-je faire ? Demi-tour ? Rentrer bredouille ? Impossible ! Je finirai dans les assiettes des supérieurs. Il fallait continuer, quitte à se faire pincer. Et puis, je devais savoir. En me concentrant sur les formes mouvantes, je remarquais leur répétition. Comme des machines réglées sur le même geste. Peut-être une usine entièrement automatisée, me dis-je en reprenant ma route. Résolument, je m’approchais. Que pouvaient fabriquer ces robots dans un atelier perdu au milieu de nulle part ? Je plissais les paupières pour m’accoutumer à cette lumière crue et mon sang ne fit qu’un tour avant de plomber mon bas-ventre. Je faillis uriner de terreur, car là, de l’autre côté de la vitre, les machines taillaient des humains vivants qui hurlaient sans voix. Les yeux exorbités de douleur, les bouches ouvertes sur les cris… Ça devait faire une sacrée cacophonie sous cette cloche. Et la mécanique œuvrait, imperturbable. Cette scie tranchait le pied d’une femme, ce couteau un bon morceau de cuisse. Et moi, bouche bée sur un vagissement muet de stupeur, je voyais le pied repousser lentement et la cuisse se reformer. Par quel prodige ?
Ainsi, ces hommes et ces femmes étaient condamnés à la souffrance éternelle. Écœuré jusqu’à l’âme, je m’enfuis. Sortir de là, dégager de ce monde démoniaque me répétait sans cesse mon cerveau. Il tournait en boucle, comme grippé par l’horreur. Pourtant, il en avait supporté d’autres, le pauvre. Je ne sais pas comment il a retrouvé ma sculpture de terre, mais il l’a fait et a bloqué. J’ai perdu conscience. Et dans cet étrange coma, j’ai deviné l’issue à ma vie de misère. Je voyais toutes les portes imprudemment ouvertes par les scientifiques de mon monde.
Lorsque je repris connaissance, le sandwich dans une main, le crayon dans l’autre, j’écrivis, je dessinais. Pendant une éternité sous ce nuage noir surmonté de rouge.
Enfin, je tâtonnais le vide à la recherche du passage, et quand je sentis le pétillement caractéristique des atomes mélangés, j’y lançais un cahier et patientais. Le temps qu’ils exécutent mon vœu.
Une feuille me revint roulée en boule, c’était le signal. Alors, je pris ma respiration et traversais la brèche.
Treize et les scientifiques m’attendaient. Je leur tendis mon sac, saisis dans le même mouvement la main de Treize et ensemble nous avons plongé dans la faille voisine. La tête la première.
Je savais qu’une terre verdoyante s’étendait de cet autre côté. Mais c’était tout.
Il va falloir explorer, tout apprendre, mais on a la vie devant nous. Nous avons quinze ans ("nous n'avons que quinze ans"... non?).
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
merci demi-tour . j'en ai pris et laissé, mais je n'avais pas vu les fautes de pluriel (et antidote non plus).
En espérant que le vent ne le détruise pas, me dis-je en lui tournant le dos.
Aucun astre, le flamboiement du ciel se mêlait à une étrange fumée noire et je ne savais pas où j’allais ("où aller", non, plutôt, puisqu'il n'a pas encore bouger?). Pourtant, il fallait bien bouger. Alors j’ai marché. Pendant une éternité, me sembla-t-il, et enfin, à l’horizon, un bâtiment apparut.
En espérant que le vent ne le détruise pas, me dis-je en lui tournant le dos.
Aucun astre, le flamboiement du ciel se mêlait à une étrange fumée noire et je ne savais pas où j’allais ("où aller", non, plutôt, puisqu'il n'a pas encore bouger?). Pourtant, il fallait bien bouger. Alors j’ai marché. Pendant une éternité, me sembla-t-il, et enfin, à l’horizon, un bâtiment apparut.
pour celle-là (fichtre, je ne sais ôter le jaune) dans ma tête, quand il tourne le dos à sa sculpture, j'imaginais qu'il se mettait en route. (pour éviter les "marcher", allais, etc. de trop)
– Il sera vraiment là à mon retour ?
– Tu as notre parole.
Je souris à mon tour.
– Tu as notre parole.
Je souris à mon tour.
(pis là, j'ai mis également à la place de tour)
je suis en train de la retravailler. merci encore
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
Bon, je suis de retour pour la deuxième partie de mes commentaires (et comme d'habitude, je n'ai pas lu ceux des autres membres, donc ne sois pas étonnée d'y trouver les mêmes remarques).
Je préfère le préciser tout de suite : je ne suis pas amateur de SF, mes lectures dans ce genre s'étant limitées à Dune et à quelques Philip K. Dick, mais j'ai lu ce texte avec plaisir (pour une fois que je fais un compliment, faut en profiter ). J'ai très rapidement plongé dans cette atmosphère un peu mécanique, grise, ou personne ou presque ne pense, un peu à la Metropolis de Fritz Lang. C'est simple, incisif (dans le sens où les actions s'enchainent bien et qu'on les imagine sans problème alors qu'elles se résument parfois à 2 ou 3 mots). Quant à l'image de diable, je dois dire que je me demande encore où tu es allée chercher ça, cette machine à démembrer... brrr.
Bref, pour moi qui comme je l'ai dit ne suis pas du tout amateur du genre, j'ai vraiment bien accroché. Il y a cependant quelques points qui, sans dire qu'ils m'ont gêné, m'ont un peu perturbé. Et donc...
- La scène du tranchage de la tête de l'enfant : quelque chose me gêne, mais je ne sais pas quoi (ou alors, c'est le malaise que ça a créé ). Je trouve que ça tombe d'un coup (la phrase, pas la tête ), et que ça "casse" un peu le rythme du récit.
Toujours en rapport avec cette tête, mais ce n'est venu qu'après avoir lu la dernière phrase du texte : l'âge du personnage principal. Il n'a que 15 ans, mais quand il a été question de la tête d'enfant, j'ai imaginé un gosse de 12-13 ans... Du coup, vu qu'il parlait de trancher la tête d'un enfant", j'ai pensé que lui-même était beaucoup plus vieux. Alors oui, ça crée un effet de surprise, mais ça casse l'image que je me suis fait en lisant les premiers paragraphes... (j'ignore si tu m'as compris, désolé )
- La "machine-diable" : pas de sons, ok, ça terrorise, et c'est réussi. Mais du coup, je me suis posé une question : les torturés sont-ils réellement muets et donc incapables d'extérioriser leurs souffrances (ce qui doit être atroce), ou bien est-ce la coupole le verre qui les isole à tous les points, donc y compris phonique, du monde extérieur ? D'ailleurs, la machine elle-même est-elle complètement silencieuse? Pas de vibrations, de bruits sourds (tiens, qui pourraient par exemple amener le personnage à s'interroger sur leur origine : bruit de la machine ou cris étouffés des suppliciés? <-- idée qui vient de m'arriver là, comme ça, donc sans doute nulle ). Mais je trouve cette machine déjà... diablement sinistre!
- La fin, ou plutôt la dernière phrase : je l'ai trouve un peu abrupte, dans le sens où le lecteur est lancé à fond dans le récit et là, hop, d'un coup... fini! (ou alors c'est la frustration de voir ce récit prendre fin alors qu'on aurait voulu en lire plus...)
Mais bon, à part ça, je dirais que c'est du tout bon
Ah, si, deux petits trucs, mais sur la forme cette fois :
- Tu as écrit : Ils me reçurent le lendemain avec une poignée de main, un sourire et des espoirs avides pleins les yeux.
Or, en étant pointilleux (le mot est faible), on se rend compte qu'il y a 2 fois "de main" --> le lendemain... poignée de main
- Tu as écrit : quand je sentis le pétillement caractéristique des atomes mélangés
"Pétillement" me gêne un peu, parce que j'imagine tout de suite des bulles d'eau gazeuse ou de champagne. "Picotement", plutôt, nan...?
Et puis pendant que j'écrivais ces commentaires, va savoir pourquoi, une idée (saugrenue) m'est venue en ce qui concerne la fin...
Treize n'est plus un garçon mais une fille. Le narrateur s'évade avec elle dans un "autre monde verdoyant". Ils ont quinze ans. dans ce nouveau monde, pour faire peau neuve en quelque sorte et complètement se détacher de leur passé, ils décident de se donner de "vrais" prénoms (comme les anciens de leur peuple par exemple), et hop, le garçon choisit Adam et la fille, Eve...
Ouais, je sais, une telle idée est navrante mais mon usine à inspiration carbure à 200% en ce moment... désolé
Bref, un bon récit, m'dame! Si si!
Je préfère le préciser tout de suite : je ne suis pas amateur de SF, mes lectures dans ce genre s'étant limitées à Dune et à quelques Philip K. Dick, mais j'ai lu ce texte avec plaisir (pour une fois que je fais un compliment, faut en profiter ). J'ai très rapidement plongé dans cette atmosphère un peu mécanique, grise, ou personne ou presque ne pense, un peu à la Metropolis de Fritz Lang. C'est simple, incisif (dans le sens où les actions s'enchainent bien et qu'on les imagine sans problème alors qu'elles se résument parfois à 2 ou 3 mots). Quant à l'image de diable, je dois dire que je me demande encore où tu es allée chercher ça, cette machine à démembrer... brrr.
Bref, pour moi qui comme je l'ai dit ne suis pas du tout amateur du genre, j'ai vraiment bien accroché. Il y a cependant quelques points qui, sans dire qu'ils m'ont gêné, m'ont un peu perturbé. Et donc...
- La scène du tranchage de la tête de l'enfant : quelque chose me gêne, mais je ne sais pas quoi (ou alors, c'est le malaise que ça a créé ). Je trouve que ça tombe d'un coup (la phrase, pas la tête ), et que ça "casse" un peu le rythme du récit.
Toujours en rapport avec cette tête, mais ce n'est venu qu'après avoir lu la dernière phrase du texte : l'âge du personnage principal. Il n'a que 15 ans, mais quand il a été question de la tête d'enfant, j'ai imaginé un gosse de 12-13 ans... Du coup, vu qu'il parlait de trancher la tête d'un enfant", j'ai pensé que lui-même était beaucoup plus vieux. Alors oui, ça crée un effet de surprise, mais ça casse l'image que je me suis fait en lisant les premiers paragraphes... (j'ignore si tu m'as compris, désolé )
- La "machine-diable" : pas de sons, ok, ça terrorise, et c'est réussi. Mais du coup, je me suis posé une question : les torturés sont-ils réellement muets et donc incapables d'extérioriser leurs souffrances (ce qui doit être atroce), ou bien est-ce la coupole le verre qui les isole à tous les points, donc y compris phonique, du monde extérieur ? D'ailleurs, la machine elle-même est-elle complètement silencieuse? Pas de vibrations, de bruits sourds (tiens, qui pourraient par exemple amener le personnage à s'interroger sur leur origine : bruit de la machine ou cris étouffés des suppliciés? <-- idée qui vient de m'arriver là, comme ça, donc sans doute nulle ). Mais je trouve cette machine déjà... diablement sinistre!
- La fin, ou plutôt la dernière phrase : je l'ai trouve un peu abrupte, dans le sens où le lecteur est lancé à fond dans le récit et là, hop, d'un coup... fini! (ou alors c'est la frustration de voir ce récit prendre fin alors qu'on aurait voulu en lire plus...)
Mais bon, à part ça, je dirais que c'est du tout bon
Ah, si, deux petits trucs, mais sur la forme cette fois :
- Tu as écrit : Ils me reçurent le lendemain avec une poignée de main, un sourire et des espoirs avides pleins les yeux.
Or, en étant pointilleux (le mot est faible), on se rend compte qu'il y a 2 fois "de main" --> le lendemain... poignée de main
- Tu as écrit : quand je sentis le pétillement caractéristique des atomes mélangés
"Pétillement" me gêne un peu, parce que j'imagine tout de suite des bulles d'eau gazeuse ou de champagne. "Picotement", plutôt, nan...?
Et puis pendant que j'écrivais ces commentaires, va savoir pourquoi, une idée (saugrenue) m'est venue en ce qui concerne la fin...
Treize n'est plus un garçon mais une fille. Le narrateur s'évade avec elle dans un "autre monde verdoyant". Ils ont quinze ans. dans ce nouveau monde, pour faire peau neuve en quelque sorte et complètement se détacher de leur passé, ils décident de se donner de "vrais" prénoms (comme les anciens de leur peuple par exemple), et hop, le garçon choisit Adam et la fille, Eve...
Ouais, je sais, une telle idée est navrante mais mon usine à inspiration carbure à 200% en ce moment... désolé
Bref, un bon récit, m'dame! Si si!
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: Ma rencontre avec le démon (titre et thème imposé)
merci pour le com très complet. c'est vrai que j'ai hésité entre garçon et fille. je crois que je me suis coincée moi même pendant le tri des inférieurs. mais j'ai encore le temps de revoir ça, pas de souci.
(ps : moi aussi, lol, je commence un autre at assez... heu... gore?)
bon courage avec ta machine à inspiration
(ps : moi aussi, lol, je commence un autre at assez... heu... gore?)
bon courage avec ta machine à inspiration
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