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Une visite au musée - titre provisoire

3 participants

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Message par mathmatha Mar 3 Jan - 16:02

Léo admirait ce paysage pour la troisième fois. Il n’avait jamais réellement désiré l’observer, mais sa vision s’était imposée naturellement. A présent, il connaissait chaque détail de l’œuvre, chaque endroit où la peinture commençait à se craqueler, chaque coup de pinceau à travers lequel l’artiste avait voulu transcrire sa passion. Le jeune garçon ne comprenait pas comment une simple image pouvait créer une telle fascination, mais les faits étaient là. Il était assis sur le sol de ciment froid depuis trente minutes et il ne se lassait pas de ce spectacle.


Des milliers de questions affluaient dans son esprit, avant de disparaitre tout aussi simplement. Pourquoi ce tableau ? Il feignait de ne pas connaître la réponse, afin d’avoir une raison pour s’imprégner, une nouvelle fois, des moindres détails. Son regard, se dirigeait toujours vers un petit village bleu, dont les fenêtres éclairaient à la bougie le clocher de l’église essayant fièrement de transpercer le ciel. Léo restait alors anéanti devant l’immensité des cieux. Les onze boules de feu semblaient l’aspirer dans leur sillage. Son esprit essayait de les rejoindre mais en vain, car le firmament se transformait déjà en mer meurtrière. Un premier rouleau menaçait de le faire tomber dans les méandres d’un château de feu. Il se dressait fièrement au premier plan, défiant quiconque de pénétrer dans son royaume interdit.

Une femme s’assit à côté du jeune homme. Ils n’échangèrent pas une parole, pas un son ne filtra de leurs lèvres ; pourtant, un lien irréfutable naissait à travers ce silence. Des personnes passaient, des enfants couraient dans tout le musée. La magie avait cessé d’opérer. Engourdi par le froid, Léo se leva et observa les autres visiteurs pendant quelques secondes.

Les curieux ne se pressaient pas autour des œuvres, ils passaient, regardaient pendant quelques secondes et repartaient, attirés par la foule amassée à l’autre bout de la pièce. Le jeune homme pensa au prospectus de l’exposition qu’il avait reçu quelques jours auparavant. Un Mondrian, sans aucun doute. Tout ce que Léo n’aimait pas. Il se doutait qu’une telle création émanait d’une réflexion poussée, d’associations d’idées telles que l’artiste ne savait plus quelle avait été l’image de départ. Le jeune homme ne contestait pas cette démarche, mais l’envoutement des visiteurs : ils ne pouvaient pas comprendre le sens de l’œuvre, ils ne pouvaient pas l’apprécier à sa juste valeur. De ce fait, l’artiste devenait presque un charlatan. Il manquait à son devoir en ne désirant pas partager. Il était un traître à l’Histoire : il ne voulait pas transmettre mais se croire au-dessus des autres parce que lui seul comprenait, parce que lui seul possédait le savoir, clé de l’interprétation de l’œuvre.


Léo avait une aversion pour ce genre d’artistes et pour bien des raisons. Il n’appréciait pas Mondrian parce que certains spécialistes aimaient à le comparer avec d’autres tel que Vassili Kandinsky. Le jeune homme ne comprenait pas comment une telle bévue était possible. Il leur accordait l’époque commune, mais cela s’arrêtait à ce point. « Il est, avec les Russes Vassili Kandinsky et Kasimir Malevitch parmi les premiers peintres à s’être exprimés en langage purement abstrait. » Leur style serait donc commun. Léo n’arrivait pas, malgré tous ses efforts, à concevoir des similitudes dans leur œuvre. L’un traçait des lignes droites sur un tableau blanc, remplissant les parallélogrammes de couleurs primaires. L’autre peignait son imaginaire, l’œuvre de ses fantasmes les plus fous. Léo aurait parié que Kandinsky s’inspirait de ses rêves et de ses cauchemars. Comme un bœuf en jazz, il peignait ses émotions. Mais il était accessible, et il l’est toujours : abstrait sans l’être trop…

Perdu dans ses pensées, le jeune homme s’était joint à la foule. Sans s’en apercevoir, il contemplait l’œuvre tant décriée. Une femme le poussa brutalement avec son sac à main. Il fit un bond sur le côté, s’excusa, alors qu’il n’y était pour rien et tenta de faire demi-tour, afin d’aller voir d’autres tableaux. Cinq minutes plus tard il réussit à sortir de l’attroupement et s’adossa à un mur. Il enleva son sac à dos de son épaule et le posa par terre avant d’en sortir une pochette à rabats et regarda la brochure qu’elle contenait. Il se décida pour deux autres œuvres. Il s’apprêta à repartir, lorsqu’un regard sembla lui transpercer le dos. Il se retourna doucement et aperçut la femme venue s’assoir à côté de lui quelques minutes auparavant. Elle ne le regardait pas : elle observait un tableau que Léo reconnu aussitôt comme étant Der Wanderer über dem Nebelmeer de Friedrich. Il sourit. Il venait d’entourer cette œuvre sur le dépliant. Il hésita. Il n’aimait pas observer un tableau côte à côte avec quelqu’un d’autre. Son dilemme fut de courte durée, la jeune femme partit, laissant sa place au jeune homme qui s’avança.


Léo observa le dos de cet homme. Il se tenait au bord du précipice, en équilibre sur des rochers. Malgré sa petite taille et sa position qu’il essayait de rendre stable, il semblait très digne. Ses habits rappelaient l’époque pendant laquelle l’artiste avait vécu. Son grand manteau noir volait au vent. Sa canne ne lui servait pas, elle ne reposait pas sur le sol. Peu à peu, le jeune homme ne distingua plus ce personnage. Il avait pris sa place dans la toile et pouvait observer le paysage tout à son aise. Un léger vertige commençait à s’emparer de lui. Il était tellement haut qu’il n’arrivait pas à voir le sol. Quelques nuages passaient au rythme d’un flux et d’un reflux incessants. Ils roulaient les uns sur les autres, menaçant de s’écraser dans un flot d’écume. Seuls quelques bateaux de pierre émergeaient de cette mer de nuages.

Le jeune homme restait toujours sans voix et même sans pensée devant cette œuvre. A ses yeux, elle incarnait l’image exacte du romantisme. Cette silhouette peinte de dos, semblait vouloir fuir, peut-être pour rejoindre un passé trop vite perdu à cause d’une Révolution malvenue… Dénué de repères spatiaux comme psychologique, il réfléchissait. Le jeune observateur imaginait très bien quels pourraient être ses songes, ses questions. Il s’identifiait plus qu’il ne le désirait à cet homme de peinture. Toujours, lorsqu’il admirait cette œuvre, il se sentait mélancolique. Quelques fois, lorsqu’il se sentait plus déprimé que jamais, il voulait succomber à l’attrait du vide… Ses yeux commencèrent à le brûler. Il détourna le regard et se dirigea vers une autre pièce.


Avant d’y parvenir, un grésillement retendit, puis une voix prit la parole « Chers visiteurs, l’heure de la fermeture arrive. L’exposition fermera ses portes dans exactement vingt minutes. Le musée, quant à lui reste ouvert pendant encore deux heures. Bonne fin de journée. Dear Visitors, the closing times… » Léo n’écoutait déjà plus. Il suivit le flot de visiteurs et sortit du musée rapidement. Il avait entouré quelques autres œuvres sur sa brochure, mais les regarder trop rapidement équivaudrait à les voir simplement. Il y retournerait.


Le jeune homme ne s’arrêta pas à la boutique souvenir : il n’aimait pas trop ces endroits. Certaines fois, il arrivait à trouver des livres intéressants, mais ils étaient toujours hors de prix. De plus, une foule de touristes s’amassaient toujours dans cette pièce exiguë. Il passa par la porte principale. L’air froid de janvier lui transperça les os. Il frissonna et boutonna son manteau jusqu’au cou. Il fit quelques centaines de pas et s’engouffra dans un café. Il s’assit sur une banquette de cuir rouge. Léo voulut poser son ordinateur portable sur la table, mais il se ravisa. Elle était pleine de graisse et de nombreuses taches suspectes la parsemaient. Il le rangea donc et commença à lire un livre.

Un serveuse s’approcha et prit sa commande. Elle lui apporta son café viennois et s’en alla. De l’autre côté du café, une femme était assise et observait le jeune homme. Il ne pouvait la voir car elle était cachée par un paravent. Soudain, elle se leva, s’approcha de la table de Leo et s’installa, sans un mot. Léo ne leva pas les yeux de son ouvrage. Il avait conscience de la présence de l’intruse mais avait décidé de ne pas le montrer. Quelques minutes plus tard, lorsque continuer à se taire aurait paru indécent, il posa son livre et la regarda dans les yeux.

« - Que puis-je pour vous ? »



Petit texte des vacances : j'en ai profité pendant que j'avais du temps.
Je m'excuse pour les quelques passages un peu lourds, et ceux qui ne sont pas trop compréhensibles...




Dernière édition par mathmatha le Ven 6 Jan - 7:13, édité 1 fois (Raison : Quelques fautes traînaient...)
mathmatha
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Message par Loddy44 Mer 4 Jan - 18:17

C'est incroyablement réaliste, on s'y croirait ! Very Happy

Petite question : C'est une expérience vécue ? On sent quand même pas mal de vécu, enfin, c'est ce que je perçois moi Smile

Je veux bien la suite ! Very Happy
Loddy44
Loddy44

Date d'inscription : 27/06/2011
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Message par mathmatha Mer 4 Jan - 18:53

Certains passages sont inspirés du vécu : les sentiments face aux tableaux (bien que certains soient exagérés), le choix des tableaux, le comportement, à savoir d'observer longuement celui qui te transporte à l'autre bout du monde (mais pas celui d'observer qu'un unique tableau)

La suite... Comment dire. Au départ, je voulais trouver une chute, j'ai cherché, mais j'ai laissé tomber. Ensuite, j'ai continué et j'ai trouvé une idée, mais elle nécessite une bonne dose de recherches et de documentations et je n'en ai pas le courage ! J'attends l'idée pour continuer !

Merci pour ton commentaire Smile
mathmatha
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Date d'inscription : 30/05/2011
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Message par Jafou Jeu 5 Jan - 22:47

J'aime bien, c'est bien écrit malgré quelques maladresses, mais il faut absolument une chute sinon tout reste bâtard. La jeune femme mystérieuse est à l'évidence un personnage clé de ton histoire. Où est-elle passée ?
pas un son de filtrèrent
ne filtra pourtant, un
lien inaliénable naissait
inaliénable me parait inapproprié
pendant exactement sept secondes
chronométrage tout à fait irréaliste : quelques secondes, cela suffirait
ne le désirerait
ne le désirait
Il me rangea donc
Il le rangea donc
Jafou
Jafou

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http://edautojafou.over-blog.com

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Message par mathmatha Ven 6 Jan - 7:08

Merci Jafou ! J'améliorerai ça quand j'aurais le temps (la semaine prochaine sans doute).

Je n'ai pas de chute, mais dans mon document word, l'histoire continue un peu (mais s'arrête en plein milieu d'une phrase). J'hésite entre deux suites, mais ce qui est sur c'est que mon texte ne restera pas avec une fin aussi bateau !

Bonne journée !
mathmatha
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