Madame P. une histoire triste
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Madame P. une histoire triste
P. Venait d'avoir quarante-cinq ans. Après une enfance et une adolescence tumultueuse et pauvre qui lui avait durement forgé le caractère, un mariage cahotant et mal parti, elle renaissait à une nouvelle vie. Fonctionnaire territoriale, Assistante de vie (nouveau nom avec un petit diplôme du métier d'aide ménagère institutionnelle), après un certain nombre d'années passées dans un CIAS rural, elle avait tapé du pied, était retournée à l'école et avait acquis un diplôme d'aide-soignante. Elle avait peu d'instruction, écrivait de façon illisible et dansait en permanence un ballet de fantaisie avec l'orthographe. Mais elle était d'une intelligence remarquable, apprenait vite, assimilait bien et avouait une grande curiosité pour tout.
Elle ignorait les digressions, l'euphémisme, les compromis et savait si nécessaire être brusque, voire brutale dans ses décisions et ses comportements. L'adversité lui avait appris bien des choses et rien ni personne si haut placé qu'il fut ne l'impressionnait ni ne l'intimidait.
Après un divorce à l'emporte-pièce, refusant tout partage de communauté à la seule condition que tout revienne plus tard à son fils, elle avait intégré une Unité de soins de suite hospitalière où elle trouvait à satisfaire un réel besoin de donner aux autres de la prévenance, de l'attention, un peu de tendresse aussi. Elle s'était acheté une maison rurale, après bien des réflexions et avait commencé par y emménager un petit chat et un gros chien ; les meubles seulement après !
Redevenue coquette, bien coiffée, attentive à son look, ressuscitée, elle s'épanouissait dans cette seconde vie qui commençait.
Elle avait de nombreux projets, voyageait (chose impensable avec son ex mari) dès que l'occasion s'en présentait et débordait d'activités syndicales et associatives ; et elle était joyeuse.
Ce jour de décembre il avait fait un froid glacial après qu'il eut beaucoup plu. Journée terminée, elle rentrait tranquillement chez elle mais une grande plaque de verglas a décidé pour elle d'une autre destination. Ce fut un gros arbre suivi d'une cascade de tonneaux aboutissant au sein d'une prairie. P. Fut tuée sur le coup ; gendarmes et pompiers n'ont pu que constater l'horreur du drame.
Une longue file de voitures cheminait dans les rues du chef-lieu d'arrondissement vers le crématorium tout nouvellement inauguré. On y pleurait beaucoup avec sincérité.
Voyez les dérisions de l'histoire et du temps : c'est un vendredi 13, jour de chance combien recherché et vanté, que l'on a fait brûler le corps de P.
Car tu n'es que poussière et tu redeviendras poussière...
Re: Madame P. une histoire triste
J'avais écrit un paragraphe super long et complet sur ce que j'ai aimé et sur ce que j'ai pas aimé, mais un cafouillage en règle m'a fait revenir à la page précédente, et j'ai tout perdu... Du coup la flemme de tout recommencer et je vais faire plus concis.
J'ai été attiré par le titre, qui promettait une histoire triste. Je n'ai pas été emballé par l'histoire, notamment parce qu'elle ne dégage aucune émotion, notamment du fait de la narration à la façon du conte. Mais en lisant l'avant-dernier paragraphe, je pense avoir compris que tout cela était fait exprès, et qu'en fin de compte l'histoire n'est sans aucune prétention, puisqu'elle n'est en réalité qu'au service de la chute, et n'est à mon sens justifié que par elle.
Moi j'aime toujours quand on tape sur la superstition, donc rien que pour ça j'adhère.
Niveau style il y a quelques phrases qui m'ont gênées, notamment à cause de quelques petites répétitions (de "et" et de "elle" notamment), et de lourdeurs qui rendent la compréhension un peu pénible. Mais il n'y en a que quatre ou cinq que j'ai relevées, donc rien de bien méchant.
Après la ponctuation m'a un peu embêté, mais ça je vais passer parce que c'est de la broutille et tout le monde est loin d'être d'accord avec moi sur certains points. Et en plus je suis un obsédé compulsif de la ponctuation, et surtout de la virgule. J'aime les virgules.
Voilà en résumé, merci de ta nouvelle
J'ai été attiré par le titre, qui promettait une histoire triste. Je n'ai pas été emballé par l'histoire, notamment parce qu'elle ne dégage aucune émotion, notamment du fait de la narration à la façon du conte. Mais en lisant l'avant-dernier paragraphe, je pense avoir compris que tout cela était fait exprès, et qu'en fin de compte l'histoire n'est sans aucune prétention, puisqu'elle n'est en réalité qu'au service de la chute, et n'est à mon sens justifié que par elle.
Moi j'aime toujours quand on tape sur la superstition, donc rien que pour ça j'adhère.
Niveau style il y a quelques phrases qui m'ont gênées, notamment à cause de quelques petites répétitions (de "et" et de "elle" notamment), et de lourdeurs qui rendent la compréhension un peu pénible. Mais il n'y en a que quatre ou cinq que j'ai relevées, donc rien de bien méchant.
Après la ponctuation m'a un peu embêté, mais ça je vais passer parce que c'est de la broutille et tout le monde est loin d'être d'accord avec moi sur certains points. Et en plus je suis un obsédé compulsif de la ponctuation, et surtout de la virgule. J'aime les virgules.
Voilà en résumé, merci de ta nouvelle
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
Age : 33
Localisation : Picardie
Re: Madame P. une histoire triste
Amon âge on ne parviendrait plus à écrire si on laissait trop voir ses émotions. Une grosse boule au fond de la gorge m'a suffit. Cet après-midi, entourée d'une foule énorme, madame P. est devenue cendres. Ce n'était en fait ni un conte, ni une nouvelle ; juste un fait divers. Je n'aurais pas du publier. Mais la faire revivre quelques secondes (Mr le bourreau) c'était important.
Re: Madame P. une histoire triste
rebienvenue par ici, jafou et condoléances pour ton amie. perso, je crois parfois aux concordances de dates, mais pas au vendredi 13.
Re: Madame P. une histoire triste
Du coup je me sens bête. Je suis désolé, je n'avais pas du tout pensé à ça. Navré.
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
Age : 33
Localisation : Picardie
Re: Madame P. une histoire triste
y a pas de souci, le boiteux, ce sont des choses qu'on peut comprendre, même après coup
Re: Madame P. une histoire triste
C'est un très beau texte d'hommage. Tu aurais seulement dû préciser qu'il ne s'agissait pas d'un texte de fiction pour éviter les mal entendus, Le Boiteux a donné son avis comme tel et n'y est pour rien dans cette méprise. Condoléances. Quarante-cinq ans, c'est jeune, mais redevenir poussière sur terre ne signifie pas pour autant qu'elle ne vit pas ailleurs... Elle t'accompagne.
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