lettre ouverte à une politique
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lettre ouverte à une politique
Femme politique, vous avez cru à votre projet pendant longtemps, vous l’avez imaginé, révé, et moi je l’ai vécu. Moi, devenue Ennemie Public n°1 le jour où j’ai choisi de me dévoiler, le 12 Septembre, juste avant votre proposition de loi. Moi, Ennemie Public n°1 qui vous ai tant détesté pour être, par la suite, amenée à vous remercier.
Je vous ai haï, pendant longtemps, de m’infliger une torture supplémentaire à celle que je m’étais moi-même assénée. Mon acceptation personnelle se fit de plus en plus difficilement à mesure que mes « amis » prenaient position sur cette question sensible que vous aviez soulevée.
Je devais affronter des injures homophobes masquées d’hypocrisie toujours grandissante. On me lynchait à coup de « Ils ne sont pas normaux, ils feront du mal aux enfants et puis ils ne sont pas dignes de s’unir ainsi. Mais ce n’est pas contre toi hein ! », « et ce sera les pédophiles bientôt » mais surtout, on m’achevait surtout à l’ignorance perverse, celle qui consiste à se toiser en pensant que l’on est meilleur que l’autre. Je ne pouvais ouvrir les journaux sans que ma différence, qui fait à présent ma force, me soit balancée à la figure, sans que l’on me compare à un monstre. Je devenais l’ennemie public numéro 1. Je me présente. Jacques Mesrine. A cheval entre sa 16e et sa 17e année. Ennemie public numéro 1 pour assumer ma sexualité.
Je n’étais à l’abri nulle part, même certains cours au lycée avaient pris la forme d’arènes romaines. Un coup de lance en pleine poitrine pour cette engueulade monumentale avec cette prof qui m’avait dit de faire un exposé sur un drame social d’aujourd’hui et qui m’avait achevé à coup de mots ambiguës à caractère personnel, lorsque je lui avais soumis le seul possible en ce mois de décembre : le mariage pour tous. La défense par bouclier m’était impossible. Qu’aurais-je bien pu utiliser ? Mes parents, avec l’un qui se voile la face et l’autre qui se targue de tolérance alors que des pics me traversent lorsqu’il fait allusion à cette « amitié + sexe ». Ou tout simplement aux simples amis qui tentaient d’être là pour moi, mais ne l’étaient pas, parce qu’ils ne comprenaient pas que ça me touche autant. Moi. L’ennemi public numéro 1.
Chez moi, la situation s’envenimait. Le débat avait été lancé dans la famille. Tous se targuaient de tolérance, mais c’est tellement plus simple lorsque ce sont les voisins, le marchand de journaux, tellement plus simple quand ce sont tous ces gens que l’on côtoie et que l’on croit connaître, et pas notre propre fille. L’hypocrisie gagnait ma propre maison, mon secret se faisait encore plus pesant vis-à-vis des personnes qui n’en savaient mot. Et mon couple se désintégrait, parce que je m’étais laissée avoir à ce petit jeu de « ma liberté c’est de me connaître, de m’assumer et de me faire assumer ». Actes désespérés se sont enchaînés, toujours désamorcés avec force et douceur par la seule personne qui me comprenait, celle pour qui, j’avais délibérément fait savoir ce changement profond. Ce n’était qu’illusion. Ennemi public numéro 1, je devins presque ennemi privé numéro 1. La dépression que je ne sus pas contrer, emporta pour un temps mes rêves d’avenir. Je n’en avais aucun d’ailleurs, dans cette société où l’on ne voulait pas de moi, chez moi où ce secret devenait tabou, dans ma propre existence que je venais à détester.
Devenue ennemi public numéro 1, je vous ai haï. Redevenue moi-même, jeune fille de 17 ans, ayant réussi ses épreuves anticipées avec succès malgré cette horrible année, je vous remercie. En effet, tout cela s’est effacé en six mois. Pas ma dépression. J’y travaille toujours et elle me donne du fil à retordre, pas mes « amis » ni même les personnes qui me considèrent comme « ennemie public numéro 1 », un peu ma situation familiale, mais surtout cette acceptation. J’ai décidé de me battre. Je ne voulais pas être comme tous les homosexuels qui se seraient plaints, si la loi n’avait pas été acceptée. J’ai voulu faire bouger les choses. Ma ville a été placardée d’affiches, mon lycée également. J’essayais de faire bouger cette condition. Ma propre condition. J’ai décollé des flyers, fait des contre-affiches que j’ai collées sur toutes les voitures manifestant un intérêt quelconque pour « la manif pour tous ». J’ai parlé, écouté des avis, j’en ai changé certains, et je me suis confrontée à la pire des homophobies parfois. Et puis un jour est arrivé où je me promenais en ville, main dans la main avec ma copine. Des bruits, des hurlements, des slogans. Manifestation pour Tous. Entrée dans MA ville. On s’est levé du café où nous étions, et nous sommes dirigées vers l’attroupement. Nous nous sommes embrassés, sous le regard des 350 personnes qui passaient devant nous. Je n’ai pas fait d’acte citoyen. J’ai fait un acte personnel. Je me suis battue pour faire avancer les choses, pour continuer ce que vous aviez commencé.
Votre victoire est la mienne. Personnelle certes, mais elle reste la mienne, et sans votre engagement, jamais je n’aurais osé rêver à un mariage, à une famille. Ce ne serait resté qu’utopie, ou j’aurais dû rejoindre l’Allemagne, double diplôme en préparation, mon premier amour y ayant la nationalité. Quelle honte cela aurait été ! Pays des de la DDHC ! Mon cul oui, elle a été bafouée pendant tant d’années ! Et grâce à vous, elle a été corrigée.
A présent, j’ai 17 ans, 3 mois et quelques jours. Je sais depuis deux ans que je ne suis pas hétéro. Je suis depuis dix mois et vingt-sept jours avec la jeune femme la plus merveilleuse du monde. Je serai toujours Ennemi Public numéro 1 pour certains, mais pas pour tous, car vous avez réussi à ce que je sois acceptée et non plus tolérée, par les autres, mais également par moi-même.
Votre victoire à fait la mienne, et je vous en serai toujours reconnaissante.
Je vous ai haï, pendant longtemps, de m’infliger une torture supplémentaire à celle que je m’étais moi-même assénée. Mon acceptation personnelle se fit de plus en plus difficilement à mesure que mes « amis » prenaient position sur cette question sensible que vous aviez soulevée.
Je devais affronter des injures homophobes masquées d’hypocrisie toujours grandissante. On me lynchait à coup de « Ils ne sont pas normaux, ils feront du mal aux enfants et puis ils ne sont pas dignes de s’unir ainsi. Mais ce n’est pas contre toi hein ! », « et ce sera les pédophiles bientôt » mais surtout, on m’achevait surtout à l’ignorance perverse, celle qui consiste à se toiser en pensant que l’on est meilleur que l’autre. Je ne pouvais ouvrir les journaux sans que ma différence, qui fait à présent ma force, me soit balancée à la figure, sans que l’on me compare à un monstre. Je devenais l’ennemie public numéro 1. Je me présente. Jacques Mesrine. A cheval entre sa 16e et sa 17e année. Ennemie public numéro 1 pour assumer ma sexualité.
Je n’étais à l’abri nulle part, même certains cours au lycée avaient pris la forme d’arènes romaines. Un coup de lance en pleine poitrine pour cette engueulade monumentale avec cette prof qui m’avait dit de faire un exposé sur un drame social d’aujourd’hui et qui m’avait achevé à coup de mots ambiguës à caractère personnel, lorsque je lui avais soumis le seul possible en ce mois de décembre : le mariage pour tous. La défense par bouclier m’était impossible. Qu’aurais-je bien pu utiliser ? Mes parents, avec l’un qui se voile la face et l’autre qui se targue de tolérance alors que des pics me traversent lorsqu’il fait allusion à cette « amitié + sexe ». Ou tout simplement aux simples amis qui tentaient d’être là pour moi, mais ne l’étaient pas, parce qu’ils ne comprenaient pas que ça me touche autant. Moi. L’ennemi public numéro 1.
Chez moi, la situation s’envenimait. Le débat avait été lancé dans la famille. Tous se targuaient de tolérance, mais c’est tellement plus simple lorsque ce sont les voisins, le marchand de journaux, tellement plus simple quand ce sont tous ces gens que l’on côtoie et que l’on croit connaître, et pas notre propre fille. L’hypocrisie gagnait ma propre maison, mon secret se faisait encore plus pesant vis-à-vis des personnes qui n’en savaient mot. Et mon couple se désintégrait, parce que je m’étais laissée avoir à ce petit jeu de « ma liberté c’est de me connaître, de m’assumer et de me faire assumer ». Actes désespérés se sont enchaînés, toujours désamorcés avec force et douceur par la seule personne qui me comprenait, celle pour qui, j’avais délibérément fait savoir ce changement profond. Ce n’était qu’illusion. Ennemi public numéro 1, je devins presque ennemi privé numéro 1. La dépression que je ne sus pas contrer, emporta pour un temps mes rêves d’avenir. Je n’en avais aucun d’ailleurs, dans cette société où l’on ne voulait pas de moi, chez moi où ce secret devenait tabou, dans ma propre existence que je venais à détester.
Devenue ennemi public numéro 1, je vous ai haï. Redevenue moi-même, jeune fille de 17 ans, ayant réussi ses épreuves anticipées avec succès malgré cette horrible année, je vous remercie. En effet, tout cela s’est effacé en six mois. Pas ma dépression. J’y travaille toujours et elle me donne du fil à retordre, pas mes « amis » ni même les personnes qui me considèrent comme « ennemie public numéro 1 », un peu ma situation familiale, mais surtout cette acceptation. J’ai décidé de me battre. Je ne voulais pas être comme tous les homosexuels qui se seraient plaints, si la loi n’avait pas été acceptée. J’ai voulu faire bouger les choses. Ma ville a été placardée d’affiches, mon lycée également. J’essayais de faire bouger cette condition. Ma propre condition. J’ai décollé des flyers, fait des contre-affiches que j’ai collées sur toutes les voitures manifestant un intérêt quelconque pour « la manif pour tous ». J’ai parlé, écouté des avis, j’en ai changé certains, et je me suis confrontée à la pire des homophobies parfois. Et puis un jour est arrivé où je me promenais en ville, main dans la main avec ma copine. Des bruits, des hurlements, des slogans. Manifestation pour Tous. Entrée dans MA ville. On s’est levé du café où nous étions, et nous sommes dirigées vers l’attroupement. Nous nous sommes embrassés, sous le regard des 350 personnes qui passaient devant nous. Je n’ai pas fait d’acte citoyen. J’ai fait un acte personnel. Je me suis battue pour faire avancer les choses, pour continuer ce que vous aviez commencé.
Votre victoire est la mienne. Personnelle certes, mais elle reste la mienne, et sans votre engagement, jamais je n’aurais osé rêver à un mariage, à une famille. Ce ne serait resté qu’utopie, ou j’aurais dû rejoindre l’Allemagne, double diplôme en préparation, mon premier amour y ayant la nationalité. Quelle honte cela aurait été ! Pays des de la DDHC ! Mon cul oui, elle a été bafouée pendant tant d’années ! Et grâce à vous, elle a été corrigée.
A présent, j’ai 17 ans, 3 mois et quelques jours. Je sais depuis deux ans que je ne suis pas hétéro. Je suis depuis dix mois et vingt-sept jours avec la jeune femme la plus merveilleuse du monde. Je serai toujours Ennemi Public numéro 1 pour certains, mais pas pour tous, car vous avez réussi à ce que je sois acceptée et non plus tolérée, par les autres, mais également par moi-même.
Votre victoire à fait la mienne, et je vous en serai toujours reconnaissante.
mathmatha- Date d'inscription : 30/05/2011
Age : 28
Re: lettre ouverte à une politique
Même si je ne comprends pas tout, joli texte qui mérite développement. Je ne sais pas si c'est autobiographique mais si tel est le cas, je ne savais pas que tu étais une fille
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