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la lettre à Isis

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la lettre à Isis Empty la lettre à Isis

Message par alissa Dim 19 Juin - 6:27

Quelques extraits de mon premier roman, la lettre à Isis.

Tout d'abord, un éclairage sur le contexte:

année 1825.

Un an après la mort brutale et inexpliquée de leur soeur aînée Isis, Clarisse et Avril Tessier vivent seule. Peu à peu, leur relation se dégrade. Alors que la violente Clarisse sombre dans la folie, la fragile Avril ne cesse de pleurer la chère défunte. La vie à deux s'avère être très difficile... Sans leur aînée modèle, leur directrice de conscience, toutes leurs forces s'écroulent. L'ombre de la défunte plane tout le long du roman comme un spectre obsédant sur cette famille détruite. Si elles avaient su...
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Message par alissa Dim 19 Juin - 6:29

L'héroïne, Clarisse Tessier, est tourmentée depuis un an par la mort prématurée et inexpliquée de sa soeur aînée. Elle vit un grand moment d'angoisse...

Ses draps glissaient, englués de sueur. Un appel la tentait. Celui, désespéré, du crépitement du feu en bas. Ne pas céder. Sa chemise collait à son corps. Elle se mit sur son séant, la secoua un peu pour laisser sa peau respirer et se recoucha. Elle imaginait les étincelles éphémères bondir hors de l'âtre, libérées, et voyait sa robe noire, avachie sur son lit, long cadavre d'une monstrueuse panthère. Un sursaut la saisit. C'était l'heure ou jamais. Elle emporta la robe sous son bras, sortit de la chambre, dévala les escaliers. Pas un bruit. La bonne et sa soeur n'avaient rien entendu. Elle s'arrêta. Les flammes léchaient ses pupilles et son corps en nage. Elle ferma les yeux, et sentit l'humidité peser sur ses cils. Sa main pétrissait le lin noir avec une béatitude mêlée de violence comme un homme tourmente la peau d'une femme aimée; Enragée, elle la jeta aveuglément au feu. A travers le vent pétillant, le tissu gémissait à en fendre l'âme, se gonflait et se tordait, craquait par endroits. Elle colla ses mains contre ses oreilles en guise de paroi. Il le fallait, il était temps, songea-t-elle, alors qu'au plus profond d'elle-même hurlait le désespoir. Elle contracta ses paupières plus fort encore. Une forte odeur de roussi se répandait dans la pièce, au fur et à mesure que la robe mourrait. Le râle brûlant la liquéfiait totalement. Ses paupières se décontractèrent, puis s'ouvrirent. Cette chemise de nuit, ah, comme elle serait mieux sans! Une seconde plus tard, elle était nue. Entièrement nue. De la folie. Alors, doucement, tout doucement, elle remonta à sa chambre à pas de loup. Devant la grande glace huileuse couleur d'étang vaseux, elle détacha ses bras de son cou et sursauta.
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Message par alissa Dim 19 Juin - 6:30

désolée, le contexte n'est pas bien passé: l'héroïne, Clarisse Tessier, qui, selon les convenances de l'époque, porte la robe noire du deuil, vit un grand moment d'angoisse...
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Message par alissa Dim 19 Juin - 6:45


Charles des Aulnes, "ami" de la famille, rend visite aux soeurs Tessier. Très vite, il se sent mal à l'aise chez ces jeunes filles endeuillées. La morte semble manquer tout autant qu' à elles à l'étrange vieillard...

En moins d'une heure, la moitié d'une bouteille fût vidée par Des Aulnes. Légèrement grisé, il se permit de sortir son étui à cigares et de fumer sans autorisation. Clarisse s'empara de l'un des tuyaux de tabac.
-Ne serais-ce pas un cadeau d'Isis? demanda-t-elle.
-Non, réfuta-t-il. Ceci est une offre de mon neveu Antoine. Il connaît un excellent fournisseur Parisien, très réputé.
Des vapeurs alcooliques s'exhalaient de ses lèvres molles. Jamais Clarisse ne l'avait vu aussi décati. Le dos ainsi voûté sur son tas de cartes, les narines dilatées, il ressemblait à un vrai petit bourgeois, en costume propre mais légèrement râpé, signe évident d'un laisser-aller en fait récent. La jeune fille éloigna imperceptiblement sa chaise de la sienne, presque par instinct.
-Curieux, reprit-elle, Isis ne vous en a-t-elle jamais proposé lors de vos visites?
-Non, mademoiselle, répliqua des Aulnes, pourquoi cela?
-Elle en avait une boîte pleine, exactement les mêmes. Moi qui pensais qu'elle vous les distribuait... Elle pensait souvent à vous. J'imaginais qu'elle se les était procurées à votre intention. Mais certainement pas chez ce marchand Parisien.
-Tous les cigares se ressemblent, vous savez, répondit des Aulnes, alors qu'un souffle incandescent lui traversait le ventre. Et puis, sait-on vraiment si elles ne venaient pas de Paris?
-C'est impossible. Absolument impossible.
Devant l'air interrogatif de des Aulnes, elle chercha à se justifier. « Elle ne pouvait pas s'accorder des produits aussi chers, songea-t-elle. Le prix d'une boite de cigares offerte par un homme tel que votre neveu doit être équivalent à mon salaire et autrefois au sien. »
-Nous n'avons jamais été à Paris, déclara-t-elle.
Confuse, elle se mit à battre les cartes à tout rompre. Anna savait qu'elle mentait. Clarisse s'en doutait.
-Peut-être s'est-elle rendue seule à Paris? avança des Aulnes.
-Non.
-Alors on lui a donné ces cigares.
-Mais qui?
-Un ami, que sais-je? répliqua des Aulnes. Il n'y a aucun mystère là-dessous, mademoiselle.
Clarisse haussa les lèvres. Elle étala les cartes et les retourna une à une. Des Aulnes rageait en silence. Ne veux-tu pas ouvrir les yeux? pensait-il. Tu vis là, dans ta gentille indigence, sans avoir jamais vu ce qu'il y avait de sublime sous ton toit. Tu as passé des années en compagnie d'une femme amoureuse, mais tu es trop médiocre, au fond, pour t'en être aperçue. Ta bonne a tort. Tu n'es pas un monstre, mais un bloc de glace. Je croyais t'apprécier, Clarisse. Mais il y a en toi quelque chose qui me ressemble. Nous sommes deux immoraux, et un immoral exècre ses semblables. Tu as l'odeur fétide de la candeur, la fausse candeur qui s'interdit de sentir le plaisir autour d'elle. Tes cigares, ma pauvre Clarisse! N'importe quelle autre femme de ton âge aurait deviné. Tant mieux pour la mémoire de ta soeur. Tu es comme la dame de pique, là, devant toi. Et moi je suis le roi. La dame de trèfle est à tes côtés, mais bien sûr, tu l'ignores.
Sur les cartes racornies, les personnages chamarrés aux tristes minois se succédaient; Clarisse se plut à les classer par familles, tandis que Des Aulnes l'entretenait sur la resplendissante du voeux de Louis XIII au salon de l'académie. Elle n'osa pas lui répondre que son neveu avait trouvé la vierge abominable et la composition ratée. Il avait repéré le talent d'Ingres dès ses débuts, disait-il, alors que personne ne daignait lui accorder la moindre crédibilité. Son autoportrait en particulier l'avait beaucoup marqué. On sentait le sourire d'Ingres. L'art marginal du non dit à peine dévoilé. Des Aulnes s'embarqua dans une conférence improvisée, qui l'ennuya considérablement. Elle fit mine de bailler à plusieurs reprises pour l'arrêter, mais Des Aulnes continua de plus belle.


Dernière édition par alissa le Dim 19 Juin - 6:58, édité 1 fois
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Message par alissa Dim 19 Juin - 6:53



Charles des Aulnes rentre chez lui...

Le sentier n'en finissait pas. À chaque pas il risquait de dégringoler dans les abîmes. Il ouvrit soigneusement sa veste, et serra les deux pans croisés contre sa taille. Il aurait pu être n'importe qui, là. Un promeneur, un chasseur, un paysan. Sans doute une femme. Il éprouvait un certain plaisir à se sentir anonyme en ce lieu où son nom n'était que trop connu des sous-bois, du ciel, et un bonheur plein, inexplicable, animait chacune de ses respirations. Celui de n'être rien, absolument rien, pour la première fois. Le chemin s'écartait de la forêt. Plus aucun branchage ne le séparait de la splendide étendue céleste. Il devenait le seul lien entre la terre et le firmament. Tout l'onirisme de ces corps de bois entrelacés, ces lignes montantes et courbes, le pénétrait imperceptiblement et le possédait peu à peu. Il scrutait les points éclatants parsemant son vertige. Ces étoiles, elles et toujours elles. Penchées sur les foyers, les errants, les hiboux depuis des millénaires. Elles avaient vu Isis grandir et mourir. Mourir... diamants sataniques, qui illuminèrent son dernier soupir! Elles savaient... Malheureuses, songea-t-il, vous avez contemplé tant et tant de désastres... Il accéléra. Enfin la friche lui apparut. Elle n'était plus qu'une masse noire et compacte qui sentait l'humidité. L'empire des ronces basses, ces longs arceaux jetés les uns sur les autres, grignotaient déjà les fossés. La campagne succédait au sublime instant mythologique, menaçant et cristallin. Totalement descendu de son terreux piédestal, il retrouvait une identité et une consistance. Le chemin débouchait aux confins de la forêt, sur des champs plus hauts, et rejoignait une petite route. Il l'emprunta.
Le cocher se tenait à la sortie du chemin depuis midi, assis à l'avant de la voiture. Il prit place sur la banquette, plongée dans l'obscurité, laissant derrière lui ce monde fourbe, et les mains croisées sur ses genoux il s'assoupit, bercé par le rythme du trot. La voiture cahota, il leva un oeil. Les orties qui s'agrippaient aux moyeux des roues, les ronces qui en rayant les vitres déployaient leur souplesse féroce, étaient des bras tendus, minces et bruns, qui le priaient de rester, encore une minute, le temps d'assouvir leur vengeance.
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Message par alissa Dim 19 Juin - 6:54



La Falaise dominait les forêts de sapin et d'arbres dénudés, frênes ou chênes, qui courraient le long des pentes. Encerclée par les buttes lui barrait l'horizon, comme un bijoux usé dans son écrin, la demeure étalait ses murs irréguliers sur le ciel. Clarisse prit place la première. En une fraction de seconde, elle avait oublié les autres, captivée par le spectacle des hauteurs blanches, qui recélaient en leurs plis le lieu fatal. La bonne émit un toussotement circonspect.
-Pardon, murmura la jeune fille en se retournant. J'ai eu un instant d'absence.
-Je vous en prie.
Des Aulnes rangea son étui à cigares à l'intérieur de sa veste, avant que Clarisse n'eut l'envie de relancer une conversation à ce sujet. Quatre heures et demi, indiquait sa montre. L'exposition académique l'avait visiblement assommée. Que trouver à dire? Il venait s'éterniser en leur compagnie, lui qui osait si peu les visiter. Tant qu'il était là, autant en profiter. Il proposa, le plus poliment du monde, une nouvelle partie de cartes à laquelle Clarisse seule consentit. Quand les ombres des pommiers commencèrent à s'allonger, et le soleil à disparaître, elle insinua que l'heure de les quitter approchait. Le paysage ridicule du jardin en friche soumis aux yeux de Des Aulnes lui était odieux, et la perspective de le ramener sous son toit aussi tard plus encore. L'odeur de la soupe réchauffée se répandait dehors, et Mlle Tessier ne semblait pas prête à accepter une seconde fois un étranger à sa table. Aussi prit-il congé d'elle avec toutes les peines du monde. Cette détestable Clarisse avait enchanté son après-midi. Il ne se lassa pas de le lui répéter en des termes plus corrects. Il renfila son manteau à la hâte, salua Anna et Avril sans faire de distinction particulière, car il eut soudain hâte de fuir de cet endroit où on le rejetait. La bonne l'adjura pourtant de boire un dernier verre. Sa sollicitude le toucha. Il ignorait qu'il s'agissait là de pure convention. Il sirota son demi-verre de vin le plus doucement possible, désireux de montrer que cette amabilité lui avait plu. Au moment de prendre définitivement congé, la bonne eut droit à un compliment personnel. [/b]


Dernière édition par alissa le Dim 19 Juin - 7:01, édité 2 fois
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Message par alissa Dim 19 Juin - 7:05

Après avoir découvert la vérité sur sa soeur, Clarisse se rend dans sa chambre, qui navait pas était ouverte depuis le jour de son décès. Les souvenirs qu'elle lui rappelle, mêles à la répulsion qu'elle ressent désormais à son égard la submergent d'émotion.





Clarisse devint taciturne. Elle tourna les talons et s'infiltra entre le battant et le chambranle, cauteleusement, car il perdurait une aura de présence sensible céans. Une pièce blanche, exiguë. Dès son entrée, une lumière entêtante qui transperçait une lucarne étroite fusionnait avec le verre d'une coiffeuse imitation Louis XV, éblouissait le visiteur impromptu. Sur le meuble trônait un massif chandelier, agrémenté de bougies torsadées, figées par le temps dans leur dégoulinement. Une coulée de cire durcie serpentait sur le candélabre en arabesques pondérées. Trois ou quatre longs mégots dépassant des bords d'un cendrier fendu ornaient l'autre coin de la table, tels des fleurs cossues évoluant au-dessus de leur pot, à des hauteurs inégales. A proximité, une belladone atrophiée se désintégrait et disséminait une poussière brunâtre. On avait l'illusion que les piliers de tabac avaient pompé l'organique de ce rameau en ossements, bu son suc jusqu'à la dernière goutte, capté son âme. La belladone, dépouillée, cassée, braquait ses feuilles pointues vers la lucarne, comme pour s'inventer une seconde vie dans un bain de lumière, qui engloutissait un flacon d'éther et un papier griffonné face à la chaise. Elle le palpa. Il y était inscrit: inhaler lors des douleurs. L'écriture gracile, penchée vers la droite, la répulsa au point qu'elle le dilacéra entre ses dents, et quand sa salive l'eut dissout, elle le vomit sur le chaste lit, qui, longanime, calé contre un coin, guettait sempiternellement la venue de sa propriétaire. Elle brassa le monticule de robes, majoritairement grises et bleues, qui submergeaient le plancher. Cette rouge à médaillon dont elle s'était revêtue lors des séances de pose... Cher des Aulnes, quelle admirable opiniâtreté! Il se serait prosterné pour la peindre. Il rendait bien, dans la maison, son tableau. Elle rechignait quand on lui parlait de le mettre en évidence. Il agrémentait maintenant le mur de la salle à manger. S'il advenait que Mme Habrant franchît le pallier, elle ferait en sorte qu'il fût vu. Qu'il servît au moins à cela.
Au vrai, aucune mise ne correspondait aux mensurations d'Avril. Elle les distribuerait aux pauvres, sauf si Anna voulait les revendre à son compte. Mais quoique fauchée, elle était chatouilleuse sur les appropriations illégitimes. Elle les casa en vrac, s'accroupit au pied du lit. Le mobilier empestait le tabac. Quand cette chambre l'accueillait, du vivant d'Isis, elle fleurait surtout l'eau de Cologne. Un jour, il y avait quatre ou cinq ans, elle l'avait contraint à rester au milieu de la pièce, les poings liés, sous sa surveillance, parce qu'elle s'était battue avec Avril. Elle avait eu peur, des ornements baroques grignant autour de la coiffeuse et du lit, du lourd parfum dépravé et d'elle, qui levait chaque quart d'heure les yeux de son livre et la jaugeait un bon moment, silencieusement, d'un regard hermétique, lointain, qui décortiquait ce qu'il y avait au-delà de son être; al:ors elle baissait les yeux. Désormais, cette pièce était en sa possession. La chambre où elle avait purgé sa peine. Plus elle y repensait, plus la plaie de son humiliation se rouvrait, mais elle ne broncha pas. La réminiscence des punitions dont elle avait pâti entre ces murs étrangers la paralysait. Imbécile. Se défiler ainsi devant une revanche si facile.
-Sale bonne femme! S’entendit-elle pester, sale catin!
Avant d'être prise de remords, elle cracha sur le miroir. La bave amère vernit le centre de la glace avant de couler en breloques bulleuses.
-Voilà, voilà ce que tu vaux, ânonna-t-elle.
Sa bravoure impudente la rendit d'humeur sanguine. Un océan gronda; la houle s'emportait contre ses veines fluettes qui la brimaient. Elle recracha son exécration; des lacs et des congères et de bave tartinèrent le carré de verre, flouèrent le mur et le lit qui s'y réfléchissaient, et les lames de sa furie se gonflaient.
« Voilà ce que tu vaux, toi qui a entaché mon nom », geignait-elle entre deux crachats. De l'écume moisissait dans les plis de ses lèvres, sa salive ruisselait. Si la glace lui avait renvoyé intelligiblement son reflet, il se serait fait horreur à lui-même. Elle se déshydrata. Quand elle n'eut plus que des embruns à postillonner, la mer s'aplatit, muta en un fleuve clapotant et enfin en un filet d'eau qui sourdait d'un sol altéré. Elle s'essuya le menton du revers de la main, prit la robe pourpre à la manière d'un ballon et épongea le miroir. Des lamelles de lin rouge étoilèrent le verre. Elle propulsa sous la table la robe poisseuse, qui, en touchant le plancher, saupoudra l'air de particules poussiéreuses. Les grains lui démangèrent aussitôt les sinus. Elle éternua, ses yeux s'attisèrent.
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Message par alissa Dim 19 Juin - 7:07

Donnez-moi votre avis! Question
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Message par Daniel Dim 19 Juin - 10:45

Sur le style d'écriture, ça fait très 19e... Les descriptions sont riches de vocabulaire... Un peu complexe parfois... souvent... trop souvent pour moi
Quelques fautes d'ortho, pas mal d'erreurs de typo, quelques bizarreries... le
tout méritant une relecture et une correction sérieuse.

Par exemple :
…diamants sataniques, qui illuminèrent son dernier soupir! J’aurais
écrit plutôt « qui avaient illuminé » Pense à l’espace (insécable)
avant le !

qui courraient > conditionnel
qui couraient > imparfait

qui navait pas était ouverte > qui n’avait pas été ouverte (c'était un commentaire, je suppose)

il perdurait une aura de présence sensible céans > peut-être mettre
"céans" après "perdurait"...

L'écriture gracile, penchée vers la droite, la répulsa > révulsa au
point qu'elle le dilacéra entre ses dents, et quand sa salive l'eut dissout,
elle le vomit sur le chaste lit, qui, longanime, calé contre un coin, guettait
sempiternellement la venue de sa propriétaire.

Pourquoi ne pas la couper en deux, cette longue phrase ?

Elle avait eu peur, des ornements baroques… pourquoi une virgule ?

al:ors elle baissait les yeux. faute de frappe

-Sale bonne femme! S’entendit-elle pester, sale catin!
–– Sale bonne femme ! s’entendit-elle pester, sale catin !
Le tiret de dialogue est un cadratin (il apparait ici comme 2 demi-cadratins) ou demi cadratin (et pas un trait d’union) suivi d'une espace insécable
Il faut une espace insécable aussi avant ! ? ; :
Dans les dialogues on ne met pas de majuscule après ! et ? si c’est
la même phrase

Elle recracha son exécration; des lacs et des congères et de bave
tartinèrent le carré de verre, flouèrent le mur et le lit qui s'y
réfléchissaient, et les lames de sa furie se gonflaient.

Manque quelque chose ou il y a une erreur entre congères et bave…

Voilà ce que j'ai noté en vitesse...

Du talent dans l'écriture, mais pour moi c'est quand même assez indigeste pour un texte moderne...
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Message par Margaux1999 Dim 19 Juin - 11:16

j'aime bien !

8.5/10
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Message par alissa Dim 19 Juin - 12:21

Daniel:
pour les fautes d'orthographe: c'est vrai que j'en ai fait beaucoup et des pas mal.
C'est sympa de m'avoir corrigé. Ensuite, les phrases longues, le vocabulaire recherché, j'aime ça. Pourquoi toujours chercher le minimalisme? On ôte toutes les émotions, toute la densité d'un texte. Je ne sais pas dire les choses à moitié. On les dit, ou on ne les dit pas. Et qu'appelles-tu, au juste, un texte moderne? Un texte plat et sans vocabulaire? Je n'en conçois pas l'interêt. Si modernité est synonyme de platitude, non merci. Ce n'est pas fait pour moi.

Margaux: merci!
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Message par alissa Dim 19 Juin - 12:22

j'oubliais: merci à tous les deux de m'avoir lue!
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Message par Marie Fontaine Dim 19 Juin - 12:41

J'ai déjà laissé un commentaire sur ce sujet dans la partie "commentaires" créée par Elmoon.
Pour en revenir à ce que Daniel a écrit : je ne pense pas qu'il ait voulu dire que ton texte devait aller vers le minimalisme. Non ! ton texte doit garder ce côté "écriture du 19ème", mais il gagnerait à être aéré, fluidifié. Même Flaubert passait des mois sur ses textes, jusqu'à trouver l'équilibre parfait, le mot juste... Un bon texte est celui qui laisse en tête comme une musique, après l'avoir lu.

Vous connaissez la position du corps. Votre jeu ne manque pas de sentiment. Votre archet est léger et bondit. Votre main gauche saute comme un écureuil et se faufile comme une souris sur les cordes. Vos ornements sont ingénieux et parfois charmants. Mais je n'ai pas entendu de musique. (Extrait de "Tous les matins du monde", de Pascal Quignard) => voilà ce que j'ai sans cesse à l'esprit quand j'écris...
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Message par Daniel Dim 19 Juin - 13:00

Merci, Marie ! C'est ça !
Je trouve que tu écris génialement, Alissa et je suis impressionné par tes images. Simplement, pour moi, c'est trop lourd : je peux apprécier un passage aussi riche et débordant d'images comme un fleuve en crue, mais sur un livre entier je pense que ça rebuterait plus d'un lecteur "moderne". Et j'en fais partie de ces lecteurs là... flower
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Message par alissa Dim 19 Juin - 13:06

Je suis tout à fait d'accord avec toi, Marie. D'autant plus que la fluidité est loin d'être mon fort! Merci de ce conseil, que l'on ne m'avait encore jamais donné. On me parle souvent de confusion entre les personnages, du caractère extrême de Clarisse. Je vais dorénavant travailler ma souplesse... et la légèreté. J'avoue que la lourdeur d'écriture est l'un de mes récurrents défauts!
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