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Maurice...

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alissa
Margaux1999
Demi-Tour
7 participants

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Message par Demi-Tour Mer 29 Mai - 9:14

Il s'agit de la première partie d'une nouvelle, qui en compte deux. Je suis (là aussi) en train de réécrire la suite; aucun changement n'est prévu par rapport à la version initiale, mais mon style à évoluer et, avec le recul, j'aimerais approfondir la deuxième partie.
Bonne lecture! Et n'hésitez pas à commenter, toute remarque m'est précieuse.








MAURICE

Assis derrière la vieille table de la cuisine, Maurice regarde la bouteille de vodka posée en plein milieu. Ses yeux rougis par l’alcool l'observent sans vraiment la voir. Tout ce qu’ils constatent est qu’elle est presque vide. Encore deux verres et elle ira rejoindre les autres dans la poubelle de la cour.
D’un geste machinal, il lève sa casquette de base-ball pour lisser les rares cheveux qu’il lui reste sur la tête. Plus d’une fois, il a eu envie de se faire une boule à zéro pour ne plus les voir rebiquer quand il se fait face chaque matin dans le miroir piqué de la salle de bain. Mais à quoi bon s’en donner la peine alors qu’il ne se rase déjà que lorsque les poils de ses joues irritent sa peau à force de frotter contre le col de ses vêtements?
Il regarde sa montre. Encore une petite demi-heure à attendre. Dehors, la nuit est certainement tombée. Pure supposition vu l’heure. Les volets fermés ne laissent rien filtrer. Dans des moments comme celui-ci, Maurice a besoin d’être seul, de se sentir coupé du monde. De toute façon, il l’est depuis longtemps déjà. L’alcool est une aide formidable pour cela, un vrai ami sur lequel on peut compter les yeux fermés.
Depuis deux ans qu’il est à la retraite, il sombre. Enfin, un peu plus qu’avant. Le travail lui a toujours permis de garder la tête hors de l’eau. Quelle ironie. Désormais, il se sent comme un objet qui s’imbibe tout doucement et commence à s’enfoncer, résigné dans le fait qu’il n’y peut rien. Et que de toute façon il ne veut rien y faire.
L’assise de la chaise gémit quand il se penche pour attraper une assiette de charcuterie sur l’égouttoir de l’évier. Il grignote les tranches de saucisson plus qu’il ne les mange en les accompagnant d’un morceau de pain de la veille. Son estomac proteste à coups de brûlures. Maurice se contente de lâcher un rot.
Nouveau coup d’œil à sa montre. À peine dix minutes se sont écoulées. Peu importe. Il chasse les miettes de sa bedaine, pose l’assiette et le verre dans l’évier avant d’aller jusqu’au garage.
La nuit est bel et bien tombée. Les étoiles brillent, les grillons stridulent. De l’autre côté de la rue, une chauve-souris passe et repasse sans relâche dans la lumière d’un vieux lampadaire. Maurice traverse la cour encombrée de mauvaises herbes. Malgré ce qu’il a ingurgité, sa démarche est sûre. Question d’habitude. Le gravier crisse sous la semelle de ses bottes en caoutchouc qu’il a recoupées à hauteur de la cheville. Les ampoules nues qui pendouillent des petites appliques rouillées jettent un halo blafard.
En fait de garage, il s’agit d’un abri en planches branlant. Maurice l’a fabriqué de ses mains presque trente ans plus tôt, alors que lui et Lucie venaient de s’installer dans ce petit village. C’était son atelier, son petit jardin secret. Un espace rien qu’à lui, dédié à sa passion du bricolage et de la mécanique à une époque où ses mains ne tremblaient pas quand elles n’avaient pas leur ration d’alcool.
La vodka a été un aller-simple pour sa déchéance. Elle lui a tendu un bras amical et réconfortant pour mieux l’accaparer et l’isoler. Désormais, la seule vie sociale qu’il a est de passer pour le pilier de bar du village et d’être l’inépuisable sujet des ragots que se murmurent les commères lorsqu’il traverse la place. Elles ne comprennent pas comment un homme peut descendre aussi bas. Elles sont d’accord pour expliquer à qui veut l’entendre qu’elles auraient agi autrement, que lorsqu’on perd l’être aimé à son âge, il faut relever la tête, faire face et se construire une nouvelle vie, surtout quand on a un enfant. Si c’est pas triste de voir un si bel homme avec une telle situation se laisser aller. À quarante ans, la vie ne fait que commencer. C’est ce qu’elles disent, et ce qu’elles auraient fait, elles le savent.
Maurice, lui, n’a pas survécu. Il s’est échoué quand Lucie s’en est allée. Quant à leur fils, il est parti vivre aux États-Unis dès que ses économies le lui ont permis. Les coups de téléphone qu’ils ont échangés au début étaient trop rares pour durer. Un des deux a oublié l’anniversaire de l’autre et tout a été fini. C’est de là-bas qu’il a envoyé à son père une casquette, celle que Maurice porte ce soir, en guise de cadeau de Noël il y a déjà quelques années alors qu’ils ne se parlaient déjà plus.
Lucie, elle, n’est plus tout court. Disparue de la surface de cette planète.

La porte grince lorsqu’il l’ouvre. Il la secoue un peu d’avant en arrière pour casser l’amas de mauvaises herbes et de gazon trop haut qui la gêne avant de la bloquer avec un morceau de tôle qui traîne le long du mur. Sa main cherche l’interrupteur à tâtons. Vingt ans de déchets d’une vie qui n’en est plus une apparaissent à la lumière vacillante du néon. Tout a été entassé pêle-mêle au fur et à mesure que ça a perdu de son utilité. Le genre de trucs qu’on pose en se disant qu’on ira les jeter la semaine prochaine à la déchèterie. Vieilles planches, pots de peinture entamés, vélo d’enfant, ordinateur obsolète, outils rouillés, couronnes de cuivre, tondeuse à gazon. Le sol et les étagères sont couverts d’un bric-à-brac impressionnant. Le gris de la poussière a tout uniformisé.
Au centre trône un imposant objet sous une bâche. Maurice s’avance et la tire avant de la replier tant bien que mal et de la jeter dans un coin. Sa main gauche se pose sur le guidon de la moto alors que la droite fouraille dans la poche de son pantalon à la recherche des clefs.
Contact. Le bicylindre s’ébroue difficilement, tousse comme s’il allait s’étouffer. Maurice tire sur le starter et le régime devient plus régulier. Au bout de quelques secondes, le moteur ronronne. Amplifié par l’étroitesse du garage, le bruit des pots se fait plus grave. Un glas pris de frénésie.
Maurice balaie du pied les boulons et autres objets qui jonchent le sol jusqu’à la porte, puis il s’assoit sur la moto. D’un geste sûr mais prudent, il la fait sortir en marche arrière. La petite bosse entre la dalle de béton et l’extérieur passe inaperçue tant les suspensions et la large selle sont moelleuses. Il finit par la béquiller au milieu de la cour.
Starter coupé, le moteur se calme un peu. Maurice s’écarte pour la regarder. Il lui a fallu plusieurs années pour la retaper. Il a même dû marchander certaines pièces auprès de collectionneurs mais il a finalement réussi.
Parce qu’il s’agit d’un ancien custom et que l’emblème du réservoir représente un aigle stylisé, beaucoup pensent voir une Harley. Une bande d’ignares. Et quand il leur explique que c’est une Italienne, ils se marrent, comme si personne d’autres que les Américains ne sait fabriquer ce genre de moto ou n’en est digne. Qu’ils aillent se faire foutre.
Il rentre dans la maison pour se changer. Ses habits de motards sont posés proprement sur le canapé au cuir élimé du salon. Vingt ans qu’il attend cet instant. Vingt ans qu’il le répète tel un acteur étudiant une pièce de théâtre. Vingt ans qu’il n’a pas enfilé ce blouson et ce casque. Le moment est enfin arrivé. Ce soir, il a rendez-vous avec son passé, avec lui-même, avec l’histoire de sa vie. Il ne pense pas à son futur : il n’en a pas. Il n’en a plus depuis le départ de Lucie.
Oui, vingt ans qu’il attend. Il a maintes fois essayé de se mentir en se disant que tout ça n’en vaut pas la peine, mais il sait maintenant qu’il doit le faire. Pour lui, pour elle. Pour les autres, surtout.
Ses doigts tremblent d’émotion alors qu’il essaie de remonter la fermeture éclair du blouson. Il lui faut plusieurs secondes pour comprendre que ses mains ne sont pas la cause de sa maladresse. Il a forci. Son bide s’est distendu comme une outre. Peut-être bien la cirrhose après tout. Voilà qui expliquerait sa perte d’appétit et les mouvements de yoyo de sa tension, sans compter la mine sévère que prend son médecin quand il lui palpe le foie. Peu importe, la journée a été chaude et la nuit s’annonce douce. Il roulera blouson ouvert.
Le tiroir du buffet est posé sur la table du salon. Maurice écarte les bibelots à moitié cassés qui l’encombrent pour en sortir une vieille boîte à sucres en fer blanc. A l’intérieur, le pistolet est posé sur un écrin en mousse qu’il a fabriqué en découpant la garniture d’un vieux matelas. Il a acheté cette arme à deux gosses tout juste majeurs dans le parking d’une tour de banlieue quand Lucie est partie. Elle est son salut, le Saint Graal qui le libèrera. Il l’espère.
Il vérifie que la culasse est vide et que le chargeur est en place avant de glisser l’arme dans son dos sous sa ceinture. Il sait que ce petit 7.65 fonctionne encore parfaitement car il l’a essayé la semaine dernière. Il a profité des pétards que les gamins du village faisaient exploser juste avant le feu d’artifice du 14 juillet pour tirer deux balles dans sa cave. Les détonations n’ont surpris personne.
Il traverse le salon en direction de la cour. En passant devant le guéridon du téléphone, il s’arrête pour regarder un petit cadre photo. Lucie sourit en gros plan. Elle tient contre elle Damien, leur enfant, qui brandit avec fierté les dix bougies de son anniversaire. Maurice caresse le cadre, puis il le bascule délicatement pour cacher la photo. Sa gorge s’est nouée. Il chasse son émotion en reniflant.
Dans la cour, seul un des deux pots crachote encore un peu de fumée blanche en rythme avec le bruit du moteur. Maurice s’installe aux commandes. Les suspensions s’affaissent légèrement. Au crissement des mousses du casque contre sa barbe naissante, il constate qu’elles se sont desséchées avec le temps. Elles s’émiettent par petites plaques qui se collent à la sueur de son cou. Aucune importance. Ce casque n’est pas là pour le protéger. Son blouson non plus d’ailleurs. Les stigmates de chute qu’ils portent l’un et l’autre ne laissent planer aucun doute là-dessus. Si Maurice les a enfilés ce soir, ce n’est ni pour les coordonner avec le côté rétro de la moto ni parce qu’il n’en a pas d’autres. Non, s’il a fait ce choix, c’est pour ne pas oublier et trouver la force en lui quand le moment sera venu.
La boîte de vitesse claque quand il passe la première. Tout en gardant les pieds au sol, il remonte la longue allée gravillonnée en jouant avec l’embrayage. Le portail est grand ouvert. Cela fait longtemps qu’il ne le ferme plus. Qui viendrait cambrioler le taudis dans lequel il vit? Même les gamins ont arrêté depuis belle lurette de jeter des cailloux en pleine nuit sur les plaques de tôle ondulée qui servent de toit au garage.
Alors que ses yeux regardent à gauche et à droite pour être sûr que personne n’arrive, ils tombent sur la masse sombre et imposante du clocher qui se dresse dans le ciel nocturne au bout de la rue. Un projecteur pointé droit vers le ciel en éclaire l’horloge du côté de la place du village. Maurice a un sourire amer. Ce qu’il va commettre est sans aucun doute le péché ultime mais ce n’est pas grave. Cela fait longtemps que lui et Dieu ne se parlent plus. Maurice n’a rien à lui dire, et de toute façon Dieu ne lui a jamais répondu. C’est aussi bien comme ça.
Tandis qu’il se cale le plus confortablement possible sur la selle, il sent la crosse du petit automatique contre ses lombaires.
« Allez, en avant » murmure-t-il à sa propre intention.
Il se sent comme celui qui doit avaler un médicament au goût nauséabond. Quelque part, c’est un peu ce qu’il va faire. Après, il sera en paix avec lui-même. Il l’espère.




Demi-Tour

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Message par Margaux1999 Mer 29 Mai - 16:46

Superbe. J'ai adoré.
Bravo. Smile
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Message par alissa Jeu 30 Mai - 9:36

J'ai bien aimé. ça me fait penser à Quand Angela fut seule... C'est une excellente idée d'avoir focalisé ta nouvelle sur un seul personnage; le défaut des auteurs de nouvelle, c'est qu'ils s'éparpillent dans une ribambelle de personnages qu'on a pas le temps de connaitre. Là c'est clair. Juste un petit bémol, le prénom. Plus personne ne s'appelle Maurice aujourd'hui, même les personnes de cette génération.
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Message par Demi-Tour Jeu 30 Mai - 12:09

alissa a écrit: Juste un petit bémol, le prénom. Plus personne ne s'appelle Maurice aujourd'hui, même les personnes de cette génération.

Le choix de ce prénom ne s'est pas fait au hasard, loin de là Wink
(ps : si si, ce prénom est encore porté)

Demi-Tour

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Message par Gallingham Jeu 30 Mai - 18:10

alissa a écrit:Plus personne ne s'appelle Maurice aujourd'hui, même les personnes de cette génération.
J'en parlerai à mon père Smile
Et puis y a le poisson rouge aussi... "Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice"...

Bref, je n'ai pas encore lu donc je n'ai rien d'intéressant à dire. Mais je vais le faire... à un moment.
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Message par alissa Ven 31 Mai - 7:39

Le choix de ce prénom ne s'est pas fait au hasard, loin de là Wink

Ah ? J'ai hâte de savoir pourquoi, alors. (Et désolée pour tous les Maurice de la terre que j'ai balayés d'un injuste revers de main...)
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Message par Demi-Tour Ven 31 Mai - 8:08

Parce que ce prénom renvoie souvent à la moquerie, à une autre époque (prénom, comme tu le dis, qui n'est plus guère porté), bref en décalage "négatif", ce que vit mon personnage : il est la risée du village, alcoolique, vit en marge de la société, ou plutôt replié sur lui-même.

NB : non non, tous les Maurice ne sont pas comme ça Razz

Demi-Tour

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Message par surfeur Ven 31 Mai - 10:20

"Parce que ce prénom renvoie souvent à la moquerie" DEMI TOUR

Pas pire que Monique ou Thérèse......

surfeur

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Message par surfeur Ven 31 Mai - 10:50

Bien écrit.....Personnage bien planté !

Par contre, pour la rigolade on repassera....Entre Dugenou qui se pend et Maurice sur le point de se faire sauter la calebasse, tout un chacun peut se demander si toutes les nouvelles seront du même acabit, augurant de bonnes soirées de déprime au coin du feu qui se meure en cheminée.

surfeur

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Message par Jessica Ven 31 Mai - 12:26

A mon tour de venir commenter cette nouvelle.
Comme le dit Surfeur, "pour la rigolade on repassera". Mais je ne trouve pas que ce soit une mauvaise chose, au contraire. On traite d'un sujet lourd, certes, mais intéressant. Et en général, les auteurs écrivent beaucoup mieux sur le malheur ^^

Concernant ta nouvelle à proprement parlé, je la trouve très bien ficelée. Mon seul bémol, à moi, n'est pas le prénom Maurice, comme l'a souligné Alissa, mais certaines de tes phrases que je trouve beaucoup trop longues. On s'essoufle un peu avant la fin de la phrase. Ton enchaînement de phrases courtes donne un bon rythme à la nouvelle, que ces longueurs viennent malheureusement casser. Je pense qu'il y a encore quelques petites choses à pouvoir améliorer.
Il en va de même pour ton vocabulaire. Il est recherché, ce qui est bien, mais parfois, il y a du familier qui traîne au milieu. On se demande pourquoi.

Sinon, j'adore. Je suis fille de motard, et je retrouve bien l'ambiance. On sent que tu sais aussi de quoi tu parles.

Comment t'es venue cette idée, si ce n'est pas trop indiscret?
Jessica
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Message par Demi-Tour Ven 31 Mai - 18:45

Bon alors :

Surfeur : oui, mes nouvelles sont noires, très noires même. Un lecteur (qui a adoré, à tel point qu'il en a acheté pour toute sa famille!) m'a d'ailleurs dit que je devrais limite le préciser sur le bouquin... Le prochain receuil, s'il voit le jour, devrait d'ailleurs avoir pour titre "Noir motard", ou un truc comme ça. L'hyper violence est également parfois présente, mais jamais gratuitement. Là aussi, un de mes textes a étonné nombre de mes amis - et certains lecteurs - qui m'ont demandé comment j'avais pu imaginer des trucs pareils, parce que très -trop- réalistes.
Mais j'aime raconter ce côté sombre qu'a la vie, j'ignore pourquoi.
Tiens, d'ailleurs, peut-être n'as-tu pas lu celui-ci (super gai également) : https://lesecrivainsamateurs.jeun.fr/t820-amertume-oui-encore

Jessica : je suis motard, ou plutôt, je l'ai été. Et j'espère bien le redevenir. Si tu veux tout savoir, clique sur le lien suivant : http://jeunesecrivains.fr/2011/12/arsouille-mentale-le-premier-roman-de-david-thiery/

Par contre, pour ce qui est des phrases trop longues, peux-tu me donner des exemples? Vu que je suis en train de réécrire ce texte, autant que j'en profite Cool

Demi-Tour

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Message par surfeur Dim 2 Juin - 14:28

"Et en général, les auteurs écrivent beaucoup mieux sur le malheur" JESSICA

Je crois surtout que c'est le malheur où plus précisément la tristesse et la mélancolie qui génèrent l'écrit et parfois des chefs d'oeuvre (Baudelaire, G. de Nerval).

surfeur

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Message par surfeur Dim 2 Juin - 14:54

Juste un truc.....La vodka !

On comprend qu'il s'agit de sa boisson de prédilection. Si l'action se situe en Europe de l'est, ça marche !
Sinon, en France, c'est un alcool peu représentatif de cette addiction. Zola donnait de l'absinthe à ses personnages.....puis vin rouge, Ricard et bière dans les années 50/60/70.....Actuellement, Ricard et whisky.....hips

surfeur

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Message par Demi-Tour Dim 2 Juin - 17:28

Ben, c'est la mienne drunken (avec le Lagavullin, tout de même)

EDIT (après quelques minutes pendant lesquelles la remarque sur la vodka a trotté dans ma tête) : je vais travailler là-dessus, expliquer le choix de cet alcool en glissant une ou deux phrases dans le texte qui vont "suivre" le personnage dans son naufrage.

Demi-Tour

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Message par Demi-Tour Dim 2 Juin - 18:24

Voici la deuxième partie (et contrairement à ce que j'ai dit dans mon premier message, la nouvelle en compte 3).

Partie éditée et rectifiée selon les commentaires de Surfeur (Cf son message juste en dessous sur les problèmes dans la compréhension de certains dialogues)

Maurice regarde autour de lui les maisons clonées les unes sur les autres masquées par d’interminables haies taillées au cordeau. Tout est calme, propre, déshumanisé. Le centre-ville est loin, dans un autre monde. La plupart des gens sont absents, partis en vacances sur la côte où dans les îles, c’est tellement plus clinquant. On bronze mieux avec le décalage horaire.
Il a garé sa moto sur le bord de la route et reste assis dessus, prêt à la démarrer. Peu lui importe que des passants le voient. Ce qu’il veut, ce n’est pas être discret, c’est ne pas déranger. D’ailleurs, un vigile s’est arrêté à côté de lui tout à l’heure. Sans doute quelques voisins paient-ils une société de gardiennage privée pour les vacances d’été. Le gars est descendu pour lui demander ce qu’il attendait. Maurice a regardé le rottweiler dans le coffre grillagé de la petite 106 avant de répondre que sa bécane a un petit souci et qu’il attend un ami. L’autre s’est contenté de jeter un œil à la vieille moto. Juste avant de partir, il a dit qu’il repasserait dans un moment et qu’il espérait ne pas le retrouver ici. Maurice lui a souri en expliquant que son ami était déjà en route.
Cela fait presque une heure qu’il est là. Le vigile n’est pas reparu. Par contre, l’homme qu’il attend devrait déjà être arrivé.
En y réfléchissant, Maurice n’a pas vraiment menti au vigile. Cet homme est un peu un ami. Presque deux décennies que, dans ses rares moments de sobriété, il épluche son emploi du temps. Il connait pratiquement tout de lui. Son nom, son prénom, son ancien métier, sa banque, son restaurant préféré, son coiffeur, combien de fois il a changé de voiture et, surtout, l’heure à laquelle il rentre chez lui chaque vendredi soir : 23h30. Sûr que s’ils se présentaient tous les deux à un de ces jeux télévisés pour couples, Maurice raflerait la mise dans le rôle du conjoint interrogé. Mais l’homme n’arrive pas. Il est en retard. Peut-être est-il allé se faire tailler une pipe. Maurice l’a vu un soir se garer près d’une de ces camionnettes le long de la nationale à quelques kilomètres de là. À soixante-dix ans passés, l’autre doit encore être vert.
Des phares l’éclairent soudain par derrière. Maurice se raidit. Un coup d’œil dans le rétroviseur lui suffit pour identifier la voiture. Le plafonnier allumé éclaire le visage du conducteur. Aucun doute à avoir, c’est bien lui. En quelques secondes, Maurice transpire les dernières vapeurs de vodka. Il met le contact quand la voiture s’arrête devant un portail à une cinquantaine de mètres. Des projecteurs se sont allumés pour éclairer l’allée. La berline entre puis disparaît derrière la haie. Maurice lance alors la moto pour le suivre. La lumière des projecteurs est tellement forte que l’autre ne doit même pas remarquer l’énorme phare rond qui vient d’arriver dans son rétro.
Ce n’est que lorsqu’il descend de son véhicule que le conducteur aperçoit la moto. Il prend un air à la fois outré et soucieux alors que Maurice la béquille.
« Mais qui êtes-vous, que faites-vous ici? Je vais vous demander de sortir ou bien je vais devoir...
- Tu ne me reconnais donc pas? lui lance Maurice en s’approchant.
L’autre semble déstabilisé. Sa tête bouge comme s’il cherchait à mieux voir. Maurice lève sa visière pour qu’il puisse distinguer ses yeux.
« Et cette moto, elle ne te dit rien? continue-t-il. Réfléchis, ça fait longtemps. »
Il enlève son casque qu’il pose sans ménagement sur le toit de la voiture.
« Tu ne te souviens toujours pas de moi? »
L’autre fait un pas en arrière. L’espace d’un instant, il a cru à un ami venant lui faire une plaisanterie. Il vient de comprendre que ce n’est pas le cas, surtout que l’haleine de l’homme empeste l’alcool. Il ne peut s’empêcher de regarder en direction de la moto, mais d’où il est, il n’aperçoit que la roue arrière. Des images furtives défilent trop vite dans son esprit pour qu’il puisse les distinguer. Cela lui semble loin, très loin. Mais ce visage rougeaud, bouffi et veiné par l’alcool lui est inconnu. Serait-il...? Cela remonte à si longtemps. Il pâlit lorsqu’il voit le petit pistolet dans la main de Maurice.
« Regarde-moi bien! répète ce dernier en pointant l’arme contre sa propre joue. Je suis sûr que ça va te revenir.
- Écoutez, je ne sais pas ce que...
- Ferme-la! Te fous pas de ma gueule. Parce que si tu m’as oublié, tu es encore plus minable que ce que je crois. »
La lumière du perron s’allume alors que les projecteurs s’éteignent. Sans doute un programme coordonne-t-il les deux. Les verrous de la porte d’entrée cliquètent.
« Tu discutes au téléphone, chéri? » demande une femme en sortant sur le seuil.
Âgée d’une bonne quinzaine d’années de moins que son mari, elle est en pantoufles et chemise de nuit. De l’endroit où elle se trouve, elle ne voit par-dessus le toit de la voiture que les deux visages se regarder.
D’un geste sec de son arme, Maurice intime à l’homme de se taire et de rentrer dans la villa. L’autre s’exécute, Maurice sur les talons. Ce n’est que lorsqu’ils passent la porte d’entrée que la femme aperçoit le pistolet. Elle étouffe un cri de surprise avec ses mains avant de reculer vivement contre le mur. Se faisant, elle renverse une plante dont la terre se répand sur le sol.Son mari la rassure. Il lui murmure quelques mots à l’oreille en la prenant dans ses bras. Maurice leur ordonne d’aller dans le salon puis de s’assoir dans un des canapés. Lui s’installe dans un fauteuil juste en face. Bien malgré lui, ses yeux parcourent la pièce. Deux baies vitrées donnent sur ce qui doit être un gazon impeccablement tondu. Les meubles ressemblent à du Ikea, ou à de vieux meubles des années soixante-dix. Et il y a énormément de plantes, trop même.
La table basse est constituée d’un plateau ovale en verre épais posé sur une sorte de gros rocher retaillé et poli. Elle doit peser un poids tout aussi conséquent que son prix. La seule folie de cette intérieure propret. Maurice se renfonce dans le fauteuil comme pour en apprécier le confort. Maintenant qu’il est là, il ne sait plus quoi dire. Tout ce qu’il a imaginé et répété s’est envolé. L’alcool n’y est pour rien. Il se sent parfaitement clair et, surtout, vu le temps qu’il a passé à tout ressasser dans son esprit, il ne peut avoir oublié. Mais il reste penaud.
Il a surtout une terrible envie de se lever pour aller fouiller à grand bruit dans le meuble près de la cheminée à la recherche d’une bouteille de vodka ou de scotch. De n’importe quoi de plus de quarante degrés en fait. Il se fait violence. Il ne doit pas céder maintenant qu’il est si près du but en tout cas. Après, oui, il pourra. Il n’aura que ça à faire de toute façon.
Les deux personnes face à lui se tiennent l’une contre l’autre à la manière de perruches apeurées. La femme tremble lorsque Maurice se redresse dans le fauteuil.
« Alors comme ça, tu ne te souviens vraiment pas de moi? »demande-t-il d’une voix calme.
Il ne s’est nullement apaisé mais l’irréalité de la situation le sidère. L’homme le regarde. Sa tête s’agite dans de petits tremblements de
dénégation.
« Non, finit-il par dire. Enfin, je crois... »
Il se fige quand Maurice lève la main. Celui-ci se contorsionne sur le fauteuil pour sortir de la poche arrière de son pantalon un morceau de journal découpé et plié en deux. Il le pose sur la table basse et, d’un coup de menton, demande à l’homme de le prendre. L’autre semble hésiter. Il finit par se pencher prudemment pour l’attraper. Le journal n’est pas récent. Il est plus fripé que la peau d’une vieille pomme et il a jauni. Les lèvres de l’homme bougent en silence alors que ses yeux parcourent l’article. Il finit par regarder Maurice comme pour essayer de retrouver certains éléments connus dans ce visage.
« Qu’est-ce-que c’est, chéri? ose demander sa femme.
- Dis-le lui ! » ordonne Maurice.
Il sait qu’elle n’est pas au courant. Personne ne lui en a parlé. Elle n’est que sa deuxième épouse. La première a divorcé au bout de plus de vingt ans de mariage. Elle a tenu relativement longtemps avec cette ordure. L’homme ne bouge pas. Il repose l’article sur la table basse. Maurice bondit littéralement de son fauteuil en brandissant son pistolet.
« Dis-le lui! s’écrie-t-il. Tout de suite! »
Il sent des tremblements s’emparer de lui. Il doit garder le contrôle, à tout prix. Sa main libre se serre sur le goulot d’une bouteille invisible.
« Maintenant! Dis-le lui! »
La respiration de l’homme s’est soudain accélérée. Il réfléchit certainement à toute vitesse. Sans doute se répète-t-il mentalement l’excuse qu’il donnera à son épouse une fois que tout cela sera terminé; sans doute comprend-il aussi qu’il va mourir ce soir.
Il l’écarte de lui en la tenant par les épaules comme un enfant à qui l’on va expliquer quelque chose de très important. Sa bouche s’ouvre pour parler mais aucune parole ne sort. Il a besoin de reprendre plusieurs fois son souffle.
« Cet homme croit que j’ai tué son épouse, parvient-il à articuler. Il y a eu un accident et elle est morte. Cela remonte à bien avant notre rencontre...
- Dis-lui la vérité, grogne Maurice.
- Mais c’est la vérité! » riposte l’homme qui se lève dans un soudain élan d’orgueil.
Sa voix est chevrotante, mais il continue :
« Votre femme est morte parce que vous l’avez emmenée sur une moto alors que vous n’aviez pas le permis! crie-t-il. Elle est morte à cause de vous et de votre inconscience!
- Non! Elle est morte parce que tu étais saoul et que tu as perdu le contrôle de ta bagnole quand tu nous a vus dans la lumière de tes phares! Tu n’as même pas freiné! Tu ne...»
Maurice ne termine pas sa phrase. À la place, il pointe son arme vers une des déchirures de son blouson.
« Tu vois, reprend-il en glissant le bout du canon sous un morceau de cuir, mes cicatrices à moi ont guéri mais j’en ai gardé certaines pour te les montrer. Ma femme, elle, n’est même plus là! Tu sais ce que ça fait de devoir enterrer celle qu’on aime sans même l’embrasser une dernière fois parce que tu es à l’hôpital et que de toute façon le cercueil est fermé tellement son corps est abîmé, dis? Tu en as la moindre idée?
- J’ai été acquitté!
- Tu as été acquitté parce j’étais trop abattu pour simplement me défendre !
- Vous êtes le seul responsable! Pas moi! Et vous le savez très bien. »
Leurs visages sont tellement près l’un de l’autre que leurs nez s’effleurent. D’un violent coup d’épaule, Maurice repousse l’homme dans le canapé.
« Et lui alors, c’est sa faute également? Vu que tu t’en es sorti avec une simple amende et du sursis! vocifère-t-il. Mais comment peux-tu encore conduire après ça? »
Il sort deux autres articles de sa poche qu’il lui lance à la figure. Ceux-là n’ont pas été altérés par le temps. Et pour cause. Le premier a été écrit il y a un an seulement ; l’autre, la semaine dernière. Le début et le dénouement d’une même affaire.
L’homme les regarde à peine. Son épouse non plus. Au sujet de ceux-là, elle sait tout. Mais ses yeux fixent le néant. Elle vient de comprendre qu’elle vit dans le mensonge. Que tout cet amour, tout ce soutien qu’elle a apporté à cet homme n’ont eu aucune raison d’être. Il a fait pire que la tromper, il l’a manipulée. Il ne lui a jamais parlé de ses antécédents, elle qui l’a bercé dans ses bras quand il lui a expliqué que c’était un fardeau trop lourd à porter tout seul. C’est en tout cas ce qu’espère Maurice, ce qu’il croit lire sur son visage en larmes.
Il se trompe.
Une terrible gueule de bois le terrasse. Ce n’est bien évidemment pas l’alcool qui en est la cause mais le dégoût de ce qu’il vient d’entendre et de ce qu’il va faire. Il n’a jamais eu autant envie de se saouler de toute sa vie.
Il arme le pistolet d’un geste sec. Le cliquetis métallique résonne dans le silence du salon. Puis Maurice lève le bras. Il vise entre les deux yeux. Il voit l’homme s’enfoncer dans le dossier du canapé comme s’il fondait. Il semble rétrécir en même temps que ses mains montent à hauteur de son visage dans un geste d’impuissance.
Son épouse, elle, s’est écartée. La bouche grande ouverte, elle contemple la scène avec horreur.
« Regarde-moi, espèce d’ordure! articule Maurice. Regarde-moi bien! Je veux que tu me vois comme moi je t’ai vu nous foncer dessus. Je veux que tu voies ta mort droit dans les yeux. »
Vingt ans que Lucie n’est plus là. Vingt ans qu’il la pleure dans l’alcool. Et presque autant d’années qu’il répète interminablement cette scène, qu’il se prépare à appuyer sur cette détente. Pour rendre justice. Pour venger celle qu’il aime encore. Pour venger ce jeune mort l’année dernière et dont le seul tort a été de marcher un peu trop au milieu de la route à la sortie d’une soirée arrosée parce que lui, il s’est rendu compte qu’il avait trop bu pour conduire. Pour en finir avec tout ça. Pour être en paix. Il s’est maintes fois ravisé mais à quoi bon? Peut-être aurait-il pu oublier sans ce dernier accident. Mais cette fois, il a compris qu’il devait agir. Son index glisse lentement du pontet jusqu’à la détente.
« Oui j’avais bu ce soir-là! » s’exclame soudain l’homme en éclatant en sanglot. Mais cet accident n’est pas de ma faute. C’est pour cela que j’ai été acquitté, vous le savez. »
Il se recroqueville sur lui-même à la manière d’un enfant apeuré qui se prépare à prendre une terrible correction. Il tend la main, paume tournée vers l’arme comme pour en faire un bouclier.
« C’est vous qui avez décidé de conduire un engin pour lequel vous n’avez même pas été fichu d’avoir le permis, finit-il par dire.
- C’est faux!
- J’ai raison. Si ce soir-là vous avez eu cet accident, c’est parce que vous rouliez trop vite et que vous avez mal pris le virage, pas parce que j’avais bu. Vous préférez vous mentir plutôt que de voir la réalité en face! »
Maurice ne répond pas. Rien ne se passe comme prévu. Le pire est qu’il se sent sur le point d’exploser. De haine, de rage. En pleurs aussi. Chaque phrase est un véritable coup de poing en pleine figure.
Le long de sa cuisse, sa main libre palpe désespérément le vide à la recherche d’un goulot. Boire. Se saouler. Tout oublier jusqu’à la prochaine cuite. Ne plus voir la réalité en face. Ne plus entendre cet homme parler. Son doigt tremble juste au-dessus de la détente. L’homme ne semble plus voir l’arme. Malgré la terreur qui transpire sur son visage, il réussit à fixer Maurice droit dans les yeux lorsqu’il ajoute :
« Mon avocat est allé vous voir à plusieurs reprises pour vous proposer de l’aide. Mais vous avez refusé. Vous avez préféré vous réfugiez dans l’alcool... »
C’est la phrase de trop, celle qui est au-delà de la douleur. Maurice a soudain envie de tout abréger. De décharger son arme sur ce type qui le sermonne, sur sa femme, sur leur villa qui pue la naphtaline. Il veut mais il ne peut pas. Son esprit est sens dessus-dessous.
« Tu es revenu papy? Il veut quoi le monsieur? »
La voix de l’enfant fige l’instant. Maurice sent soudain la glace couler dans ses veines. A peine tourne-t-il la tête qu’il voit la fillette dans l’encadrement de ce qui doit être la porte du couloir. Elle ne doit pas avoir plus de cinq ans. Habillée d’un pyjama à fleurs, elle mâchouille l’oreille de son doudou tout en se grattant un œil de son minuscule poing fermé. Maurice ignore presque tout d’elle, si ce n’est qu’il s’agit de leur petite fille. Les rares fois où ils l’ont gardée, ce sont eux qui sont allés chez elle, jamais le contraire. Elle ne devrait pas être là, chez ses grands-parents. Non, pas ce soir. C’est impossible. Il ne faut pas! Et pourtant...
« Tout va bien ma chérie, ne t’inquiète pas, lui dit son grand-père avec douceur. Retourne te coucher, sois gentille… »
Il écarte les bras dans un geste qui se veut rassurant, mais l’enfant ne comprend pas et s’élance dans le salon aussi vite que ses petites jambes le lui permettent. L’homme n’a même pas le temps de réagir que déjà la fillette se pelotonne contre lui. Elle fixe l’arme puis enfouie sa tête dans le cou de son grand-père qu’elle serre un peu plus fort.
Maurice reste interdit. Il sent son bras s’abaisser pour pointer l’arme vers le sol. Il ne réalise plus vraiment ce qui arrive. En fait, iln’ose pas y penser.
Il fait un pas en avant, soudain très calme, avant de poser l’arme avec douceur sur le plateau de la table basse, comme pour ne pas apeurer la fillette. Ses yeux se rivent dans ceux de l’homme. Il voudrait parler mais il en est incapable. Aucun mot assez fort ne lui vient à l’esprit. Comment pourrait-il exprimer ce qu’il refuse d’admettre?
« Tu n’es qu’une pourriture » parvient-il à dire sans aucune conviction.
L’homme ferme les yeux. Une éternité semble s’écouler, puis le claquement de la porte d’entrée le fait sursauter.


Dernière édition par Demi-Tour le Lun 3 Juin - 8:15, édité 3 fois

Demi-Tour

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Message par surfeur Dim 2 Juin - 21:20

Tout s'enchaîne très bien....Un bémol quand même...LES DIALOGUES

Par moments, on perd les pédales et des retours en arrière sont nécessaires pour comprendre qui parle.
Même si c'est contraignant pour l'auteur, des petites précisions (du style....s'écria Maurice, l'homme répondit etc...) rendent la lecture plus aisée, la difficulté résidant dans le choix des verbes pour éviter les répétitions.

surfeur

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Message par Demi-Tour Lun 3 Juin - 8:20

surfeur a écrit:Tout s'enchaîne très bien....Un bémol quand même...LES DIALOGUES

Par moments, on perd les pédales et des retours en arrière sont nécessaires pour comprendre qui parle.

C'est le genre de trucs dont l'auteur, lancé dans son trip, ne se rend même plus compte, je pense. C'est mon cas, car à force d'imaginer dans ma tête qui dit quoi, je finis par visualiser la scène et oublier de préciser qui fait quoi.
Du coup, j'ai rectifié... à ma manière Razz
J'ai carrément enlevé quelques phrases (toujours avec ma méthode qui consiste à me demander si elles apportent pou non quelque chose au texte, et après modification, je me rends compte que non), en ai modifié d'autres (en remplaçant, par exemple, les "il" juste avant un dialogue par un terme plus précis) et ai donc ajouté certains verbe + sujet pendant le dialogue.

Demi-Tour

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Message par Demi-Tour Mar 4 Juin - 19:25

Troisième et dernière partie de cette nouvelle :





Assis derrière la vieille table de la cuisine, Maurice regarde la bouteille de vodka posée en plein milieu. Ses yeux l’observent sans vraiment la voir. Tout ce qu’ils constatent est qu’elle est presque vide. Le niveau n’a pas bougé depuis qu’il est revenu.
En remettant la bâche sur la moto, il a recouvert vingt ans d’une vie qu’il n’a pas vécue. Il s’en rend compte maintenant. Son plan était pourtant simple : mettre une balle entre les deux yeux à cet homme et puis partir, rouler droit devant, pas pour fuir mais pour simplement tout quitter. Refuser de voir la vérité en face une fois de plus.
D’un geste machinal mais empreint d’affection, il caresse le tissu de la casquette de base-ball. Malgré ce qu’il a entendu et encaissé chez cet homme, l’apparition de la fillette a sans doute été le plus blessant, car il a réalisé qu’il a peut-être lui-même une petite fille, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis combien d’années n’a-t-il pas parlé à son fils? Largement le temps de se marier et d’avoir un enfant pour sûr.
Il a été trop bête pour comprendre que Damien ne l’a pas abandonné mais qu’il a simplement fui pour vivre et ne pas sombrer lui aussi. Il se fait violence pour ne pas attraper la bouteille et boire au goulot. À la place, ses mains cherchent à plier la visière de la casquette, décrochent et raccrochent sans cesse le velcro qui règle la taille, tendent le tissu, bref font tout et n’importe quoi pour ne pas céder à la tentation.
Aveuglé par l’alcool et la rancœur, il n’a pas deviné la valeur de cette casquette, cette merde comme il a marmonné en ouvrant le colis. Cela faisait déjà deux ans qu’il n’avait plus appelé son fils quand il l’a reçue. Ce n’était pas un simple présent fait à la va-vite, un peu comme ces bibelots qu’on ramène à des proches en rentrant de voyage. Non, c’était bien plus que ça. Un appel à la réconciliation. Un pardon aussi, peut-être. Une bouée de sauvetage, certainement.
Maurice ferme les yeux pour ne plus fixer la bouteille et empêcher les larmes de rouler sur ses joues. Sur l’écran de ses paupières closes, il revoit le petit automatique posé sur le plateau en verre de la table basse. Pourquoi ne l’a-t-il pas gardé? Tout serait plus simple désormais. L’acier froid du canon contre sa tempe, une légère pression de l’index sur la détente… Mais il n’a pas le droit. Il a bousillé sa vie et l’enfance de son fils mais il pourrait faire un bon grand-père, il le sait. Il pourrait surtout redevenir un père.
Il regarde sa montre. Quatre heures du matin passées de quelques minutes. Quelle heure peut-il bien être sur la côte est des États-Unis? Neuf heures, dix heures du soir? C’est certainement juste le début de la soirée pour un new-yorkais qui se respecte, et certainement pas trop tard pour déranger un père de famille.
Il se lève pour aller jusqu’au guéridon du téléphone. En rentrant tout à l’heure, il a redressé le cadre et a embrassé avec tendresse la photographie, puis il est allé le poser au centre de la vitrine du buffet.
Il décroche le combiné. Avec plaisir, il constate qu’il n’a pas oublié le numéro malgré tout ce temps écoulé. L’attente lui paraît interminable. Il espère juste que son fils n’a pas changé de numéro et qu’il ne va pas tomber sur quelqu’un d’autre. Mais il reconnaît tout de suite la voix qui lui répond. Il sourit.
juste comme ça... Je t’aime, fils. »

Demi-Tour

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Message par surfeur Mer 5 Juin - 19:25

Elle est chouette ta nouvelle !

surfeur

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Message par Drakov64 Mer 5 Juin - 19:37

surfeur a écrit:Tout s'enchaîne très bien....Un bémol quand même...LES DIALOGUES

Par moments, on perd les pédales et des retours en arrière sont nécessaires pour comprendre qui parle.
Même si c'est contraignant pour l'auteur, des petites précisions (du style....s'écria Maurice, l'homme répondit etc...) rendent la lecture plus aisée, la difficulté résidant dans le choix des verbes pour éviter les répétitions.

Si tu peux me trouver une liste de verbes de précision... Cool
Drakov64
Drakov64

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http://fr.guerre-des-factions.wikia.com/wiki/Wiki_Guerre_des_fac

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Message par surfeur Mer 5 Juin - 20:09

Tout dépend du contexte Chuck...... et du dialogue !
Répondit, cria, hurla, morigéna, pleura, supplia.....mitrailletta lol pour te faire plaisir

surfeur

Date d'inscription : 29/05/2013

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Message par Drakov64 Mer 5 Juin - 20:10

surfeur a écrit:Tout dépend du contexte Chuck...... et du dialogue !
Répondit, cria, hurla, morigéna, pleura, supplia.....mitrailletta lol pour te faire plaisir
Pas mal, tu sais ce que j'aime, toi cheers

Peu importe le contexte, j'ai du ma à les trouver, ces verbes, quand j'en ai besoin...

EDIT : j'ai lu la première partie. Bon, je repasserai sur le topic pour lire les deux autres Wink

Dommage que ça rigole pas, moi qui suit un fana de la grosse marade...Mais c'est tellement bien écrit. Je ne peux en faire autant. Surfeur vous le dira, mais c'est un autre style aussi Cool
Par contre, la dégaine du personnage est classe. Un bon point là-dessus.
Drakov64
Drakov64

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Message par surfeur Mer 5 Juin - 20:23

"Pas mal, tu sais ce que j'aime, toi cheers"

La tu m'inquiètes
Very Happy


Lis la nouvelle "Maurice" partie 2....Tu y trouveras des verbes et prend des notes
Courage ! "Travaillez, prenez de la peine...."

surfeur

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Message par Drakov64 Mer 5 Juin - 20:26

surfeur a écrit:"Pas mal, tu sais ce que j'aime, toi cheers"

La tu m'inquiètes
Very Happy


Lis la nouvelle "Maurice" partie 2....Tu y trouveras des verbes et prend des notes
Courage ! "Travaillez, prenez de la peine...."

"Mitrailleta" Pas mal trouvé cheers
Ce qui est dommage c'est que je n'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment...Ca me dérange c'est bien ma seule occupation avec les jeux vidéos (ah, que ferais-je sans ma N64 Sad )
Drakov64
Drakov64

Date d'inscription : 02/03/2013
Age : 27

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