La roulotte
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Margaux1999
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La roulotte
Bonjour tout le monde, après une longue absence je recommence à poster. Ceci est le début de mon roman.
Il fait froid. Tropfroid. J’essaye de me retenir de trembler. Il ne faut pas faire de
bruit. Pas de bruit du tout. J’ai mal aux jambes aussi. Depuis
combien de temps suis-je ici sans bouger ? Une demi-heure ? Trois
quart d’heure ? J’ai l’impression que ça ne va jamais finir …
J’aurais du m’en douter, pourtant. Les journées qui
finissent mal commencent toujours mal.
Ce matin, la roulotte
est passée dans un trou, et une roue s’est cassée. On a mis
longtemps à la réparer, avec Maman et Papa, et on est arrivés très
tard au village où on devait s’arrêter. Papa a vendu beaucoup
moins d’écharpes et de foulards que d’habitude. Ils n’en ont
pas parlé mais j’ai vu leur regard triste, celui qui indique qu’il
n’y aura pas grand chose à manger le soir. Déjà, la plupart du
temps, on a pas beaucoup de nourriture, parce que depuis 1929 «
c’est la crise » … On l’entend souvent quand on passe dans les
villages, tout le monde le dit, avec plus ou moins de tristesse. Mais
en Suisse, nous sommes moins touchés qu’en l’Amérique, et
heureusement. Je ne sais pas comment on ferait pour vivre, sinon …
Moi, comme souvent, je me suis mêlée aux enfants du village.
J’essaye qu’ils me posent le moins de questions possibles, car
dès qu’ils apprennent que je suis « une enfant de la route », la
fille des tziganes, ils me rejettent. Ça me rend triste.
Au bout
de quelques minutes, la maman d’un garçon est arrivée. Elle m’a
vue, a pris son fils avec elle et est repartie. Peu de temps après,
tous les enfants étaient repartis avec leur maman. Certains m’ont
jeté un regard d’excuse, mais ça n’a pas suffit à me
réchauffer le cœur…
Je suis rentrée en traînant les pieds
jusqu’à la roulotte.
Comme je le pensais, nous n’avons
presque rien eu à manger ce soir. A peine un morceau de pain. C’est
la crise … Mais il n’y a pas que ça. Nous sommes de moins en
moins acceptés. Maman a des amies qui sont mortes, à cause d’une
opération qu’on les a obligées à faire. Je crois que c’est
pour qu’elles n’aient plus d’enfants. Heureusement, Maman ne
s’est pas encore fait opérer. J’espère qu’elle n’aura pas à
le faire …
Je pense que les gens des villes veulent qu’on
disparaisse. Parce que en plus de faire faire des opérations aux
femmes, ils enlèvent les enfants. Ca fait quatre ans qu’ils ont
commencé. J’ai très peur. Ils pourraient m’enlever, moi aussi.
Alors, quand un policier nous aborde, Maman crie « KANO ! ». On
fait croire que c’est le prénom de Papa, mais en fait, c’est le
code qui dit qu’il faut que je me cache.
Alors, quand après le
repas, j’ai entendu « KANO ! », j’ai sursauté, avec la peur au
ventre, comme à chaque fois. Je me suis cachée très vite dans le
double fond de l’armoire, et je suis restée là en attendant que
les policiers partent.
Sauf que ça fait au moins une
demi-heure qu’ils sont là, et ils ne sont toujours pas repartis.
Au delà de mes jambes qui fatiguent et du froid, j’ai très peur.
Jamais les policiers ne sont restés aussi longtemps. Des larmes
coulent sur mon visage. S’ils m’attrapent, ça sera la famille
d’accueil - une famille qui me traitera comme un chien - au mieux,
l’hôpital psychiatrique au pire … Je ne veux pas finir ma vie le
cerveau détruit par les chocs électriques ! Et en plus, je ne
pourrais plus revoir Maman et Papa … Je serre les dents pour
qu’elles ne claquent pas. Je ne dois pas faire de bruit. L’angoisse
me donne envie de vomir.
Et si les policiers avaient trouvé
quelque chose ? Je les entends qui s’approchent de mon armoire.
J’ai envie de crier. De leur dire de s’en aller, de me laisser
tranquille. Mais bien sûr, je ne peux pas. Je peux juste attendre.
Et entendre.
« Je suis sur qu’un enfant se cache par ici,
marmonne une voix. Vous avez vu la tête des nomades ?
– Oui,
et on l’aura, répond une autre. On ne sera pas virés, ne vous en
faîtes pas. »
Je ne peux pas retenir un sanglot. Le silence qui
suit me crée une boule dans le ventre. Et si je m’étais trahie ?
Mon Dieu, faites qu’ils ne m’aient pas entendue !
Finalement,
je les entends se diriger vers l’opposé de ma cachette, et je me
mets à respirer. Ils vident les caisses, jettent les habits.
J’entends même la petite porcelaine que nous aimons tant et que
nous rangeons soigneusement se briser.
Ils reviennent vers
l’armoire et vident son contenu. Je les entends toquer contre le
faux fond.
« C’est creux … »
On va me trouver. Je suis
perdue. Je vais finir ma vie loin de mes parents, avec des gens qui
ne m’aimeront pas.
« Comment est-ce qu’on démonte ça ? »
Je
ne peux rien faire. La protection est aussi un piège.
« Ah, ça
y est ! »
La lumière pénètre dans le double fond et m’éblouit.
Je ne vois plus rien.
« C’est une gamine ! »
Une main
m’attrape et me force à sortir. Je sens les gros doigts rugueux
m’entravant le bras. Mon genou se cogne à une planche. J’éclate
en sanglots.
« MAMAN ! »
Il fait froid. Tropfroid. J’essaye de me retenir de trembler. Il ne faut pas faire de
bruit. Pas de bruit du tout. J’ai mal aux jambes aussi. Depuis
combien de temps suis-je ici sans bouger ? Une demi-heure ? Trois
quart d’heure ? J’ai l’impression que ça ne va jamais finir …
J’aurais du m’en douter, pourtant. Les journées qui
finissent mal commencent toujours mal.
Ce matin, la roulotte
est passée dans un trou, et une roue s’est cassée. On a mis
longtemps à la réparer, avec Maman et Papa, et on est arrivés très
tard au village où on devait s’arrêter. Papa a vendu beaucoup
moins d’écharpes et de foulards que d’habitude. Ils n’en ont
pas parlé mais j’ai vu leur regard triste, celui qui indique qu’il
n’y aura pas grand chose à manger le soir. Déjà, la plupart du
temps, on a pas beaucoup de nourriture, parce que depuis 1929 «
c’est la crise » … On l’entend souvent quand on passe dans les
villages, tout le monde le dit, avec plus ou moins de tristesse. Mais
en Suisse, nous sommes moins touchés qu’en l’Amérique, et
heureusement. Je ne sais pas comment on ferait pour vivre, sinon …
Moi, comme souvent, je me suis mêlée aux enfants du village.
J’essaye qu’ils me posent le moins de questions possibles, car
dès qu’ils apprennent que je suis « une enfant de la route », la
fille des tziganes, ils me rejettent. Ça me rend triste.
Au bout
de quelques minutes, la maman d’un garçon est arrivée. Elle m’a
vue, a pris son fils avec elle et est repartie. Peu de temps après,
tous les enfants étaient repartis avec leur maman. Certains m’ont
jeté un regard d’excuse, mais ça n’a pas suffit à me
réchauffer le cœur…
Je suis rentrée en traînant les pieds
jusqu’à la roulotte.
Comme je le pensais, nous n’avons
presque rien eu à manger ce soir. A peine un morceau de pain. C’est
la crise … Mais il n’y a pas que ça. Nous sommes de moins en
moins acceptés. Maman a des amies qui sont mortes, à cause d’une
opération qu’on les a obligées à faire. Je crois que c’est
pour qu’elles n’aient plus d’enfants. Heureusement, Maman ne
s’est pas encore fait opérer. J’espère qu’elle n’aura pas à
le faire …
Je pense que les gens des villes veulent qu’on
disparaisse. Parce que en plus de faire faire des opérations aux
femmes, ils enlèvent les enfants. Ca fait quatre ans qu’ils ont
commencé. J’ai très peur. Ils pourraient m’enlever, moi aussi.
Alors, quand un policier nous aborde, Maman crie « KANO ! ». On
fait croire que c’est le prénom de Papa, mais en fait, c’est le
code qui dit qu’il faut que je me cache.
Alors, quand après le
repas, j’ai entendu « KANO ! », j’ai sursauté, avec la peur au
ventre, comme à chaque fois. Je me suis cachée très vite dans le
double fond de l’armoire, et je suis restée là en attendant que
les policiers partent.
Sauf que ça fait au moins une
demi-heure qu’ils sont là, et ils ne sont toujours pas repartis.
Au delà de mes jambes qui fatiguent et du froid, j’ai très peur.
Jamais les policiers ne sont restés aussi longtemps. Des larmes
coulent sur mon visage. S’ils m’attrapent, ça sera la famille
d’accueil - une famille qui me traitera comme un chien - au mieux,
l’hôpital psychiatrique au pire … Je ne veux pas finir ma vie le
cerveau détruit par les chocs électriques ! Et en plus, je ne
pourrais plus revoir Maman et Papa … Je serre les dents pour
qu’elles ne claquent pas. Je ne dois pas faire de bruit. L’angoisse
me donne envie de vomir.
Et si les policiers avaient trouvé
quelque chose ? Je les entends qui s’approchent de mon armoire.
J’ai envie de crier. De leur dire de s’en aller, de me laisser
tranquille. Mais bien sûr, je ne peux pas. Je peux juste attendre.
Et entendre.
« Je suis sur qu’un enfant se cache par ici,
marmonne une voix. Vous avez vu la tête des nomades ?
– Oui,
et on l’aura, répond une autre. On ne sera pas virés, ne vous en
faîtes pas. »
Je ne peux pas retenir un sanglot. Le silence qui
suit me crée une boule dans le ventre. Et si je m’étais trahie ?
Mon Dieu, faites qu’ils ne m’aient pas entendue !
Finalement,
je les entends se diriger vers l’opposé de ma cachette, et je me
mets à respirer. Ils vident les caisses, jettent les habits.
J’entends même la petite porcelaine que nous aimons tant et que
nous rangeons soigneusement se briser.
Ils reviennent vers
l’armoire et vident son contenu. Je les entends toquer contre le
faux fond.
« C’est creux … »
On va me trouver. Je suis
perdue. Je vais finir ma vie loin de mes parents, avec des gens qui
ne m’aimeront pas.
« Comment est-ce qu’on démonte ça ? »
Je
ne peux rien faire. La protection est aussi un piège.
« Ah, ça
y est ! »
La lumière pénètre dans le double fond et m’éblouit.
Je ne vois plus rien.
« C’est une gamine ! »
Une main
m’attrape et me force à sortir. Je sens les gros doigts rugueux
m’entravant le bras. Mon genou se cogne à une planche. J’éclate
en sanglots.
« MAMAN ! »
Margaux1999- Date d'inscription : 01/06/2011
Age : 25
Localisation : Poudlard.
Re: La roulotte
Salut.
Je trouve que tu écris très bien et j'espère que tu continueras.
J'aime bien ton style d'écriture.
A+
Je trouve que tu écris très bien et j'espère que tu continueras.
J'aime bien ton style d'écriture.
A+
aaaze- Date d'inscription : 14/02/2013
Age : 39
Localisation : en France
Re: La roulotte
Salut, merci. Au début c'était juste une nouvelle, mais j'ai eu plein d'idées pour la suite, donc du coup je vais essayer d'en faire un roman. :')
Margaux1999- Date d'inscription : 01/06/2011
Age : 25
Localisation : Poudlard.
Re: La roulotte
Il y a bien longtemps que je ne suis venu sur ce forum. (6 mois en milieu hospitalier) et je trouve que Margaux a fait d'énormes progrès (ou s'est trouvé un bon coach)
Mais continue comme ça. C'est plaisant, simple et intéressant.
Mais continue comme ça. C'est plaisant, simple et intéressant.
Re: La roulotte
bon retour Jafou
et margaux, je trouve en effet que ton style à évolué. j'aime beaucoup... la suite !!!!
et margaux, je trouve en effet que ton style à évolué. j'aime beaucoup... la suite !!!!
moustika- Date d'inscription : 08/04/2012
Age : 36
Localisation : sarthe
Re: La roulotte
Bonjour tout le monde merci pour vos compliments.
Non Jafou je ne me suis pas trouvé un coach ( Trop cher!!)
Non Jafou je ne me suis pas trouvé un coach ( Trop cher!!)
Margaux1999- Date d'inscription : 01/06/2011
Age : 25
Localisation : Poudlard.
Re: La roulotte
J'aime bien, c'est bien écris et bien dit, mais je suis sûr que tu n'es pas au maximum de tes possibilités, que tu peux faire mieux =D !
Re: La roulotte
Merci Ans, --'
Margaux1999- Date d'inscription : 01/06/2011
Age : 25
Localisation : Poudlard.
Re: La roulotte
Euh, excuse mon frère Margaux il dit toujours ce qu'il pense. Et il le dit bien trop rudement, je trouve que c'est bien écrit et que cela pourrai faire une belle histoire !
Re: La roulotte
(attention aux répétitions du verbe "faire"). Une histoire très bien menée, bien écrite, documentée, et avec du suspens en plus; que dire, sinon "donne la suite !"
(et bon retour, Jafou).
(et bon retour, Jafou).
Re: La roulotte
Ans, j'aime bien avoir des avis, c'est juste que c'est une nouvelle que j'ai fais à l'arrache donc c'est sur que je ne suis pas à mon maximum. Merci à vous deux Emera et Alissa.
Margaux1999- Date d'inscription : 01/06/2011
Age : 25
Localisation : Poudlard.
Re: La roulotte
Comme l'on fait remarquer les autres juste au dessus, tu écris bien et ton texte est facile à lire.
Malicie- Date d'inscription : 07/06/2013
Age : 30
Localisation : 81
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