Montmartre 1887
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Montmartre 1887
Après avoir passé deux ans et demi en compagnie de Mme la duchesse Albine Auteuil de Plassiras, artiste malade et adorée du Montmartre décadent, après avoir longuement côtoyé son histoire et même mis le nez dans son journal intime, paru ce mois de février, je me suis dit qu'il était temps d'aller faire un tour du côté du boulevard Rochechouart où elle avait vécu ses plus beaux jours.
Ce qui s'appelait autrefois le Chat Noir, ce cabaret mythique, insolent, scandaleux, qui avait fait frémir tous les honnêtes Parisiens de l' ère fin-de-siècle, n'est plus qu'une pharmacie perdue au milieu des logements et boutiques souvenirs. Rien, pas une indication, pas une plaque. Que sont devenus les baroqueries de Salis, le piano de Rollinat, les ombres chinoises, les verres d'absinthe et les cocottes en fard ? Plus rien. En voyant cet immeuble tout bête, flambant de stupidité et de modernité, je me suis souvenue d'Albine terminant ses pièces dans un coin obscur de l'inquiétant Institut, cigare aux lèvres et verre d'hypocras à la main, et j'ai un pincement au cœur.
Tout ça a dû sortir de mon imagination. Ni la fenêtre, ni Albine et ces cigares, ni les poèmes orgiaques n'ont existé. Il fallait se résigner. Puis, au moment de partir, j'ai levé la tête et j'ai vu, tout en haut, une petite fenêtre. Une petite fenêtre blanche rayée de barreaux blancs; Tout à coup, la certitude. 126 ans plus tôt, en 1887, même heure même endroit, il y avait une femme derrière cette fenêtre.
Silencieuse, elle regardait passer les gens et méditait un poème, cigare au coin des lèvres, brûlant.
Ce qui s'appelait autrefois le Chat Noir, ce cabaret mythique, insolent, scandaleux, qui avait fait frémir tous les honnêtes Parisiens de l' ère fin-de-siècle, n'est plus qu'une pharmacie perdue au milieu des logements et boutiques souvenirs. Rien, pas une indication, pas une plaque. Que sont devenus les baroqueries de Salis, le piano de Rollinat, les ombres chinoises, les verres d'absinthe et les cocottes en fard ? Plus rien. En voyant cet immeuble tout bête, flambant de stupidité et de modernité, je me suis souvenue d'Albine terminant ses pièces dans un coin obscur de l'inquiétant Institut, cigare aux lèvres et verre d'hypocras à la main, et j'ai un pincement au cœur.
Tout ça a dû sortir de mon imagination. Ni la fenêtre, ni Albine et ces cigares, ni les poèmes orgiaques n'ont existé. Il fallait se résigner. Puis, au moment de partir, j'ai levé la tête et j'ai vu, tout en haut, une petite fenêtre. Une petite fenêtre blanche rayée de barreaux blancs; Tout à coup, la certitude. 126 ans plus tôt, en 1887, même heure même endroit, il y avait une femme derrière cette fenêtre.
Silencieuse, elle regardait passer les gens et méditait un poème, cigare au coin des lèvres, brûlant.
Re: Montmartre 1887
...
Ce que tu soulignes là me laisse perplexe et nostalgique. Le Paris d'aujourd'hui ne me plaît pas justement pour ça : où est passé le Paris d'antan, décadent et libre? Aujourd'hui, je ne vois que des rues bétonnées, des immeubles crasseux et remplis de graffiti, des jeunes qui s'agressent mutuellement en se disant bonjour... trop de monde, trop de voitures, trop de tout. Sauf de ce qui nous manque. Quand je te lis, je retrouve ce Paris qui m'intéresse, ce Paris d'alors, que j'aurais vraiment voulu connaître. Mais ta vision magnifique se confronte à la réalité, et ça me met dans un drôle d'état. Tu as le pouvoir, avec tes mots, de faire revivre un mythe vieux de plus d'un siècle, qui fascine tout autant qu'il attire. Alors je te dis merci. Je suis heureuse de pouvoir, grâce à toi, replonger avec plaisir dans ces visions nostalgiques.
Ce que tu soulignes là me laisse perplexe et nostalgique. Le Paris d'aujourd'hui ne me plaît pas justement pour ça : où est passé le Paris d'antan, décadent et libre? Aujourd'hui, je ne vois que des rues bétonnées, des immeubles crasseux et remplis de graffiti, des jeunes qui s'agressent mutuellement en se disant bonjour... trop de monde, trop de voitures, trop de tout. Sauf de ce qui nous manque. Quand je te lis, je retrouve ce Paris qui m'intéresse, ce Paris d'alors, que j'aurais vraiment voulu connaître. Mais ta vision magnifique se confronte à la réalité, et ça me met dans un drôle d'état. Tu as le pouvoir, avec tes mots, de faire revivre un mythe vieux de plus d'un siècle, qui fascine tout autant qu'il attire. Alors je te dis merci. Je suis heureuse de pouvoir, grâce à toi, replonger avec plaisir dans ces visions nostalgiques.
Re: Montmartre 1887
Ton commentaire me fait doublement plaisir, d'abord parce que le texte t'a plus, et surtout parce que je voie que j'ai réussi à faire passer ce que je voulais. Sans doute, toi qui connait bien Paris, es-tu plus apte à comprendre cette sensation qu'un lecteur lambda. Mais en te lisant, je constate que nous sommes exactement sur la même longueur d'onde.
Je n'avais jamais pris le métro de ma vie, c'est vraiment gore, il n'y a pas d'autre mot. Tous ces gens qui tirent la tronche sous terre, marchent comme des robots et se bousculent dans le noir... C'est affreux. Il n'y a que les SDF qui ont l'air humain. J'ai été surprise de voir à quel point les Parisiens sont indifférents envers le monde qui les entoure. Pas un regard pour les SDF; alors que chez moi il y a toujours quelqu'un pour parler avec eux un moment ou leur donner une pièce. Je comprends que ce ne soit pas facile de venir vers eux quand on est une femme seule- je suis la première à avoir un peu peur-, mais quand on est en groupe, quand même ! Idem, sur deux quartier, nous n'avons trouvé qu'un sympathique monsieur pour nous renseigner sur notre périple.
Montmartre, c'est vraiment un monde à part. C'est vraiment le Paris romantique dont rêvent tous les provinciaux; j'ai adoré ce voyage. Il y a une ambiance particulière, un peu campagnarde, qui rappelle les villages médiévaux. Je suis heureuse si par mes mots je suis parvenue à retranscrire cette ambiance. D'ailleurs, si on trouve un moment commun pendant les vacances, je serais ravie d'y aller avec toi.
Je n'avais jamais pris le métro de ma vie, c'est vraiment gore, il n'y a pas d'autre mot. Tous ces gens qui tirent la tronche sous terre, marchent comme des robots et se bousculent dans le noir... C'est affreux. Il n'y a que les SDF qui ont l'air humain. J'ai été surprise de voir à quel point les Parisiens sont indifférents envers le monde qui les entoure. Pas un regard pour les SDF; alors que chez moi il y a toujours quelqu'un pour parler avec eux un moment ou leur donner une pièce. Je comprends que ce ne soit pas facile de venir vers eux quand on est une femme seule- je suis la première à avoir un peu peur-, mais quand on est en groupe, quand même ! Idem, sur deux quartier, nous n'avons trouvé qu'un sympathique monsieur pour nous renseigner sur notre périple.
Montmartre, c'est vraiment un monde à part. C'est vraiment le Paris romantique dont rêvent tous les provinciaux; j'ai adoré ce voyage. Il y a une ambiance particulière, un peu campagnarde, qui rappelle les villages médiévaux. Je suis heureuse si par mes mots je suis parvenue à retranscrire cette ambiance. D'ailleurs, si on trouve un moment commun pendant les vacances, je serais ravie d'y aller avec toi.
Re: Montmartre 1887
Oula, je vis près de Paris, mais je ne connais pas bien Paris. Faut dire que le Paris d'aujourd'hui ne me plaît que moyennement (ou pas du tout...).
Le problème du métro, ce n'est pas forcément que les gens tirent la tronche, mais il n'y a aucun partage. Je le fais moi-même, donc aucune critique. Mais les gens sont là pour aller d'un point A à un point B, et ils ne veulent pas qu'on les dérange. Ils se coupent des autres. Même ceux qui n'ont ni livre ni musique sont plongés dans leurs pensées.
Après, les Parisiens sont indifférents envers les SDF, mais pas tous. Par exemple, tous les matins, je prend le RER, et à Auber, il y en a un qui est très poli. Tous les jours, je constate que des gens (toujours différents) s'arrêtent pour lui parler, le soutenir. Ils lui prennent la main, sourient, lui parlent pendant de longues minutes. Mais j'avoue que c'est le seul avec qui je vois ça. C'est touchant, mais on se dit que c'est dommage pour les autres. Le problème, c'est que les autres SDF ne sont pas toujours accessibles. Certains sont agressifs, d'autres perturbés...
Alors, concernant Paris même, et la populace, en général, les gens qui sont ouverts au dialogue sont justement les provinciaux ou les étrangers... qui ne peuvent pas forcément te renseigner sur l'itinéraire à prendre, parce qu'ils sont eux-mêmes en visite. Les Parisiens sont foncièrement chiants et mesquins. Les pires : les Parisiens des quartiers bourges. Si tu ne collent pas à leur protocole, ils te dévisagent bizarrement.
Je ne suis jamais allée à Montmartre. Voilà pourquoi traîner avec toi dans Paris pourrait être intéressant ^^ Je serais aussi ravie d'y aller avec toi, tu pourrais me faire redécouvrir ce Paris qui plaît tant aux provinciaux et aux étrangers. Car j'ai perdu un peu la splendeur parisienne.
Le problème du métro, ce n'est pas forcément que les gens tirent la tronche, mais il n'y a aucun partage. Je le fais moi-même, donc aucune critique. Mais les gens sont là pour aller d'un point A à un point B, et ils ne veulent pas qu'on les dérange. Ils se coupent des autres. Même ceux qui n'ont ni livre ni musique sont plongés dans leurs pensées.
Après, les Parisiens sont indifférents envers les SDF, mais pas tous. Par exemple, tous les matins, je prend le RER, et à Auber, il y en a un qui est très poli. Tous les jours, je constate que des gens (toujours différents) s'arrêtent pour lui parler, le soutenir. Ils lui prennent la main, sourient, lui parlent pendant de longues minutes. Mais j'avoue que c'est le seul avec qui je vois ça. C'est touchant, mais on se dit que c'est dommage pour les autres. Le problème, c'est que les autres SDF ne sont pas toujours accessibles. Certains sont agressifs, d'autres perturbés...
Alors, concernant Paris même, et la populace, en général, les gens qui sont ouverts au dialogue sont justement les provinciaux ou les étrangers... qui ne peuvent pas forcément te renseigner sur l'itinéraire à prendre, parce qu'ils sont eux-mêmes en visite. Les Parisiens sont foncièrement chiants et mesquins. Les pires : les Parisiens des quartiers bourges. Si tu ne collent pas à leur protocole, ils te dévisagent bizarrement.
Je ne suis jamais allée à Montmartre. Voilà pourquoi traîner avec toi dans Paris pourrait être intéressant ^^ Je serais aussi ravie d'y aller avec toi, tu pourrais me faire redécouvrir ce Paris qui plaît tant aux provinciaux et aux étrangers. Car j'ai perdu un peu la splendeur parisienne.
Re: Montmartre 1887
En vivant dans une grande ville on doit s'habituer à un certain rythme de vie. C'est comme à la campagne, j'ai l'impression qu'on est tous curieux.^^ Là c'est le problème inverse.
C'est une agréable surprise que des gens s'arrêtent pour parler à un SDF en île-de-France. Et c'est sûr, comme il y a pas mal de toxicomanie ou autre chez les SDF, ça engage pas au dialogue... Mais j'avoue que j'ai rarement vu des gens aussi indifférents.
ça, j'ai remarqué que les provinciaux et les étrangers étaient les seuls gens sympathiques, et qu'ils étaient incapables de renseigner aussi ! Après on a trouvé un monsieur gentil à Montmartre, mais là-bas c'est une autre ambiance. ça fait très provincial.
Mon Dieu, les Parisiens des quartiers bourges !!! Baaah ! ( ça serait drôle d'aller faire un tour au XVI eme en bottes de paysanne, tiens).
Tu verras, Montmartre, c'est très dépaysant. Même pour une Parisienne, je pense, si tu n'y es jamais allée. J'ai bien réfléchi, après le Chat Noir, plutôt que d'aller s'enterrer dans les musées, j'irais bien boire un verre au Divan Japonais et faire un tour au sacré cœur. Il faudrait voir quels sont les cabarets les plus abordables, peut-être qu'il y a possibilité d'en faire plusieurs. Dis-moi si des idées te viennent !
C'est une agréable surprise que des gens s'arrêtent pour parler à un SDF en île-de-France. Et c'est sûr, comme il y a pas mal de toxicomanie ou autre chez les SDF, ça engage pas au dialogue... Mais j'avoue que j'ai rarement vu des gens aussi indifférents.
ça, j'ai remarqué que les provinciaux et les étrangers étaient les seuls gens sympathiques, et qu'ils étaient incapables de renseigner aussi ! Après on a trouvé un monsieur gentil à Montmartre, mais là-bas c'est une autre ambiance. ça fait très provincial.
Mon Dieu, les Parisiens des quartiers bourges !!! Baaah ! ( ça serait drôle d'aller faire un tour au XVI eme en bottes de paysanne, tiens).
Tu verras, Montmartre, c'est très dépaysant. Même pour une Parisienne, je pense, si tu n'y es jamais allée. J'ai bien réfléchi, après le Chat Noir, plutôt que d'aller s'enterrer dans les musées, j'irais bien boire un verre au Divan Japonais et faire un tour au sacré cœur. Il faudrait voir quels sont les cabarets les plus abordables, peut-être qu'il y a possibilité d'en faire plusieurs. Dis-moi si des idées te viennent !
Re: Montmartre 1887
Pour les idées, tu en as de meilleures que moi, à ce que je vois!
Alors, franchement, je suis toute dispo à te suivre dans n'importe quel cabaret. Je suis sûre que tu sauras me surprendre, toi, la petite provinciale ^^ Je ne suis pas parisienne dans l'âme, ce qui explique peut être pourquoi je connais si mal la ville. Je préfère de loin me terrer dans des endroits plus... aérés. Avec un vrai paysage, de la verdure, pourquoi pas une rivière. Enfin bref, pas Paris, donc. C'est pourquoi, redécouvrir le Paris qui fait tant rêver les étrangers me convient bien.
Alors, si tu es de passage entre le 10 et le 15 août, je serais sûrement encore sur Paris! Fais moi signe! Je comptais partir dans le Sud vers le 15, 16 août. J'ai hâte d'y être, j'ai enfin envie de voir cette fameuse Alissa qui m'a tant apporté, même virtuellement!
Alors, franchement, je suis toute dispo à te suivre dans n'importe quel cabaret. Je suis sûre que tu sauras me surprendre, toi, la petite provinciale ^^ Je ne suis pas parisienne dans l'âme, ce qui explique peut être pourquoi je connais si mal la ville. Je préfère de loin me terrer dans des endroits plus... aérés. Avec un vrai paysage, de la verdure, pourquoi pas une rivière. Enfin bref, pas Paris, donc. C'est pourquoi, redécouvrir le Paris qui fait tant rêver les étrangers me convient bien.
Alors, si tu es de passage entre le 10 et le 15 août, je serais sûrement encore sur Paris! Fais moi signe! Je comptais partir dans le Sud vers le 15, 16 août. J'ai hâte d'y être, j'ai enfin envie de voir cette fameuse Alissa qui m'a tant apporté, même virtuellement!
Re: Montmartre 1887
Et oui, vient dans le 16e en botte de campagnarde!! Déjà, quand j'y vais en pantalon de danse, on me dévisage...
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