Vivre? Ou avoir vécu?
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Vivre? Ou avoir vécu?
J'ai regardé un reportage sur une maison de retraite en Italie, fondée par Verdi, et qui accueille des anciens chanteurs, chanteuses et musiciens d'opéra. J'ai entendu une cantarice très âgée dire qu'elle faisait des patiences pour passer le temps, ce temps dont il ne lui reste presque plus! Même quand la mort est à notre porte, nous sommes si endormis que nous faisons encore passer le temps!
Certains pensionnaires avaient plaisir à feuilleter des albums dans lesquels étaient collées des photos et des coupures de journaux les concernant, ou se rapportant aux spectacles auxquels ils avaient pris part des décennies plus tôt. Je suis toujours émue quand je découvre les photos de jeunesse d'une personne âgée. La vie n'a presque jamais tenu ses promesses...
Ces vieux artistes se réunissent chaque jour par plaisir pour faire de la musique entre eux. Ils chantent ensemble les choeurs d'opéra célèbres qui ont fait partie de leur répertoire. Leurs visages changent alors. Eux qui étaient quelques minutes auparavant des gens qui "avaient vécu" se transforment en personnes qui vivent.
Celui qui danse, qui chante, qui joue d'un instrument est dans le présent. Il ne peut plus être au sommet de son art s'il se laisse emporté par ses pensées, s'il accepte que des images issues de sa mémoire ou de ses attentes viennent capturer son attention. Il en est de même du sportif qui participe à un match ou une compétion. Ces gens sont dans un état comparable à celui du méditant qui plonge dans le silence intérieur afin d'être intensément dans le maintenant.
Un très vieux violoniste a joué un morceau que j'aime beaucoup mais dont j'ignore le titre et le compositeur. J'ai fermé les yeux, emportée par la beauté de la mélodie et la qualité du jeu. A cet instant précis l'interprête n'avait plus d'âge, plus d'histoire, plus de nom ni de visage. Jamais encore je n'avais pleuré en écoutant de la musique!
J'ai vécu... ou je vis? Trop de gens m'ennuient avec leur passé avec lequel ils se confondent. Seul le présent autorise une vraie rencontre.
Certains pensionnaires avaient plaisir à feuilleter des albums dans lesquels étaient collées des photos et des coupures de journaux les concernant, ou se rapportant aux spectacles auxquels ils avaient pris part des décennies plus tôt. Je suis toujours émue quand je découvre les photos de jeunesse d'une personne âgée. La vie n'a presque jamais tenu ses promesses...
Ces vieux artistes se réunissent chaque jour par plaisir pour faire de la musique entre eux. Ils chantent ensemble les choeurs d'opéra célèbres qui ont fait partie de leur répertoire. Leurs visages changent alors. Eux qui étaient quelques minutes auparavant des gens qui "avaient vécu" se transforment en personnes qui vivent.
Celui qui danse, qui chante, qui joue d'un instrument est dans le présent. Il ne peut plus être au sommet de son art s'il se laisse emporté par ses pensées, s'il accepte que des images issues de sa mémoire ou de ses attentes viennent capturer son attention. Il en est de même du sportif qui participe à un match ou une compétion. Ces gens sont dans un état comparable à celui du méditant qui plonge dans le silence intérieur afin d'être intensément dans le maintenant.
Un très vieux violoniste a joué un morceau que j'aime beaucoup mais dont j'ignore le titre et le compositeur. J'ai fermé les yeux, emportée par la beauté de la mélodie et la qualité du jeu. A cet instant précis l'interprête n'avait plus d'âge, plus d'histoire, plus de nom ni de visage. Jamais encore je n'avais pleuré en écoutant de la musique!
J'ai vécu... ou je vis? Trop de gens m'ennuient avec leur passé avec lequel ils se confondent. Seul le présent autorise une vraie rencontre.
Dernière édition par Amiedetous le Dim 6 Jan - 9:26, édité 1 fois
Amiedetous- Date d'inscription : 28/06/2012
Re: Vivre? Ou avoir vécu?
Tout d'abord, bonjour et bienvenu (je ne crois pas avoir eu l'occasion de te souhaiter la bienvenu ^^)
Ce texte est écrit avec simplicité, mais il est très juste. J'ai l'impression que les mots ont été choisi par le cœur, non pour leur sonorité ou pour leur justesse, juste par le cœur, c'est ce qui fait le charme de cet essai sur le temps qui passe, mais surtout et essentiellement, sur le temps qui EST.
Un temps que beaucoup oublie, entre ceux qui vivent dans le passé en ne se souciant plus de ce qui est et sera, qui s'enfouissent dans la mélancolie et la peine, et ceux, plus terribles encore - peut-être - qui vivent dans le futur en oubliant tout ce qu'ils avaient, et tout ce qu'ils ont à l'instant présent. C'est en cela que ce texte touche juste : le présent.
Et quoi de mieux que l'art pour donner toute sa force à une personne. Il est merveilleux pour ces sportifs, pour ces musiciens, pour tous ces gens si particuliers, de vivre cela, mais aussi de le faire vivre aux autres, car leur instant T se propage, s'anime, se dilate et capture les spectateurs pour les rendre vrais.
Cependant, nous aussi, nous vivons à l'instant. Lorsque nous écrivons, nous vivons cet instant T comme le peintre, comme le chanteur... comme tous ces artistes connus ou non. Une vibration, un mot, une pulsion, nous ressentons tout et nous le vivons. Mais je trouve, personnellement, qu'il est dure pour nous de ne pas donner cela aux autres, nous ne leur donnons pas la sensation de vivre, mais nous leur donnons la sensation de disparaître, de s'oublier. Autre art, mais qui agi d'une autre manière.
Je trouve que ton texte prend tout son sens dans les trois derniers paragraphes, et j'ai même eu l'impression que tu accélérais le rythme pour en venir à cette terrible conclusion : l'homme qui ne vit pas à l'instant T n'est pas un homme, mais une illusion du futur, ou une projection du passé, qui ne vit jamais...
Très bel essai.
Ce texte est écrit avec simplicité, mais il est très juste. J'ai l'impression que les mots ont été choisi par le cœur, non pour leur sonorité ou pour leur justesse, juste par le cœur, c'est ce qui fait le charme de cet essai sur le temps qui passe, mais surtout et essentiellement, sur le temps qui EST.
Un temps que beaucoup oublie, entre ceux qui vivent dans le passé en ne se souciant plus de ce qui est et sera, qui s'enfouissent dans la mélancolie et la peine, et ceux, plus terribles encore - peut-être - qui vivent dans le futur en oubliant tout ce qu'ils avaient, et tout ce qu'ils ont à l'instant présent. C'est en cela que ce texte touche juste : le présent.
Et quoi de mieux que l'art pour donner toute sa force à une personne. Il est merveilleux pour ces sportifs, pour ces musiciens, pour tous ces gens si particuliers, de vivre cela, mais aussi de le faire vivre aux autres, car leur instant T se propage, s'anime, se dilate et capture les spectateurs pour les rendre vrais.
Cependant, nous aussi, nous vivons à l'instant. Lorsque nous écrivons, nous vivons cet instant T comme le peintre, comme le chanteur... comme tous ces artistes connus ou non. Une vibration, un mot, une pulsion, nous ressentons tout et nous le vivons. Mais je trouve, personnellement, qu'il est dure pour nous de ne pas donner cela aux autres, nous ne leur donnons pas la sensation de vivre, mais nous leur donnons la sensation de disparaître, de s'oublier. Autre art, mais qui agi d'une autre manière.
Je trouve que ton texte prend tout son sens dans les trois derniers paragraphes, et j'ai même eu l'impression que tu accélérais le rythme pour en venir à cette terrible conclusion : l'homme qui ne vit pas à l'instant T n'est pas un homme, mais une illusion du futur, ou une projection du passé, qui ne vit jamais...
Très bel essai.
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