L'art et la folie...
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L'art et la folie...
Je vis hors de ce monde, et pourtant je m'y construit, fils des plus grands, êtres connaissant et fabuleux qui s'adaptent à mon esprit si faible et incohérent. La menace intérieure qu'est cette force semble incroyable : omniprésence salutaire d'un être fou. Salutaire, car folie suppose raison et que l'écrivain le plus inventif est celui qui a le plus de folie en son cœur. J'imagine que mon cœur est fou, et que cette folie appèlera d'autres fous, inconcevables petits esprits de la littérature. Cette force est également une menace, car trop grande, voire supérieure à moi. J'illumine encore de rayons affolés les visages de ceux qui ne s'y connaissent pas. Ceux qui connaissent les "petits trucs" ne se laissent pas berner, heureusement pour eux.
Je me demande s'il faut plus de folie que de raison à l'écrivain. Après tout je ne vois en ces personnes que de tendres fous ainsi que de grands sages. C'est le principe même du sage que d'être fou j'imagine. Ou alors c'est simplement ce que je suis, moi le fou, eux les sages. Peut-être faut-il chez les écrivains des bouffons comme des gourous. Que l'un soit maître, que les autres ne soient que des êtres qui ne font que suivre des envies peu importantes. Propre de l'un, propre de l'autre, l'un est forcément plus exemplaire.
J'utilise la folie comme une image éternelle, et cette image semble à jamais correspondre à ce que je suis moi-même. Si je suis fou, mes personnages ne le seront-ils pas à jamais ? Peu importe que je sois l'un ou l'autre, sage ou fou, je ne vaux que ce que le temps fera de moi. Sans mentir, l'auteur doit vivre hors de son époque, en dégoûtant et rejetant ceux qui lisent, ceux qui croient obtenir un peu de connaissance et qui finalement ne verront qu'un ver dans une pomme... terrible méprise du cœur d'un homme. Moi je ne vais certainement vivre que dans une ère du temps, sans choquer, sans surprendre, juste en montrant ce qui est. Juste un rapide coup d'œil sur les écrits fous qui font de moi l'imposteur de l'art, et on saura que je ne suis qu'un pauvre marginal. Un hors-la-loi écrivant pour la simple raison qu'il lui faut écrire : ni passion, ni passe-temps, mais véritable besoin qui fait de lui ce qu'il est.
Ah ! J'aimerai illuminer de mon art la moitié de la société, qui apprendrait que le cœur et l'esprit sont si importants. Quoi ! Butor écrivait dans un train La Modification, moi dans un train également, je n'écris que Ma déréliction. Je ne prétends pas avoir adoré La Modification, mais je reconnais sa force impitoyable sur le lecteur, le modifiant à jamais quoi qu'il en dise. Ma déréliction, je suis forcé de constater qu'elle n'intéressera jamais l'art : elle n'est que celle d'un pauvre homme ravi par l'image de la folie. Son écriture, à cet homme, ne révélant tranquillement que sa propre fissure ; chimères de la pensée, croquemitaine de l'âme...
Je suis homme, je suis folie, je suis l'écrivain compris si facilement.
Pourtant, lecteur forcené des horreurs et bonheurs de la littérature, je ne constate rien de plus que la mort d'une société. Verbalement parlant, cela est stupide. Alors que les hommes devraient guider la société, c'est la société qui les guide. L'homme n'est que l'art qu'il délivre, si l'art n'est plus qu'un monticule de poussière, alors la société copie ce que les hommes aiment lire...
A mes yeux, l'art est une part de folie, sans la folie, l'art n'est plus ce qu'il est.
A cette heure, pauvres arts... ils ne sont que notre image.
Je me demande s'il faut plus de folie que de raison à l'écrivain. Après tout je ne vois en ces personnes que de tendres fous ainsi que de grands sages. C'est le principe même du sage que d'être fou j'imagine. Ou alors c'est simplement ce que je suis, moi le fou, eux les sages. Peut-être faut-il chez les écrivains des bouffons comme des gourous. Que l'un soit maître, que les autres ne soient que des êtres qui ne font que suivre des envies peu importantes. Propre de l'un, propre de l'autre, l'un est forcément plus exemplaire.
J'utilise la folie comme une image éternelle, et cette image semble à jamais correspondre à ce que je suis moi-même. Si je suis fou, mes personnages ne le seront-ils pas à jamais ? Peu importe que je sois l'un ou l'autre, sage ou fou, je ne vaux que ce que le temps fera de moi. Sans mentir, l'auteur doit vivre hors de son époque, en dégoûtant et rejetant ceux qui lisent, ceux qui croient obtenir un peu de connaissance et qui finalement ne verront qu'un ver dans une pomme... terrible méprise du cœur d'un homme. Moi je ne vais certainement vivre que dans une ère du temps, sans choquer, sans surprendre, juste en montrant ce qui est. Juste un rapide coup d'œil sur les écrits fous qui font de moi l'imposteur de l'art, et on saura que je ne suis qu'un pauvre marginal. Un hors-la-loi écrivant pour la simple raison qu'il lui faut écrire : ni passion, ni passe-temps, mais véritable besoin qui fait de lui ce qu'il est.
Ah ! J'aimerai illuminer de mon art la moitié de la société, qui apprendrait que le cœur et l'esprit sont si importants. Quoi ! Butor écrivait dans un train La Modification, moi dans un train également, je n'écris que Ma déréliction. Je ne prétends pas avoir adoré La Modification, mais je reconnais sa force impitoyable sur le lecteur, le modifiant à jamais quoi qu'il en dise. Ma déréliction, je suis forcé de constater qu'elle n'intéressera jamais l'art : elle n'est que celle d'un pauvre homme ravi par l'image de la folie. Son écriture, à cet homme, ne révélant tranquillement que sa propre fissure ; chimères de la pensée, croquemitaine de l'âme...
Je suis homme, je suis folie, je suis l'écrivain compris si facilement.
Pourtant, lecteur forcené des horreurs et bonheurs de la littérature, je ne constate rien de plus que la mort d'une société. Verbalement parlant, cela est stupide. Alors que les hommes devraient guider la société, c'est la société qui les guide. L'homme n'est que l'art qu'il délivre, si l'art n'est plus qu'un monticule de poussière, alors la société copie ce que les hommes aiment lire...
A mes yeux, l'art est une part de folie, sans la folie, l'art n'est plus ce qu'il est.
A cette heure, pauvres arts... ils ne sont que notre image.
Dernière édition par Le sombre minuit le Ven 20 Jan - 0:30, édité 1 fois
Re: L'art et la folie...
ouhaou ! Tu écris au kilomètre ?
C'est un vrai voyage dans un esprit tourmenté que tu nous offres (généreusement).
Ça me fais penser un peu à du Burton (je ne sais vraiment pas pourquoi et ne le prend surtout pas mal je suis fan des Burton's des premières heures).
C'est un vrai voyage dans un esprit tourmenté que tu nous offres (généreusement).
Ça me fais penser un peu à du Burton (je ne sais vraiment pas pourquoi et ne le prend surtout pas mal je suis fan des Burton's des premières heures).
Re: L'art et la folie...
Bonsoir,
quand tu dis que j'écris au kilomètre, qu'entends-tu donc par là ? (Si souvent tu écris des choses sans les préciser, si tu fais souvent cela dans tes écrits, apprends à chaque fois à te poser la question, pour savoir si tu réponds correctement et clairement...)
Burton ? Tu veux dire, les premiers Burton, quand tu dis que cela concerne "les Burton's des premières heures." ?
quand tu dis que j'écris au kilomètre, qu'entends-tu donc par là ? (Si souvent tu écris des choses sans les préciser, si tu fais souvent cela dans tes écrits, apprends à chaque fois à te poser la question, pour savoir si tu réponds correctement et clairement...)
Burton ? Tu veux dire, les premiers Burton, quand tu dis que cela concerne "les Burton's des premières heures." ?
Re: L'art et la folie...
Bonjour,
Ecrire au kilomètre est une expression du dictionnaire (tu m'as mis le doute alors j'ai vérifié) qui signifie "une écriture presque automatique sans réflexion ni mise en forme". Quand je te demande ça je sous-entend la (les) question(s) suivante(s) :
Quand tu commences à écrire, sais-tu ce que tu vas écrire ? As-tu une ligne d'idée ? Anticipes-tu la fin de ton texte ?
Je te pose cette question car je trouve ton écriture étonnamment (et agréablement) fluide.
Pour Burton : "Burton des premières heures" pour moi signifie l'époque où il ne faisait pas des films uniquement commerciaux (Vincent et la Triste fin du petit enfant huître me viennent surtout à l'esprit).
Voilà, désolée de ne pas avoir été précise dans mes questions, par la suite je ferai attention.
Ecrire au kilomètre est une expression du dictionnaire (tu m'as mis le doute alors j'ai vérifié) qui signifie "une écriture presque automatique sans réflexion ni mise en forme". Quand je te demande ça je sous-entend la (les) question(s) suivante(s) :
Quand tu commences à écrire, sais-tu ce que tu vas écrire ? As-tu une ligne d'idée ? Anticipes-tu la fin de ton texte ?
Je te pose cette question car je trouve ton écriture étonnamment (et agréablement) fluide.
Pour Burton : "Burton des premières heures" pour moi signifie l'époque où il ne faisait pas des films uniquement commerciaux (Vincent et la Triste fin du petit enfant huître me viennent surtout à l'esprit).
Voilà, désolée de ne pas avoir été précise dans mes questions, par la suite je ferai attention.
Re: L'art et la folie...
D'accord ! Excuse-moi pour l'expression, c'est moi qui aurait dû chercher.
En réalité, je n'aime pas vraiment l'écriture automatique, mais il apparaît que pour les essais, je suis souvent emporté dans ce que je dis. En revanche, je sais exactement de quoi je veux parler, comment je vais en parler, mise à part la fin, me venant au cours de l'écriture : je veux dire par là que je ne sais jamais vraiment quand est-ce que je vais terminer un essai.
Pour mes romans, je vais t'avouer que je pratique très peu l'écriture au kilomètre, je suis dans la réflexion, toujours, à chaque moment. J'essaie toujours de savoir si j'ai répondu à une question, si je n'ai pas quitté mon sujet. C'est un travail, au-delà d'un grand don qu'on m'a offert. Je sais toujours comment un roman va se terminer, je connais les évènements qui vont s'enchaîner, il ne me reste plus qu'à les relier, et ça, je le fais dans un plan, non au fil de la plume.
Tu trouves qu'elle est fluide, possible... je ne fais jamais attention à ce genre de détail dans ce que j'écris.
D'accord, je ne connais pas trop les anciens films de Burton, j'ai en tête Edward aux mains d'argent quand je pense au premier Burton que j'ai vu. Ou aussi Beetlejuice, qui m'a vraiment plu.
En réalité, je n'aime pas vraiment l'écriture automatique, mais il apparaît que pour les essais, je suis souvent emporté dans ce que je dis. En revanche, je sais exactement de quoi je veux parler, comment je vais en parler, mise à part la fin, me venant au cours de l'écriture : je veux dire par là que je ne sais jamais vraiment quand est-ce que je vais terminer un essai.
Pour mes romans, je vais t'avouer que je pratique très peu l'écriture au kilomètre, je suis dans la réflexion, toujours, à chaque moment. J'essaie toujours de savoir si j'ai répondu à une question, si je n'ai pas quitté mon sujet. C'est un travail, au-delà d'un grand don qu'on m'a offert. Je sais toujours comment un roman va se terminer, je connais les évènements qui vont s'enchaîner, il ne me reste plus qu'à les relier, et ça, je le fais dans un plan, non au fil de la plume.
Tu trouves qu'elle est fluide, possible... je ne fais jamais attention à ce genre de détail dans ce que j'écris.
D'accord, je ne connais pas trop les anciens films de Burton, j'ai en tête Edward aux mains d'argent quand je pense au premier Burton que j'ai vu. Ou aussi Beetlejuice, qui m'a vraiment plu.
Re: L'art et la folie...
c'est bien écrit mais il y a quelques points qui m'ont un peu choquée. Comme ça, par exemple:
Mis à part ça c'est fluide et bien construit, je trouve.
lol! Tu parles de toi-même ou tu utilises le je philosophique?Ah ! J'aimerai illuminer de mon art la moitié de la société, qui apprendrait que le cœur et l'esprit sont si importants
Mis à part ça c'est fluide et bien construit, je trouve.
Re: L'art et la folie...
C'est le "je" écrivain. Je pense que c'est ce "je" si important, qui permettrait à la littérature de se libérer de certaines de ses chaînes. Pas moi, mais autre chose, qui est au-dessus de nous.
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