(fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
Page 1 sur 1
(fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
Salut à tous!
Bon, ayant quelques heures de calme dans ma vie désormais chamboulée (non, ma femme n'a pas accouché de quadruplés, j'ai simplement retrouvé un travail... enfin pour l'instant), je me suis plongé en ce samedi après-midi dans l'écriture d'une nouvelle dont l'idée me trotte dans la tête depuis quelques jours. Ceux qui ont lu mes textes savent que je vire petit à petit du polar ("Maurice", "Le paquet" - ou "Le colis", je ne sais plus - par exemple) au fantastique ("Suzie" notamment). Eh bien cette fois, je mets les deux pieds dedans : c'est parti pour du fantastique pur et dur, enfin tel que je le conçois.
Il ne s'agit que du début (je posterai la suite dès qu'elle sera écrite)et pour tout dire du "premier jet", mais n'hésitez pas comme d'habitude à vous lâcher . Et pour cela, les commentaires se font ici --> (CLIC)
Bonne lecture à vous!
EDIT : il s'agit maintenant d'un texte légèrement retravaillé, et donc modifié par endroits )
Un soir comme les autres ou presque, car cela fait une dizaine de minutes que Thomas est assis sur l'abattant des WC, griffonnant avec nervosité sur son bloc-note. Cogito ergo sum, écrit-il, je pense donc je suis, et si je ne sais pas exactement ce que je suis, je sais au moins ce que je ne suis pas : fou. Il ferme les yeux pour répéter mentalement cette phrase, tentant de se convaincre de sa justesse malgré sa tournure alambiquée.
L'écriture reprend au bout de quelques secondes, vive et désordonnée, jusqu'à ce que la petite mine de graphite se brise. Thomas jure entre ses dents. Clic clic clic sur la gomme pour en faire descendre une nouvelle... qui casse quelques lettres plus tard, manquant de peu de déchirer le papier. Clic clic clic... Les mots s'alignent à nouveau dans un rythme plus régulier.
La lumière du couloir s'allume soudain et filtre sous la porte. Le souffle court, Thomas s'immobilise et regarde avec des yeux écarquillés de terreur l'ombre passer une première fois dans le mince espace, puis une seconde dans l'autre sens. Son chien ? Non, Bibo ne sait pas allumer la lumière et, surtout, ne fait pas ce bruit immonde de cœur qui pulse lorsqu'il se déplace.
L'ombre s'agrandit. Thomas s'accroupit sur la cuvette comme dans les films quand un méchant se penche pour voir sous la porte dans quel toilette s'est réfugiée la personne qu'il poursuit. Réflexe débile, pense-t-il, car personne ne peut voir par dessous cette porte-ci, même allongé sur le sol et l'oeil au ras du carrelage. Non, aucun humain, ni même son chien. Mais la créature qui est apparue à la fenêtre de la salle de bain, certainement.
Il ferme à nouveau les yeux, cette fois pour ne plus voir cette ombre alors que la poignée commence à tourner lentement. Il prie aussi, en silence. Lui qui s'est toujours vanté de ne croire en aucun dieu – ni en aucun démon ou créature venue d'un autre monde d'ailleurs – se découvre maintenant une ferveur sans limite.
Il visualise sur le noir de ses paupières closes le petit verrou de la porte. Trois centimètres... Sa vie ne tient plus qu'à trois centimètres d'un acier bon marché, autant dire un fil de soie pour la créature, même si elle n'est pas plus grande qu'un gamin de six ans.
Clonc... Le pêne vient de buter contre la minuscule gâche. Une première fois. Puis une deuxième. Et une troisième, une quatrième, de plus en plus vite, une cinquième sixième, septièmehuitièmeneuv...
Il s'arrête enfin. Thomas lui, pleure en silence. L'urine qui était encore quelques secondes auparavant dans sa vessie imbibe désormais son pantalon et goutte avec un petit bruit mat sur le plastique de l'abattant. Et il prie. Oh oui, il prie.
Bon, ayant quelques heures de calme dans ma vie désormais chamboulée (non, ma femme n'a pas accouché de quadruplés, j'ai simplement retrouvé un travail... enfin pour l'instant), je me suis plongé en ce samedi après-midi dans l'écriture d'une nouvelle dont l'idée me trotte dans la tête depuis quelques jours. Ceux qui ont lu mes textes savent que je vire petit à petit du polar ("Maurice", "Le paquet" - ou "Le colis", je ne sais plus - par exemple) au fantastique ("Suzie" notamment). Eh bien cette fois, je mets les deux pieds dedans : c'est parti pour du fantastique pur et dur, enfin tel que je le conçois.
Il ne s'agit que du début (je posterai la suite dès qu'elle sera écrite)et pour tout dire du "premier jet", mais n'hésitez pas comme d'habitude à vous lâcher . Et pour cela, les commentaires se font ici --> (CLIC)
Bonne lecture à vous!
EDIT : il s'agit maintenant d'un texte légèrement retravaillé, et donc modifié par endroits )
Un soir comme les autres ou presque, car cela fait une dizaine de minutes que Thomas est assis sur l'abattant des WC, griffonnant avec nervosité sur son bloc-note. Cogito ergo sum, écrit-il, je pense donc je suis, et si je ne sais pas exactement ce que je suis, je sais au moins ce que je ne suis pas : fou. Il ferme les yeux pour répéter mentalement cette phrase, tentant de se convaincre de sa justesse malgré sa tournure alambiquée.
L'écriture reprend au bout de quelques secondes, vive et désordonnée, jusqu'à ce que la petite mine de graphite se brise. Thomas jure entre ses dents. Clic clic clic sur la gomme pour en faire descendre une nouvelle... qui casse quelques lettres plus tard, manquant de peu de déchirer le papier. Clic clic clic... Les mots s'alignent à nouveau dans un rythme plus régulier.
La lumière du couloir s'allume soudain et filtre sous la porte. Le souffle court, Thomas s'immobilise et regarde avec des yeux écarquillés de terreur l'ombre passer une première fois dans le mince espace, puis une seconde dans l'autre sens. Son chien ? Non, Bibo ne sait pas allumer la lumière et, surtout, ne fait pas ce bruit immonde de cœur qui pulse lorsqu'il se déplace.
L'ombre s'agrandit. Thomas s'accroupit sur la cuvette comme dans les films quand un méchant se penche pour voir sous la porte dans quel toilette s'est réfugiée la personne qu'il poursuit. Réflexe débile, pense-t-il, car personne ne peut voir par dessous cette porte-ci, même allongé sur le sol et l'oeil au ras du carrelage. Non, aucun humain, ni même son chien. Mais la créature qui est apparue à la fenêtre de la salle de bain, certainement.
Il ferme à nouveau les yeux, cette fois pour ne plus voir cette ombre alors que la poignée commence à tourner lentement. Il prie aussi, en silence. Lui qui s'est toujours vanté de ne croire en aucun dieu – ni en aucun démon ou créature venue d'un autre monde d'ailleurs – se découvre maintenant une ferveur sans limite.
Il visualise sur le noir de ses paupières closes le petit verrou de la porte. Trois centimètres... Sa vie ne tient plus qu'à trois centimètres d'un acier bon marché, autant dire un fil de soie pour la créature, même si elle n'est pas plus grande qu'un gamin de six ans.
Clonc... Le pêne vient de buter contre la minuscule gâche. Une première fois. Puis une deuxième. Et une troisième, une quatrième, de plus en plus vite, une cinquième sixième, septièmehuitièmeneuv...
Il s'arrête enfin. Thomas lui, pleure en silence. L'urine qui était encore quelques secondes auparavant dans sa vessie imbibe désormais son pantalon et goutte avec un petit bruit mat sur le plastique de l'abattant. Et il prie. Oh oui, il prie.
Dernière édition par Demi-Tour le Mar 9 Sep - 21:00, édité 2 fois
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: (fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
(je le précise car j'ai oublié de la faire au début du sujet : chaque partie postée correspond à une vraie partie dans le texte, ce qui signifie que je saute une ligne entre chaque)
Chaque soir en été, il ouvre la fenêtre de la salle de bain pour chasser l'humidité de la pièce. Une lubie de sa femme. Au début du moins, car Thomas le fait maintenant par réflexe. Et à chaque fois, il aperçoit dans l'encadrement la masse échevelée du haut de la haie se détacher à quelques mètres en ombre chinoise dans la clarté du crépuscule.
Les anciens propriétaires l'ont plantée une dizaine d'années auparavant. Ils voulaient une haie paysagère pour que ça fasse plus gai qu'une haie classique, ainsi que l'agent immobilier leur a expliqué à lui et à Magalie. Et c'est vrai, elle est belle cette haie avec ses lilas qui l'illuminent, ses multiples couleurs qui changent avec les saisons et son aspect un rien décousu. Des arbustes à baies nourrissent les oiseaux que des épineux protègent du chat des voisins. Et elle remplit parfaitement son rôle, à tel point que tout un micro-écosystème s'y est développé ; moineaux, merles, mésanges, mais également insectes de toutes sortes qui tissent des toiles, bourdonnent, volettent, se faufilent sur les rameaux, rampent dans les feuilles mortes et creusent le sol. Oui, cette haie grouille de vies – au pluriel -, comme le répète souvent Thomas. Il n'ose d'ailleurs imaginer quels prédateurs aux multiples pattes velues y ont élu domicile ni les chasses, massacres et autres drames terribles qui se déroulent dans l'intimité du feuillage.
Donc chaque soir en été, il ouvre la fenêtre de la salle de bain, heureux de sentir l'odeur de la végétation dans la fraîcheur du crépuscule et de n'entendre rien d'autre que le bruit discret d'une voiture passant au loin. Fini les concerts de klaxon à l'heure des embouteillages, l'air saturé de gaz d'échappement, la chaleur étouffante du centre-ville en été et la cage d'ascenseur qui empeste le renfermé. Une sacrée bonne chose d'avoir enfin acheté cette maison dans ce minuscule village. Bientôt six mois qu'ils ont signé chez le notaire, autant dire une éternité tant ce qu'ils ont enduré avant ne semble jamais avoir existé.
Depuis quelques jours, Thomas croit entendre un petit bruit inhabituel. Dans la haie peut-être, ou sur la mince bande de gazon qui court le long du mur. Sans doute un merle à la recherche de nourriture, essaie-t-il de se persuader.
Il en a déjà vu faire ; de vrais excités qui fouillaient sous les feuilles mortes à coups de bec rapides et nerveux, comme s'ils se prenaient de petites décharges électriques. Sauf que les merles, comme la plupart des oiseaux, chassent tôt le matin ou pendant la journée, pas à la tombée de la nuit. Et à bien y réfléchir, ce bruit ne correspond pas vraiment. Pas du tout même. Cela ressemble plus à... à rien de ce qu'il pourrait décrire, ce qui ne fait qu'alimenter son imagination d'écrivain amateur. Une imagination d'une fertilité rare qui le force à se jeter sur son bloc-note fétiche, quel que soit l'heure, pour lister à la va-vite les idées délirantes qui lui traversent l'esprit à la vitesse d'étoiles filantes. Une de ces idées est justement que ce bruit étrange ne peut être produit que par une créature tout aussi étrange, et qu'un soir ou l'autre, il va apercevoir une tête monstrueuse derrière les deux minuscules barreaux verticaux qui protègent la fenêtre de la salle de bain. Il en rigole intérieurement car pour lui, les créatures venues d'une autre monde ou d'une autre dimension n'existent pas. Pourtant, en ouvrant la fenêtre hier soir, il a de nouveau entendu le bruit, très nettement cette fois. Plus fort, plus distinct, et surtout beaucoup plus proche. Au ras du mur en fait. Et il a soudain senti son cœur se serrer au moment où deux mains décharnées couvertes d'écailles ont lentement émergé depuis le rebord extérieur pour venir enrouler leurs doigts autour des barreaux, un à un, méthodiquement, comme pour lui permettre de bien les voir et d'analyser leurs mouvements. Et il y a eu de petits cliquetis métalliques, pareils à une multitude de mousquetons se verrouillant, quand les griffes d'onyx se sont repliées le long des poignets. Thomas se souvient vaguement d'avoir alors reculé jusque dans le couloir puis tiré la porte avec précaution. Il ignore par contre combien de temps il est ensuite resté immobile, l'oreille aux aguets... Silence absolu, excepté les ronflements paisibles de Bibo dans le salon. Un bruit qui l'a toujours agacé. Punaise, mais comment un chien peut-il ronfler aussi fort ? Pourtant, à cet instant précis, rien n'aurait pu être plus rassurant, car même étendu dans son panier, Bibo l'Épagneul ronfleur peut entendre le chat du voisin escalader le portail ou sentir un passant de l'autre côté de la rue. Un vrai détecteur sur pattes, qui en l'occurrence n'a rien détecté hier soir, ce qui a fini par décider Thomas à rouvrir la porte de la salle de bain. Bien entendu, il n'y avait aucune créature le regardant à travers les barreaux comme une bête curieuse, mais il ne s'en est pas senti soulagé pour autant, et au moment de se coucher quelques minutes plus tard, il a senti le corps glacé de la solitude se glisser avec lui sous les draps. Il n'a jamais autant regretté d'avoir incité sa femme à accepter sa promotion et que du coup, elle soit désormais plus souvent en déplacement qu'à la maison. Le prix à payer en quelque sorte pour que le banquier daigne jeter un oeil à leur dossier de crédit.
Oui, merci Magalie de t'être sacrifiée.
Arrête de te mentir, tu n'as écouté que le machin qui te pend entre les jambes.
Non !
Mais si. Tu ne l'as peut-être pas fait consciemment, mais maintenant que tu as l'opportunité, il te démange sacrément, et ça lui dirait bien que la petite nouvelle standardiste vienne te soulager. L'occasion fait le larron, mon pote !
Si tu le dis...
Il a eu un sommeil agité et s'est réveillé en sueur au milieu de la nuit, non pas à cause de ce qu'il avait cru voir à la fenêtre ou de ses dernières pensées, mais d'un terrible besoin d'écrire, de transcrire cette vision d'horreur sur le papier, persuadé de tenir enfin un sujet original pour un prochain texte. Il s'est recouché après avoir griffonné quelques lignes et a dormi d'une traite jusqu'au petit matin.
Chaque soir en été, il ouvre la fenêtre de la salle de bain pour chasser l'humidité de la pièce. Une lubie de sa femme. Au début du moins, car Thomas le fait maintenant par réflexe. Et à chaque fois, il aperçoit dans l'encadrement la masse échevelée du haut de la haie se détacher à quelques mètres en ombre chinoise dans la clarté du crépuscule.
Les anciens propriétaires l'ont plantée une dizaine d'années auparavant. Ils voulaient une haie paysagère pour que ça fasse plus gai qu'une haie classique, ainsi que l'agent immobilier leur a expliqué à lui et à Magalie. Et c'est vrai, elle est belle cette haie avec ses lilas qui l'illuminent, ses multiples couleurs qui changent avec les saisons et son aspect un rien décousu. Des arbustes à baies nourrissent les oiseaux que des épineux protègent du chat des voisins. Et elle remplit parfaitement son rôle, à tel point que tout un micro-écosystème s'y est développé ; moineaux, merles, mésanges, mais également insectes de toutes sortes qui tissent des toiles, bourdonnent, volettent, se faufilent sur les rameaux, rampent dans les feuilles mortes et creusent le sol. Oui, cette haie grouille de vies – au pluriel -, comme le répète souvent Thomas. Il n'ose d'ailleurs imaginer quels prédateurs aux multiples pattes velues y ont élu domicile ni les chasses, massacres et autres drames terribles qui se déroulent dans l'intimité du feuillage.
Donc chaque soir en été, il ouvre la fenêtre de la salle de bain, heureux de sentir l'odeur de la végétation dans la fraîcheur du crépuscule et de n'entendre rien d'autre que le bruit discret d'une voiture passant au loin. Fini les concerts de klaxon à l'heure des embouteillages, l'air saturé de gaz d'échappement, la chaleur étouffante du centre-ville en été et la cage d'ascenseur qui empeste le renfermé. Une sacrée bonne chose d'avoir enfin acheté cette maison dans ce minuscule village. Bientôt six mois qu'ils ont signé chez le notaire, autant dire une éternité tant ce qu'ils ont enduré avant ne semble jamais avoir existé.
Depuis quelques jours, Thomas croit entendre un petit bruit inhabituel. Dans la haie peut-être, ou sur la mince bande de gazon qui court le long du mur. Sans doute un merle à la recherche de nourriture, essaie-t-il de se persuader.
Il en a déjà vu faire ; de vrais excités qui fouillaient sous les feuilles mortes à coups de bec rapides et nerveux, comme s'ils se prenaient de petites décharges électriques. Sauf que les merles, comme la plupart des oiseaux, chassent tôt le matin ou pendant la journée, pas à la tombée de la nuit. Et à bien y réfléchir, ce bruit ne correspond pas vraiment. Pas du tout même. Cela ressemble plus à... à rien de ce qu'il pourrait décrire, ce qui ne fait qu'alimenter son imagination d'écrivain amateur. Une imagination d'une fertilité rare qui le force à se jeter sur son bloc-note fétiche, quel que soit l'heure, pour lister à la va-vite les idées délirantes qui lui traversent l'esprit à la vitesse d'étoiles filantes. Une de ces idées est justement que ce bruit étrange ne peut être produit que par une créature tout aussi étrange, et qu'un soir ou l'autre, il va apercevoir une tête monstrueuse derrière les deux minuscules barreaux verticaux qui protègent la fenêtre de la salle de bain. Il en rigole intérieurement car pour lui, les créatures venues d'une autre monde ou d'une autre dimension n'existent pas. Pourtant, en ouvrant la fenêtre hier soir, il a de nouveau entendu le bruit, très nettement cette fois. Plus fort, plus distinct, et surtout beaucoup plus proche. Au ras du mur en fait. Et il a soudain senti son cœur se serrer au moment où deux mains décharnées couvertes d'écailles ont lentement émergé depuis le rebord extérieur pour venir enrouler leurs doigts autour des barreaux, un à un, méthodiquement, comme pour lui permettre de bien les voir et d'analyser leurs mouvements. Et il y a eu de petits cliquetis métalliques, pareils à une multitude de mousquetons se verrouillant, quand les griffes d'onyx se sont repliées le long des poignets. Thomas se souvient vaguement d'avoir alors reculé jusque dans le couloir puis tiré la porte avec précaution. Il ignore par contre combien de temps il est ensuite resté immobile, l'oreille aux aguets... Silence absolu, excepté les ronflements paisibles de Bibo dans le salon. Un bruit qui l'a toujours agacé. Punaise, mais comment un chien peut-il ronfler aussi fort ? Pourtant, à cet instant précis, rien n'aurait pu être plus rassurant, car même étendu dans son panier, Bibo l'Épagneul ronfleur peut entendre le chat du voisin escalader le portail ou sentir un passant de l'autre côté de la rue. Un vrai détecteur sur pattes, qui en l'occurrence n'a rien détecté hier soir, ce qui a fini par décider Thomas à rouvrir la porte de la salle de bain. Bien entendu, il n'y avait aucune créature le regardant à travers les barreaux comme une bête curieuse, mais il ne s'en est pas senti soulagé pour autant, et au moment de se coucher quelques minutes plus tard, il a senti le corps glacé de la solitude se glisser avec lui sous les draps. Il n'a jamais autant regretté d'avoir incité sa femme à accepter sa promotion et que du coup, elle soit désormais plus souvent en déplacement qu'à la maison. Le prix à payer en quelque sorte pour que le banquier daigne jeter un oeil à leur dossier de crédit.
Oui, merci Magalie de t'être sacrifiée.
Arrête de te mentir, tu n'as écouté que le machin qui te pend entre les jambes.
Non !
Mais si. Tu ne l'as peut-être pas fait consciemment, mais maintenant que tu as l'opportunité, il te démange sacrément, et ça lui dirait bien que la petite nouvelle standardiste vienne te soulager. L'occasion fait le larron, mon pote !
Si tu le dis...
Il a eu un sommeil agité et s'est réveillé en sueur au milieu de la nuit, non pas à cause de ce qu'il avait cru voir à la fenêtre ou de ses dernières pensées, mais d'un terrible besoin d'écrire, de transcrire cette vision d'horreur sur le papier, persuadé de tenir enfin un sujet original pour un prochain texte. Il s'est recouché après avoir griffonné quelques lignes et a dormi d'une traite jusqu'au petit matin.
Dernière édition par Demi-Tour le Mar 9 Sep - 21:03, édité 1 fois
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: (fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
Crac... Accroupi sur la cuvette, Thomas ouvre les yeux dans un sursaut et s'aperçoit que le minuscule verrou est intact. Le craquement vient de son crayon qui s'est brisé en longues échardes de plastique entre ses doigts trop serrés. Sous la porte, l'ombre a disparu, mais pas la lumière. Plus un bruit. Ni cœur qui pulse, ni ronflements. D'ailleurs, où est-il ce clébard ? L'est sorti quand tu lui as ouvert la porte tout à l'heure pour qu'il aille faire son pissou, comme chaque soir. Sûr qu'il a largement dû le faire, son pissou, depuis le temps. Sûr également qu'un chien aussi froussard que lui aurait aboyé s'il avait flairé quelque chose d'anormal dans le jardin. À moins qu'il n'y ait rien d'anormal, ou qu'une créature fraîchement débarquée d'un autre monde n'ait aucune odeur. Ou pire encore, que cette même créature, aussi chétive soit-elle, ait simplement égorgé Bibo sans un bruit d'un coup d'ongle ou en l'étranglant. Après tout, pourquoi pas. Elle sait bien actionner un interrupteur et une poignée de porte, alors tuer... Sans parler de ce truc qu'elle a fait avec sa tête il y a quelques minutes. Oui, Thomas s'en souvient ; pour tout dire, il ne pense qu'à ça.
Après que les doigts se soient refermés sur les barreaux, l'énorme tête de la taille d'un ballon de basket est apparue à son tour, pareille à une lune de cauchemar montant lentement à l'horizon. Noire, couverte d'écailles, avec deux gros globes oculaires semblables à de la chair à vif et fendus en deux par leur iris de reptile, soulignés par un sourire dément aux dents trop nombreuses pour tenir de manière ordonnée dans une seule bouche. Elle est venue se coller aux barreaux et Thomas, incapable de lâcher la poignée de la fenêtre, a alors vu les écailles glisser et la peau se distendre, étirant le sourire et les yeux à l'infini lui a-t-il semblé lorsqu'elle est passée à travers. Puis elle a repris forme d'un coup comme un morceau de gélatine dans un blop ! caoutchouteux à l'intérieur de la salle de bain.
Là, mon pote, t'es dans la mouise !
Non, sans déconner ?
Il a couru jusqu'à l'entrée du salon pour attraper son bloc-note à la volée et s'est enfermé dans les WC. Le seul réflexe qui lui est apparu sensé sur le coup parce que non, il se le répète jusqu'à la nausée, ce genre de créature n'existe que dans son imagination, et qu'il a soudain eu envie d'écrire, de prendre des notes pendant que sa vision est encore fraîche, et certainement pas de répondre à un besoin pressant - sinon il aurait relevé l'abattant au lieu de s'asseoir dessus - et encore moins parce que cette pièce est la seule à fermer à clef avec la salle de bain. Il a ensuite commencé à aligner les mots, à les rayer, les annoter, avant de se lancer dans des phrases plus longues, qu'il a effacées nerveusement avec la minuscule gomme pour les réécrire de manière plus nette et ordonnée. Jusqu'à ce nouveau bruit dans la salle de bain, là, juste de l'autre côté de la cloison, et tac !, la mine du crayon s'est brisée en égratignant le papier. Tout ça n'est que le fruit de son imagination, s'est-il répété, sauf que cette fois, il a très nettement reconnu le bruit, ce qui lui a procuré une sensation bizarre, mélange de satisfaction et d'horreur. Un énorme cœur qui pulse, a-t-il écrit sur le bloc-note après avoir fait descendre un nouveau morceau de mine.
Oui, c'est bien cela. Il a reconnu le bruit typique d'une pompe organique, comme avait dit son cardiologue lors de l'échographie après avoir monté le volume de son pc. C'était l'année dernière, quand sa tension lui jouait des tours à cause du cholestérol et que son médecin traitant l'avait regardé gravement en lui rappelant qu'il venait juste d'attaquer la trentaine. Cependant, le cardiologue l'avait rassuré la semaine suivante : tout allait bien. Mais ce rythme sourd de liquide sous pression qui sortait des minuscules hauts-parleurs de mauvaise qualité poussés à leur maximum, Thomas s'en souvenait, et oui, c'était le même qu'il entendait maintenant. Sauf qu'il le savait très bien, il n'y avait aucun cœur dans la salle de bain. Il faillit rire à cette idée, car déjà dans son esprit se dessinait l'image d'un cœur tressautant sur le carrelage comme un poisson se débattant hors de l'eau. Mais excepté le ridicule d'une telle situation, il n'avait absolument aucune raison d'en rigoler. Ni même en sourire. Et d'ailleurs, depuis qu'il est enfermé ici, il n'en a plus du tout envie.
Après que les doigts se soient refermés sur les barreaux, l'énorme tête de la taille d'un ballon de basket est apparue à son tour, pareille à une lune de cauchemar montant lentement à l'horizon. Noire, couverte d'écailles, avec deux gros globes oculaires semblables à de la chair à vif et fendus en deux par leur iris de reptile, soulignés par un sourire dément aux dents trop nombreuses pour tenir de manière ordonnée dans une seule bouche. Elle est venue se coller aux barreaux et Thomas, incapable de lâcher la poignée de la fenêtre, a alors vu les écailles glisser et la peau se distendre, étirant le sourire et les yeux à l'infini lui a-t-il semblé lorsqu'elle est passée à travers. Puis elle a repris forme d'un coup comme un morceau de gélatine dans un blop ! caoutchouteux à l'intérieur de la salle de bain.
Là, mon pote, t'es dans la mouise !
Non, sans déconner ?
Il a couru jusqu'à l'entrée du salon pour attraper son bloc-note à la volée et s'est enfermé dans les WC. Le seul réflexe qui lui est apparu sensé sur le coup parce que non, il se le répète jusqu'à la nausée, ce genre de créature n'existe que dans son imagination, et qu'il a soudain eu envie d'écrire, de prendre des notes pendant que sa vision est encore fraîche, et certainement pas de répondre à un besoin pressant - sinon il aurait relevé l'abattant au lieu de s'asseoir dessus - et encore moins parce que cette pièce est la seule à fermer à clef avec la salle de bain. Il a ensuite commencé à aligner les mots, à les rayer, les annoter, avant de se lancer dans des phrases plus longues, qu'il a effacées nerveusement avec la minuscule gomme pour les réécrire de manière plus nette et ordonnée. Jusqu'à ce nouveau bruit dans la salle de bain, là, juste de l'autre côté de la cloison, et tac !, la mine du crayon s'est brisée en égratignant le papier. Tout ça n'est que le fruit de son imagination, s'est-il répété, sauf que cette fois, il a très nettement reconnu le bruit, ce qui lui a procuré une sensation bizarre, mélange de satisfaction et d'horreur. Un énorme cœur qui pulse, a-t-il écrit sur le bloc-note après avoir fait descendre un nouveau morceau de mine.
Oui, c'est bien cela. Il a reconnu le bruit typique d'une pompe organique, comme avait dit son cardiologue lors de l'échographie après avoir monté le volume de son pc. C'était l'année dernière, quand sa tension lui jouait des tours à cause du cholestérol et que son médecin traitant l'avait regardé gravement en lui rappelant qu'il venait juste d'attaquer la trentaine. Cependant, le cardiologue l'avait rassuré la semaine suivante : tout allait bien. Mais ce rythme sourd de liquide sous pression qui sortait des minuscules hauts-parleurs de mauvaise qualité poussés à leur maximum, Thomas s'en souvenait, et oui, c'était le même qu'il entendait maintenant. Sauf qu'il le savait très bien, il n'y avait aucun cœur dans la salle de bain. Il faillit rire à cette idée, car déjà dans son esprit se dessinait l'image d'un cœur tressautant sur le carrelage comme un poisson se débattant hors de l'eau. Mais excepté le ridicule d'une telle situation, il n'avait absolument aucune raison d'en rigoler. Ni même en sourire. Et d'ailleurs, depuis qu'il est enfermé ici, il n'en a plus du tout envie.
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: (fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
(A l'attention de ceux qui ont lu les parties précédentes avant aujourd'hui: vous n'avez pas qu'à les relire car j'ai modifié des trucs )
Un bruit dans le couloir. Feutré, saccadé, presque rassurant dans sa légèreté. Et surtout, familier : les griffes à peine trop longues de Bibo l'Épagneul ronfleur sur le carrelage. Thomas reconnaît l'ombre et les reniflements du formidable aspirateur à odeurs quand la truffe couleur caramel vient se coller au bas de la porte. Pire qu'un camé en manque sniffant les résidus d'un sachet de coke.
« C'est toi mon chien ? » réussit-il à articuler sur un ton faussement enjoué.
Sérieux, qui voudrais-tu que ce soit ?
La ferme !
Les griffes s'excitent de contentement sur le carrelage. Le camé renifle de plus belle. Thomas essuie des larmes de soulagement du revers de la main, larmes qui se transforment soudain en fils de glace quand il réalise que Bibo n'a pas pu rentrer tout seul dans la villa.
« Ça va le chien ? » poursuit Thomas
T'as raison, des fois qu'il te réponde...
Je t'ai dit de la fermer !
La truffe de Bibo quitte le bas de la porte. Le bruit de ses griffes sur le carrelage s'éloigne jusqu'au bout du couloir, revient, puis repart. Il émet soudain un bref couinement, comme lorsqu'on lui marche sur la patte, et puis... de nouveau le silence de la villa assoupie. Thomas se tait ; inutile d'appeler le chien, il l'a bien compris. Il n'a surtout aucune envie de le faire de peur d'éclater de rire comme un aliéné si aucune réponse ne lui parvient, ou pire, que ce ne soit pas la réponse à laquelle il s'attend.
Qui c'est qui est dans le couloir ?
Putain, mais je t'ai dit de la ferm...
Les pulsations viennent de reprendre, plus graves, plus puissantes.
« Mais qu'est-ce-que tu es ? » hurle Thomas à l'ombre qui vient de se glisser à nouveau sous la porte.
Aucune réponse, si ce n'est la poignée qui recommence à tourner lentement, puis le verrou qui arrive à nouveau en butée.
Clonc... Clonc... Clonc, clonc, clonc... Clonc clonc clonc...clonclonclonclonc... Le bois de l'encadrement se fendille au niveau de la gâche cette fois et Thomas se jette de dos contre la porte pile au moment ou le petit morceau d'acier volette dans les airs jusqu'à l'autre bout des WC.
« Tu veux entrer, Ducon ? siffle-t-il soudain entre ses dents. Ben vas-y, essaie pour voir ! »
Les pieds sur le rebord de la cuvette, il force sur ses jambes pour bloquer la porte, s'attendant à une poussée en retour ou à un nouveau coup, mais rien ne se produit, excepté les pulsations qui s'atténuent.
« Ben alors, continue Thomas, tu te dégonfles mon pépère ? »
Aucune réaction dans le couloir où seul persiste maintenant un souffle ténu comme le pouls d'un mourant. Thomas tend l'oreille, perplexe : le bruit a-t-il réellement diminué ou bien s'est-il éloigné ? Il ne s'interroge pas longtemps car ses yeux sont tout à coup attirés par un mouvement au bas de la porte.
Tu veux que je te dise mon pote ? Je crois que le pépère s'est réellement dégonflé...
Un liquide noir et épais glisse doucement en suivant les joints du carrelage depuis le couloir pour venir inonder un premier carreau, puis un deuxième, et Thomas comprend qu'il est réellement en train d'entrer et que dans quelques secondes, il va se reconstituer dans cet espace clos tout juste assez grand pour contenir deux adultes debout. Il va être là, avec lui, et il va le regarder de ses deux grandes plaies qui lui servent d'yeux. Oui, « il », car Thomas est incapable d'utiliser un autre mot sans que les fragments de raison qu'il lui reste se fendillent comme de vieilles planches pourries.
Ces mêmes fragments l'électrisent soudain pour lui faire comprendre qu'il n'a plus que deux options : se retrouver en tête-à-tête avec une chose qui n'est pas censée exister ou fuir, foncer dans le salon, son bloc-note sous le bras, puis se jeter à travers la baie vitrée s'il le faut pour sortir de cette villa et courir jusque dans la rue. Et puis après, peut-être, pourquoi pas ne pas hurler, quitte à passer pour un fou.
Et t'attends quoi pour le faire, de trouver une pièce pour tirer à pile ou face ?
Ouais, tiens, bonne idée... ça te dirait juste pour voir ?
Mais dégage de là, bordel !
OK ! À la une, à la deux, à la tr...
Il n'a pas fini d'ouvrir la porte que déjà il s'élance dans le couloir, et l'étrange excitation qu'il ressent se consume en une fraction de seconde.
Ça mon pote, tu l'as pas vu venir.
Il a pas seulement fait rentrer le chien tout à l'heure. Ils sont combien à ton avis ?
À la louche, je dirais une bonne vingtaine.
Oui, au moins, et il se jettent sur lui.
Un bruit dans le couloir. Feutré, saccadé, presque rassurant dans sa légèreté. Et surtout, familier : les griffes à peine trop longues de Bibo l'Épagneul ronfleur sur le carrelage. Thomas reconnaît l'ombre et les reniflements du formidable aspirateur à odeurs quand la truffe couleur caramel vient se coller au bas de la porte. Pire qu'un camé en manque sniffant les résidus d'un sachet de coke.
« C'est toi mon chien ? » réussit-il à articuler sur un ton faussement enjoué.
Sérieux, qui voudrais-tu que ce soit ?
La ferme !
Les griffes s'excitent de contentement sur le carrelage. Le camé renifle de plus belle. Thomas essuie des larmes de soulagement du revers de la main, larmes qui se transforment soudain en fils de glace quand il réalise que Bibo n'a pas pu rentrer tout seul dans la villa.
« Ça va le chien ? » poursuit Thomas
T'as raison, des fois qu'il te réponde...
Je t'ai dit de la fermer !
La truffe de Bibo quitte le bas de la porte. Le bruit de ses griffes sur le carrelage s'éloigne jusqu'au bout du couloir, revient, puis repart. Il émet soudain un bref couinement, comme lorsqu'on lui marche sur la patte, et puis... de nouveau le silence de la villa assoupie. Thomas se tait ; inutile d'appeler le chien, il l'a bien compris. Il n'a surtout aucune envie de le faire de peur d'éclater de rire comme un aliéné si aucune réponse ne lui parvient, ou pire, que ce ne soit pas la réponse à laquelle il s'attend.
Qui c'est qui est dans le couloir ?
Putain, mais je t'ai dit de la ferm...
Les pulsations viennent de reprendre, plus graves, plus puissantes.
« Mais qu'est-ce-que tu es ? » hurle Thomas à l'ombre qui vient de se glisser à nouveau sous la porte.
Aucune réponse, si ce n'est la poignée qui recommence à tourner lentement, puis le verrou qui arrive à nouveau en butée.
Clonc... Clonc... Clonc, clonc, clonc... Clonc clonc clonc...clonclonclonclonc... Le bois de l'encadrement se fendille au niveau de la gâche cette fois et Thomas se jette de dos contre la porte pile au moment ou le petit morceau d'acier volette dans les airs jusqu'à l'autre bout des WC.
« Tu veux entrer, Ducon ? siffle-t-il soudain entre ses dents. Ben vas-y, essaie pour voir ! »
Les pieds sur le rebord de la cuvette, il force sur ses jambes pour bloquer la porte, s'attendant à une poussée en retour ou à un nouveau coup, mais rien ne se produit, excepté les pulsations qui s'atténuent.
« Ben alors, continue Thomas, tu te dégonfles mon pépère ? »
Aucune réaction dans le couloir où seul persiste maintenant un souffle ténu comme le pouls d'un mourant. Thomas tend l'oreille, perplexe : le bruit a-t-il réellement diminué ou bien s'est-il éloigné ? Il ne s'interroge pas longtemps car ses yeux sont tout à coup attirés par un mouvement au bas de la porte.
Tu veux que je te dise mon pote ? Je crois que le pépère s'est réellement dégonflé...
Un liquide noir et épais glisse doucement en suivant les joints du carrelage depuis le couloir pour venir inonder un premier carreau, puis un deuxième, et Thomas comprend qu'il est réellement en train d'entrer et que dans quelques secondes, il va se reconstituer dans cet espace clos tout juste assez grand pour contenir deux adultes debout. Il va être là, avec lui, et il va le regarder de ses deux grandes plaies qui lui servent d'yeux. Oui, « il », car Thomas est incapable d'utiliser un autre mot sans que les fragments de raison qu'il lui reste se fendillent comme de vieilles planches pourries.
Ces mêmes fragments l'électrisent soudain pour lui faire comprendre qu'il n'a plus que deux options : se retrouver en tête-à-tête avec une chose qui n'est pas censée exister ou fuir, foncer dans le salon, son bloc-note sous le bras, puis se jeter à travers la baie vitrée s'il le faut pour sortir de cette villa et courir jusque dans la rue. Et puis après, peut-être, pourquoi pas ne pas hurler, quitte à passer pour un fou.
Et t'attends quoi pour le faire, de trouver une pièce pour tirer à pile ou face ?
Ouais, tiens, bonne idée... ça te dirait juste pour voir ?
Mais dégage de là, bordel !
OK ! À la une, à la deux, à la tr...
Il n'a pas fini d'ouvrir la porte que déjà il s'élance dans le couloir, et l'étrange excitation qu'il ressent se consume en une fraction de seconde.
Ça mon pote, tu l'as pas vu venir.
Il a pas seulement fait rentrer le chien tout à l'heure. Ils sont combien à ton avis ?
À la louche, je dirais une bonne vingtaine.
Oui, au moins, et il se jettent sur lui.
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: (fantastique) A la fenêtre de la salle de bain
Nuit noire. Thomas se réveille dans un sursaut, l'esprit englué dans une terrible migraine et les bribes de son cauchemar. Il avale douloureusement sa salive. Gueule de bois ?
Mauvaise réponse mon pote.
Quoi alors ?
Il sent le matelas onduler sous lui, et son premier réflexe est de s'agripper au bord, qu'il trouve extraordinairement bas. Il lui faut ce qui lui semble une éternité - mais dans son état, cela ne signifie pas grand-chose - pour réaliser qu'il vient d'arracher des brins d'herbe à la place. Le matelas bouge à nouveau, et Thomas remarque alors la multitude d'étoiles qui constellent le plafond, ce qui enclenche un premier engrenage dans son cerveau, puis une deuxième, mais tout au bout de la chaîne, loin au fond de son esprit, le dernier vient de se verrouiller. Pas question de revenir à la réalité, oh non. Pas si c'est pour se rendre compte que son entrejambe est vraiment imbibé de pisse, ou que la masse sombre de la haie s'avance en rythme avec les mouvements du matelas qui ne sont rien d'autre que ceux de...
Eh ouais mon pote, quelque chose est en train de te porter. En fait, plein de petites choses.
Thomas suffoque de terreur en les imaginant sous lui. Il se débat. En vain, car le matelas semble recouvert de billes sur lesquelles il ne peut que glisser sans arriver à se déplacer... Voudrait crier aussi, mais n'y arrive pas. Terrible nausée à la place, qui s'accentue lorsqu'il réalise que ses lèvres sont comme soudées avec de la cire. Pas qu'elles d'ailleurs ; tout l'intérieur de sa bouche est figé, moulé par une pâte gluante au goût de... de pourriture.
De feuilles mortes, plutôt, non ?
Il gesticule dans tous les sens, n'arrivant qu'à s'agripper à de malheureux brins d'herbe qui glissent entre ses doigts rendus humides. Cherche à se lever, et comprend alors que seuls ses avants-bras sont réellement libres. Comprend surtout où ils l'emmènent, car les étoiles disparaissent une à une derrière la haie qui monte de plus en plus dans son champ de vision. Panique totale... De son corps, de son esprit, de son cœur qui pulse maintenant à ses oreilles dans un bourdonnement infernal. De ses cordes vocales aussi, qui ne produisent qu'un son étouffé. Je vais crever, hurle-t-il en silence.
Ouais mon pote. C'est grand festin dans la haie ce soir, je crois. Au fait, t'as raison : elle grouille de vies.
FIN
(oui, j sais, la chute est un peu... brutale Mais je bloque dessus )
Mauvaise réponse mon pote.
Quoi alors ?
Il sent le matelas onduler sous lui, et son premier réflexe est de s'agripper au bord, qu'il trouve extraordinairement bas. Il lui faut ce qui lui semble une éternité - mais dans son état, cela ne signifie pas grand-chose - pour réaliser qu'il vient d'arracher des brins d'herbe à la place. Le matelas bouge à nouveau, et Thomas remarque alors la multitude d'étoiles qui constellent le plafond, ce qui enclenche un premier engrenage dans son cerveau, puis une deuxième, mais tout au bout de la chaîne, loin au fond de son esprit, le dernier vient de se verrouiller. Pas question de revenir à la réalité, oh non. Pas si c'est pour se rendre compte que son entrejambe est vraiment imbibé de pisse, ou que la masse sombre de la haie s'avance en rythme avec les mouvements du matelas qui ne sont rien d'autre que ceux de...
Eh ouais mon pote, quelque chose est en train de te porter. En fait, plein de petites choses.
Thomas suffoque de terreur en les imaginant sous lui. Il se débat. En vain, car le matelas semble recouvert de billes sur lesquelles il ne peut que glisser sans arriver à se déplacer... Voudrait crier aussi, mais n'y arrive pas. Terrible nausée à la place, qui s'accentue lorsqu'il réalise que ses lèvres sont comme soudées avec de la cire. Pas qu'elles d'ailleurs ; tout l'intérieur de sa bouche est figé, moulé par une pâte gluante au goût de... de pourriture.
De feuilles mortes, plutôt, non ?
Il gesticule dans tous les sens, n'arrivant qu'à s'agripper à de malheureux brins d'herbe qui glissent entre ses doigts rendus humides. Cherche à se lever, et comprend alors que seuls ses avants-bras sont réellement libres. Comprend surtout où ils l'emmènent, car les étoiles disparaissent une à une derrière la haie qui monte de plus en plus dans son champ de vision. Panique totale... De son corps, de son esprit, de son cœur qui pulse maintenant à ses oreilles dans un bourdonnement infernal. De ses cordes vocales aussi, qui ne produisent qu'un son étouffé. Je vais crever, hurle-t-il en silence.
Ouais mon pote. C'est grand festin dans la haie ce soir, je crois. Au fait, t'as raison : elle grouille de vies.
FIN
(oui, j sais, la chute est un peu... brutale Mais je bloque dessus )
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Sujets similaires
» Une petite nouvelle fantastique
» salle d'attente
» Pas de titre encore défini Genre : Fantastique
» concours de nouvelle fantastique pour les jeunes jusqu'à 20 ans
» salle d'attente
» Pas de titre encore défini Genre : Fantastique
» concours de nouvelle fantastique pour les jeunes jusqu'à 20 ans
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Jeu 2 Mar - 21:58 par martin1
» mefiez vous des charlatants
Jeu 3 Oct - 16:28 par Jafou
» Une chanson de geste
Jeu 3 Oct - 16:22 par Jafou
» De retour après quelques années d'absence....
Lun 23 Sep - 21:25 par Le sombre minuit
» 5 et 6 juin...
Jeu 6 Juin - 8:09 par Jafou
» Les Imaginales
Lun 20 Mai - 20:05 par extialis
» Désinscription du forum
Dim 19 Mai - 7:29 par extialis
» Aimez-vous Bach (3è séquence)
Mar 14 Mai - 18:26 par Le sombre minuit
» L'ascension extraordinaire du Maudit
Lun 13 Mai - 19:02 par extialis