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Aimez-vous Bach (suite

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Aimez-vous Bach (suite Empty Aimez-vous Bach (suite

Message par Jafou Ven 8 Juin - 17:53

Il y a un merveilleux concert annoncé pour ce soir au Théâtre des Champs-Elysées.
Smoking ou frac ne sont pas exigés sans pour autant être interdits. Nous sommes à une époque ou on ne peut plus se permettre l’une ou l’autre de ces alternatives ; la permissivité règne, l’hypocrisie aussi ! On dit donc “tenue de soirée correcte conseillée” ! cela éliminera force jean et jupettes de plage !
J’ai donc mis un peigné anglais bleu foncé, une chemise bleue très pâle, une cravate neutre et des souliers noirs ; je suis conforme ! Et j’ai une place au premier rang de fauteuils d’orchestre...
Je déteste déranger les gens ; j’ai horreur de l’être !
j’arrive en conséquence toujours avec une large avance afin d’être certain que cette situation ne se produira pas. L’avouerais-je, j’aime en outre savourer l’ambiance qui règne dans une salle de théâtre ou de concert avant l’instant magique du “grand silence”... Pourquoi se priver de tous ces petits plaisirs subsidiaires que sont : la contemplation (critique !) de ses voisins (et des autres) ; l’écoute des propos échangés ; le bonheur de humer toutes les fragrances mélangées en lieu clos qu’exhalent ces dames (et leur monsieur !) ? Sûr que les maîtres parfumeurs créateurs de toutes ces effluves, n’avaient pas prévu une aussi redoutable situation ! C’est étonnant de constater ce que peuvent donner un jeune et frais parfum de fleurs qui se croise avec le bouquet puissant d’une essence élaborée, riche en bergamote, santal et ambre gris et le patchouli vulgaire d’une cocotte ! Ajoutez, côté messieurs, un after-shave de grande surface et une lavande prestigieuse.... Vous voyez ? ....... Pardon, Vous sentez !?
On côtoie la jolie femme que l’on frôle en gagnant sa place. Un contact d’une fraction de seconde avec un bras étranger, nu et soyeux est souvent plus électrisant qu’une longue étreinte routinière !
On voit manœuvrer le commando des ouvreuses, très “Claudine” en petite et sobre robe noire plutôt courte et sage col rond blanc et bien empesé.
Elles ne sont généralement pas salariées mais rémunérées par les pourboires, qu’elles partagent, et la vente des luxueux programmes qu’elles portent en pile dans la saignée du bras, qu’elles achètent à la régie et revendent pour leur compte, au prix que fixe l’acheteur (Il me coûte dix francs !).
Certaines sont très jeunes, fort jolies, des étudiantes en mal de subsides ; d’autres sont plus professionnelles et anciennes ; toutes se doivent d’être aimables et souriantes ; même si leurs pieds gonflent douloureusement dans des escarpins trop étroits ; sinon adieu programmes, bonjour pourboires...
On croise le regard de ceux, concentrés, qui viennent pour entendre de la musique et rien que cela ! Ils ne sont pas le plus grand nombre et se distribuent en deux camps : les mélomanes sans prétentions qui aiment et goûtent la “belle musique” et les “musicrates” qui connaissent les œuvres, savent en lire la partition, pratiquent éventuellement et reconnaissent sans difficultés la facture de tel ou tel compositeur dont, au reste, la biographie est, pour eux, sans secrets ! Ils sont volontiers pédagogues, voir sentencieux, pire, dogmatiques ! Ce sont ceux-la qui souffrent douloureusement quand se produit l’inévitable toux étouffée d’un qui a la gorge soudain chatouillée ; il y en a toujours !
Dans le tout venant, on rencontre : les m’as-tu-vu qui sont là effectivement pour être vus ;
- la dame dont le mari a fait fortune dans le dessous féminin (de classe !), l’électro-ménager (nous vendions beaucoup d’équipement HI-FI !) ou le “beurre-œuf-fromage” (bof, beauf !) qui arbore un tailleur décolleté en shantung de soie sauvage, trois rangs de grosses perles de culture et, au doigt, un zircon de trois carats qu’elle a fait monter dans des griffes en platine pour créer une illusion de diamant !
- Le monsieur qui n’y connait rien mais a acquis une position sociale créatrice d’obligations culturelles. En fait il n’est venu que parce que madame (voir lignes précédentes !) l’a un peu poussé dans les reins ! Au temps de Labiche, c’étaient les mêmes qui allaient régulièrement somnoler dans une loge des “Italiens” qu’ils louaient à l’année !
- Et puis, il y a la foule des autres, tous les autres. Ils ne connaissent pas grand chose à la musique qui reste un langage un peu ésotérique, n’en éprouvent aucune honte, mais ont un jour entendu par hasard la “Pastorale” ou “l’Empereur” de Beethoven, une valse de Strauss, un “air” de Bellini, une fanfare de Haendel ou le Boléro de Ravel et ont trouvé ça beau! !
Ceux-la viennent avec timidité vers un mystère, au sens religieux du terme, poussés par le sentiment et la curiosité d’aborder aux côtes d’un monde inconnu, merveilleux qu’il faut inventorier ; qui doit les apprivoiser ! (S’il te plaît, apprivoise moi !1 )
Ce sont peut-être les meilleurs, les plus sincères, sans vocabulaire abscons et prétentieux, sans bouillie intellectuelle plein l’esprit et la bouche. Ils ont mis “l’habit du dimanche” pour faire honneur aux protagonistes de la messe qui va être dite. (à propos, ç’en sera une !)
J’aime les regarder ; tous ; mes semblables dont, sitôt assis, le regard converge vers le point focal de la salle : l’estrade au pupitre désert qui leur tourne le dos bien centrée à l’avant de la scène.
En retrait il y a une mer de chaises, des pupitres et tout un bric à brac instrumental qui gît éparpillé. Tout à l’heure, ce sera un orchestre à l’architecture subtilement ordonnée.
Ah, je viens d’entre-voir un critique célèbre. Demain, dans son journal il éreintera avec férocité l’ensemble du concert disant du chef et de sa prestation tout le mal possible ( qu’il ne pense pas) ! Il serait bien incapable de le remplacer et en fait va prendre son pied ! Seulement voila, il a construit sur cette attitude destructrice et négative toute sa réputation professionnelle et ne peut déchoir. Il est craint et détesté.... Alors.... On l’invite ; c’est incontournable !
Parlons-en, justement, du Chef ; ce n’est pas n’importe qui : Michel Corboz, grand spécialiste de la musique baroque, j’ai envie de dire grand poète thuriféraire, à la tête des chœurs et de l’Orchestre de la Fondation Gulbekian de Lisbonne, nous propose d’entendre ce soir la Messe en Si Mineur de J.S. Bach. Excusez du peu !..
Pour cette soirée de gala quelques noms prestigieux sont venus grossir les rangs de l’orchestre : Henriette Dreyfus au clavecin ; J.P. Rampal qui conduit le pupitre des flûtes et bois ; Patrice Fontanarosa, premier violon ; Maurice André qui emmène trompettes et cuivres. Une affiche rare, oh combien, qu’on ne reverra pas de sitôt !

__

La salle est maintenant presque pleine. Par-ci par-là des jeans et tee-shirts hollandais et anglais (des incurables !) rehaussent des robes du soir fendues jusqu’à la hanche et dos nu jusqu’aux reins ! s'intercalent des mini-jupes de cocktail, de stricts tailleurs pantalons façon Chanel et quelques extravagantes tenues “haute couture” ! Les messieurs sont dans l’ensemble cravatés et revêtus de sombre ; quelques smokings.
Au-dessus des têtes, à deux mètres, règne une sorte de brouillard sonore où se fusionnent les bruits de conversation, les mouvements de fauteuils, les raclements de pieds, les toux, la rumeur “spéciale foule” et un je ne sais quoi d’indéfinissable qui vient de la salle elle-même... Voici l’instant. La scène s’est éclairée et la salle assombrie. Des milliers de “chut” font régresser les bruits. Les musiciens s’installent, les choristes aussi ; en retrait, plus haut.
Voila que parait “le Maître” crinière blanche de lion, partition énorme sous le bras, plein d'allégresse et de vivacité en dépit d’une imperceptible claudication ; derrière lui : les solistes !
Il est inconnu de quatre vingt pour cent des gens présents, mais le clan des musicatres veille. Sous son impulsion un tonnerre d’applaudissements s’enfle et monte vers la voûte de la salle, c’est rituel ; tout d’ailleurs procède désormais du rite. Impassible le Chef ne se retourne pas, ne salue pas, concentré sur les minutes à venir, il ouvre son gros volume, relève la tête et regarde ses musiciens, ses chanteurs ; les hypnotise.
Ses deux bras sont levés ; nous sommes dans le silence du recueillement ; trois personnes toussent...... “Chut”...
DIEU QUE JE VOUDRAIS ÊTRE CET HOMME QUI TIENT LA FOULE, LES MUSICIENS ET LES CHANTEURS SUSPENDUS, RETENANT LEUR SOUFFLE, AU BOUT DE SES DIX DOIGTS...

__

Et c’est parti ! Comme le djinn tournoyant au dessus de la lampe d’Alladin, je sens mon moi astral qui me quitte et virevolte vers la scène ; il disparaît en un instant dans le corps immobile qui ne bronche pas. Je suis Michel Corboz et je vais diriger la Messe en Si Mineur de Jean Sébastien Bach !


§§§§


Pour moi dans mon fauteuil, pour tous les autres, la tension de l’attente devient insupportable, nous allons atteindre un point de rupture. Mais qu’est-ce que j’attends, la-bas à mon pupitre !!!

__

Je sens derrière moi, convergeant de tous les points de la salle, le faisceau de milliers d’yeux qui percute mon dos ; face à moi cent trente regards sont braqués sur mes mains . Je compte : 3-4 en regardant les choristes, balaie tout l’orchestre ; mes mains plongent...
... Si mineur... KYRIE... Déjà, sous le geste de mes mains s’enflent les cinq voix du chœur lançant sa supplique vers Dieu. A pleine voix je chante avec eux tandis que mes doigts canalisent et modulent les sons ; la main gauche pour l’orchestre tandis que la droite bat la mesure et gouverne le chœur... Dans cet immense portique musical, tous les instruments vont soutenir le chœur à l’exception des cuivres que je réserve et des flûtes qui entreront plus tard.
Toute la douleur de l’humanité pécheresse, dans son recours à la divine miséricorde crie dans les deux fugues qui se succèdent, son abandon, son désespoir.
....Fa dièse... Seigneur ait pitié de nous !..
A la quarante-huitième mesure, j’ai fait doucement entrer les flûtes qui viennent renforcer la notion d’abandon total entre les mains du Seigneur.
Mes bras montent, s’arrondissent, mes doigts se referment en boucle... Silence...
Dix personnes toussent !
Jafou
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Message par Le sombre minuit Sam 11 Mai - 18:35

La description est précise et permet bien d'imaginer toute la salle et l'orchestre ! Bien sûr j'y suis déjà allé par trois fois (à l'opéra donc) et j'en ai vu dans des films... mais j'ai le sentiment qu'on parvient à comprendre tout le ressenti de cet appel à être quelqu'un !
Si je comprends, ton personnage est plein d'imagination et se projette littéralement dans ce qu'il pense être la vie du chef d'orchestre ?
Et cela toujours agrémenté d'un brin d'humour bienvenu !
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Message par Jafou Sam 11 Mai - 19:33

J'ai commencé à poster ces deux fragments avec l'intention d'en publier l'intégralité par la suite. Mais devant l'immobilisme figé du forum, l'absence de retours et de commentaires, je m'étais dit : à quoi bon et j'avais arrêté.
En fait il s'agit du premier chapitre d'un roman "recueil de nouvelles" dont le personnage principal parcoure chaque chapitre en changeant de personnalité. C'est un peu un héros à la Marcel Aimé.
Mais il n'imagine pas, il projette réellement son "moi astral" dans l'autre personne et devient réellement elle tout en restant dédoublé. Bien, c'est un peu fantastique mais ça n'en est que plus drôle à écrire. Il EST le chef d'orchestre ; il EST le spectateur. Dois-je continuer à publier ici ce texte en feuilleton ou bien...
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Message par Le sombre minuit Sam 11 Mai - 21:35

J'avais beaucoup aimé le premier, vraiment, mais je n'avais pas su quoi dire face à la déferlante du texte : c'est qu'il y a beaucoup de choses à dire et beaucoup de choses à voir à travers toute la première partie ; moins dans la seconde.
J'ai envie de dire qu'il y a un certain désir de mettre en avant une vision de la société humaine, qui est partagée en plusieurs castes. Après, il est évident que tu te ranges d'un certain côté de ce monde - ou en tout cas, que ton personnage s'y range - et je trouve que c'est très bien amené et très bien écrit, donc intéressant à lire.
Fantastique ou merveilleux ? Je veux dire... est-ce que tu vas donner l'impression parfois qu'il ne fait que l'imaginer ou prouveras-tu tout au long de ton roman qu'il s'agit bien d'une capacité.
Il faut tu fasses ce qui te plaît... il faut dire que nous ne débarquons plus sur le site et que les quelques fois que je reviens, je constate que mes messages sont toujours dans les plus récents... alors qu'ils ont quelques mois déjà ! Bref...
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