De l'Homme et du mal
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Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
Le salon était une petite pièce fermée, où le maire devait recevoir uniquement ses invités masculins. La pièce empestait le tabac froid et une odeur de renfermé empreignait l'air. Jorah et son assistant étaient assis sur un canapé duveteux, tandis qu'Astwood ouvrait le bar, offrant à leur vue les innombrables bouteilles.
« Je possède un cognac de l'Orflax, une véritable merveille, dit-il en versant le liquide bistre dans deux verres.
– Merci » répondit Jorah.
Le maire s'assit dans son propre fauteuil, croisa les jambes et une but une gorgée d'alcool. Son ventre tendait tellement sa chemise qu'un replis laissait entrevoir sa bedaine velue. Puis il tira une pipe qu'il bourra de tabac, et gratta une allumette.
« Vous fumez, Monsieur Allister ?
– Non, je vous remercie. Et si vous me disiez plus en détail ce que vous attendez de moi ? Vous m'avez simplement parlé d'un mal qui ne pouvait être arrêté par votre police, sans m'en dire plus. Je tiens à vous dire que si je suis venu, c'est uniquement parce que j'ai entendu des rumeurs. Et parce que j'ai terriblement besoin d'argent, en ce moment. De plus, je suppose que vous vous êtes renseigné sur les conjurateurs, avant de faire appel à moi. Mes prix sont loin d'être les plus abordables, et ma réputation a subi quelques revers, ces derniers temps. J'en déduit que si vous faites appel à moi, c'est qu'il y a une raison, n'est-ce pas ?
– Vous êtes perspicace, Monsieur Allister, répondit le maire, la gorge nouée. Si je vous ai choisi, c'est parce que vous avez des théories... auxquelles j'adhère. Vous pensez que les démons peuvent cohabiter avec un homme, sans le dévorer de l'intérieur, sans le détruire dans une confrontation.
– Que les choses soient claires, monsieur Astwood, intervint Jorah et se penchant en avant, je ne crois pas que tous les monstres soient influencés par un démon. Le mal n'est pas l'apanage de ces êtres, bien au contraire. Je ne considère pas tous les assassins comme des possédés.
– Je comprends, je comprends tout à fait. Mais dans l'hypothèse où cela se produirait, que se passerait-il ?
– Une symbiose. Comme si le démon avait pris le corps par la force, mais sans aucune stigmate apparente. L'âme de l'humain serait absorbée par la puissance de l'entité qui l'habite. La cohabitation n'est qu'une illusion, jusqu'à ce que l'esprit soit entièrement dévoré. Du moins en règle général. On pourrait comparer cela à défloraison, de l'approche jusqu'à la conclusion. Une fois la chair prise, il n'y a plus de retour en arrière possible.
– Charmant, répondit le maire, pensif.
– Vous pensez qu'un tel possédé est responsable des meurtres ?
– Oui, absolument. C'est ce que je crois.
– Pourquoi ?
– Parce qu'aucun cas de possession n'a été signalé dans les environs. Dès les premiers meurtres la police a mené les enquêtes nécessaires, et rien ni personne ne montre de signes de possession.
– Si tel était le cas, cela ferait longtemps que vous le sauriez » avança Jorah en s'adossant de nouveau au canapé. Il goûta le contenu de son verre. « C'est vrai qu'il est excellent, ce cognac.
–Je vous l'avais dit, lui rappela le maire. De l'Orflax. Il n'y a pas meilleur.
– Et vous ne pensez pas qu'il puisse s'agir d'une créature ?
– Nous avons bien pensé à un vampire, mais l'inspecteur Brent a pris contact avec le professeur Moriani, de l'université d'Ingstadt. Les meurtres étaient trop propres pour une créature.
– Mais pas assez pour un vampire, devina Jorah. D'après les rumeurs que j'ai entendu, il y avait une quantité assez incroyable de sang.
– C'est exact, oui.
– Mais contrairement aux croyances populaires, les vampires ne laissent aucune trace de sang. Ils se nourrissent de chaque goutte, sans en laisser une seule. Il est vrai que la façon dont ils tuent est assez spectaculaire, mais ils aspirent littéralement tout le liquide qui coule dans vos veine. Ils feraient des ravages, s'ils ouvraient des laveries, croyez-moi. »
À côté de lui, Joseph ne bougeait pas, aussi immobile qu'une statue, à l'exception de ses yeux bandés qui furetaient aux quatre coins de la pièce. À la lumière, Astwood remarqua que les commissures de ses lèvres étaient violacées, comme si sa bouche avait été brutalement tirée. Mais il se garda bien de le dire à haute voix. Le garçon le mettait encore plus mal à l'aise qu'Allister et son regard de faucon. Sa camisole lui plaquait les bras le long du corps, croisés, sans aucune liberté de mouvement. Le maire se demanda quels traitements le conjurateur pouvait bien réserver à ce pauvre enfant.
« Joseph est un enfant qui a quelques problèmes. Je sais ce que laissent penser les apparences, mais elles sont trompeuses, dit alors Jorah en caressant le loup de sa canne.
– Jamais je n'ai...
– Dit une telle chose, je sais, finit-il pour lui. Mais vos yeux disent ce que votre bouche tait, Monsieur le maire. »
Dans la maison, une cloche sonna.
– Le dîner est servi, traduit Astwood, soulagé.
– Peut-être devrions-nous terminer cette conversation avant de passer à table.
– Bien sûr, bien sûr.
– J'aurai besoin d'accéder à toutes les scènes de crime dès demain.
– L'inspecteur Brent vous y conduira.
– S'il s'agit d'un démon, je le débusquerai. S'il ne s'agit que d'un être humain, ce n'est pas mon affaire. Je sais ce que les rumeurs disent à mon sujet, mais elles sont infondées. Les conjurateurs n'ont le droit de tuer que ce qui relève du paranormal, et rien d'autre. Suis-je bien clair ?
– Très clair, Monsieur Allister. »
Pour la première fois depuis longtemps, le conjurateur et Joseph eurent un repas digne de ce nom devant eux. La salle à manger était grande, et la table longue, comme c'était à la mode dans les maisons bourgeoises. Au bout de celle-ci, le maire était confortablement installé, dos à la cheminé, tandis qu'à sa gauche était assise sa fille, une enfant de l'âge de Joseph, et à sa droite sa femme, trop radieuse pour un petit homme courtaud et faux comme Astwood, estima Jorah. Marie-Lyne, s'appelait-elle. L'invité se trouvait juste en face d'elle, au lieu de l'autre bout de table, comme il aurait dû. Mais Joseph ne pouvait manger seul, coincé dans sa camisole, alors il se chargeait de le nourrir.
« Peut-être pourriez-vous lui ôter cette chose atroce, avança l'épouse du maire en souriant.
– Non, madame, protesta Jorah. Cette camisole le retient pour sa propre protection autant que pour la votre. Pour notre bien à tous, mieux vaut qu'il y reste.
– Alors laissez Mélia se charger de le nourrir. Elle adore les enfants, elle serait ravie.
– Je préfère m'en charger moi-même, mais merci de l'offre. Il n'est pas très à l'aise avec les inconnus, et je ne voudrai pas qu'il se rebiffe.
– Il m'a pourtant l'air très sage.
– Il l'est, tant qu'on ne le brusque pas. Tant qu'il se sent en sécurité. Autrement, même moi aurais du mal à le contenir. C'est un enfant exceptionnel, mais malheureusement perturbé. Trop de talent pour un esprit si peu affûté.
– Est-ce qu'il est aveugle ? Demanda la petite fille d'Astwood d'une voie fluette.
– Naelor, persifla ce dernier.
– Ce n'est rien. Non, ma chérie, il n'est pas aveugle. Cependant il aurait préféré l'être, et c'est pour cette raison qu'il veut avoir les yeux bandés.
– Pauvre enfant, se lamenta Marie-Lyne.
– Vous n'imaginez pas.
– Hum hum, un peu de vin ? » demanda le maire en s'éclaircissant la voix.
Jorah fit un signe de tête et poussa son verre dans sa direction. Le vin était excellent, tout comme le cognac, et tout cet alcool commençait à lui faire tourner la tête. Sa vision s'attardait de plus en plus sur la poitrine voluptueuse de la maîtresse de maison, serrée dans un corset fermement lacé. Sa gorge était longue, blanche, et Jorah pouvait voir le pouls battre sous sa peau. Ses yeux étaient d'un marron clair qui miroitait sous la chaleur des flammes, et sa bouche une fente humide et pulpeuse, d'un rouge aussi vif qu'une prune sanguine. Ses cheveux d'or bouclaient autours de son visage, tombant délicatement sur ses épaules frêles, dénudées par sa robe. Détournant son regard de cette femme envoûtante, Jorah avala une nouvelle gorgée du vin, dont l'amertume légère égaillait son palais. Aussi posa-t-il sa main sur le pommeau de sa canne, dont les yeux saphirs brillaient à la lueur de l'âtre. Et il psalmodia une douce comptine dans sa tête ; quelques vers dont le pouvoir obscure était manipulateur.
« Avez-vous une femme dans votre vie, monsieur Allister ?
– Marie, siffla le maire, aussi rouge que gêné.
– Vous pouvez m'appeler Jorah, Madame Astwood.
– Marie-Lyne, je vous en prie ! »
Elle avait ce regard, aguicheur et mutin, l'air enjôleur. Ses yeux pétillaient, mais pas à cause du reflet des flammes, cette fois. Elle charmait, et de façon beaucoup trop évidente pour que son mari ne s'en rende pas compte. Il avait la moutarde au nez, le teint pivoine et serrait les poings, mais n'osait rien dire.
« Vous n'avez pas répondu à ma question, Jorah.
– Non, je n'ai pas de femme dans ma vie, dit-il en buvant encore un peu de vin. Je fais fuir les femmes d'avantage que je ne les attire, il me semble. Mon travail n'est pas le plus séduisant qui soit, et je passe ma vie sur les routes.
– Je suis sûre que vous dramatisez la chose.
– Juste un peu » répondit-il en souriant.
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Comme à son habitude, le sommeil ne vint pas. le conjurateur était allongé dans son lit, niché sous ses draps, à regarder un plafond inerte et insipide. La pluie continuait de battre là-dehors, et il entendait le vent la rabattre sur la fenêtre de sa chambre. Joseph ne dormait pas avec lui, cette nuit, mais tout irait bien, tant que l'orage ne grondait pas. Madame Astwood lui avait fait préparer une chambre à deux pas de la sienne, et Jorah n'avait pas insisté pour être avec lui.
Une maigre clarté envahissait la pièce, car Allister détestait l'obscurité profonde. Les volets n'étaient jamais fermés, là où il dormait, et toujours trônait un candélabre non loin, avec assez d'allumettes à portée de main pour enflammer une petite ville comme Eriva. Les ténèbres n'étaient jamais plus fortes que dans le noir.
Puis, comme à chaque fois qu'il voulait s'abandonner au sommeil, l'image d'une jeune femme le tortura. Belle à en mourir, se disait-il souvent. Mais un filet de lumière se faufila sous sa porte, et le bouton tourna lentement. Elle s'ouvrit, la femme du maire derrière elle, en tenue bien trop légère pour se dévoiler ainsi devant un autre homme. La lueur vacillante d'une chandelle dansait sur son visage, et les flammes la dévorèrent complètement lorsqu'elle claqua doucement le battant derrière elle.
Sa robe était transparente sur sa peau, laissant voir ses formes sous la matière. Elle était nue sous sa nuisette ; offerte. Mais Jorah n'était nullement surpris de la voir.
« Que m'avez-vous fait ? Demanda-t-elle avec une lascivité contrôlée, en posant sa chandelle à côté du candélabre.
– Rien qu'un petit charme, répondit-il sans fard.
– Comme un filtre d'amour ? », demanda-t-elle en baissant les draps au niveau de ses genoux. Il était nu, lui aussi, car il l'attendait depuis qu'il était monté se coucher.
« Un désinhibiteur, plutôt.
– Je ne comprends pas, dit-il en relevant sa robe et en montant sur lui à califourchon.
– Le charme ne vous force pas à faire quoi que soit. Il vous fait simplement faire ce que vous avez envie, sans retenue. C'est comme... »
Mais elle l'embrassa, de ses lèvres charnues et tendres, délicieuses comme un fruit mur. Sa langue était douce, caressante comme de la soie, et ses mains étaient délicates, posées sur son torse. « Je ne veux pas comprendre, dit-il en balançant lentement ses hanches, de haut en bas, frottant son intimité suave et humide contre lui, faisant grandir son excitation.
Elle lui mordilla l'oreille, et Jorah sentit son souffle chaude dans son cou. Il la laissa faire. Il la laissa le prendre et le glisser en elle, et il la laissa se déhancher avec langueur, posant simplement ses mains sur son bassin pour la diriger.
Belle, comme cette femme se mordait la lèvre inférieure, ses dents blanches éclairées par la lune ; le menton légèrement incliné, le visage froncé, tout en retenue pour ne pas céder. Alors Jorah se redressa, et fit glisser la robe le long de ses épaules, libérant ses seins de leur carcan d'étoffe. Il les prit dans ses mains, les embrassa avec envie. Marie-Lyne laissa échapper un souffle de plaisir, aussitôt réprimé. Mais trop tard, car l'homme l'avait entendu, et avec lui le désir gonflait encore.
Une main contre son dos et l'autre sous sa cuisse, il l'a bascula brusquement sur le dos, sa bouche collée à la sienne. Et il ne la laissa plus faire, cette fois, écartant ses bras lorsqu'elle voulait le caresser, détournant la tête lorsqu'elle voulait l'embrasser. Et il la fit lâcher prise, par à-coups lents et brutaux. Les muscles roulaient sur son dos, travaillant à la faire ployer. Et lorsqu'elle cria enfin, il posa un doigt sur ses lèvres entrouverte, soufflant un simple chut qui lui coupa la voix, la rendant muette dans le noir. Il n'y avait plus que les grincements du lit, les frottement des corps, et ses propres soupirs. Les cris de plaisirs restaient coincées dans la gorge de la femme du maire, et elle s'abandonna dans des hurlements silencieux, crispée.
Épuisé, Jorah se laissa tomber sur le côté, à bout de souffle.
« Tu peux reparler, maintenant. Et tu peux repartir. »
De nouveau il se retrouva seul dans l'ombre, sans pouvoir fermer l’œil. Il se reposa néanmoins, suffisamment pour ne pas tomber de fatigue le lendemain.
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
« Ça y est, c'est la dernière, dit l'inspecteur Brent en ouvrant la porte d'une maison. Sixième victime. C'était un vrai carnage quand on est arrivé, ça je peux vous le dire. Et c'est comme pour les autres, on y a arraché les yeux. Impossible de les retrouver. »
L'inspecteur était un grand homme austère, avec un visage taillé à la serpe et un couteau à la place du nez. Ses lèvres étaient si fine qu'elles ne paraissaient être qu'un trait tiré, incapable de se courber pour former un sourire. L'homme gardait constamment les pouces glisser sous la ceinture qui portait deux pistolets à silex.
« Merci, fit Jorah Allister en pénétrant de la pièce, ses mains sur les épaules de son assistant pour le guider.
– Au fait, je voulais vous demander... Qu'est-ce qu'il a le petit ? Il est aveugle ?
– Non il n'est pas aveugle, et ce qu'il a ne vous concerne pas.
– Je vois. Vous voulez que je vous laisse, comme les autres fois ?
– Oui, s'il vous plaît.
– Très bien, maugréa l'inspecteur. De toute façon ces scènes de crime me foutent les jetons, ça je peux vous le dire ! »
Et il s'en alla. La maison était simple ; une pauvre masure d'ouvrier, sans aucun doute. Jorah tira un papier de la poche de sa veste et lu la dernière ligne. J'aab Elsine, batteur à l'usine de Monsieur Astwood.
« Batteur ? Tu sais ce que c'est toi, qu'un batteur ? Non, évidemment. »
Pas de lien apparent avec les autres victimes, se souvint Jorah. Seules deux d'entre elles se connaissaient : un veuf et sa fille. Deux femmes et quatre hommes tués, de seize à soixante-huit ans. Pas de cycle, et aucune signification apparente quant aux lieux des meurtres. Seul point commun : tous avaient les yeux extirpés de leurs orbites.
« Tu sens quelque chose, Joseph ? Non, moi non plus, répondit-il à sa place. Comme pour tous les autres. »
Sur le mur, un trou de la taille d'un pouce creusait une tâche coulante de sang séché. L'assassin avait superposé les deux mains de sa victime et les avait clouées. C'était tout ce qu'il restait du meurtre, mis à part l'atmosphère pesante du théâtre d'un meurtre. Aucun des deux hommes ne ressentait la moindre présence démoniaque, ne percevait la moindre effluve maléfique. Il n'y avait rien d'autre qu'eux dans la pièce, et le témoignage du massacre.
« Alors ? Demanda l'inspecteur lorsque Jorah ressortit quelques instants plus tard.
– Rien.
– Encore ? Vous voulez dire que c'est un homme qui a fait ça ?
– Je n'en suis pas encore sûr, mais il y a des chances. Il faudrait que je vois le corps de la dernière victime au plus vite. S'il a été tué par un possédé, son cadavre nous le dira. À condition de le voir très vite.
– Je suis désolé, mais pour aujourd'hui ça ne va pas être possible, s'excusa le policer en se grattant la nuque. Le coronaire n'est jamais là le vendredi, il donne des cours à l'université. Demain, il sera là, par contre, il revient toujours aux aurores le samedi matin, pour ne pas manquer la prière.
– Très bien, cela ne devrait pas poser de problèmes. Est-ce que vous pouvez nous raccompagner jusque chez Monsieur Astwood ? J'ai bien peur de ne pas me souvenir du chemin.
– Oui, oui, bien sûr. »
La pluie battait toujours, sans interruption depuis la nuit dernière. Dans ce quartier, les pavés s'étaient enfoncés dans le sol meuble depuis bien longtemps, et c'est dans une boue gorgée d'eau que s'enfonçaient les bottes de Jorah. Chaque pas engendrait un bruit de succion, comme si la terre voulait l'avaler.
Des passants l'observaient, intrigués. Dans une petite ville comme celle-ci, les étrangers ne passaient pas inaperçus, surtout lorsqu'ils se baladaient en tenant un gamin en camisole par les épaules.
« J'arrive pas à croire qu'un homme puisse faire ça. Incompréhensible, dit l'inspecteur. Quelque chose d'aussi monstrueux, c'est tout simplement pas croyable.
– Les démons et les monstres n'ont pas le monopole de la cruauté, malheureusement. Loin de là. La plupart des tueries sont commises par de simples hommes. Nous sommes d'avantage un fléau pour nous-même que les forces obscures ne le sont pour nous.
– Alors ce sont les hommes que vous devriez chasser, pas ces démons.
– Vous vous chargez déjà des hommes, inspecteur. Je ne m'occupe que de mon domaine.
– Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire, insista Brent.
– Vous avez mal entendu. L'homme que j'ai tué était possédé.
– Ce n'est pas ce qu'on dit.
– On dit des conneries, trancha Jorah. C'était un symbiote. Mais je n'ai rien pour le prouver. Il est toujours difficile de faire admettre à quelqu'un ce qu'il refuse obstinément de croire. Pourtant ils existent, et je l'ai vu de mes yeux.
– Un symbiote, hein ? Demanda l'inspecteur en allumant une pipe.
– Vous voulez de l'aide avec votre parapluie ?
– Non, ça ira, merci. J'ai l'habitude, maintenant. Vous fumez ?
– Non, je ne fume pas.
– Et pour ce symbiote ? Qu'est-ce que c'est exactement ? »
L'air frais soufflait sans pudeur, faisant bruisser les arbres et hurler les ruelles. Il s'engouffrait dans le col de Jorah comme un serpent dans une maison, lui mordant la chair d'un baiser glacial. D'une main il resserra la cape autours de son cou, mais la brise persistait, traversant l'étoffe.
« La cohabitation entre un démon et un homme, expliqua-t-il. Habituellement, les démons possèdent les corps par la force, et le combat entre lui et l'esprit humain abîme le réceptacle. Trop de force spirituel pour la matière. C'est ainsi qu'on détecte un possédé : par les stigmates et la lutte entre les deux entités.
– Je vois, acquiesça l'inspecteur.
– Dans le cas d'un symbiote, c'est différent. L'hôte a accepté le démon. Je pense même que certains pactisent sciemment avec un démon, prennent l'initiative de la possession. J'ai déjà vu d'anciens rituels qui pourraient permettre de telles choses.
– Effrayant, fit le policier en réprimant un frisson.
– Si l'humain accepte l'esprit étranger, alors il n'y a pas de lutte. Pas de stigmates, pas de combat. Autrement dit, c'est impossible de détecter un symbiote à l'œil nu. Un changement de comportement, sûrement, mais à moins de connaître parfaitement la personne, c'est impossible de la remarquer. Le démon finit par s'emparer du corps d'accueil, sans que l'hôte ne s'en rende véritablement compte. Mais tout cela ne sont que des théories. Je n'ai rencontré ce cas qu'une seule fois, et je n'ai jamais pu le prouver. Si la Haute Inquisition me laisse encore exercer, c'est parce qu'ils ont choisi de me laisser le bénéfice du doute. Et une chance de prouver que je ne suis pas un meurtrier.
– Et si vous n'y arrivez pas ?
– Rien d'enviable, soyez-en sûr. »
Le reste du chemin se déroula dans le silence le plus total, en dépit des tentatives de l'inspecteur de changer de sujet. Jorah n'avait plus la moindre envie de discuter. Il voulait seulement aller se reposer. La ville était sans doute petite, mais sacrément grande quand on la parcourait de long en large sans autre moyen de transport que ses jambes ; et le voyage était encore plus épuisant lorsque la pluie et le vent s'en mêlaient, quand la moitié du chemin était faite de boue au lieu de pavés.
Le maire était absent, lorsqu'ils rentrèrent, occupé à son usine. Mélia s'occupa de Joseph, et le conjurateur usa de sa magie pour que Marie-Lyne s'occupe de lui. Bien qu'elle était ravissante, il ne parvint pas évincer une jolie blonde de ses pensées. Il aurait aimé connaître son nom. Il l'avait sans doute connue, d'ailleurs, mais il ne s'en souvenait pas. Il aurait aimé savoir qui elle était ; mais ça non plus, il ne s'en souvenait pas. Jorah n'avait que son portrait en tête, sans qu'il ne l'ait jamais vue, et d'étranges battements dans son cœur, comme si elle ne lui était pas étrangère. Souvent il furetait du regard, dans les villes, espérant l'apercevoir, mettre un nom sur son visage. Il interpellait souvent des jeunes femmes qu'il croyait reconnaitre, mais ce n'était jamais elle.
Il voulait tant la rencontrer. Et lui faire l'amour autrement qu'en rêve.
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
« Ces satanés ouvriers ! Des incapables, des incapables ! » pesta le maire en se servant un verre. Ses joues était rouge vif, et ses yeux presque exorbités. La rage fulminait de son visage et ses mains tremblaient.
« Des problèmes à l'usine ?
– Deux des victimes travaillaient pour moi. Et avec la mort de ce batteur, il me manque une personne pour faire tourner à plein régime. Seulement le poste demande un peu de technique, et aucun autre employé n'est fichu de le faire. Mon quartier-maître dit que ça prendra au moins deux semaines pour former un batteur simplement correct. Deux semaines ! Mais je vous ennuie, ce ne sont pas vos affaires. Comment avancent les choses, concernant ce démon ?
– Pas selon vos espérance, je le crains.
– Que voulez-vous dire ?
– Je doute fort qu'il s'agisse d'un démon. »
Le visage du maire passa du rouge au blanc le plus exsangue que l'on puisse imaginer ; et passa de la rage à l'angoisse.
« C'est impossible, affirma-t-il catégorique. Simplement impossible !
– Et pourtant, insista Jorah. Je n'ai perçu aucune émanation démoniaque.
– De ce que je sais, les conjurateurs peuvent se tromper à ce sujet, les émanations sont particulièrement difficiles à ressentir, même pour un homme aussi entraîné que vous.
– C'est vrai, confirma-t-il.
– Et vous n'êtes pas sentient, que je sache. Alors vous pouvez vous tromper.
– C'est exact, je ne suis pas sentient. Mais mon assistant, Joseph, lui l'est. Et il est particulièrement sensible, croyez-moi. Lui non plus, n'a rien perçu. Pas le moindre fragment.
– Hum hum, bougonna le maire. Mais s'il s'agit d'un symbiote...
– Oui, s'il s'agit d'un symbiote, cela pourrait expliquer que Joseph n'ai pas réagi. Mais je crois plutôt qu'il s'agit d'un homme. Les symbiotes sont extrêmement rares, selon moi, et ils ne peuvent pas dissimuler toute trace de leur effluve démoniaque.
– Non, je refuse de croire qu'un de mes concitoyen puisse faire une chose aussi atroce ! Pas de lui-même, en tout cas. C'est inconcevable, s'entêta Astwood. »
le conjurateur fit tourner l'excellent cognac dans son verre, sans toutefois y toucher.
« Pourtant, même dans l'hypothèse où il s'agirait d'un symbiote, le tueur n'est pas innocent. Dans les deux cas nous avons affaire à un monstre, Monsieur le maire.
– Je vois. Je vous prie de m'excuser, je ne me sens pas très bien. Toute cette histoire me rend fou. Dîner donc sans moi.
– Vous n'avez pas à vous excuser. »
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
Le lendemain, L'inspecteur Brent vint le chercher aux aurores, comme promis, et le conduisit chez le coronaire.
« Enchanté de vous rencontrer, Docteur, dit Jorah en tendant une main chaleureuse.
– Tout le plaisir est pour moi, c'est la première fois que je rencontre un conjurateur. Même si j'aurai préféré que ce soit dans d'autre circonstances.
– Je comprends. » Le coronaire était un vieil homme bien portant, encore vigoureux, à la barbe blanche et à la chevelure encore bien fournie. « Je vous présente mon jeune assistant, Joseph. Et avant que vous ne posiez la question : non, il n'est pas aveugle.
– Heureux de te rencontrer, Joseph.
– Il ne vous répondra pas, mais je suis sûr qu'il est aussi enchanté. Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais voir le cadavre de la dernière victime du tueur. Le plus vite sera le mieux, tant qu'il reste des traces d'une attaque démoniaque. Si le tueur est bien possédé par un démon.
– Oui, bien sûr. Inspecteur, conduisez Monsieur Allister dans la salle d'autopsie, je vais chercher le corps dans la chambre froide. »
Quelques instants plus tard, le docteur les rejoint, poussant une table de métal devant lui, surmontée d'un grand drap blanc. Jorah pouvait voir la forme du corps sous l'étoffe.
« L'inspecteur a préféré ne pas rester, annonça-t-il au docteur.
– Oh, il n'a jamais été très à l'aise avec les cadavres, vous savez.
– Un peu difficile, dans son métier.
– C'est une petite ville, vous savez. L'inspecteur n'a pas souvent affaire à des morts. La plupart de mes pensionnaires sont des vieillards décédés, des malades, des accidentés. Les meurtres sont extrêmement rares à Eriva, loué soit-Il. »
Le docteur saisit le drap, prêt à le relever, puis hésita lorsqu'il posa les yeux sur Joseph.
« Allez-y, il a l'habitude. De toute façon il ne voit pas, et j'ai besoin de lui.
– Comme vous voulez » céda-t-il en découvrant le corps de J'aab Elsine.
À la place des yeux, deux trous béants fixaient le plafond, et un second sourire était taillé dans son cou. Ses mains étaient percées, d'un creux du même diamètre que celui qu'il avait remarqué sur le mur de la maison.
« Du travail d'amateur, expliqua le docteur en pointant les blessures au visage. Vous voyez toutes les coupures autours de l'orbite ? L'incision a été pratiquée par un sauvage. D'ailleurs, lorsque j'ai reçu le corps, l'un des yeux avait coulé sur sa joue : crevé pendant l'opération. Celui qui a fait ça n'a pas la moindre connaissance médical.
– Il aurait dû clouer les poignets.
– Oui, exactement.
– Il lui a retiré les yeux avant de le clouer, sinon il se serait déchiré les mains en se débattant.
– En réalité, il l'a cloué post-mortem.
– L'incision à la gorge a été faite avant l'énucléation ?
– Oui.
– Il n'a pas coupé assez profond. Ni pour couper les cordes vocales, ni pour le tuer.
– Non, effectivement. Il lui a bourré la bouche avec un chiffon pour l'empêcher de hurler. D'ailleurs, c'est ce qui l'a tué : asphyxie. »
La poitrine du cadavre était suturée et agrafée, signe que le docteur l'avait ouverte.
« Est-ce que tu sens quelque chose, Joseph ? » Le garçon secoua la tête. « Et je ne vois rien de démoniaque là dedans. Ou alors il s'agit du démon le plus incompétent que j'ai jamais vu.
– Donc il s'agit bien d'un homme ?
– Comme bien souvent. Je suis désolé de vous avoir fait perdre votre temps.
– Ce n'est rien. J'aurais préféré que ce ne soit pas le cas. Le fait qu'un des habitants d'Eriva puisse faire une chose aussi atroce...
– Horrible, je sais » acheva Jorah en rabattant le draps sur le mort.
Dehors, il retrouva l'inspecteur Brent qui fumait sa pipe. Sans parapluie, cette fois, car le ciel avait cessé de faire des siennes.
« Alors ?
– Alors je suis désolé, inspecteur, mais vous allez avoir du travail. Moi, je n'ai plus rien à faire ici. Nous allons récupérer nos affaires chez monsieur Astwood et nous partons.
– Je n'arrive pas à croire que celui qui a fait ça soit un homme.
– Les hommes sont autant des monstres que les démons, Brent. Sans doute même pire.
– C'est ce que je vois, maintenant. Je n'ai jamais voulu exercer dans une grande ville, justement pour ne pas voir ce genre d'horreur.
– Mais l'horreur finit toujours par nous rattraper, où qu'on se cache.
– On dirait bien, constat l'inspecteur avec dépit. Vous voulez que je vous raccompagne chez Monsieur le maire ?
– Non merci, ça ira. J'ai repéré le chemin, cette fois. Nous devrions nous en sortir tout seuls. Je vous remercie de nous avoir consacré votre temps, inspecteur, dit Jorah en lui tendant la main.
– Je vous remercie d'avoir essayé. J'aurais tellement préféré que vous nous sortiez un démon de là.
– Et moi donc. »
Ce fut le maire lui-même qui accueilli le conjurateur et son assistant, les yeux gonflés d'un espoir ébréché, comme les clients qui comprenaient peu à peu que Jorah Allister ne pouvait rien faire pour eux. C'était le regard désabusé de celui qui comprend que sa dernière échappatoire venait de se refermer devant lui, le laissant seul face à une réalité cruelle.
« Alors ?
– Nous récupérons nos affaires et nous partons immédiatement. Je ne peux pas me permettre de perdre plus de temps. Désolé de ne pas avoir pu vous aider.
– Mais si...
– Non, trancha sèchement Jorah. Il est impossible que le tueur soit un possédé. Même un symbiote.
– Je vois » répondit le maire, décomposé. Il poursuivit, hébété : «Mais, je vous en prie, restez pour aujourd'hui. Nous apprécions votre compagnie, et ma fille parle encore de cette histoire que vous lui avez racontée, la soirée dernière. Je vous paierai le temps que vous avez passé ici, pour vous remercier.
– Dans ce cas, je ne vois pas comment refuser » concéda Jorah.
Le sourire d'Astwood reprit un peu de vigueur, puis il s'excusa de devoir partir pour son usine, appelant le majordome pour s'occuper d'eux. Lénard faillit défaillir, lorsqu'il vit l'état de leurs bottes, et la boue qui s'étalait sur le parquet du hall d'entrée.
Finalement, ce passage à Eriva n'était pas si mal, songea le conjurateur. Nourri, logé, et même payé, alors qu'il n'avait presque rien fait. Habituellement, les clients se refusaient à le payer, lorsque leurs illusions s'évanouissaient. Au moins le maire était-il un homme de parole. Et un homme qui aimait les livres, au regard de sa bibliothèque.
Des rangées de livres étaient stockées sur quatre étagères hautes et profondes. Les ouvrages étaient classés par thème. Presque aucun roman, seulement des traités de divers sujet, allant des mathématiques jusqu'à la philosophie. Il y avait aussi des biographies, des essais, et même quelques recueilles de dessins et de reproductions de peintures. Rien qui puisse intéresser Jorah, malheureusement. Jusqu'à ce que ses yeux tombent sur le thème de la démonologie. Cependant, aucun des livres qui auraient dû se trouver dans cette case n'y était. le conjurateur se dirigea vers le bureau jonché de livres ouverts. Il alluma la lampe à huile et referma un ouvrage au hasard pour en découvrir la couverture et le titre.
« Traité de démonologie, par Lucaïn Maerga » lut-il à haute voix. L'un des manuels de référence. Pointu pour un amateur, mais Astwood semblait être un homme cultivé. Il feuilleta rapidement le livre, sans lire, puis s'attarda sur un autre. De l'homme et du mal, de Jorah Allister, lut-il sans un mot. Sa propre thèse. Le maire n'avait pas menti, lorsqu'il avait dit avoir effectué des recherches. Le conjurateur avait développé sa théorie de la symbiose dans ces pages, partagée par trop peu de confrères et de professeurs de démonologie pour lui donner beaucoup de crédit. Pourtant, les inquisiteurs qui avaient apprécié sa thèse l'avait trouvée brillante.
Visiblement, monsieur Astwood avait réellement du mal à imaginer qu'un véritable monstre se cachait parmi ses concitoyens, songea Jorah en sortant de la bibliothèque. En refermant la porte, il entendit des voix, provenant d'une autre pièce, un peu plus loin. Il s'avança jusqu'à celle-ci, sans faire de bruit, laissant ses pieds glisser sur la moquette. La porte était ouverte, il s'agissait de Marie-Lyne donnant une leçon à sa fille. Géographie.
« Oh, bonjour Jorah, dit-elle en le voyant. Je ne vous avez pas remarqué.
– Non, c'est moi. Désolé de vous interrompre. Je vous ai entendue en sortant de la bibliothèque, et j'étais intrigué. Bonjour Naelor, comment vas-tu aujourd'hui ?
– Très bien, Monsieur Allister, et vous ? Répondit la petite fille.
– Très bien, je te remercie. » Elle hocha la tête, ravie. « Mais je t'ai déjà demandé de m'appeler Jorah.
– Je sais, mais mon père ne veut pas. Il dit que c'est impoli.
– Je vois. Et qu'étudiez-vous donc ?
– La géographie, dit Marie-Lyne. Naelor ne va plus à l'école, depuis que les... événements ont commencé.
– Je comprends. Aucun enfant n'a été touché, mais il faut rester prudent.
– À mes yeux, la jeune Selli n'était qu'une enfant. Seulement seize ans...
– Vous avez raison, acquiesça Jorah.
– Où est Joseph ? Demanda Naelor, comme si de rien n'était.
– Avec Mélia. Je crois qu'elle lui a préparé un goûté. Il devient grognon s'il ne mange pas pour quatre heures
– Pourquoi est-ce qu'il ne veut pas jouer avec moi ?
– Naelor, je t'ai expliqué, lui rappela sa mère. »
Le conjurateur s'approcha de la jeune fille et se baissa, pour se mettre à son niveau.
« Joseph est un enfant très particulier, ma chérie. Vraiment, très particulier. Il ne doit pas voir et ne doit pas se servir de ses mains, sinon il pourrait se faire du mal à lui-même, et aussi aux autres. Il ne parle pas beaucoup non plus, malheureusement.
– Pourquoi ?
– Disons qu'il a des dons extraordinaires, mais que ces dons ont un prix. Il vivait dans un hôpital où on soigne ceux qui ont l'esprit malade. Tu connais ? » La fille fit non de la tête. « Joseph est un enfant différent. Adorable, mais qui peut aussi être dangereux.
– Parce que son esprit est malade ?
– En quelque sorte, ma chérie. »
Il se releva, époussetant son pantalon pour effacer les mauvais plis. Jorah pouvait voir la compassion dans les yeux de Marie-Lyne. La compassion d'une mère pour la souffrance d'un jeune garçon.
« Je vous laisse à vos devoirs, jeune fille. De mon côté, je vais aller voir comment va Joseph. Il n'aime pas que je m'éloigne trop longtemps de lui.
– Nous nous reverrons au dîner de ce soir, dit l'épouse du maire.
– Absolument. J'ai déjà hâte d'y être. Travaillez bien, jeune fille » dit-il à Naelor en lui effleurant le bout du nez.
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
Accoudé à la fenêtre ouverte, Jorah se délectait de la nuit glaciale, nu comme au premier jour. Sa peau capitonnait sous le murmure du vent, et ses tétons étaient douloureusement durs. Le ciel était encore couvert, mais par endroit l'on pouvait apercevoir un fragment de lune, dont la pâle lueur traversait les nuages sombres.
Derrière-lui, Marie-Lyne s'échappa du lit, repassant par dessus sa tête la nuisette que son hôte s'était empressé de retirer.
« Est-ce que tu aimes ton mari ? Demanda-t-il sans la regarder.
– Je... » commença-t-elle, surprise par la question. Habituellement, Jorah la laissait partir après avoir fait l'amour, sans rien ajouter. Mais pas cette fois. « Les choses ne sont plus comme avant. Ce n'est pas que je ne l'aime plus, mais... c'est plus de l'affection. L'habitude.
– Je vois. J'aime une femme, moi, avoua-t-il. Mais je ne la connais pas. Je ne l'ai même jamais vue. Ce n'est qu'un rêve, des images qui me traversent l'esprit. Ce n'est qu'une apparition, et pourtant j'ai la sensation qu'elle m'est proche. Et je l'aime, sans comprendre pourquoi. Chaque fois que je couche avec une autre femme, j'ai l'impression de la tromper. » Il se tourna vers elle, rejetant ses coudes derrière lui pour garder appuie sur la fenêtre. « C'est étrange, non ?
– Peut-être que cette femme existe, quelque part. Peut-être que vous l'avez vue, un jour, et que vous avez oublié tout de ce moment sauf le sentiment que vous avez eu en la voyant.
– Peut-être, lui accorda-t-il.
– Bonne nuit, Jorah.
– Je n'ai pas usé de charme, cette fois-ci. Ce n'était que toi.
– Je le sais, dit-elle doucement. Tu t'en vas demain, n'est-ce pas ?
– Oui. »
Alors elle s'avança vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres.
« Adieu, dans ce cas. C'était agréable » dit-elle avant de s'en aller, le laissant à nouveau seul.
Il referma la fenêtre sans bruit, sans toucher aux volets. La chambre était glaciale, désormais. Et malgré le froid qui engourdissait ses membres, en dépit de l'effort qu'il venait de produire, l'insomnie persistait. Alors Jorah souffla, juste pour briser le silence, pour entendre autre chose que ce rien insupportable. Pour ne pas rester seul avec la solitude qui le rongeait. Car Joseph ne comptait pas. Il l'adorait, mais cet enfant était ailleurs que dans ce monde, renfermé dans son esprit, emprisonné dans son corps par des dons qui le dépassaient. Parfois il parvenait à capter de légères pensées, et exceptionnellement, Jospeh lui délivrait quelques mots. Mais jamais plus.
La vie de chasseur était rude, solitaire et indigente. Tout du moins l'était-elle pour lui, qui y consacrait plus que sa vie. Certains s'installaient en ville, avec un joli bureau, et se faisaient payer à la consultation. Des charlatans plus que de véritables démonologistes. Postuler à une chair de professeur était possible, mais il ne pouvait se passer des affrontements, de la traque.
Finalement il décida d'aller s'allonger et de fermer les yeux, cherchant le repos d'avantage que le sommeil. Il resta ainsi des heures, jusqu'à ce que des cris s'élèvent dans la maison, avant que les premiers rayons du soleil n'éclairent le ciel.
Jorah sauta du lit, enfila rapidement un pantalon et une liquette, sans oublier de prendre la canne qu'il gardait toujours avec lui. Il percuta Astwood, lorsqu'il débarqua en trombe dans le couloir. L'homme était couvert de sang, les yeux hagards et le visage livide. Sa peau était blanche, vidée de toute chaleur. Le conjurateur l'examina rapidement, sans trouver aucune trace de blessure. Le sang n'était pas le sien. Ses vêtements en étaient imbibés, et des gouttes carmins avaient éclaté sur son front, son nez, et ses joues.
« Monsieur Astwood, dit Jorah en le secouant doucement par les épaules, dite-moi ce qui se passe !
– Ma... Ma fille... » dit-il en pointant une chambre du doigt.
Sans attendre, le conjurateur s'y dirigea, le pas assuré et vif. Attirés par les bruits, Mélia et Lénard débarquèrent à leur tour, et Marie-Lyne émergea de sa propre chambre.
« Madame Astwood, Mélia, conduisez Monsieur Astwood en bas et attendez-moi. Lénard, prenez Joseph avec vous et allez chercher l'inspecteur Brent.
– Que...
– Faite ce que je vous dis, Lénard, et ne posez pas de questions ! » cria-t-il en pénétrant dans la chambre. Naelor, prononça la voix du maire, comme lointaine ; éteinte.
À l'intérieur, la petite fille était allongée sur le matelas, les paupières grandes ouvertes sur des yeux crevés. Cette fois, le tueur n'avait pas réussi à les extirper. Une entaille profonde courait d'une oreille à l'autre en passant sur sa gorge. À la place de son ventre, une bouillie informe. La petite fille avait été éviscérée, et ses tripes étalées tout autours d'elle.
Jorah fit rapidement le tour de la pièce, et jeta un œil par le fenêtre ouverte. Aucune trace de l'assassin. Il descendit alors au rez-de-chaussé, là où se trouvaient Mélia, Marie-Lyne et le maire, aphasiques et en larme.
« Mélia, emmenez Madame Astwood, il faut que je parle avec Monsieur Astwood. Allez au bureau de police.
– Non, il est hors de...
– Fais-le, Marie-Lyne ! » Ordonna Jorah d'une voie sèche, sans laisser place à la discussion. « Écoutez-moi, si vous voulez retrouver celui qui a tué Naelor. »
Les deux femmes obéirent et s'en allèrent, encore habillées de leurs vêtements de nuit. Elles prirent seulement de le temps de chausser des bottes et de se couvrir d'un manteau, avant de claquer la porte derrière elles.
« Dite-moi ce qu'il s'est passé, Monsieur Astwood.
– Je... J'étais heu...
– Calmez-vous. Respirez un grand coup et calmez-vous. Bien, allez-y.
– J'allais partir à l'usine, mais je vais toujours faire un bisou sur le front de Naelor, avant de m'en aller. Sauf qu'elle était...
– J'ai vu comment elle était, Monsieur Astwood.
– C'est l'assassin, Allister ! C'était lui ! Il est venu tuer ma Naelor !
– Personne n'est venu. Il n'y a pas de traces de pas, sous la fenêtre. Le sol est boueux, avec toute cette pluie qu'il y a eu. Si quelqu'un était passé par cette fenêtre, il aurait forcément laissé des traces. Et même en oubliant ce détail, je ne vois pas comment qui que ce soit aurait pu escalader la façade.
– Alors c'est un symbiote ! Si aucun être humain ne peut le faire, c'est un démon ! Vous voyez bien, s'emporta le maire.
– Non, coupa Jorah. C'est impossible qu'il s'agisse d'un démon. C'est un être humain.
– Non ! » Éructa Astwood en se levant brutalement de sa chaise. Il s'avança vers le conjurateur, fulminant de rage. « C'est un démon ! C'est impossible autrement ! Ce doit être un démon ! Dite-le ! » Il l'attrapa par le col, le visage fou, la bave aux lèvres. « Il faut que ce soit un symbiote !
– Non, répondit-il en repoussant le maire.
– Vous vous trompez !
– Je ne me trompe, pas Monsieur Astwood. Vous n'êtes pas possédé, et vous n'êtes pas un symbiote non plus. Ce n'est que vous, qui avez tué toutes ces personnes. Ces vous qui avez assassiné votre fille, pas un démon.
– Comment osez-vous ? Cracha le maire, indigné.
– Il n'y a pas de traces de pas dans la boue parce que personne n'est entré ou sorti. Vous n'avez pas pu trouver votre fille morte et avoir autant de sang sur vous.
– Je l'ai serré dans mes bras ! Se défendit-il.
– Vous n'auriez pas d'éclaboussures sur votre visage.
– Je...
– C'est pour cette raison que vous m'avez choisi. Parce que vous vouliez entendre que ce n'était pas votre faute, que vous étiez possédé. Mais ce n'est pas le cas, Monsieur Astwood. Vous n'êtes qu'un homme consumé par le mal, et rien d'autre. Ce n'est pas à moi de vous libérez, voyez ça avec le Seigneur. Mais je doute qu'il le fasse. C'est à la loi de s'occuper de vous, pas à moi.
– Vous ne pouvez pas... Il y a quelque chose en moi, dans ma tête ! Écoutez-moi Allister, je sens quelque chose !
– Ce n'est que vous. Rien que vous.
– Et si vous vous trompez ! Si les symbiote n'émettent aucune effluve !
– Je ne me trompe pas, Astwood. J'ai travaillé des années sur le sujet, et j'ai pu en rencontré un. Le mal s'est emparé de vous parce que l'avez laissé vous prendre. Vous avez simplement été trop faible pour le repousser.
– Vous ne savez pas ! » hurla-t-il en se ruant sur le conjurateur.
Saisissant sa canne, Jorah tira la tête de loup, qui se détacha, suivie d'une fine lame étincelante. Il piqua le torse du maire pour le tenir à distance, et une fleur pourpre apparue sur sa chemise. Ses poings étaient serrés mais il ne bougeait pas, tenu en respect par l'aiguille de métal.
« Je le sais bien plus que vous ne le croyez » cracha-t-il, exhibant sa colère pour la première fois, enfonçant d'avantage sa canne-épée dans la poitrine du meurtrier. Le sang ruissela de la blessure. « Je ressens les ténèbres à chaque instant, mais je lutte pour les contenir. J'ai choisi de les combattre, plutôt que d'y céder.
– J'ai essayé, Allister. J'ai essayé...
– Pas suffisamment. »
Les larmes commencèrent à couler des yeux du maire, et il s'effondra à genou, recroquevillé sur lui-même, secoué par les sanglots. Finalement le tueur n'est qu'un misérable, songea Jorah. Mais alors qu'il baissait sa garde, Astwood se redressa et bondit sur lui, un scalpel rutilant à la main. le conjurateur n'eut pas le temps de se protéger, et la petite lame lui mordit les doigts, lui faisant lâcher son arme. Il recula, pressant sa main meurtrie et douloureuse. Le sang giclait des profondes entailles.
« Je n'aurai qu'à dire que c'est le démon qui t'as tué ! » éructa le maire, dément. Et il plongea de nouveau sur lui, le scalpel en avant. le conjurateur se tourna pour ne pas recevoir le coup dans l'abdomen, et c'est dans sa hanche que la lame s'enfonça, pénétrant sa chair et crissant sur l'os de son bassin. Le bruit autant que la douleur lui arrachèrent un cri, et il recula en titubant, jusqu'à butter contre une chaise. Il tomba alors à la renverse, sur le dos, et une flèche lancinante lui perça de nouveau la hanche. Les dents serrés, il encaissa le coup.
Astwood se ruait déjà sur lui, le scalpel dans sa main. Alors Jorah se recroquevilla, paniqué, incapable de penser à autre chose qu'à se défendre comme il le pouvait. Mais une détonation retentit, et le maire hurla en tombant sur le sol.
« Monsieur Allister, vous allez bien ? Demanda l'inspecteur Brent en aidant le conjurateur à se relever.
– Pas vraiment », répondit-il en regardant le maire se triturer sur le sol, essayant d'atteindre la blessure dans son dos. « Non, en fait ça ne va pas du tout, rectifia-t-il. »
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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Re: De l'Homme et du mal
« Désolé de ne pas vous serrer la main, inspecteur, dit Jorah en levant sa main bandée.
– Ce n'est rien. Nous vous devons beaucoup. Si vous n'étiez pas venu, Monsieur le... Astwood, je veux dire, aurait continué à tuer sans doute encore beaucoup de monde.
– Sans doute, mais je n'y suis pas pour grand chose. Et je vous dois une fière chandelle. Sans vous, je ne serais sans doute plus de ce monde. Je crois qu'il était parti pour m'arracher les yeux vivant. Au moins j'aurai récupéré une jolie somme. Vous remercierez Marie-Lyne pour moi.
– Ce sera fait, affirma Brent.
– Bien, c'est le moment de nous dire au revoir.
– Au revoir, Allister. Content de vous avoir connu. Au revoir à toi, Joseph. » Mais le garçon aux yeux bandé n'eut aucune réaction. « Vous êtes sûr qu'il n'est pas sourd, aussi ?
– Non, il ne l'est pas, lui affirma-t-il, amusé. Lui aussi vous dit au revoir. Il le pense suffisamment fort pour que je puisse l'entendre, faite-moi confiance. »
L'inspecteur aida Jorah à monter dans la diligence. Sa hanche le faisait souffrir atrocement, mais il tut la douleur en une grimace. Après un dernier signe de la main au policier, il frappa trois coups, indiquant au cocher qu'il pouvait avancer.
Cette fois, ils traversèrent la forêt de jour, sans aucune ombre dissimulée entre les arbres. Il ne pleuvait pas non plus, et le soleil rayonnait vivement, malgré la fraicheur du matin. Jorah ne retournerait sans doute jamais dans la petite ville d'Eriva, mais son séjour lui avait laissé deux souvenirs marqués sur son corps. Concernant sa main, le docteur lui avait dit qu'il avait eu de la chance qu'aucun nerf ni qu'aucun tendon ne soit touché. Cela ne s'était joué qu'à peu de choses près, selon lui.
Son estomac se noua, au souvenir de la lutte qui s'était engagée avec Astwood. Il l'avait laissé le prendre par surprise, puis avait laissé la panique prendre le dessus. Deux erreurs qui auraient pu lui coûter la vie. Il s'était trouvé incapable de se servir de l'Art, alors que sa vie en dépendait. Tout juste bon à charmer des bonnes femmes, se reprocha-t-il.
« Tu vois, Joseph, ce que j'aime chez les démons, c'est qu'on sait à quoi s'en tenir. Ils sont mauvais, c'est tout. Alors qu'on ne peut pas savoir, pour les humains. Parce que nous avons tous le mal en nous, quelque part. N'importe qui pourrait être tenté de l'écouter. Je pourrais être tenté, un jour. Les ténèbres n'épargnent personne. Sauf toi, peut-être. Pour le moment. »
Pendant quelques instant, seuls le grincement des essieux et le battement des roues se firent entendre. Jusqu'à ce que l'enfant rompe le silence :
« Elle était gentille, Naelor.
– Je sais, Joseph. Je sais, dit Jorah en essuyant un œil humide.
– Elle aussi, aimait les chats. »
Et ils ne parlèrent plus pendant tout le reste du voyage. Même Jorah, qui s'endormit finalement d'un véritable sommeil, la tête appuyée contre la vitre, ballotée par les tremblements du carrosse. Cependant il ne rêva pas de l'inconnue aux cheveux blond et yeux bleus ; c'est un cauchemar, qu'il fit, cette fois. Un cauchemar qui reviendrait le hanter encore de nombreuses fois.
FIN !
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
Age : 33
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Re: De l'Homme et du mal
'tin, c'est long... on dirait moi
Plus sérieusement, c'est par où, les commentaires...?
Sinon, comme ça, vite fait sur le premier paragraphe:
Dans la première phrase, tu dis une fois diligence, une fois carrosse... redondant, non ?
Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'adjectifs (tu me connais, niveau comm, "faut simplifier, simplifier, simplifier"), mais là je pense réellement qu'il y en a trop car il y a déjà une certaine atmosphère qui se dégage du texte (la nuit, l'obscurité, etc), ce qui fait que du coup, je trouve que certains adjectifs (pas tous) alourdissent et ralentissent le texte. D'ailleurs, je n'ai pas écrit "ralentissent" pour rien, car j'ai bien perçu le mouvement de la diligence, ses cahots sur les pavés (ou les briques...?), la nervosité du cocher, des chevaux, etc. Mais par contre, va savoir pourquoi, je me suis mis en tête qu'il pleuvait et/ou que l'orage grondait, et au bas de quelques lignes, je découvre que l'orage est au loin et approche... J'ai donc relu, jusqu'à ce que je comprenne ma méprise : les bruits des sabots, les cahots de la diligence sur les pavés, tout ça crée pour ainsi dire "plein de bruit(s) et de tumulte", et donc m'a donné l'impression d'entendre le tonnerre. Alors je suis partagé : d'un côté je trouve cela excellent car j'ai été plongé dans l'atmosphère, et d'un autre côté, je suis désarçonné car ce même passage m'a donné l'impression que le tonnerre grondait déjà... Peut-être intégré le tonnerre à la scène alors...? (ce qui pour moi donnerait super bien vu l'ambiance créée) Mais bon, à voir avec les commentaires des autres.
Plus sérieusement, c'est par où, les commentaires...?
Sinon, comme ça, vite fait sur le premier paragraphe:
Dans la première phrase, tu dis une fois diligence, une fois carrosse... redondant, non ?
Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'adjectifs (tu me connais, niveau comm, "faut simplifier, simplifier, simplifier"), mais là je pense réellement qu'il y en a trop car il y a déjà une certaine atmosphère qui se dégage du texte (la nuit, l'obscurité, etc), ce qui fait que du coup, je trouve que certains adjectifs (pas tous) alourdissent et ralentissent le texte. D'ailleurs, je n'ai pas écrit "ralentissent" pour rien, car j'ai bien perçu le mouvement de la diligence, ses cahots sur les pavés (ou les briques...?), la nervosité du cocher, des chevaux, etc. Mais par contre, va savoir pourquoi, je me suis mis en tête qu'il pleuvait et/ou que l'orage grondait, et au bas de quelques lignes, je découvre que l'orage est au loin et approche... J'ai donc relu, jusqu'à ce que je comprenne ma méprise : les bruits des sabots, les cahots de la diligence sur les pavés, tout ça crée pour ainsi dire "plein de bruit(s) et de tumulte", et donc m'a donné l'impression d'entendre le tonnerre. Alors je suis partagé : d'un côté je trouve cela excellent car j'ai été plongé dans l'atmosphère, et d'un autre côté, je suis désarçonné car ce même passage m'a donné l'impression que le tonnerre grondait déjà... Peut-être intégré le tonnerre à la scène alors...? (ce qui pour moi donnerait super bien vu l'ambiance créée) Mais bon, à voir avec les commentaires des autres.
Demi-Tour- Date d'inscription : 13/09/2011
Age : 51
Re: De l'Homme et du mal
Oui c'est long, comme... nan, je vais pas la faire XD
La nouvelle est terminée donc les commentaires, ça peut se faire ici, à la suite. On va pas s'embêter^^
Alors pour le coup de la diligence, en fait t'avais bien compris le premier coup, il y a bien un orage qui approche. Il pleut, et on entend bien le grondement au loin : "L'on entendait le tonnerre rouler, au loin, mais sans ressentir le claquement brutal d'un éclair, sans voir le déchirement lumineux de la foudre."
D'où peut-être la confusion. L'idée était de dire qu'il y avait déjà un début d'orage, qu'il y avait déjà la pluie, mais que le gros de la tempête était encore loin, puisqu'on ne voyait pas les éclairs. Je me suis peut-être mal exprimé.
Oui, je te connais niveau comm, et je m'y attendais XD. Je sais qu'il y en a beaucoup et que c'est très descriptif (du moins au début, après c'est plutôt dialoguiste), mais justement c'était pour créer l'ambiance. Et une ambiance liée au "style", également. J'ai voulu faire un texte "beau", avec une certaine mélodie, et je trouve que les phrases "sèches" sont un peu trop tranchante à mon goût, et donc pas vraiment adapté à l'ambiance que je voulais retranscrire. Je sais ça fait beaucoup de guillemet et je ne sais pas si je suis très clair.
Quand on fait que ça ralentit l'action, je ne sais pas vraiment, puisque pour être honnête je n'aime pas vraiment les passages d'actions, car justement trop purement descriptifs, bien souvent, et je trouve ça d'une chianteur incroyable, même quand l'action est intéressante. Généralement, c'est lors de ces passages que mon cerveau dit merde à mes yeux et que je me retrouve deux pages plus loin sans savoir ce que j'ai lu. Je n'ai pas voulu mettre d'action à proprement parler dans cette première scène, mais au contraire imprimer une certaine lenteur (j'aime la lenteur), pour poser 'ambiance et rendre le tout agréable (à tort ?). Enfin c'est ce que j'ai voulu faire, après je ne sais pas si c'est réussi XD. En fait, j'ai raconter cette histoire plutôt comme je l'aurais fait dans un roman, en développant beaucoup et en m'attardant, plutôt que de façon succincte en allant à l'essentiel, comme dans une nouvelle. D'où la longueur, sans doute.
En particulier sur les adjectifs, je trouve qu'ils permettent de porter l'attention sur un détail qu'on ne s'imagine pas forcément en tant que lecteur, et que du coup, quand on tombe dessus, on a tout de suite une image en tête.
"d'un côté je trouve cela excellent car j'ai été plongé dans l'atmosphère" : Merci =D
Merci de ton commentaire, comme toujours, et je tâcherai d'élaguer ce qui ne me semble pas nécessaire (à la relecture j'en ai quand même trouvé quelques uns).
La nouvelle est terminée donc les commentaires, ça peut se faire ici, à la suite. On va pas s'embêter^^
Alors pour le coup de la diligence, en fait t'avais bien compris le premier coup, il y a bien un orage qui approche. Il pleut, et on entend bien le grondement au loin : "L'on entendait le tonnerre rouler, au loin, mais sans ressentir le claquement brutal d'un éclair, sans voir le déchirement lumineux de la foudre."
D'où peut-être la confusion. L'idée était de dire qu'il y avait déjà un début d'orage, qu'il y avait déjà la pluie, mais que le gros de la tempête était encore loin, puisqu'on ne voyait pas les éclairs. Je me suis peut-être mal exprimé.
Oui, je te connais niveau comm, et je m'y attendais XD. Je sais qu'il y en a beaucoup et que c'est très descriptif (du moins au début, après c'est plutôt dialoguiste), mais justement c'était pour créer l'ambiance. Et une ambiance liée au "style", également. J'ai voulu faire un texte "beau", avec une certaine mélodie, et je trouve que les phrases "sèches" sont un peu trop tranchante à mon goût, et donc pas vraiment adapté à l'ambiance que je voulais retranscrire. Je sais ça fait beaucoup de guillemet et je ne sais pas si je suis très clair.
Quand on fait que ça ralentit l'action, je ne sais pas vraiment, puisque pour être honnête je n'aime pas vraiment les passages d'actions, car justement trop purement descriptifs, bien souvent, et je trouve ça d'une chianteur incroyable, même quand l'action est intéressante. Généralement, c'est lors de ces passages que mon cerveau dit merde à mes yeux et que je me retrouve deux pages plus loin sans savoir ce que j'ai lu. Je n'ai pas voulu mettre d'action à proprement parler dans cette première scène, mais au contraire imprimer une certaine lenteur (j'aime la lenteur), pour poser 'ambiance et rendre le tout agréable (à tort ?). Enfin c'est ce que j'ai voulu faire, après je ne sais pas si c'est réussi XD. En fait, j'ai raconter cette histoire plutôt comme je l'aurais fait dans un roman, en développant beaucoup et en m'attardant, plutôt que de façon succincte en allant à l'essentiel, comme dans une nouvelle. D'où la longueur, sans doute.
En particulier sur les adjectifs, je trouve qu'ils permettent de porter l'attention sur un détail qu'on ne s'imagine pas forcément en tant que lecteur, et que du coup, quand on tombe dessus, on a tout de suite une image en tête.
"d'un côté je trouve cela excellent car j'ai été plongé dans l'atmosphère" : Merci =D
Merci de ton commentaire, comme toujours, et je tâcherai d'élaguer ce qui ne me semble pas nécessaire (à la relecture j'en ai quand même trouvé quelques uns).
Le Boiteux- Date d'inscription : 15/11/2013
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