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Les entrevues littéraires -2

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Message par Kasby Mar 7 Jan - 20:31

(suite du 1)
To the happy fews


Bien que minuit fut passé, je me décidais à aller chercher mon poète là où devait être son repaire : la rue Gérard de Nerval.

L'allée était propre et les maisons coquettes. Pas de local à poubelle en vue, aucune trace de carton sur le trottoir, où pouvait-il crécher ?

J'arrive à l'extrémité de la rue, juste à l'intersection où s'affiche le panonceau 'Rue Gérard de Nerval poète maudit'. Avant de me décider à rentrer -bredouille- je regarde par curiosité la fiche biographique du vrai personnage sur mon smartphone. La ressemblance est frappante et sa vie est vraiment...

-'Oui, je suis là'

Je reconnais immédiatement la voix, grave. Gérard est derrière moi.

-'Gérard ! Ah Gérard, tu veux me faire tourner bourrique, c'est ça ? A ce petit jeu,...'

-'Je suis revenu pour toi.'

-'Un revenant, tu veux me faire croire ça ?' Lui dis-je en regardant le curieux, usé par l'alcool, prompt à inspirer la pitié avant toute autre chose. 'Tu fais pas vraiment peur, tu sais.'

-'Appelle moi comme ça, si tu veux.'

C'est le genre d'hallucination complètement déjantée que je faisais quand j'étais un oiseau de nuit picoleur et fumeur, dans ma jeunesse estudiantine. Mais là, je suis presque à jeun... C'est peut être un flash-back avec un gros effet retard. En tout cas, il a pas l'air méchant. Ça aurait pu être pire.

-'Tu n'as aucune question à me poser ?'

-'Si, si.'

Il ne faut pas qu'il s'en aille, ce n'est pas tous les jours que l'on peut discuter avec un Gérard de Nerval. J'irais voir un psy plus tard, si le revenant... revient.

-'Bon bah, déjà c'est super que tu sois là. Je te remercie d'être venu, rien que pour moi. Alors des questions... Eh, qu'est ce que ça fait d'être maudit ?'

En même temps, je lui désigne l'écriteau à l'angle de la rue : Poète maudit.

-'Ah, maudit. Poète maudit, selon ton opinion qu'est un poète maudit ?'

-'Hmm attends je parcours ta bio (je regarde le petit écran en même temps). Je vais te le dire... Alors, tu as mené une vie où tu as connu des revers: emprisonnement, faillite...finissant sans le sou et tu as beaucoup dépensé en boissons et camaraderie'

-'Foutaises ! J'ai mené la vie que je voulais... Je n'ai pas à être plaint. Une vie difficile ? Mais c'était une vie de bohème et quelle belle vie. Je n'ai même pas de regret d'avoir connu peu de succès auprès de la gent féminine, car c'est auprès de l'idéal de la femme que j'ai trouvé mon inspiration. Pour moi , les maudits ce seraient plutôt tous ces pauvres gens qui allaient travailler en manufacture et que je croisais dans mes retours de libations, lorsqu'ils se rendaient chez leurs maîtres. Un travail pénible, usant, qui leur a pris leur temps et leur vie. Je n'ai pas connu cette misère. Et puis j'ai eu une instruction, pas eux, malheureusement.'

-'Je sais ce que c'est que d'enchaîner les métro-boulot-dodo. D'ailleurs dans quelques heures, je devrais me lever pour y aller. J'ai lu que t'avais un caractère difficile. C'est peut être ça.'

-'Un caractère difficile ? Cela suffirait à en faire un poète maudit ? C'est certain que j'avais du caractère, un caractère qui m'a fait souffrir. Il m'amenait autant vers l'emportement passionné que l'amour platonique. Et la mélancolie était ma compagne...'

-'Oui, je vois le bonhomme. De nos jours tu ferais un gars genre puceau fasciste. Toujours le premiers à se monter le bourrichon pour des idées. Et ta mélancolie ça s'appelle de la déprime de nos jours.'

-'Alors, je te pose la question, pourquoi devrai-je être maudit ?'

-'Attends, je continue. Peut-être que tu n'as pas connu le succès.' (Je lis la bio)

-'Le succès n'a pas toujours été à la hauteur de mes espérances mais ça c'est le lot commun. De mon vivant, j'ai eu l'estime de certains de mes contemporains, pas des moindres et c'est cela qui compte.'

-'Je vois que t'as commencé à être publié très jeune et tout au long de vie tes écrits ont trouvé éditeur. Chapeau l'artiste, quand je sais la galère que c'est de nos jours pour être lu. Et maintenant que t'es mort, t'es étudié en classe. T'es passé à la postérité p...n !'

-'Ah, la belle vie que d'être maudit.'

-'Moi aussi, je veux être maudit à ce prix là : je fais ce que je veux de ma vie, je connais une certaine réussite et à la fin on m'étudie pendant des générations ! Cool !'

-'Coule ? Oui j'ai coulé, jusqu'à arriver au nœud coulant.'

-'Commence pas Gérard avec ton spleen à 2 balles, s'il te plaît. Moi, je me crève pour rapporter de quoi biberonner le soir, je suis pas connu, à part de mon ami le barman. Et quand je serai mort, on étudiera le déclin d'une civilisation qui ne savait pas reconnaître ses poètes !'

-'Triste sort en effet.'

-'Gérard de Nerval, poète à la mode, voilà ce qu'on devrait mettre sur l'écriteau, pas poète maudit.'

-'C'est une idée. Il n'existerait pas de poète maudit selon toi.'

-'Hmm, celui qui a perdu sa muse ? Non : sans inspiration pas de poète. Plutôt celui qui est inspiré mais pas reconnu, même pas lu. Tu vois le dessin, il aurait beau chercher à être lu : personne, et d'éditeur encore moins. Et il mourrait inconnu, anonyme parmi les anonymes.'

-'Quel sort horrible !' Ajoute Gérard.

-'Ça c'est du poète maudit. Et pour vivre, il trimerait comme débardeur, bûcheron, égoutier ou je ne sais quel métier difficile...'

-'Et ces écrits seraient perdus, égarés ou... mieux encore détruits par dépit.'

-'Oui, il vivrait dans le dépit.'

-'Et il renoncerait à toute poésie, ce qui le ferait souffrir encore plus.'

-'Ce serait l'Enfer, la Géhenne.'

-'Ça c'est du poète maudit !'

Nous nous regardons, nous esquissons un sourire, réjouis d'avoir enfin trouvé notre définition.

-'Eh tu sais quoi ? Une idée vient de me traverser l'esprit.'

-'Dis ?' Il se rapproche de moi, nous sommes comme deux complices.

-'Je vais rebaptiser la rue : Rue du poète anonyme !'

-'Excellente idée !'

Je prends un des gros feutres que je garde dans la doublure de ma veste pour le colisage et monte sur le rebord d'une fenêtre pour atteindre le panneau. Je raye Gérard de Nerval de noir et écrit en dessous : Poète anonyme.

-'Brillant ! Brillant ! Ça me rappelle quelques bonnes potacheries de ma jeunesse.'

-'Viens, on va faire ça à toutes les intersections !'

-'Vive le poète maudit !'

-'Celui qui vit dans un taudis !'

-'Lui qui a enfanté ces rimes'

-'Qui à vivre s'escrime !''

Nous enchaînons les vers et poussons de plus en plus fort nos déclamations. Des fenêtres commencent à s'illuminer dans la nuit et un clébard jappe à tout-va.

-'Viens, je ne veux pas être reconnu.'

-'Fuyons.'

Nous avons courru dans quelque ruelle. Et je me suis retrouvé à rire, à imaginer la gueule des bourgeois le lendemain. Ils pourraient pas réfléchir avant de mettre des noms à la c.n à leur rue. Ils auraient bien compris qu'en fait de poète maudit, il ne peut y avoir que des gars sans nom qui vivent d'expédient et ont même renoncé à la poésie, des gars comme... moi.

-'M..de ! Gégé, eh ! Le poète maudit c'est moi, Gégé ! Gégé c'est moi ! Moi !'

Gégé était parti, plus là. Je me retournais en le cherchant.

-'Gégé, t'es où ? C'est moi, cherche pas ! Revient d'où t'es ! Eh tu m'as volé ma légende ! Gégé, voleur !'

Je me sens aussi furieux que contrarié. Et puis je me rappelle que ce n'est pas lui qui a choisi ce titre. Qui a fait ça ? Quelle crapule a osé ?



Et maintenant à vous de commenter, chers lecteurs. Et vous savez que je tiens compte de vos commentaires.

Kasby

Date d'inscription : 22/12/2013

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