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Le petit violoniste

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Le petit violoniste Empty Le petit violoniste

Message par Le Boiteux Sam 4 Oct - 17:13

Bonjour à tous,
ça commence à faire un moment que je n'ai plus rien posté ici, et surtout que je ne viens plus régulièrement. C'est-à-dire que mon Master II est trèèèèèès chronophage ; beaucoup de boulot en perspective pour cette année, donc pas beaucoup de temps à consacrer à la lecture/écriture. Pourtant, j'ai réussi à gratter une nouvelle sur un coin de table, un soir où j'ai réussi à respirer un peu.
J'espère donc qu'elle vous plaira^^
Si vous avez envie de donner votre avis (qui est fort bienvenu), c'est par ici.



Le petit violoniste






Cela faisait longtemps que je n'étais pas entré dans cette maison. Pourtant, je la trouve aujourd'hui comme dans mes souvenirs d'enfance, inchangée malgré les années. À part qu'elle m’apparaît bien plus petite qu'à l'époque. Mais le parquet grince à chacun de mes pas, une couche de poussière couvre les vieux meubles, et le canapé trône toujours au milieu du salon. L'un des volets, à moitié brisé, se penche comme s'il voulait sciemment laisser entrer la clarté du jour. Des rayons de lumière dardent sur le plancher de bois, filtrés par une vitre crasseuse.
L'odeur non plus n'a pas changé : un remugle de renfermé et un parfum de vieillerie. Et lorsque je m'assoie sur le canapé au cuir écaillé, je retrouve le même creux dans lequel je m'enfonçais, modelé par les ans. Je me demande si les enfants du coin connaissent encore l'histoire. Je me demande si leur parent leur raconte, comme mon arrière grand-père me l'avait racontée.

C'était un jour d'hiver. J'étais docilement planté sur ses genoux, lui assis dans son éternel rocking chair qui faisait face à la cheminée. Malgré la chaleur de l'âtre, j'avais un plaid remonté jusqu'au cou. Mon grand-père se balançait sur le fauteuil, me berçant par la même occasion. Et alors que mes paupières commençaient à se fermer, une bûche craqua, renvoyant des centaines de flammèches qui furent immédiatement avalées par le conduit.

« Ton père t'a déjà raconté l'histoire de la maison, au bout de la rue ?

– Celle qui est abandonnée ? »

Il hocha doucement la tête, les yeux rivés sur les flammes qui dansaient.

« Non, répondis-je.

Ça ne m'étonne pas. Ton père à trop les pieds sur terre, et il a toujours dit que ce n'était que mon imagination. Tu veux l'entendre ? »
J’acquiesçai.

« C'était il y a longtemps, commença-t-il, sans quitter le brasier du regard. J'étais jeune à l'époque, mais pas autant que toi. Mais plus que ton père et ta mère, ça c'est sûr. Mamie aussi était jeune. Nous avons acheté cette maison peu de temps après notre mariage. C'était une sacrée affaire, tu sais. Le coin était tranquille, et nous avions de bons voisins.

Maintenant, on ne s'occupe plus des voisins comme on le faisait avant. On les connaît tout juste, à peine si on leur dit bonjour les rares fois où on les croise. Avant, les gens se voyaient presque tous les jours, et discutaient un peu. Tous les gens de la rue se connaissaient et s'appelaient par leur prénom. Maintenant, je ne sais même pas comment s'appelle celui qui habite dans la maison juste à côté. Je sais juste qu'il est gendarme, parce que je l'ai déjà vu en uniforme.
Mais avant ce n'était pas comme ça. Je connaissais bien tous mes voisins, et parmi eux, il y avait un couple qui habitait au coin de la rue, dans la maison abandonnée – sauf qu'elle n'était pas abandonnée à l'époque, bien sûr. C'était des gens vraiment charmants. Ils s'appelaient Charles et Élisabeth. Lui travaillait comme professeur au lycée Clovis, et elle était bibliothécaire, belle comme un cœur et toujours radieuse. Deux enfants et toujours svelte. Le premier s'appelait Joseph, et le second : Pierre. Ils devaient avoir deux ou trois ans d'écart, pas plus.

Quand il avait sept ans, Pierre a vu un musicien dans une galerie marchande. Un homme qui venait jouer du violon, de temps en temps, avec un chapeau retourné à ses pieds. Charles m'a dit que le gosse avait été fasciné par l'instrument et la musique. Ça l'avait tellement marqué que cela faisait quinze jours qu'il ne parlait plus que de ça. Et comme son anniversaire approchait, son père voulait lui en acheter un. Je me souviens qu'il écumait les magasins d'occasion presque tous les jours pour en trouver un pas trop chère. D'ailleurs, à chaque fois qu'on allait en ville, on jetait un œil pour voir si on en trouvait pas un pour lui.

Pendant un moment, il a bien cru qu'il n'y arriverait jamais. Et moi aussi, d'ailleurs. Mais un jour que je faisais du jardin, je l'ai vu sortir de sa voiture avec un paquet sous le bras. Il avait tellement l'air heureux qu'il sautillait presque, en rentrant chez lui. Plus tard, en le recroisant, il m'a dit qu'il avait enfin trouvé un violon. Et cette année là, personne dans le quartier n'arriva à passer à côté de l'anniversaire du petit, parce qu'il joua du matin au soir. Enfin, jouer c'est un grand mot. C'était plutôt du boucan qu'il nous faisait. Son instrument avait l'air de hurler, tellement il le mettait au supplice.

Élisabeth et Charles lui ont payé des cours au conservatoire, et il a progressé. Mais ça ne l'a pas empêché de nous casser les oreilles pendant des mois. Il paraît que ça met longtemps avant d'arriver à sortir une note juste, sur un violon. Mais le gosse s'entraînait tous les jours, à chaque fois qu'il rentrait de l'école. Cette année là fut la seule où j'ai été soulagé de voir débarquer le froid, parce que le gamin n'ouvrait plus la fenêtre de sa chambre pour la rafraîchir. Charles s'excusait chaque fois qu'il me croisait, mais ce n'était rien, même si je plaisantais en lui disant que c'était la plus mauvaise idée de cadeau qu'il aurait pu avoir.
Mais l'été d'après, je lui disais tout l'inverse, et le voisinage était même content que Pierre ouvre la fenêtre de sa chambre. Il commençait à bien jouer, et c'était agréable d'entendre vibrer les cordes du violon. Parfois, il se plantait sur le perron et s'entraînait tout l'après-midi. Il était si content, quan on lui disait qu'il jouait bien. C'était un petit bout de chou, mignon comme tout. Et malin, avec ça.

Je crois que c'est l'année où Joseph est entré au collège, que c'est arrivé. Charles et Élisabeth s'étaient offert un restaurant pour leur anniversaire de mariage. La fille aînée des Langrois était chez eux pour garder les enfants. Je me souviens qu'Élisabeth disait qu'il n'y avait qu'avec elle que le grand ne râlait pas. Avec une autre, il protestait toujours en disant qu'il n'était plus un bébé. C'est la mère de la fille qui est venue chez nous, le lendemain, pour nous dire que les parents des deux petits n'étaient pas revenus. Leur voiture avait glissé sur une plaque de verglas et s'était encastrée dans un poteau électrique. Élisabeth est morte sur le coup, mais Charles s'en est bien sorti.

Après ce jour, je n'ai plus jamais entendu la voix du petit Pierre. Ni son père, ni son frère, ni personne d'autre, d'ailleurs. Le garçon a juste arrêté de parler, comme ça. Les seuls sons qu'on pouvait entendre de lui étaient les notes de son violon. Et il devint encore meilleur, après ça.
Malheureusement pour la famille qui habitait au coin de la rue, la vie devint beaucoup plus difficile, après la mort d'Élisabeth. Charles avait du mal à joindre les deux bouts, avec un seul salaire. Il a même dû arrêter de payer les cours de Pierre au conservatoire. De nombreuses de fois, nous avons voulu l'aider un peu, avec l'argent, mais il a toujours refusé. Excepté une.

C'était en été. Pierre était encore jeune ; ça ne devait être que deux ans après la mort de sa mère. Il avait joué sur le perron tout l'après-midi, comme chaque fois qu'il faisait beau. Et lorsqu'il se leva enfin, il s'emmêla les pinceaux et trébucha sur les marches, retombant sur le trottoir. Lui n'avait rien, mais le violon était brisé. Seule la baguette était intacte. Sans rien dire, toujours muré dans son silence, il contempla tristement le violon, laissant rouler une larme sur sa joue. Comme je l'ai déjà dit, l'enfant était malin, et il savait que son père n'aurait jamais les moyens d'en racheter un. Et nous le savions aussi. C'est pourquoi tout le voisinage ou presque se cotisa pour lui trouver un nouvel instrument. Ce fut la seule et unique fois que son père accepta notre aide.
Quelque années plus tard, Joseph entra à la fac de droit, travaillant à côté pour se payer ses études. Il faillit abandonner au cours de la troisième année, lorsque Charles mourut d'une méningite. Sans doute qu'il craignait que son frère ne s'en sorte pas seul, alors il revint habiter avec lui, dans la maison de leurs parents. Mais il ne resta pas longtemps. Pierre avait un petit boulot à la poste, et va savoir comment, il arriva à convaincre son frère qu'il pouvait très bien vivre par ses propres moyens. Et tout ça sans même prononcer un mot.

Joseph poursuivit alors ses études de droit et finit par devenir avocat. Il se maria un peu plus tard, avec une jeune fille qu'il avait rencontrée à la fac. On le voyait revenir de temps en temps dans le quartier, rendre visite à son frère. Parfois, il revenait avec un enfant de plus dans les bras, où sa femme avec le ventre rond. Ils eurent trois filles et un garçon, en tout. La dernière apprit même à jouer du violon.

Pierre, quand à lui, restait seul avec son instrument, faisant vibrer les cordes comme un virtuose. Jour après jour, ne s'interrompant qu'en de rares occasions. Une fois, je n'ai pas entendu la musique provenant de chez lui, alors je suis allé le voir. La plupart du temps, quand on ne l'entendait pas jouer de la journée, c'est qu'il était malade. Je suis entré, après avoir frappé plusieurs fois à la porte, et je suis monté à l'étage, jusque dans sa chambre. Il était allongé dans son lit, mais il ne respirait plus. Les médecins ont dit qu'il était mort dans son sommeil ; de vieillesse. C'était il y a vingt ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier.
Pourtant, peu de temps après sa mort, on entendait encore les mélodies raisonner doucement dans le quartier, toujours en provenance de la maison. Cela ne dura pas longtemps ; sûrement que nous étions trop habituer à sa musique. Après l'enterrement, Joseph revint. C'est lui qui avait hérité de la maison, et il était venu récupérer les affaires de son frères avant de la mettre en vente.

Mais peu de temps après y être entré, il ressortit avec les larmes aux yeux. Quand je suis allé le voir, il était blanc comme un linge, et c'est le regard humide qu'il m'avoua avoir entendu le violon de Pierre. Joseph décida de ne pas vendre, après ça, et il laissa toutes les affaires de son frère en place. Je ne l'ai jamais revu, ensuite, mais j'ai rencontré sa fille, un peu plus tard. Elle m'apprit que son père était mort, et que sa mère l'avait suivi peu de temps après. C'était une femme à présent, et elle était venu montrer à sa fille la maison dans laquelle son grand-père avait grandi, et elle lui raconta aussi que c'était là que vivait son oncle. Celui qui jouait du violon comme personne. Elle me révéla aussi que ses sœurs et son frère s'étaient mis d'accord pour ne pas vendre la maison, car ils savaient que leur père croyait que Pierre l'habitait toujours, en quelque sorte.

Encore aujourd'hui, parfois, je crois l'entendre jouer de son instrument, quand je passe près de la maison. Si son esprit vit toujours là-bas, je pense bien que c'est possible, puisqu'on l'a enterré avec son instrument. Peut-être que si tu entres dans la maison, toi aussi tu pourras l'entendre » acheva enfin mon arrière grand-père, le regard luisant.


Il m'y avait emmené et m'avait ouvert, car il possédait un double des clés depuis longtemps. C'était Pierre lui-même, qui les lui avait données. Mais c'est seul, que j'étais entré dans la vieille maison. Je m'étais assis sur ce même canapé et j'avais attendu, jusqu'à entendre une faible mélodie s'élever dans les airs.
Mais peut-être n'était-ce que l'imagination fertile d'un enfant, car à présent je n'entends plus rien. Aujourd'hui, c'est au tour de mon arrière grand-père d'être mis en terre, après un long passage parmi nous. J'espère que là haut il pourra rejoindre ceux qu'il avait connu ; qu'il pourra rejoindre mon arrière grand-mère, mais aussi ses vieux amis. Et j'espère qu'il pourra de nouveau entendre celui que tout le monde avait un jour appelé le petit violoniste.
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Message par extialis Sam 4 Oct - 21:18

il y a un peu de travail encore sur cette nouvelle, je pense pour qu'elle soit plus jolie à lire. cela dit c'est très tendre et émouvant (mais attention aux répétitions)
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Message par Le Boiteux Sam 4 Oct - 22:32

Oui je sais, j'ai ressenti la même chose à la relecture, mais je pense que ça viens du fait de la narration, il faudrait que je la change. Quand l'histoire est raconté par un personnage, j'ai toujours du mal à écrire de façon "littéraire". Et les répétitions sont dues à ça aussi, parce que quand on parle, on fait des répétition XD
Merci de ton avis Wink je la rebosserai à l'occas', j'aime bien cette histoire. Je pense qu'elle devrait être plus développé aussi. Le fait que tout une vie soit traitée sur si peu de ligne, ça retire beaucoup à l'émotion, à ce que j'ai ressenti en l'écrivant. Mais comme les lecteurs ne sont pas dans ma tête, forcément... Mais je voulais quand même la sortir, vu le peux de temps que je peux passer devant mon clavier, ces temps-ci.
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